Les écoles françaises à l’étranger aujourd’hui en danger ?

Les écoles françaises à l’étranger aujourd’hui en dangerNovembre 2017. L’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) est aujourd’hui contrainte à des mesures drastiques d’économies. Comment peut-elle rester compétitive face à un environnement de forte concurrence sur le marché mondial de l’éducation ? Les écoles françaises à l’étranger aujourd’hui en danger ?

 

Décrue programmée des crédits publics de l’AEFE

Avec une présence dans 137 pays, près de 500 établissements et 350 000 élèves scolarisés de la maternelle à la terminale, la France possède le plus important réseau scolaire mondial au-delà de ses frontières. L’AEFE est un établissement public sous tutelle du ministère des Affaires étrangères créé par la loi du 6 juillet 1990. Elle anime et gère ce réseau avec une double mission. Assurer la continuité du service public d’éducation pour les enfants français hors de nos frontières. Et contribuer à la diffusion de la langue et de la culture françaises à l’étranger.

Ce précieux outil diplomatique voit aujourd’hui ses crédits revus à la baisse. L’annulation en juillet dernier de 33 M€ de crédits de son budget 2017 pénalise les familles par l’augmentation des frais de scolarité. Et cela risque de porter atteinte à la qualité de l’enseignement de ces écoles qu’elles soient en gestion directe ou conventionnés.

Des frais de scolarité assurément plus élevés

Pour faire face à ces contraintes, l’Agence a fait le choix d’augmenter dès le 1er janvier 2018, la participation financière des établissements scolaires au budget de l’AEFE qui pourrait passer de 6% à 9%. Toutefois, celle-ci devrait diminuer à 7.5% en 2019. Elle entend supprimer également 80 postes d’expatriés et 100 postes de résidents en septembre 2018. 66 postes d’expatriés et 100 postes de résidents en septembre 2019. 66 postes d’expatriés et 100 postes de résidents en septembre 2020. Soit 500 postes au total dans les écoles, collèges et lycées français de l’étranger.

Les parents d’élèves, la principale fédération de parents d’élèves – la FAPEE – en tête, craignent aujourd’hui les conséquences de ces baisses de financement sur la qualité de la formation, avec le recrutement accru d’enseignants en contrat local non formés pour compenser les suppressions de postes. Cette coupe vise les établissements publics en gestion directe et les établissements privés qui bénéficient d’une convention avec l’AEFE.

 

Sur le terrain, une grande disparité des situations
Contrat d’expat ou contrat local

La demande de scolarité des familles françaises et étrangères pour ces établissements AEFE est en augmentation. Mais leurs ressources sont variables. Et les entreprises favorisent aujourd’hui les expatriations avec contrat local sans aide financière pour la scolarité des enfants. Egalement, les départs à l’étranger sont de plus en plus le fruit d’une recherche d’opportunités individuelles. Par conséquent, bon nombre des familles ne comptent désormais que sur elles-mêmes, ne bénéficiant ni d’une bourse ni d’une prise en charge de leur employeur.

De grands écarts dans les frais de scolarité

Si ces familles dépensent aux alentours de 1 000 euros à Madagascar ou à Pondichéry par exemple, les montants des droits de scolarité dépassent 20 000 dollars à New York ou San Francisco…. Ces droits élevés permettent de compenser le prix de l’immobilier et la qualité de ces établissements fortement dotés en personnel, en activités sportives, culturelles. Certains établissements sont bilingues comme par exemple à Londres avec le Collège français bilingue de Londres (CFBL), L’Ecole Jeannine Manuel ou le lycée international Winston Churchill (LIL) …

Des augmentations difficiles à assumer pour les familles

Dans une lettre au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, la principale fédération de parents d’élèves, la FAPEE, évoque des augmentations « difficiles à assumer pour les familles ».  Déjà par exemple, Au lycée français de Zürich, les parents d’élèves, très impliqués dans la gestion de l’établissement, s’attendent à une hausse de 340 euros par élève. Ils envisagent ainsi de mettre un terme à leur convention avec l’AEFE. A Buenos Aires, c’est une catastrophe, regrette déjà Isabelle Tardée, déléguée générale de la FAPEE. Entre l’inflation galopante et les restrictions budgétaires annoncées, les frais de scolarité vont augmenter de 40 % ». En Allemagne du Nord, ces réductions concernent potentiellement le lycée St-Exupéry de Hambourg ainsi que l’école Voltaire de Berlin.

La préférence donnée aux écoles anglophones 

Ces effets cumulés ( forte augmentation de droits de scolarités et concurrence accrue sur le marché mondial de l’éducation) vont aboutir inévitablement à l’augmentation des départs des élèves. Même si face à cette situation, le réseau français évolue différemment selon le lieu. Les pays francophones ne posent pas, jusqu’à aujourd’hui, de problèmes significatifs. « Le français y reste encore la langue de prestige et d’avenir universitaire ». Mais ce n’est plus vrai dans les autres pays, dans lesquels entre 10 et 20 % des expatriés français choisissent déjà une scolarité anglophone.

La grande diversité des offres anglophones

La concurrence la plus significative est issue de la multitude de l’offre d’établissements privés anglophones. Ils captent ainsi environ 20 % de la population expatriée mondiale. L’attrait du baccalauréat international dans les cursus nationaux (BI), celui des universités américaines et britanniques, joint au rôle de l’anglais comme langue internationale « fait de ces établissements des concurrents hors normes » insistait déjà un dernier rapport de la Cour des comptes en octobre 2016.

Les familles financent déjà largement l’AEFE

Finalement, l’AEFE qui pilote l’essentiel du réseau des établissements d’enseignement français dans le monde est déjà financée pour l’essentiel (80%) par les frais de scolarité à la charge des familles françaises et étrangères qui fréquentent cet enseignement. Demander plus aux familles, est-ce tenable dans un contexte de si forte concurrence ? Il est permis d’en douter même si les situations sur le sujet sont variables d’une zone géographique à une autre ou selon les pays.

Les limites de la gestion sous l’égide de l’AEFE ?

Cette dernière coupe budgétaire de l’AEFE est qualifiée par le président de la République de « participation à l’effort de redressement économique de la France ». En tout état de cause, elle montre les limites de la gestion sous l’égide de l’Agence. Or, les réseaux d’éducation et culturels de la France sont des investissements qui rapportent à la France. Il ne s’agit pas là que de francophonie mais aussi des capacités de rayonnement économique de la France. Par conséquent, pour toutes ces raisons, et en premier lieu le maintien de la qualité de notre enseignement et du rayonnement de notre culture à travers le monde, il y a urgence à voir les partenariats public/privé dans la gestion des établissements scolaires français à l’étranger s’organiser et prendre pleinement le relai.

Sabine Cros

Sources et pour aller plus loin : 

Agence pour l’enseignement français à l’étranger, (AEFE) : www.aefe.fr

Fédération des associations de parents d’élèves des établissements d’enseignement français à l’étranger (Fappée)

Réseau des écoles françaises en Amérique du Nord

« Les lycées français de l’étranger au régime sec », Marie-Estelle Pech, Le Figaro, 8 novembre 2017

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