L’art de ne pas se projeter en expatriation

se projeter

Ah… cette fameuse période où l’on attend, simplement, que « ça se décide », ou « ça se confirme ». Ces semaines que vous expats, êtes nombreuses à traverser en ce moment, en attente de la confirmation d’une mutation, d’un prolongement de contrat, ou de la confirmation d’un retour en France. Cette attente, parfois bien pénible, fait pourtant partie du deal. Lorsque l’on décide de vivre une expatriation, on sait rarement combien de temps cette aventure va durer. Il peut y avoir des imprévus en cours de route, des rebondissements, des opportunités à saisir (ou pas). Notre avenir est un gros point d’interrogation. Yuko Deneuville est Expat Coach en Floride, et revient pour nous sur cet aspect : l’art de ne pas se projeter en expatriation.

En introduction, disons que pour certains, cela représente tout le charme d’une expatriation. Pour d’autres, cela serait plutôt synonyme de stress. En tout cas, une chose est sûre : ceci développe la faculté à profiter du moment présent, sans trop faire de « plans sur la comète ».

On ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait

C’est l’une des conséquences de la pandémie. Depuis 2020, nous avons appris à vivre avec ce sentiment d’imprévu. Combien de projets d’expatriation tombés à l’eau, combien de projets auxquels il a fallu renoncer, combien d’expats écourtées prématurément ?

En général, quand on pose la question aux futurs expatriés, on dit : « Tu comptes partir pour combien de temps? » et aux expatriés « Tu comptes rester combien de temps? » , on obtient deux types de réponse :

  • si la personne est en contrat d’expatriation : «Normalement, nous restons x années car nous avons un contrat de x années. On verra si celui-ci se prolonge ou pas.»
  • ou la réponse suivante si la personne est en contrat local, ce qui est de plus en plus le cas : « Aucune idée… Tout va dépendre si on se plait ici ».

Mais dans les deux cas, il y a un point commun : on ne sait jamais de quoi sera fait l’avenir !

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Rester flexible et à l’écoute des opportunités

Plus jeune, quand je suis partie vivre au Japon, nous ne devions y rester que trois ans dans le cadre d’un contrat d’expatriation de mon père. Notre expat’ a finalement duré neuf ans !

J’ai vécu le même scénario, dans le sens inverse, dernièrement. Lorsque nous sommes arrivés à Rochester (New-York) avec mon mari et nos deux filles. Nous pensions y rester quelques années, d’autant plus que nous nous y plaisions bien. Mais au bout d’un an, nous avons déménagé en Floride.

Il arrive également qu’une mission à l’étranger soit raccourcie en raison d’une situation économique défavorable, de la perte de marchés commerciaux, des restructurations internes à l’entreprise, d’une catastrophe naturelle ou comme aujourd’hui d’une pandémie… Un événement familial peut également précipiter le retour dans le pays d’origine.

Rebondir malgré les imprévus

Le point en commun dans ces deux scénarios est non seulement le fait que l’expatriation offre son lot d’imprévus mais qu’il faut savoir rebondir, être flexible, et à l’écoute des opportunités. Savoir évaluer très rapidement l’opportunité que présente une mobilité interne ou géographique.

Si nous avons pu rester au Japon pendant neuf ans, ce n’est pas dû au hasard. Mon père a saisi toutes les opportunités qui nous permettraient de rester au Japon, en acceptant de changer de poste, d’entreprise, de manager, etc.

De même, si nous sommes aujourd’hui en Floride, c’est parce que mon mari a saisi une opportunité proposée par son manager et qu’il a pu compter sur mon support (oui, le conjoint accompagnateur a bien son rôle à jouer, et on l’a rappelé à l’occasion de la Saint-Valentin !). Nous nous sommes décidés en un mois !

On reste maître de son destin

On a tendance à penser que lorsque l’on est expatrié, on est « à la merci » de notre employeur. Si au bout de trois ans dans un pays, notre recruteur décide de nous envoyer à l’autre bout du monde, a-t-on vraiment le choix ? Si on refuse, que se passe t’il ? En fonction des entreprises, il reste possible de refuser deux ou trois fois – mais pas systématiquement.

Si on accepte de changer de statut (contrat expatrié vs contrat local) et donc de faire une croix sur un certain nombre d’avantages financiers, il y a bien sûr la possibilité de transformer le contrat expatrié en contrat local. C’est le cas de nombreux expatriés qui ne souhaitent pas rentrer en France par exemple.

Il y a également la possibilité de trouver un emploi dans une autre entreprise, afin de pouvoir rester dans le pays, même si cela n’est pas toujours aussi évident qu’on puisse l’imaginer. En effet, lorsque l’on est embauché dans une entreprise, notre VISA est généralement rattaché à notre employeur.

Dans notre cas par exemple, si on quitte l’entreprise, « bye bye » le visa et les Etats-Unis. Seule option pour rester :  avoir la green card ou trouver une entreprise qui a vraiment besoin de nous au point d’accepter de prendre en charge l’obtention du visa. Pas simple.

A l’inverse, certains expatriés enchainent les missions de courte durée les unes après les autres et aiment l’adrénaline que cela procure.

Une période de stress pour la famille

Le fait de ne pas savoir à l’avance où l’on va se retrouver dans quelques mois, voire même le mois d’après, peut causer du stress, surtout pour des familles car il faut anticiper pour la scolarité des enfants, pour le travail du conjoint. C’est dans ces moments que ce joue ce fameux équilibre à préserver dans un couple en mobilité internationale : un projet d’expatriation se prépare à deux.

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Profiter de l’instant présent… 

Alors que se passe t’il ? L’expat développe naturellement l’état d’esprit de profiter de l’instant présent. Car on ne sait jamais quand cela va se terminer. Pourtant, il est important aussi d’avoir des projets de vie. Pourquoi pas décider d’acheter une maison si on se plait là où on est actuellement ? Si on doit partir dans quelques années, il y aura toujours une solution : la revendre ou la mettre en location.

Autre extrême, il arrive que certains expatriés au bout de plusieurs expatriations, ne cherchent plus à nouer de nouveaux contacts car ils savent que c’est éphémère. C’est vrai que cela peut demander de l’énergie de répéter le processus : aller à la rencontre de nouvelles personnes – créer des liens – se dire aurevoir. Ce que je retiens de chaque rencontre, c’est que chacune est unique et que l’on s’enrichit personnellement. En vivant à l’étranger, on peut rencontrer plus facilement des personnes d’horizons variés : des locaux, d’autres expatriés français ou étrangers.

… et non « vivre au jour le jour »

Aujourd’hui nous profitons de notre vie en Floride, tout en restant prévoyant pour notre avenir, et surtout celui des enfants. Attention à ne pas confondre « Profiter de l’instant présent » et «  vivre au jour le jour ». On réfléchit donc aux questions : « Comment mettre de l’argent de côté pour notre retraite ? », « Faudra-t-il rentrer en France pour les études de nos filles ? » , « Comment préparer au mieux le retour en France pour chaque membre de la famille ? ».

Nombreux expatriés en témoignent, dont mon père : l’impatriation, le retour dans son pays d’origine, est plus dure que l’expatriation. Il faut donc s’y préparer.

En conclusion, l’expatriation développe cette capacité à vivre dans l’instant présent, à s’adapter à tout environnement. C’est tellement enrichissant de découvrir tous les jours de nouveaux aspects d’une culture, de rencontrer de nouvelles personnes.  C’est également et surtout un vrai voyage au plus profond de soi-même, pour mieux se découvrir et réfléchir à la question : « Quel est mon réel projet de vie » ? 

Vivre à l’étranger demande un juste équilibre entre « être dans l’instant présent » et « s’autoriser à rêver », à faire des projets à moyen ou long terme, sans oublier l’essentiel : « Carpe diem ».

« Dans le présent, ce qui importe, c’est de tirer de chaque moment ce qu’il peut contenir d’intensité. » (André Maurois)

yukodenevilleYuko Deneuville

Certifiée expat coach et membre de la Coach Academy d’Expat Communication.
Coach certifié (CPC) par l’Institute for Professional Excellence in Coaching (iPEC) aux Etats-Unis.
Ses spécialités : transition internationale, aide à la carrière pour les conjoints expatriés.

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