“Je fais du homeschooling avec mon ado”

ado

En  quatorze ans, mon fils aîné, Aymeric, a connu neuf écoles différentes.

Arrivé à l’âge de 3 ans et demi aux Etats-Unis, il a également été scolarisé un peu en France et deux ans en Ecosse. C’est un enfant qui a toujours eu beaucoup de facilités, ce qui lui a permis de suivre correctement malgré les déménagements incessants. Pourtant, dès le fifth grade – équivalent du CM2 français – il commence à se désintéresser de l’école. Il avait, jusque là, un vrai intérêt pour ce qu’il apprenait à l’école. Amoureux de lecture, il avait également une très bonne mémoire ; ce qui lui permettait de retenir tout ce qu’il entendait ou lisait en cours. Avec la pré-adolescence, ces choses commencent à changer. La rebellion, courante à cet âge, porte pour lui sur les devoirs à la maison. Pas question pour lui de les faire. Il a décidé que puisqu’il comprend tout en classe, il n’a pas besoin de s’y atteler ! Malgré les efforts de son institutrice pour lui faire comprendre le bien-fondé de cet exercice, mon fils n’en a que faire… Et voilà qu’il rentre en middle school dans cet état d’esprit. Cette période de sa vie s’avère très dure pour lui. En sixth et seventh grade – sixième et cinquième, il garde cet esprit rebelle et très vite, se fait des ennemis au sein des élèves de l’école. Pendant deux ans, il subit les brimades de ses camarades sans s’en ouvrir auprès de nous. A l’origine de ces exactions : ses prises de position en classe, son esprit rebelle, son regard différent posé sur les choses de la vie… et une puberté précoce. Il se bat à l’école, menace un autre enfant et c’est là que nous apprenons la vérité sur ce qu’il subit à l’école chaque jour. Direction la psy qui l’aidera à gérer sa colère, à comprendre l’importance de son travail scolaire et le diagnostiquera, en passant, comme souffrant d’un déficit d’attention.

Nous déménageons en 2011 et là, il rentre en high school 

Ecole qui accueille les ados de 14 à 18 ans. Nous pensons que c’est là l’occasion pour lui de prendre un nouveau départ, mais malheureusement, il retombe très vite dans ses anciens travers. Bagarres, devoirs non rendus… ses notes sont très médiocres. Il fait une phobie scolaire. Aux Etats-Unis, les notes collectées en high school sont corrélées à l’entrée en université. J’ai très peur qu’il ne puisse pas faire d’études supérieures à cause de ses notes et je m’en ouvre à mon mari. Nous avions déjà discuté du homeschooling – ou instruction à la maison, mais mon mari ne voulait pas en entendre parler. Je remets donc à ce moment-là, l’idée sur le tapis. Après de multiples conversations et tergiversations, le papa accepte de faire un essai, mais avec une structure en ligne. Notre fils fait donc son 10th grade – seconde française, en independent studies. Il suit les cours sur internet avec un programme spécifique. Mais le problème auquel on n’avait pas pensé… c’est que mon fils travaille très vite ! Il fait tout le programme en une heure, maximum deux heures par jour ! Et les professeurs n’arrivent pas à lui fournir assez de travail. Alors, pour nous, ce n’est pas satisfaisant. Pour lui, c’est bénéfique car n’ayant plus de devoirs à faire, il travaille assez bien dans l’ensemble, mais “oublie” quand même de temps en temps de rendre des travaux personnels. Je prends donc la décision de travailler sans filets et de me lancer dans le homeschooling “total”.

 Nous faisons un pacte. Il doit faire le travail que je lui donne et tout ira bien.

Nous commençons le 28 août, date de la rentrée scolaire américaine. J’ai concocté le programme scolaire moi-même à l’aide de sites internet de professeurs américains. Nous suivons le programme d’étude du 11th grade américain – première française. C’est-à-dire qu’il fait cette année des maths, des sciences de la terre, de la littérature américaine et grammaire, du français, de l’histoire des Etats-Unis et il a rajouté un cours de russe qu’il veut apprendre pour partir en voyage lorsqu’il aura 18 ans. Ayant 16 ans, la scolarité n’est plus obligatoire, donc je n’ai de compte à rendre à personne. Il a cependant passé plusieurs examens, dont le California High School Exit Exam, un examen de fin d’études, qu’il a eu haut-la-main et le PSAT, un examen de préparation à l’entrée en université, où il a eu aussi un joli score. Il passera l’an prochain le GED, un examen de fin d’études obligatoire pour aller à l’université. Nous avons notre petite routine. Le matin, il travaille ses matières – toujours dans le même ordre, nous sommes des créatures d’habitude  – puis, deux jours par semaine, il va faire un tour de vélo pour l’éducation physique. Deux après-midi par semaine, il fait de l’escrime pour compléter le tableau sportif. Il fait également partie de deux troupes de scouts pour le côté “social”. Je prépare tous les cours moi-même, ce qui demande pas mal d’abnégation et d’énergie. Je travaille aussi en même temps que lui : je lis tous les romans qu’il lit, je lis les leçons d’histoire et lui trouve du travail complémentaire sur le net, qui est une formidable ressource pour les parents-enseignants. J’ai même refait les programmes d’algèbre avec lui, alors que je n’avais plus ouvert un livre depuis la terminale ! Seul le russe est la matière qu’il gère tout seul, car je n’ai pas eu le courage de me lancer ! C’est une expérience très intense, mais aussi très enrichissante. Je peux voir comment il travaille, essayer de lui apporter, non seulement les connaissances, mais aussi les méthodes de travail. Lui est plus serein sur son rapport à l’apprentissage. Bien sûr, si je le laissais faire, il y a des matières qu’il n’étudierait pas…  tout n’est pas rose. Parfois même, il m’arrive de lui secouer les puces car il n’a pas fait tel ou tel exercice que j’avais demandé. Mais dans l’ensemble, je sens que ce type d’enseignement lui correspond plus. L’année prochaine, il sera dans son année finale. Nous continuerons donc sur le même schéma. A partir de janvier 2015, nous commencerons la préparation spécifique du GED qu’il devrait passer en avril. J’espère ensuite pouvoir fêter sa graduation en juin 2015 comme tous les autres élèves de sa promotion ! Par la suite, il a prévu de rentrer à l’université pour deux ans et de voir comment les choses se déroulent… à suivre donc.

L’avis de l’intéressé :
Comment se sont passés les débuts ? C’était un peu difficile de s’ajuster.

Qu’est-ce que cela t’apporte ? De la motivation. Je sais que, une fois le travail fini, je n’ai pas à attendre encore une heure à écouter un prof.

Quels sont les manques éventuels rencontrés ? Il n’y a pas d’autres personnes, alors il faut trouver des endroits pour se faire des amis en dehors.

Quel bilan ferais-tu au bout de plusieurs mois ? C’est beaucoup plus pratique et simple que l’école normale.

Et si c’était à refaire? Oui, absolument.

Y-a-t-il autre chose que tu souhaiterais ajouter ? Il y a le problème de re-rentrer dans le système normal après, je suis sûr. Si je devais retourner en high school, ça serait dur pour moi. Et pour l’université, je n’ai pas grand chose pour prouver que je suis intelligent aux recruteurs d’université.

[Note de la maman : Aux Etats-Unis, en tout cas, il y a de plus en plus d’universités qui acceptent les homeschoolers car ce sont en général des enfants motivés et qui savent travailler individuellement. Notre fils va commencer par un community college, donc seul le GED suffit, mais pour les grandes universités, il faut aussi préparer un portfolio des travaux et projets faits à la maison… ce n’est plus un frein aux études supérieures.]

Par Gaëlle Goutain,
journaliste et co-auteur de l’Enfant expatrié et Conjoint Expatriée, avec Adélaïde Russell, psychologue.


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