Mythe et réalités du ghetto d’expats – La tribune de Corinne

Mythe et réalité du ghetto d'expatsLe ghetto des expats est l’un des clichés qui a vraiment la vie dure. Tous ceux qui partent en ont entendu parler, sans vraiment savoir quoi en faire.

Cette idée, finalement assez commune, des expats vivant dans un ghetto fermé sur un entre soi stérile peut provoquer une appréhension, allant parfois jusqu’au rejet, voire au dégoût de la communauté d’expat. Sentiment parfois assez puissant pour influencer des décisions de vie importantes, comme le choix d’un logement ou des écoles, loin de ce prétendu ghetto.

Mais de quoi a-t-on la trouille exactement ?

On identifie d’une part la peur de ne pas être accepté dans cette communauté-là. De ne pas y avoir sa place. Certains sont très timides. D’autres ont l’impression que cette communauté d’expats n’est qu’un milieu de nantis où toutes les femmes jouent au bridge et au golf avant de s’étirer au bord de la piscine et qu’ils n’y ont pas leur place.

Il y aussi cette représentation tenace que dans les communautés d’expats les femmes, majorité de conjoints suiveurs, ne travaillent pas. Et ne veulent pas travailler. Moi qui suis une femme active, je n’y ai certainement pas ma place.

Et puis, on ne part pas en expat pour se retrouver avec d’autres expatriés. On part en expatriation pour découvrir un pays, pour se faire des amis locaux. Pourtant, c’est oublier bien vite la réalité culturelle de certains pays qui fait qu’il n’est pas facile de se faire des amis locaux. On ne le réalise souvent pas avant de partir. Je garde en tête l’exemple de cette femme qui a vécu 15 ans en Hongrie, avec un mari Hongrois. Elle a réussi à s’intégrer dans sa famille hongroise mais c’est tout. Elle est pourtant ostensiblement ouverte et accueillante. Ou cette fille dans un village au fin fond de l’Italie, enfants à l’école italienne, elle apprenant l’italien, qui a eu aussi beaucoup de mal à s’intégrer localement. L’étranger, de passage, aura parfois du mal à créer des relations amicales avec les locaux.

Finalement, alors que les communautés sont plus variées et humainement plus riches que ces simples clichés, le ghetto d’expat continue d’effrayer. Cette crainte peut peser lourd dans la mise en œuvre du projet d’expatriation. Parce qu’on va réagir en fonction d’elle, aller vers le rejet.

Des réalités plurielles

Il n’existe pas une communauté d’expat dont le modèle se reproduirait à l’infini à travers le monde. Certaines communautés sont énormes avec une grande variété de gens. On y rencontre des communautés super dynamiques, ouvertes, accueillantes, quand d’autres sont sclérosées. Les communautés d’expat dépendent des gens qui sont là. On y voit parfois arriver des personnes extrêmement positives, et ouvertes. Et on va les voir imprimer leur marque à la communauté. A l’instar, mais en négatif, de ceux qui sont dans le pouvoir, le rejet des autres, voire dans le rejet du pays dans lequel ils sont, le mépris des locaux. Ça existe en effet.

D’autres communautés vont se réduire à quelques familles. Certaines seront très polarisées par l’école des enfants. Refermées sur elles-mêmes.

On voit aussi parfois se créer, au sein même de ces ghettos d’expats, des clans. Par exemple le clan de ceux qui travaillent dans l’éducation, les expats classiques, les expats locaux, les binationaux… Parfois ça ne se mélange pas vraiment. Il y a aussi des clans entre les nouveaux arrivants et les anciens. Cet esprit de clan se retrouve dans toutes les communautés. Ce n’est pas lié à l’expatriation, même si ça peut être renforcé par la difficulté de sortir de la communauté, d’aller vers cette culture locale, parfois tellement différente.

La communauté d’expat, pas une fin en soi

Difficile donc d’éloigner ce sentiment de ghetto de la communauté d’expats. Mais personne n’est obligé de passer sa vie dans cette communauté. Tout dépend finalement de notre propre attitude. Rien n’empêche de fréquenter quelques amis dans la communauté d’un côté, et d’avoir des activités locales par ailleurs, permettant un contact privilégié avec cette culture que l’on souhaite découvrir. Tout en nouant des liens, pourquoi pas, dans des communautés d’expats d’autres nationalités. C’est aussi ça garder son indépendance d’esprit et sa liberté.

Pour ne pas subir passivement, je propose aussi à ceux qui arrivent de s’impliquer dans ces communautés. C’est aussi en y travaillant que vous rencontrerez vraiment bien les gens, allant au-delà du côté superficiel. En faisant des choses utiles c’est complètement différent. Ainsi la communauté n’est plus le simple lieu de consommation d’activités, nous mettant nous-même dans une attitude assez superficielle. Et s’investir dans ces communautés, c’est souvent l’assurance de se faire de très bons amis.

Quelques conseils…

Explorez ces communautés. Allez les voir, restez ouverte. Ne vous arrêtez pas à la première impression. Car de toute façon, en principe, c’est quand même souvent là que vous allez vous faire des amis.

Mais y être ne signifie pas de ne pas en sortir ! Allez aussi dans d’autres communautés.

Et y être c’est aussi y participer, être positif, constructif, dans l’ouverture. De nombreuses communautés sont très ouvertes sur la vie locale. Au Japon, on trouve par exemple des associations franco-japonaises ! Vous trouverez des communautés qui accueillent d’autres nationalités, des locaux… Certaines font aussi beaucoup d’humanitaire.

Cette appréhension du ghetto d’expat est un sujet dont il faut parler. Il est nécessaire de mettre les choses à plat pour que ceux qui partent se sentent plus serein, que cette peur ne les gêne pas dans leur adaptation, leur faisant perdre du temps. Ils risquent de tourner autour de cette communauté, sans oser y aller vraiment, sans profiter de toute l’aide qu’elle peut apporter.

Ces communautés sont des rassemblements d’individus où finalement rien n’est figé. A vous d’entrer en jeu !

 

 

Corinne Tucoulat

Corinne

Paris, France
Française, expatriée à Abu Dhabi, Aberdeen, Bangkok.

Langues de coaching : français

Coach senior, expert accompagnement expatrié, coach de vie gestaltiste praticienne et formée à l’Approche Neurocognitive et Comportementale. Co-fondatrice d’Expat Communication, sa passion : découvrir les richesses de chacun et contribuer à l’épanouissement et à la réalisation des projets tant professionnels que personnels.

 

 

 

 

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