Pourquoi les conjoints expatriés veulent-ils donc travailler ? (Expat Value 4)

i want to work80% des conjoints expatriés veulent travailler. Pourtant 11% seulement disent vouloir le faire pour des raisons financières immédiates. S’ils ne sont pas obligés, alors pourquoi un tel acharnement ? Pourquoi ne profitent-ils pas davantage de cette parenthèse incroyable pour profiter de la vie et découvrir d’autres aspects de leur personnalité ?

Pour répondre à cette question, je vous propose de regarder les résultats de l’enquête et de les éclairer avec les verbatims et avec les retours que nous entendons lorsque nous accompagnons les expatriés.

  • On ne passe pas facilement de carrier-(wo)man à (desperate) house wife/husband

Souvenons-nous du profil académique des conjoints expatriés. Homme ou femme, à 72%, ils ont des diplômes égaux ou supérieurs à Bac + 4. Ces résultats ne s’obtiennent pas sans rien faire. Ces personnes ont passé des années sur les bancs de l’école à investir sur leur futur ; « tu seras autonome ma fille ». Cela se traduit en expatriation par « Je n’ai quand même pas fait autant d’études pour rester au bord de la piscine ! ».

Car quand on analyse en profondeur, l’un des grands vertiges du conjoint suiveur est identitaire. « Avant, quand on me demandait ce que je faisais, je disais ‘avocate’. Maintenant, je me tais ». Plus grave encore, « En France, j’étais médecin, ici, je suis ‘femme de’ ». Si « je suis » a toujours été suivi d’une profession (juriste, kiné, fleuriste…) comment survivre sans travailler ?  Il faut être bien philosophe pour se contenter de dire « Je suis ».

Mais tout ceci, vous nous l’avez dit dans les commentaires ou en stage. Pendant l’enquête, c’est d’autres sujets que vous avez évoqués.

  • L’angoisse du retour

« C’est impossible pour moi de ne pas trouver. Je ne veux pas dépendre de lui pour vivre. Je flippe surtout pour le retour. Ca me réveille la nuit.» Et pourquoi donc tant d’angoisse ? D’après 46% des conjoints, il s’agit de maintenir leur employabilité c’est-à-dire avoir une continuité dans leur CV et actualiser leurs compétences. Et pourquoi cela ? (c’est une vieille règle apprise par un ancien patron ; pourquoi, pourquoi jusqu’à 7 fois…) Par peur de ne pas retrouver de poste au retour. Et pourquoi cela ? Parce qu’on aura besoin de mon salaire en revenant … et puis parce que « de nos jours, c’est dangereux de dépendre de son conjoint financièrement ; il y a quand même beaucoup de séparations.» Nous y voilà, l’angoisse comme moteur de la recherche d’emploi. Il reste à déterminer quel emploi est le mieux à même d’améliorer son employabilité.

  • Le refus de l’oisiveté et le besoin de considération

« Pour moi, passer mon temps à faire des courses avec les femmes expatriées, non merci ». Sans être aussi caricaturaux, 33%  des conjoints déclarent vouloir travailler pour « avoir leur propre projet ». En stage, souvent, ce désir est justifié par « le besoin de reconnaissance de la part de mes enfants et de mon mari ». Dans un dîner, pouvoir répondre à la fameuse question « et toi, tu fais quoi ? ».

  • Le besoin financier

On l’a évoqué rapidement en début d’article mais il ne faut pas l’évacuer. En distinguant des couples pour lequel cet enjeu et crucial et d’autres pour lesquels il s’agit plus d’une posture. La preuve : les hommes conjoints cochent beaucoup plus souvent cette case,  même quand leur femme a le statut d’expatrié et donc pas trop de besoin mais c’est leur statut qui est en jeu.

A ne pas confondre avec les témoignages comme celui-ci qui sont nombreux : « mon mari paye l’appart et la vie de tous les jours. Moi c’est le lycée international pour 3 enfants ; si je perds mon job, les petits changent d’école.»

  • La peur de la solitude

8% des conjoints expliquent vouloir travailler pour participer à un projet collectif. « Quand je me suis retrouvée seul à la maison, sans mails, téléphone silencieux, sans personne à contacter, c’était vertigineux. Heureusement que j’ai vite retrouvé un boulot ! »

  • Le contrepoint de ceux qui ont choisi de ne pas travailler

Ils ne sont que 20% dans l’étude[1]. Ils sont minoritaires mais ils sont aussi des choses à dire. Que racontent ceux qui ont décidé de ne pas travailler ?

Certains ont en réalité renoncé à chercher car l’obstacle leur semblait insurmontable mais ce n’était pas leur choix originel. D’autres, les deux tiers, ont fait ce choix librement, soit pour profiter davantage de leurs enfants, soit pour profiter au mieux de cette période libre qui s’ouvre à eux. Ecoutons-les aussi : « Quelle joie de faire un break et de me consacrer enfin plus à mes enfants. ». « Je fais des choses passionnantes, j’apprends des tonnes de choses, non je ne me pose pas toutes ces questions et je savoure ». « Pour moi, c’était vite vu. Entre d’un côté faire trois heures de trajet par jour et sacrifier mes vacances pour un job sous payé pour lequel j’étais sur-qualifiée et de l’autre côté apprendre une langue, me former et découvrir une nouvelle culture il n’y a pas longtemps eu photo et je suis sûre que j’arriverai à le revendre au retour. »

Merci à ce conjoint anonyme d’avoir posé la question clairement.

La semaine prochaine, nous  nous intéresserons justement aux obstacles qui se dressent sur la route des conjoints qui veulent travailler.

En attendant, le mot de la fin pour une routarde de l’expatriation :

« Mes motivations ont changé au fur à mesure des expatriations. Au départ, je voulais travailler parce qu’il le fallait. J’ai trouvé un poste mais c’était si dur que je me suis arrêtée. Après 4 mobilités  et quelques belles années de bénévolat, je retravaille parce que je suis passionnée par mon nouveau métier d’architecte d’intérieur. Malgré ce parcours décousu, j’ai trouvé ce qui a du sens pour moi. »

[1] Enfin, soyons précis encore : ils sont 30% d’après l’enquête sur le couple et 17% dans l’enquête sur la carrière – nous avons retenu la moyenne pondérée mais nous restons conscients des biais liés au titre de l’enquête.

Alix Carnot

Alix est directrice du développement d’Expat Communication, l’éditeur de femmexpat.com.

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Pour en savoir plus :

Les résultats détaillés seront publiés dans FemmExpat.com tous les mardis. Pour être sûr de ne pas en manquer, abonnez-nous à notre newsletter gratuite et bénéficiez d’un abonnement à taux préférentiel à notre Club Premium.

Les 2000 verbatims de l’enquête seront publiés progressivement sur la page Expat Value sur Facebook et le dossier de presse complet est disponible sur le groupe Expat Value de Facebook. N’hésitez pas à nous poser toutes vos questions dans le groupe Expat Value !

méthodologie

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