Couples expatriés : toi ou moi, qui est le gagnant de la mondialisation ?

Couples expatriés : toi ou moi, qui est le gagnant de la mondialisation ?Les élections sont passées. C’est l’heure des analyses. On entend partout que le clivage politique passe maintenant entre gagnants et perdants de la mondialisation. Les perdants votant Le Pen, les gagnants Macron. A cette aune, évidemment, les Français de l’étranger sont du côté des gagnants puisqu’ils ont voté Macron à 90%. Mais plus près de nous, je vous propose de regarder le bilan de nos modes de vie mondialisés pour nos couples.

Et désolée pour le titre racoleur, le but ne sera pas de dessiner un gagnant et un perdant. Car dans un couple c’est un jeu périlleux. Non, que diriez-vous plutôt d’écouter trois témoignages qui montrent en plein et en creux les mutations qui transforment nos vies, nos carrières et nos couples nomades.

Première discussion : Marie et les illusions initiales.

Marie, mariée à un militaire espagnol vit depuis un an en Autriche et commence un coaching chez nous. « En lisant votre livre[1], me raconte-t-elle, je me suis rendu compte que pour moi il était évident que j’aurais tout. En bonne Française, il me semble évident de travailler, même avec deux enfants en bas âge ; il me paraît normal de vivre à l’étranger et donc logique de trouver du travail dans un nouveau pays dont je maîtrise mal la langue alors que mon mari voyage tout le temps ». Au moins, voilà quelqu’un qui résume bien les challenges ambitieux des pionniers de la mondialisation.

Les futurs expatriés s’imaginent en vainqueurs !

Deuxième discussion : Vincent et le constat surpris du retour.

Le soir même, soirée afterwork pour notre équipe de recherche d’emploi le Job Booster Cocoon. Vincent est de retour en France avec sa femme après trois expatriations. « En fait, on a des trajectoires très différentes dans le couple : celui qui est le job leader a une carrière ultra solide en apparence et celui qui suit y a laissé beaucoup de plume car il a dû recommencer à zéro plusieurs fois. Cependant, celui qui suit a développé une capacité à se réinventer beaucoup plus forte. Il me semble plus armé pour affronter l’économie instable et uberisée qui se dessine. »

J’irai jusqu’à dire que celui qui mène la carrière principale dans le couple a une carrière d’invertébré : une structure externe solide à l’intérieur de laquelle il grandit tranquillement. Le conjoint lui ne bénéficiant plus d’aucune sécurité professionnelle doit faire des choix, se former, se motiver seul. Sa structure est interne. Il est un vertébré de la mondialisation.

Troisième discussion : le chercheur Jean Pralong montre l’envers des cartes .

Longtemps je me suis arrêtée à ce constat de Vincent. Dans une économie en mutation, chacun doit apprendre à gérer sa carrière et nous les expatriés avons beaucoup de chance que nos mutations géographiques nous permettent d’être les pionniers de notre époque.

Et puis lors d’une table ronde chez Monster, j’ai rencontré Jean Pralong, chercheur à Neoma Business School, spécialiste de « la capacité orienter sa carrière ». Il s’insurge contre cette vision qu’il juge simplificatrice. « Arrêtez le son du pipeau, tout le monde n’est pas capable de porter sur ses épaules le poids de l’adaptation à la mondialisation. Quand on fait le bilan, ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont le moins changé d’entreprise. Et les plus fragiles, ceux qui ont le plus fort taux d’échec, sont les aventuriers qui se croient parés pour la mondialisation et qui en réalité boivent la tasse à répétition. »

Revenons à nos couples expatriés

Entre l’enthousiasme initial de Marie et les avertissements du chercheur, quel bilan pour nos couples expatriés ? Avis aux amateurs, c’est un bon sujet de thèse, mais ceci n’est qu’un court article. Au vu des résultats de notre grande enquête qui arrivent bientôt, je me contente aujourd’hui de trois remarques :

  • Etre un gagnant ou un vainqueur de la mondialisation ne se définit pas uniquement par rapport à sa carrière mais aussi par rapport à la liberté et à la connaissance de soi comme des autres que donne l’expatriation. Et à ce titre, nous sommes très gâtés.
  • Le bilan doit se faire pour chacun, et aussi au niveau du couple. Si dans un couple, l’un a une belle carrière « classique » ce qui permet à l’autre d’exercer sa passion, le bilan pour le couple peut être excellent, à condition de s’engager pour que ce fameux couple soit durable ! Sinon, il risque d’y avoir un gagnant et un naufragé.
  • Enfin à quel moment dit-on que le bilan est positif ou négatif ? Il suffit d’un divorce, d’un licenciement, d’une révolution pour que tout bascule. Une seule certitude : nous avons quitté l’autoroute nationale et rejoint une route de montagne, voire un sentier de crête et là, les risques comme les joies sont plus extrêmes.

Nous avons choisi d’être des pionniers de la mondialisation. Cela nous plonge dans une vie plus riche, plus dense et plus risquée. D’où l’importance de la dynamique des réseaux expatriés comme le nôtre : faire émerger des modèles auxquels s’identifier, permettre des échanges dans nos groupes Facebook (FemmExpat et Expat Value), faire de la recherche et même essayer de réfléchir ensemble !

Alix Carnot,

Directrice du pôle Expat Intelligence d’Expat Communication, l’éditeur de FemmExpat.com.

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