Le Taekwondo, par Petit Roux en Chine

Le Taekwondo, par Petit Roux en ChineTous les vendredis soirs, en rentrant de l’école je fais du Taekwondo avec les frères et Maître Wong.

Dès le premier jour je reçois un très beau kimono et je me dis que je vais bien aimer ce nouveau sport. Maître Wong a une ceinture noire. Il arrive dans la salle, nous salue et fait la roue trois fois de suite, sans les mains. Très impressionnant !

« J’espère qu’on saura bientôt faire comme lui ! » s’exclame mon grand frère Baptiste avec enthousiasme.

Ensuite Maître Wong dit quelque chose dans une langue qui ressemble à du chinois mélangé à de l’anglais. Nous c’est pareil, on parle à moitié chinois, et à moitié anglais.

Mais là, on ne comprend rien, alors on sourit comme lui. Pourtant, il n’a pas l’air content du tout, et s’incline dix fois jusqu’à ce qu’on fasse pareil. J’avais déjà remarqué que parfois, certains Chinois rient, non pas parce qu’ils s’amusent, mais plutôt parce qu’ils sont gênés. La première fois d’ailleurs, j’étais énervé d’entendre le rire du chauffeur de taxi qui venait de me coincer les doigts dans la portière.

La séance de Taekwondo consiste à reproduire à l’identique ce que fait le Maître. Il accompagne chacun de ses mouvements d’un cri terrible d’homme des cavernes : « haaa ! »

Alors, on passe toute l’heure à pousser d’étranges “haaa ! haaa !“

Pour le coup, c’est vraiment très drôle mais le professeur, lui, reste impassible et on comprend vite qu’il ne faut surtout pas rire. Surtout Baptiste qui doit faire vingt pompes pour insolence. « Sympa le loisir pour se détendre après l’école ! », marmonne-t-il furieux.

Depuis des mois, on répète à chaque séance les mêmes gestes. Et moi, j’en ai assez, je veux arrêter le Taekwondo.

Je sais faire un enchaînement de treize mouvements. Pour ça, j’ai répété chacune des postures des centaines de fois. La méthode d’apprentissage la plus répandue en Chine est de répéter inlassablement les mêmes enchaînements. C’est valable dans tous les domaines. Au cours de peinture chinoise par exemple, j’ai peint des bambous pendant six mois jusqu’à ce que le geste soit parfait.

« Fais comme le prof, sinon on va encore y passer trois heures ! », me demande mon frère Augustin.

« Mais je fais exactement pareil ! », je dis.

« Mais non, regarde ton pied : il n’est pas placé comme le sien » ajoute-t-il.

Le prof s’approche alors de moi et déplace mon pied d’un demi-millimètre vers la gauche.

« Tu vois ! » reprend Augustin.

Je sais aussi faire quelques sauts et casser une planche de bois avec le pied, mais ça fait très mal, car pour l’instant, on n’a pas le droit de mettre de chaussures ! Il faut apprendre “à la dure“.

Mon cauchemar reste la souplesse.

« Ecart facial », nous montre le Maître, étendu de tout son long, ventre à terre, et jambes de part et d’autre. Il ordonne: « A vous ! »

« Pitié, pas ça ! », je dis.

« Fais un effort quand même ! », m’encourage Baptiste.

« Aucune chance, je me lamente, je suis complètement raide. En six mois je n’ai pas gagné un millimètre, je ne vois pas pourquoi ça changerait aujourd’hui. »

Le Maître s’acharne sur mon dos pour me faire descendre. C’est une véritable torture. Je me dis que tout va craquer. Mes frères me regardent compatissants.

Eux non plus n’y arrivent pas très bien, mais au moins, ils ont commencé de plus bas, du coup, le professeur les laisse un peu tranquilles.

Mes frères sont plus doués que moi. Ils sautent haut, cassent toutes les planches, poussent des cris puissants et connaissent les enchaînements par coeur.

« Bravo vous avez le niveau d’une ceinture verte ! » leur lance même, fièrement, Maître Wong.

« Pourquoi les frères viennent-ils juste de passer leur ceinture blanche et jaune, alors que le prof dit qu’ils ont le niveau de la verte ? », je demande à ma mère en rentrant. « Ils pourraient peut-être passer directement àla verte. », je suggère. Ma mère trouve ma remarque intéressante. « En plus, avec

toutes ces couleurs intermédiaires, on va se ruiner et y passer dix ans ! » dit-elle.

A la séance suivante, ma mère pose la question à Maître Wong qui s’offusque : « C’est sérieux le Taekwondo, c’est un sport de longue haleine pour lequel on doit franchir les étapes une à une. »

Puis il ajoute : « Mais pas de problème, si vous voulez que vos enfants passent directement à la ceinture verte, il vous suffit d’acheter chacune des trois ceintures intermédiaires ! »

Cette remarque semble décontenancer ma mère, alors, j’en profite pour dire : « Chaque semestre tu paies pour que j’aie une nouvelle ceinture alors que je n’ai pas le niveau. Je préfère arrêter le Taekwondo, et offrir cette somme aux frères pour qu’ils puissent passer directement leur ceinture verte. »

Et c’est ainsi que mes frères ont obtenu leur ceinture verte et que j’ai enfin pu arrêter le Taekwondo.

Extrait du livre « Petit Roux  » de Marie Portal.
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Plus d’informations sur facebook.com/unpetitrouxenchine

Disponible sur www. unpetitrouxenchine.fr 

« Un petit roux en Chine » de Marie Portal.

Illustré par Mélanie Abellan.

Un petit roux en chine disponible dans les librairies parisiennes :

Le Phenix, 72 boulevard de Sébastopol 4e,

Librairie Lavocat,  101 avenue Mozart 16e,

Librairie Fei, 1 rue Frédéric Sauton  5e.

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Le livre : Un petit roux en Chine

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