La tribune de Corinne – Expatriation en base-vie, quelques conseils

Vous partez à TLa tribune de Corinne – Expatriation en base-vie, quelques conseilsaishan en Chine ? Au Nigéria ? Il est probable que vous vous apprêtiez à vivre votre expatriation en base-vie. Si l’expatriation est un mode de vie particulier, l’expatriation en base-vie est une expérience encore plus particulière. Il faut s’y préparer car il s’agit d’un gros changement de vie, notamment vis-à-vis de vos conditions de vie en France.

 

Qu’est-ce qu’une base-vie ?

La base-vie est, le plus souvent, un compound fermé, sorte de camp, rassemblant des familles expatriées ayant un point commun : la plupart du temps, les conjoints sont aussi collègues. Premier cas de figure : ces bases-vie ont été construites parce que le pays est défavorisé et qu’il n’existe pas de logements avec des standards de confort suffisants ailleurs, ou encore d’infrastructures nécessaires à la vie des expatriés. Dans ces cas-là, en général, le compound compte une école, une infirmerie, des installations sportives (tennis, piscine) etc. On trouve ce type de base-vie en Chine, au Laos, en Amérique Latine. Deuxième cas de figure, il s’agit de camps construits sur le même modèle que précédemment, mais pour des raisons de sécurité liées à la situation du pays. C’est souvent davantage le cas des bases-vie en Afrique (Nigéria, Angola, etc.).

Quel que soit le type de base-vie, elles présentent un isolement certain par rapport au reste du pays. Un isolement qui se rapproche du confinement. Et c’est justement ce confinement qui rend l’expérience pas évidente.

 

Au moment du départ, comment vous sentez-vous ?

  • Soit vous êtes effrayés à l’idée de ce confinement, limite affolés. « A quoi vont ressembler mes interactions avec les autres ?» « J’ai peur d’être envahie, j’ai peur de perdre ma liberté »  « nous allons vivre sous le regard des collègues et du reste de la base ». Autant de craintes liées, notamment, à la nécessité apparente de se conformer à des règles de vie, à un style, et qui agissent comme un repoussoir.
  • Soit vous êtes contents : vous partez dans un cadre sécurisé,  « tout est organisé, il n’y a qu’à se laisser porter». L’accueil est assuré, vous savez que vous trouverez du soutien, qu’une structure est en place et vous attend. Toutes les questions logistiques, administratives, organisationnelles sont prises en charge pour vous : facile !

 

 Les difficultés de la vie en base-vie

Les relations en base-vie ne sont pas toujours simples. Les frontières jusqu’ici si claires se brouillent : les relations professionnelles et les relations privées, de famille, de couple – tout se mêle. On vit en permanence avec du monde autour de soi, des personnes que l’on côtoie au quotidien. La sensation d’être en permanence sous le regard des autres n’est pas anodine. « J’ai l’impression de partager mon intimité en permanence », nous dit cette expatriée, « c’est compliqué ».

Bien souvent, les relations professionnelles rejaillissent sur les relations personnelles. Le poids de la hiérarchie peut également se faire sentir à tous les niveaux de la vie de la communauté. Combien de fois a-t-on vue « la femme du chef » prendre des décisions pour la communauté sans être pour autant  légitime dans ce rôle ? (ce qui n’est, heureusement, pas systématique !) De même, si les relations au boulot ne sont pas bonnes, on risque l’isolement, générant un sentiment d’être mal à l’aise pour l’ensemble de la famille.

Le confinement génère une promiscuité qui peut, à son tour, engendrer des dérives malsaines, des situations embarrassantes liées à l’huis-clos.

 

Bien vivre l’expatriation en base-vie

Cultiver son jardin

Ceux qui vivent bien la perspective de partir en base-vie sont ceux qui acceptent l’idée de communauté et y participent activement. Souvent, ce sont des personnes qui ont aussi une vie intérieure, une zone de repli, ou qui savent s’extraire suffisamment souvent de la communauté pour se ressourcer. « Il faut savoir fermer sa porte, s’isoler, avoir un hobbie solitaire quelques jours par semaine. L’important, c’est de pouvoir échapper, autant que nécessaire, aux yeux de la communauté, pour prendre du recul, trouver un peu d’air frais » résume Corinne.

 

Limiter les contacts professionnels en dehors du boulot

Essayez de fréquenter des gens sans contact hiérarchique entre conjoints collaborateurs, ou des personnes hors du milieu professionnel. Ceci est possible dans les bases-vie suffisamment grandes pour accueillir des collaborateurs ne travaillant pas du tout dans les mêmes départements ou sur les mêmes projets, ou encore dans les bases-vie rassemblant le personnel expatrié de plusieurs entreprises. Trouvez vos respirations ! Et puis… ne fréquentez pas que le chef et la femme du chef : essayer de se faire bien voir est source d’essoufflement J !

 

Poser ses limites

Sachez que l’on a toujours un pouvoir sur les choses. Si en communauté restreinte la conversation revient naturellement souvent sur le boulot, on peut aussi décider  de laisser le sujet sur le pas de la porte. « Poser ses limites et s’y tenir, voilà une manière d’être acteur. On n’est pas obligé de se laisser envahir » résume cette expatriée qui cumule les expériences en base-vie.

 

Règles de vie familiale

En famille aussi, il faut que les règles soient claires, et s’y tenir strictement. « On peut vite se faire bouffer par les autres. Mes filles étaient constamment invitées à dormir chez leurs copines, on finissait par ne plus avoir une soirée familiale tous ensemble » se souvient Anne. Les enfants savent très bien profiter de la situation, d’une certaine manière ils savent très bien comment manipuler leurs parents pour qu’ils ne puissent pas refuser. Or il est important que la famille sache rester entre soi. Toujours cette notion de ne pas se laisser envahir, et là, encore plus, de cultiver son cocon. « En base-vie, peut-être plus qu’ailleurs, il faut savoir se préserver des moments où on est juste ensemble en famille, où l’on discute, où l’on se retrouve » conseille Anne.

 

 

Et le couple ?

Le couple peut être mis à rude épreuve. Si les relations sont complexes en base-vie, il faut être encore plus vigilant pour son couple. Ménagez-vous des temps à deux, parlez de ce qui se passe, définissez ensemble ce que vous mettez en œuvre pour vous deux, choisissez les règles que vous vous donnez pour votre vie de couple et votre vie familiale. L’enjeu ? Toujours ne pas se laisser envahir.

 

Ambiance

Enfin sachez qu’il existe des bases-vie avec des ambiances géniales, et d’autres avec des ambiances pourries. A quoi cela tient-il ? Est-ce irrémédiable ? Là encore, dites-vous que vous avez un pouvoir sur les choses. Trouvez les gens positifs, pour lancer avec eux des choses positives. Allez de l’avant, lancez un élan, c’est toujours possible de faire évoluer un état d’esprit. Il suffit de quelques familles pour avoir un impact positif sur des communautés entières.

Prenez du recul, essayez de comprendre ce qui se passe entre les gens pour trouver des solutions. Lancez des activités sympa. Dites-vous qu’on peut toujours améliorer les choses et vivre mieux. Et tant pis si cet élan positif ébranle un peu « l’ordre établi ». Si vous vous y retrouvez et que d’autres vous suivent, c’est toujours cela de gagné !

 

Contacts avec le pays

Enfin, dernier conseil, multipliez les contacts avec l’extérieur. Connectez-vous à la culture du pays qui vous accueille. D’accord, vous vivez dans une sorte de bulle qui vous isole, mais ne passez pas à côté de l’expérience dépaysante et culturelle de l’expatriation. Allez au dehors, à la rencontre du pays, faites-vous guider si c’est compliqué de le faire par vous-même. SI c’est compliqué de sortir, ou dangereux, pourquoi ne pas faire venir, dans la base-vie, des gens du pays, qui seront les ambassadeurs de leur pays ? Voilà une manière de trouver de l’air !

 

Ayez un projet personnel

Et puis peut-être, plus que jamais, cette expatriation en base-vie est l’occasion d’avoir un projet : formation, apprentissage ? Soyez encore plus clair sur vos motivations au départ, et mettez tout en œuvre pour mener à bien ce projet qui vous tient à cœur. Il sera VOTRE espace personnel, votre source d’air frais.

 

Corinne Tucoulat

Corinne

Paris, France
Française, expatriée à Abu Dhabi, Aberdeen, Bangkok.

Langues de coaching : français

Coach senior, expert accompagnement expatrié, coach de vie gestaltiste praticienne et formée à l’Approche Neurocognitive et Comportementale. Co-fondatrice d’Expat Communication, sa passion : découvrir les richesses de chacun et contribuer à l’épanouissement et à la réalisation des projets tant professionnels que personnels.



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