Etude sur l’expatriation au féminin

delphine_marteau-HPDelphine Joëlson Marteau vit depuis 14 ans à l’étranger, où elle a alterné entre activités professionnelles et périodes de « pause ». C’est  avec un oeil d’entomologiste qu’elle a étudié l’expatriation au féminin et en a fait un guide. Elle nous livre son sentiment sur la femme 2.0 en expatriation. Interview.

En quelques lignes pouvez-vous vous présenter, décrire votre parcours d’expatriée.

Je suis partie de France il y a presque 15 ans pour « suivre mon mari » qui avait une opportunité pour une entreprise française à Hong-Kong. Pour cela, j’ai quitté Paris et mon travail. J’ai ensuite vécu à Tokyo, Marseille, Madrid, Berlin, et j’habite actuellement à Dubaï.

J’ai essayé de travailler dans tous les pays dans lesquels j’ai habité ; je n’envisageais pas les choses autrement. Ça n’a pas toujours été simple, et j’ai dû m’adapter. Ma formation initiale est le marketing/commerce international ; à l’étranger, j’ai été responsable achats, journaliste, j’ai enseigné le Français et effectué des missions de natures diverses… Mes expériences sont donc très variées et j’ai appris de nouveaux métiers… C’est passionnant, mais complexe en termes de construction de carrière.

Quelles sont les motivations à l’écriture de ce livre ?

L’idée de ce livre a germé progressivement et assez naturellement. En situation d’expatriation depuis plusieurs années, je remarquais que les préoccupations des femmes expatriées étaient souvent les mêmes, et qu’il n’existait aucun ouvrage dédié à cette « problématique » ! Je commençais à avoir quelques idées sur la question… J’ai alors décidé de me lancer dans ce projet, de façon méthodique (j’aborde tous les thèmes liés à l’expatriation au féminin), mais aussi subjective.

Les motivations étaient donc de synthétiser les différents aspects d’un sujet que je connaissais bien et par là même, de répondre à certaines interrogations des femmes expatriées.

Comment définir la femme expatriée 2.0 ?

La femme expatriée 2.0 est, par définition, très connectée ! Elle a accès à une multitude d’informations, et bénéficie de possibilités d’échanges infinies. C’est une grande chance, et en même temps, ce n’est pas toujours évident de s’y retrouver sur la toile ; sites, blogs, forums… c’est comme pour tout, il faut savoir faire le tri !

C’est aujourd’hui beaucoup plus facile de ne pas être (ou se sentir) isolée, et la notion d’ « inconnu » est désormais à relativiser. Où qu’elle soit, la femme expatriée 2.0 a une fenêtre sur le monde ; internet apporte une nouvelle dimension à l’expatriation en permettant une mise en perspective et une meilleure compréhension de tout nouvel environnement.

Par ailleurs, pour beaucoup d’expatriées, la toile est un outil dans la construction et le développement d’un réseau à l’étranger (personnel comme professionnel)… et elle facilite l’entretien des liens avec les amis et la famille ! Que demander de plus ?

Quels changements notables avez-vous perçus chez la femme expatriée au cours de ces dix dernières années ?

Aujourd’hui, il me semble que les profils sont plus variés qu’il y a une dizaine d’années. La mondialisation a certainement ouvert des opportunités nouvelles. Les communautés expatriées sont plus hétérogènes… ce qui est très sain !

Pour les femmes qui suivent leur mari, la problématique du travail est toujours la même, avec tout ce que cela comporte de complexité et de dilemme. Mais j’ai remarqué beaucoup plus d’esprit d’entrepreneuriat ces dernières années ; cette tendance est certainement facilitée par internet, avec plus d’informations, de conseils, de possibilités de communication et de promotion (notamment grâce aux réseaux sociaux et professionnels), et d’émulation.

Ces choix de « carrières », qui correspondent souvent à des reconversions (parfois temporaires), leur offrent la possibilité de concilier plus facilement activité professionnelle et vie de famille. Parallèlement, la proportion de femmes elles-mêmes expatriées augmente de façon significative, même si le déséquilibre est encore flagrant.

Les femmes expatriées sont de plus en plus jeunes. Une des explications est certainement le nombre croissant d’étudiant(e)s parti(e)s faire une partie de cursus à l’étranger ; séduit(e)s par les opportunités souvent plus intéressantes qu’en France, beaucoup y restent pour démarrer leur carrière. Depuis quelques années, la tentation de l’aventure internationale est couplée avec celle de fuir la morosité ambiante de la France…

Au cours de toutes ces années, y-a-t-il une femme expatriée qui vous a particulièrement marquée ?

Pas une mais tellement ! Chacune de mes expatriations a été l’occasion de nombreuses et belles rencontres. J’ai souvent été touchée par des personnalités humainement très riches, et parfois hors du commun. La variété et l’intensité des relations humaines représentent une des grandes chances de l’expatriation.

En conclusion, pouvez-vous nous dire quel écueil il faut éviter quand on arrive en expatriation et quelle action est à privilégier entre toutes ?

Il y a de nombreux écueils à éviter en arrivant en expatriation, comme par exemple le fait de rester isolée ou passive. Surmonter son changement de statut est très douloureux pour beaucoup de femmes ; il faut alors composer avec une nouvelle image de soi (lorsqu’on quitte son travail pour suivre son mari), ce qui n’est pas toujours évident.

Bien sûr, la priorité est de retrouver un équilibre pour toute la famille, mais il est essentiel de ne pas s’oublier et de faire des projets (professionnels ou non) en dehors de « chez soi » ; sans cela, il est difficile de s’épanouir et surtout de donner un sens à ce chapitre de vie. J’ai parfois éprouvé une sensation de gâchis en voyant des femmes qui avaient tout lâché pour partir à l’étranger ; tant de talent et de potentiel… (momentanément) inexploités ; même si cela change doucement, c’est encore fréquent.

Je suis convaincue qu’une expatriation doit être vécue comme une chance… de se réaliser autrement, autre part.

Etre curieuse de son environnement et de la culture de son pays d’adoption me semble aussi essentiel, et contribue certainement à la richesse de l’expatriation. Rien n’est parfait… nulle part ; il s’agit de prendre le meilleur de chaque pays… et de composer avec ce qui est parfois compliqué !

Le livre « L’expatriation au féminin » de Delphine Joëlson Marteau est édité aux éditions l’Harmattan, vous pouvez vous le procurer en cliquant ici.

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