Expatriée à Chennai en Inde

chennai-Inde-Laurie-HPAprès la Grande-Bretagne, c’est en Inde à Chennai que Laurie et son mari se sont installés. Une fois les chocs culturels du débuts absorbés et grâce à la naissance de leur fils, Laurie se sent bien à Chennai où elle vit sa vie pleinement au sein de la communauté locale.

Je m’appelle Laurie, j’ai 36 ans j’habite Chennai depuis 4 ans et demi. Auparavant nous avons vécu 6 ans dans le Kent en Grande-Bretagne.

Notre départ 

Ayant été au chômage en France il y a plus de dix ans, j’ai décidé de partir à l’étranger pour commencer une nouvelle vie. 

 

Je remercie mon mari (mon petit ami à l’époque) car il a quitté son emploi et à commencé à postuler un peu partout dans le monde. Il a rapidement trouvé un poste à Maidstone dans le Kent (GB). L’installation a été assez difficile car ce n’était pas un contrat d’expatrié mais un contrat local et nous n’étions pas bilingues. Nous avions choisi de ne pas fréquenter de français afin de nous intégrer plus facilement (même s’il a fallu galérer au début).

J’ai à mon tour dû rapidement trouver un emploi pour pouvoir payer le loyer car la vie en GB est chère. J’ai tout recommencé à zéro avec l’apprentissage de la langue, j’ai repris les études etc. A l’époque motivation et personnalité suffisait pour trouver un emploi. Petit à petit, j’ai gravi les échelons et je suis devenue manager (ce que je n’aurais pas pu faire en France n’ayant pas les diplômes requis).

Six ans plus tard, l’entreprise de mon mari lui a proposé un poste en Inde

Je me souviendrai toujours lorsqu’il m’a annoncé qu’on partait en Inde. J’ai fait des cauchemars pendant deux nuits. J’imaginais la pauvreté, la saleté, les lépreux etc. Grosse panique. Quitter notre vie en GB a été difficile car nous l’adorions.

Nous sommes partis en repérage pendant une semaine

Je me souviens de notre arrivée à l’aéroport de Chennai… il faisait très chaud et le taux d’humidité était élevé. Nous sommes arrivés la nuit mais ça grouillait de partout. L’odeur d’urine et d’humidité, c’est ce qui m’a le plus marquée.
Je me souviens avoir dit à mon mari  » Ne fais pas glisser les valises sur le sol c’est sale »… il a bien ri… En sortant du terminal, un monde incroyable (même à 3h du matin), des couleurs partout ! Des saris aux milles couleurs…

Ensuite la conduite jusqu’à l’hôtel… les gens qui dormaient sur les trottoirs etc. Un autre monde ! Dépaysement complet… il faut être prêt psychologiquement car on peut vite mal aller.

J’ai été malade 4 jours de cette semaine (nausées, etc.) et je n’osais pas sortir seule de l’hôtel. Je ne supportais pas le regard des hommes sur moi.

De retour en Europe, cela nous a pris plus d’un an pour finaliser l’expatriation.

Une fois sur place nous n’avions pas d’agence de relocation (ou alors pas vraiment efficace). Nous avons trouvé un appart en plein centre ville de Chennai dans le quartier de T Nagar, très connu pour son Pondi Bazaar!  J’étais à 2 min du bazar ! Un emplacement de rêve.

Nous avons emménagé dans un super appart mais vide… pas de meuble, pas de téléphone, pas d’internet, pas de voitures etc. Petit coup de déprime car mon mari partait travailler… et je n’avais rien pour me le contacter  ou autre… Les meubles qui devaient arriver dans les 20 min de notre emménagement ont été livrés le lendemain… Les indiens ne savent pas dire non ! Tout est possible « no problem » mais du coup on ne sait jamais si c’est oui ou non ! ça a été le plus difficile pour moi. Sinon j’ai trouvé cette adaptation bien plus facile qu’en GB ; les gens sont très accueillants et souriants, c’est génial.

Ce qui me plaît le plus, ce sont les gens, la sécurité

(malgré toutes ces histoires de viols !), je ne me suis jamais sentie autant en sécurité ! Je me balade toute seule sans problème alors que je pouvais avoir peur en France ou en GB). La gentillesse des gens, le climat (il fait tout le temps beau, le plus froid c’est 25° en hiver), notre environnement (on habite à 20 min de la plage).

Ce que je n’aime pas, c’est la période chaude

(45° et pas vraiment de différence entre le jour et la nuit), les moustiques, la saleté, le fait que les indiens jettent tout parterre, les histoires de castes… et qu’ils ne fassent pas la queue (gros changement comparée à la GB !). Sans oublier les coupures d’électricité quotidienne (2h).

Question logement:

Nous avons déménagé trois fois. Le premier appart était à Tnagar, au cœur de Chennai. Superbe localisation mais ça grouille de partout et c’est bruyant. C’est vraiment l’Inde ! On est près de tout. C’est connu pour les prix bas, le pondy bazaar etc.
Je suis tombée enceinte (grâce à la médecine indienne après 4 ans de galère en Europe) et nous avons décidé de déménager car le quartier était trop pollué pour le bébé.

Nous avons repris l’appart d’amis qui partaient car nous apprécions la résidence (on s’était liés d’amitié avec des indiens de cette résidence). C’était bien pratique pour mon mari qui gagnait 30 min de transport pour aller au boulot (1H30 au lieu de 2 heures) mais pour moi je mettais au minimum 45 min pour aller en centre ville… Suite à de crises sévères d’asthmes de mon fils (dues à la pollution nous avons encore déménagé)

Notre petit garçon ayant besoin de courir, nous avons encore déménagé deux ans plus tard pour vivre sur l’OMR (the Old Mahabalipuram Road). C’est le nom d’une longue route qui est parallèle à la côte. Beaucoup d’expats (qui ont un plus gros budget) vivent dans des jolies maisons sur l’ECR (east coast road) en bord de mer. C’est à plus d’une heure du centre ville mais à 20 min de la plage ! L’air y est « pur » et il fait moins chaud. L’école est située à 100 m à pied ! Ce qui me fait gagner beaucoup de temps et je peux travailler davantage sur ma petite boutique en ligne (commencée lorsque j’étais enceinte). Les infrastructures sont superbes ! Nous avons tout sur place et une superbe air de jeux où tous les enfants se retrouvent les soirs. Nous avons une fois de plus évité les expats… nous habitons qu’avec des indiens (quelques expats commencent à arriver…).

Les enfants jouent dehors sans les parents ! Il n’y a pas de problème de sécurité. Les indiens ont leur portent ouvertes et  sont supers accueillants.

Circuler

La conduite il faut la vivre ! Au début on a peur puis cela nous semble très normal de croiser un camion en sens inverse sur l’autoroute… Les vaches qui traversent sans prévenir. C’est vraiment très drôle. Parfois je me dis que c’est un monde de fou où tout le monde cohabite sans problème (les chiens, les vaches, les hommes…) C’est vraiment bizarre. On serre souvent les fesses et on ferme les yeux parfois, on a bien failli mourir plusieurs fois.

Les courses pour l’alimentation

Les magasins se développent mais lorsque nous sommes arrivés il n’y avait pas grand chose. Les supermarchés n’existent pas. Ce sont des supérettes sans poisson ni viande ou alors congelées mais avec les températures extérieures et les coupures, je ne fais pas confiance.
Ce n’est pas très facile, car on ne trouve pas grand chose. On a de la chance pour les fruits et les légumes car ils ne sont pas chers ! Par contre on trouve des produits importés pour des prix exorbitants : Babibel pour 9 euros, Müesli pour 8 euros etc. C’est très dur car on ne trouve ni fromage ni vin !

Pour les enfants

Mon petit garçon est né en Inde ! J’ai été vraiment très bien suivie, même si c’est complètement différent de la france. C’est un peu l’opposé ! Ici on ne laisse pas pleurer les bébés même une minute et on pratique le cododo*… alors nous avons adopté cela et finalement ce fut la découverte d’une nouvelle éducation… non non non mon fils n’est pas capricieux (on peut entendre cela de la part d’expats aussi… ton enfant est né en Inde, il est plus capricieux que les autres). L’enfant est roi jusqu’à 5 ans ici.

Il existe des preschool à partir de 18 mois. Puis on rentre en LKG (maternelle) à partir de 3 ans ou 3 ans et demi.  L’école est chère en Inde. Je me demande comment ils font pour payer. J’ai la chance que la société de mon mari nous paie les frais de scolarité. Pour cette école (qui est internationale mais il n’y a que des indiens) nous payons plus de 1500 euros l’année pour la maternelle + les livres 25 euros + l’uniforme 30 euros (et les frais augmentent en fonction de la classe). Il y a des écoles publiques mais personne ne veut y aller (les plus pauvres n’ont pas le choix). C’est vraiment l’esprit de compétition. Il faut être le meilleur…

Les horaires sont de 8H30 à 15H puis ils peuvent choisir des activités extra scolaires.  Ce que j’apprécie c’est qu’ils font de la danse, yoga, et musique (même en maternelle).
* cododo :  j’étais étonnée de voir des lits immense chez les indiens…. jusqu’au jour où des amis sont venus dîner. Je leur ai fait visiter l’appartement et donc la chambre du bébé. Ils ont été choqués de voir que je laissais le bébé tout seul dans sa chambre. Ils m’ont expliqué qu’ils dormaient tous ensemble. Ce n’est pas une question de manque de place car j’ai d’autres amis qui ont une grande maison et qui dorment eux aussi avec leurs enfants. Ils me disent souvent : c’est si agréable de sentir l’odeur de mon enfant au réveil etc. En général ils dorment tard avec les parents… jusqu’au mariage parfois. Par contre si l’enfant veut dormir tout seul, ils le laissent faire.

C’est aussi allaitement long jusqu’à 3 ans mais cela commence à changer car ils prennent exemple sur nos sociétés. Ce que je trouve un peu dommage. On voit déjà l’évolution chez les jeunes…

Côté médecine :
Les indiens sont très compétents (dans mon cas plus qu’en Europe). J’ai galéré quatre ans en France et en GB pour me faire suivre correctement. En Inde, en 6 mois j’ai pu faire tous les examens nécessaires et en 6 mois j’étais enceinte. Les médecins travaillent beaucoup ici et nous donnent même leur numéro de portable pour les appeler si besoin.

L’aide à la maison
On trouve beaucoup de personnel de maison. J’ai essayé mais j’ai beaucoup de mal à voir quelqu’un faire le ménage pour moi (pas forcément selon nos standards) alors que je restais à la maison.
Les prix sont bas. On peut avoir un cuisinier, un chauffeur, une femme de ménage, une nounou etc. On peut aussi faire repasser son linge. J’ai choisi de ne pas faire appel à ces services (sauf exceptionnellement) pour ne pas prendre de mauvaises habitudes.

Les loisirs et activités
C’est plutôt compliqué de marcher ou de courir car il n’y a pas de trottoirs, qu’il fait chaud et que c’est pollué. On trouve des salles de sports (je ne sais pas ce que ça vaut) mais il y a aussi des cours de danse, tennis, cricket, natation etc.
Le weekend on part à la plage ! On doit aller dans des hôtels car il n’est pas conseillé de se balader en maillot de bain sur les plages de Chennai. On peut avoir accès à la piscine de l’hôtel et se baigner dans la mer. Sinon on part un week-end à la découverte du pays.

La langue parlée
A Chennai on parle le tamoul et l’anglais. J’ai eu la chance d’avoir un formidable chauffeur (car je ne conduis pas en Inde) qui est resté avec nous jusqu’aux 2 ans et demi de mon fils. Il était très croyant et faisait aussi partie d’un groupe de musique traditionnelle. Du coup il lui parlait tamoul depuis la naissance et lui chantait beaucoup de chansons, l’emmenait au temple etc. C’était génial. A cet âge là il comprenait le tamoul et connaissait des mots. Malheureusement il est reparti dans son village. Ce fut dur pour mon fils car ils étaient très attachés l’un à l’autre. Du coup il ne connait que l’anglais car je n’ai pas de personnel à la maison. A l’école, c’est l’anglais.
J’ai appris un peu le tamoul que je trouve compliqué ! Mais je peux me débrouiller avec quelques phrases et mots.

Les réseaux francophones
Il est apparemment assez développé. Il y a l’Alliance Française et un club français. Je ne sais pas s’il est actif mais il existe ainsi que d’autres groupes d’expats.

Il faut arrêter de penser que les expatriées mènent une vie de princesse (comme je l’ai souvent entendu). On le peut effectivement si on est attiré par cela mais dans mon cas, je ne l’ai pas choisi. J’ai choisi de vivre cette expérience le plus près possible des indiens car c’est notre philosophie en tant qu’expatriés.

Le travail est difficile et parfois il faut travailler 6 jours sur 7 dans des conditions qui ne sont pas les mêmes qu’en Europe.

Le coût de la vie a énormément augmenté depuis 4 ans. La vie en Inde est parfois chère. Les prix des logements sont élevés pour les expats (ils doublent les prix pour nous).

Pour conclure :
J’aime beaucoup ma vie en Inde qui va malheureusement se terminer dans quelques mois.
J’ai beaucoup appris notamment à être plus cool,  à relativiser et à être moins matérialiste. Je ne supporte plus vraiment d’entendre les français se plaindre pour des bêtises.
C’est toujours difficile de revenir en France après avoir vécu en Inde je trouve. Nous avons un avant-goût dans l’avion… les indiens adorent les enfants, les français ne les supportent pas… Ici nous avons des sourires tout le temps (j’ai demandé à un indien pourquoi ils étaient toujours souriants et contents… il m’a répondu que tout le monde avait des problèmes mais que si on devait faire la tête ou se plaindre cela ferait un monde bien triste. 

C’est une expérience superbe mais pas facile car beaucoup de gens ne s’y font pas… j’ai beaucoup de chance ! Mon petit garçon est le plus heureux des enfants ! Une expérience encore plus enrichissante pour lui.

Laurie,
Chennai

Liens utiles :
Alliance Française de Chennai
Club France de Chennai

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