J’habite (presque) à Los Angeles

J'habite (presque) Los AngelesQuand on me demande où j’habite je réponds souvent au nord de “Los Angeles”.  L’effet est immédiat. On dit “Los Angeles” et une foule d’images exotiques peuplent l’imaginaire de la personne qui vient de recevoir l’information.

Allées de palmiers à perte de vue, maisons modernes avec piscine surplombant une vue de la ville la nuit. Des people en train de siroter leur tall organic decaf gluten-free pumpkin spice latte à la terrasse d’un Starbucks. Pamela Anderson qui patrouille sur la plage de Malibu en maillot de bain rouge, la bouée sous le bras pendant que Poncherello met une amende pour excès de vitesse à un conducteur en décapotable sur la Pacific Highway 1… Oui certes, il y a un peu de vrai dans tout cela mais surtout beaucoup de mythe… Et puis surtout, je n’habite pas exactement à LA.

 

Le bout du monde

Nous (mon mari, mes trois filles et moi) habitons en fait à 40 km au nord de Los Angeles. Juste à la limite du comté de Los Angeles dans ce que les gens ici appellent les “suburbs”, les “burbs” ou encore “suburbia”. Nous y habitons depuis presque 6 ans après 3 ans passés en Égypte. Compter entre 45 minutes et 1h30 de voiture pour se rendre à LA ou en revenir en fonction de la circulation. Ici les distances ne se mesurent pas en miles mais en temps.

Par exemple il faut à peu près le même temps pour traverser LA d’est en ouest (mais en parcourant moitié moins de distance)  que pour aller du centre de LA à chez nous. Mais pour les Angelinos, les vrais habitants de LA, là où nous habitons c’est le bout du monde. Et c’est vrai que, quelque part, le mode de vie à seulement 40 km au nord est tellement différent de celui de LA que nous pourrions aussi bien dire qu’on habite dans un autre pays…

 

Une bulle au milieu du désert

Les suburbs ont été créés avant tout pour les familles. Et l’espace urbain y est organisé dans ce but. Notre ville est composée de lotissements de maisons individuelles avec un joli carré d’herbe devant, et de “condos” (immeubles de 2 ou 3 étages). Le tout est agrémenté de parcs et d’espaces verts, de grandes avenues ombragées et verdoyantes (alors que nous sommes techniquement dans le désert) bordées de larges trottoirs pour marcher. Oui pour marcher ! Car dans le pays de la voiture, marcher est une activité à part entière.

On y trouve aussi des malls (centres commerciaux), des équipements sportifs à faire pâlir n’importe quelle ville de plus de plus de 200 000 habitants en France, des écoles publiques correctes, des églises de toutes confessions à chaque coin de rue (on compte pas moins de 50 églises chrétiennes pour 220 000 habitants) et -luxe absolu- plus de 80 km de pistes cyclables. Les gens sont courtois et détendus, les boites de nuit interdites, la pauvreté est cachée… Une bulle au milieu du désert, aux portes d’une des plus grandes villes des États-Unis.

La nuit  on peut entendre les coyotes. Et il n’est pas rare de les croiser au lever du jour (si vous avez un chat gardez le à l’intérieur). La ville s’est elle-même surnommée “Awesome Town” et affiche un des taux de délinquance les plus bas aux US, c’est dire si c’est bien.

 

Près de la bonne école

Les gens viennent y vivre pour 2 raisons principales : l’immobilier beaucoup plus abordable qu’à LA et les écoles publiques de bon niveau. En effet, un des problèmes majeurs pour les familles qui habitent à Los Angeles et les villes “incorporées” à LA qui dépendent du LAUSD, “Los Angeles United School District” le rectorat local, soit 500 000 élèves), est de pouvoir habiter là où il y de bonnes écoles.

Comme l’immobilier dépend en grande partie de la qualité des écoles du quartier, beaucoup de gens se retrouvent à devoir faire un choix entre habiter dans les quartiers chers avec les bonnes écoles, ou habiter dans des quartiers moins chers (mais encore chers) où les écoles ne sont pas terribles. Ils choisissent souvent d’envoyer leurs enfants dans une école privée, souvent très chère elle aussi.

Une troisième option pour beaucoup de gens est de déménager dans les “suburbs” en périphérie de la ville et de faire le “commute” tous les jours vers LA pour travailler. Beaucoup de gens passent facilement 2 à 3 heures par jour dans leur voiture pour les trajets.

 

Le melting pot culturel

Ici, la population est très mixte culturellement, beaucoup moins socialement. Vous trouverez deux groupes de gens. Ceux dont la famille est établie depuis 2 voire 3 générations, et les nouveaux arrivants comme nous. Ces derniers sont venus installer leur famille dans un endroit où l’immobilier est encore à peu près abordable, où les écoles sont bonnes et la vie plus simple. En revanche pas d’école française dans le coin. L’école française la plus proche est à une heure de voiture (au moins). Ce n’est pas une option que nous voulions prendre.

Les enfants sont donc en immersion totale mais ils ne dénotent pas. Dans l’école de mes enfants à peu près 50% des parents sont nés en dehors des États-Unis. Leurs enfants sont donc la première génération d’américains dans leur famille. Nombreux sont ceux qui pratiquent deux voire trois langues dans leur famille. C’est le “melting pot” dans toute sa splendeur.

 

Tous d’ailleurs

En fin de compte, une expatriation ici ressemble très peu à une expatriation. En effet, très vite, on se fait au mode de vie super pratique et agréable (le climat aide, il fait quasiment toujours beau). On se dit même qu’on pourrait y passer sa vie. Contrairement à d’autres expatriations (je pense à l’Afrique ou au Moyen-Orient par exemple), ici on se fond dans la masse car tout le monde vient d’ailleurs. Même les Américains dont les familles sont établies depuis le Mayflower se décrivent encore comme étant italiens, irlandais, français, allemand, etc.

 

Alors au quotidien comment cela se passe ?

Évidemment comme dans beaucoup de familles de par le monde, la vie se centre sur les enfants et se règle sur les horaires et les vacances scolaires.

La journée démarre tôt: l’école commence entre 7:35 et 7:45 mais finit tôt aussi (vers 14:30/15h). La raison principale ? Libérer du temps pour que les enfants puissent participer à des activités extra-scolaires, essentiellement du sport.

 

Le sport, un véritable mode de vie

Quasiment tous les enfants en font de manière assez intensive pendant la semaine. Beaucoup de ces sports sont des sports collectifs (surtout soccer, baseball, football, softball, mais aussi course à pied et athlétisme)  et se pratiquent via l’école (qui organise les entraînements et les match inter-écoles après les cours) ou via des associations de volontaires telles que AYSO pour le “soccer”  (football en français, par opposition au football américain). Dans les associations les parents sont mis à contribution pour arbitrer les matches, coacher les enfants,  installer les équipements, organiser les “fundraisers” (récolte de fonds pour faire vivre l’association), etc.

Mais attention ce n’est pas parce que ce sont des associations de volontaires que la sécurité et le professionnalisme ne sont pas respectés. Si vous voulez arbitrer ou coacher, il vous faudra assister à des formations proposées par l’association. Les entrainement ont lieu la semaine et les matches le weekend. Votre enfant fera peut-être même partie d’une équipe qui voyage (dans un rayon de 150 km).  Les enfants s’inscrivent pour une “saison” qui dure trois mois environ. Pendant cette période-là, vous pourrez dire au-revoir à vos weekends…

Plus les enfants grandissent, plus cela devient sérieux et intensif. La raison? Les parents espèrent que leurs enfants décrocheront une bourse universitaire qui permettra d’alléger la facture des études, très salée aux US!

 

La soccer mom

Si vous avez plusieurs enfants, vous passerez sans doute beaucoup de temps à les conduire à droite à gauche pour leurs activités après l’école… Vous aurez peut-être le sentiment d’être le chauffeur de la famille En réalité, vous vous êtes muée en véritable “soccer mom”. La soccer mom est souvent une “stay at home” mom (mère au foyer) qui fait beaucoup de volontariat à l’école et dans les associations sportives. Elle conduit typiquement un “SUV” (4×4) ou un “minivan” pour pouvoir “carpooler” (co-voiturer) avec les autres familles… A la question comment font les familles dont les deux parents travaillent à plein temps, je n’ai pas la réponse…

 

Une vie sans regrets

Bien sûr, vous n’êtes pas obligés d’adopter ce mode de vie essentiellement tourné autour des enfants et du sport, mais si vous décidez d’embrasser cet aspect culturel essentiel de la culture des suburbs américaines, vos enfants et vous-mêmes ne le regretterez pas. Il permet de rencontrer des gens différents, de se rendre utile et de contribuer à la vie d’une communauté, de s’ouvrir…

Quant à LA ?  Nous y allons régulièrement pour la plage, et de temps en temps pour des concerts, des musées…

 

Claire 

 


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