Mes grossesses en Irlande

bébé-irlandeAi-je toujours eu envie d’avoir des enfants ? Oh, oui, aussi loin que je m’en souvienne, mon rêve était celui d’une grande famille dans laquelle régneraient joie et bonheur, une grande maison où régneraient un chaos organisé, des éclats de rire et des pleurs… Bref une grande famille.

Ai-je toujours eu envie de vivre à l’étranger ? Non, mais en grandissant et en mûrissant, en voyageant et découvrant les langues et cultures étrangères, mon envie s’est développée et s’est faite de plus en plus pressante.

Avoir des enfants à l’étranger ? Alors là, c’est quelque chose à laquelle je n’avais jamais pensé avant que cela m’arrive. Jamais, une seule seconde, je m’étais dit : « Oh, oui, ce serait une superbe idée de vivre mes grossesses à l’étranger et de donner naissance ailleurs qu’en France. » Et pourtant, c’est ce qui m’est arrivé.

J’avais toujours rêvé que les grossesses étaient des moments merveilleux, de joie, de partage. Pour moi, c’était neuf mois de bonheur, jusqu’à ce que je les vive ici. Ici, c’est l’Irlande. J’ai longtemps hésité à parler de ce que j’ai vécu. Le oui et le non se bousculaient en moi. Et puis, je me suis rendue compte que c’est un sujet qui intéresse les femmes. Alors, sautons le pas.

Quand mon mari et moi avons décidé d’avoir notre premier enfant, je me voyais déjà entourée de plein de femmes dans mon état. Je pensais que tout allait être gai et joyeux. Que j’allais pouvoir partager facilement mes bonheurs et mes angoisses. Eh bien non !! En Irlande, on ne parle pas de ces choses. On ne partage pas. Et je ne pouvais passer mon temps à téléphoner à ma maman ou à mes copines à l’autre bout du monde… Beaucoup de solitude pendant ces neufs mois et, en tant qu’expat française, ce n’est pas facile à gérer tous les jours.

Côté médical, tout est pris en charge par l’état. C’est déjà cela. J’ai pu choisir le médecin qui allait me suivre, ainsi que l’obstétricienne (gynécologie et obstétrique sont bien séparés en Irlande et les spécialistes ne font en général pas les deux). Certes, être enceinte n’est pas une maladie, mais je m’attendais à un peu plus de suivi médical. Personne ne s’est inquiété de mon rhésus sanguin. Le mien, si mon mari n’avait pas le même, ce qui était le cas, pouvait créer une grossesse à risque et je le savais. Deux prises de sang, une analyse d’urine et deux échographies, rien de plus auf peut être les prises de poids, l’écoute des battements du cœur du bébé. Mes grossesses se sont en fait parfaitement déroulées. En meilleure santé et avec une meilleure alimentation que de nombreuses Irlandaises, je n’ai pas eu à avaler nombre de cachets comme le font certaines femmes ici.  L’obstétricienne qui avait travaillé à l’étranger comprenait fort bien ma solitude. J’étais en tellement bonne santé qu’elle m’a laissée voyager mi-novembre alors que je devais accoucher un mois après pour le second. Certes en Irlande, mais il y avait pas mal de la route à faire. Et elle m’a laissée aller en Afrique du Sud début juillet lors de ma seconde grossesse, alors que je devais accoucher tout début septembre.  Ce furent de moments de réel bonheur au cours de ces neuf mois.

Le jour de l’accouchement s’est bien passé. Pour mon premier enfant, j’avais perdu les eaux sans contraction, il a donc fallu les déclencher, mais ce fut sans douleur. Pour mon second enfant, tout s’est aussi parfaitement déroulé également. Ces journées d’accouchement furent des journées longues, très longues… Mon mari était à côté de moi et patientait comme il pouvait. Les infirmières allaient d’une salle à l’autre…. gentilles, mais sans plus.

L’assurance santé de mon mari m’a permis d’être dans une chambre seule, je n’avais pas vraiment envie de partager avec quelqu’un. Je me suis donc bien reposée car j’ai eu peu de visites. Quand à la maternité, elle ressemblait plus à un hôpital comme on les imagine dans les films de guerre, mais correctement équipée quand même.

Je n’ai eu aucun accompagnement pour l’allaitement. Les infirmières étaient froides, et zélées, aucune chaleur. Aucun rire et aucune joie dans les couloirs. Plutôt que de m’expliquer comment allaiter, on me pinçait le sein et l’enfournait dans la bouche de bébé, en me faisant comprendre que tout était de ma faute si ça ne fonctionnait pas du premier coup. Ce n’est qu’en rentrant à la maison que j’ai expérimenté seule pour que ce moment avec mon enfant soit un moment de partage.

Mon papa était arrivé avec une bouteille de champagne et quelques gobelets. On lui a bien fait comprendre que cela ne se faisait pas et qu’il devait ranger cela au plus vite… Tellement triste alors que c’est une joie d’accueillir une enfant. L’atmosphère de la maternité manquait fortement de chaleur.

On ne m’a proposé aucun suivi une fois rentrée à la maison. Aucun suivi, ni pour moi, ni pour mon enfant. Je n’ai revu l’obstétricienne qu’une seule fois après l’accouchement. Aucune rééducation du périnée.  Aucun suivi par un pédiatre pour mes enfants.  J’ai dû tout faire toute seule. Personne non plus n’est venu me proposer de l’aide. Ce n’est pas facile quand on est expatriée et que l’on aimerait partager et poser des questions. Certes, j’avais de nombreux livres, mais rien de tel que d’avoir sa maman et ses copines auprès de soi.

Isabelle Barth, à Cork

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