Notre rapport au temps en expat : profitons de l’instant !

rapport au temps

Vous l’avez sans doute remarqué, depuis que vous êtes en expatriation, votre rapport au temps a changé. Domitilla de Laporte, serial expat et orthophoniste en ligne signe un joli billet sur ce sujet et nous invite à… simplement essayer de profiter de l’instant !

Nouveau rythme, nouveau rapport au temps

Nouvelle culture, nouvelle langue, nouvelles habitudes alimentaires, nouveaux paysages, nouveau climat, et… nouveau rapport au temps. Les expatriés partagent souvent (de manière choisie ou non) l’expérience d’un changement provisoire avec les notions temporelles. De par leur mobilité, ils sont amenés à devoir se créer un nouveau rythme qui leur sera personnel. Et cela prend du TEMPS…

Le temps est un sujet complexe et difficile à définir. Il peut être vu d’un point de vue mécanique, mais aussi psychologique. Lorsque nous voulons gérer/organiser notre temps, deux notions interviennent :

Le temps présent

C’est celui de l’instant, mesuré par l’horloge. On peut le suivre sur l’aiguille. Il avance à un rythme régulier. C’est le « maintenant », le « moment présent » …

Cet instant présent est le seul temps où nous pouvons être heureux. Nous ne pouvons pas être heureux dans le futur. Celui-ci n’existe pas encore, et peut au contraire nous conduire à la surcharge mentale.

Et nous ne pouvons encore moins être heureux dans le passé ! Celui-ci n’existe plus, et peut nous pousser à expérimenter des sentiments nostalgiques.

Le temps psychologique…

C’est le futur que nous imaginons et le passé qui ressurgit dans nos souvenirs.

C’est un temps que nous créons mentalement. Une sorte de temps virtuel qui déplace nos pensées hors du présent.

Déménager, c’est aussi casser un rythme

De par leur mobilité, les expatriés sont amenés à devoir se créer un nouveau rythme qui leur sera personnel. Ils doivent se réorganiser dans tous les aspects de leur vie… Et cela prend du TEMPS !!!!

Déménager, s’installer, et se sentir bien ailleurs ne se fait pas en un tour de baguette magique. Ça se saurait 😉

Même si l’on a bien préparé son départ, il y a souvent des « surprises » à l’arrivée… L’imprévu, c’est aussi ce qui fait le charme du voyage. On entend souvent que le touriste vient voir ce qu’il cherche. Alors que le voyageur se découvre en même temps qu’il vit son voyage. Il en est de même pour l’expatrié.

Nouvelle culture, nouvelle langue, nouvelles habitudes alimentaires, nouveaux paysages, nouveau climat, et… nouveau rapport au temps !

En expatriation, on sait toujours quand on est parti. Mais on sait rarement quand on bougera par la suite. Ni si on reviendra un jour dans son lieu de départ ou pas… On peut plus ou moins choisir, mais souvent les orientations professionnelles ou les aléas de la vie choisissent pour nous. Parfois on n’a pas de choix du tout (notamment lors d’accidents de parcours, ou de soucis de santé)…

Il parait donc important de savoir profiter de l’instant présent ! Ce qui est valable pour tout le monde, et pas juste pour les expatries.

C’est aussi changer notre perception du temps

Ceux qui ont côtoyé des personnes de nationalités différentes auront certainement eu l’occasion d’observer par des exemples concrets (et souvent très drôles !) que le rapport au temps varie vraiment d’une culture à l’autre.

👉 Lire aussi : Ponctualité : pas la même importance selon les cultures…

Un Japonais n’a par exemple pas les mêmes contraintes ou repères temporels qu’un Sénégalais, qu’un Espagnol ou qu’un Allemand. Certains utilisent des plannings et des agendas pour gérer non seulement leurs journées mais aussi leurs mois (voire leurs années…) à venir. D’autres en revanche ont une perception du temps un peu plus élastique. Les baroudeurs qui ont déjà attendu un train sur un quai de gare indien auront certainement pris la mesure de cette élasticité.

Attendre… Est-ce une perte de temps ? Ou peut-on en profiter différemment ? Sans surprise, les questions relatives au temps représentent l’une des sources de malentendus et l’une des raisons d’échec les plus récurrentes dans le travail à l’international ou en milieu multiculturel. Un Français (sans vouloir généraliser) sera facilement en retard de 15 minutes (ou bien plus) à un rendez-vous. Ce qui peut être perçu comme un manque d’organisation, voire un manque de respect par d’autres cultures.

Sachons nous adapter ! C’est cela aussi l’expatriation. Ce que nous estimons être de la lenteur est parfois un art de l’action qui a lui aussi son efficacité. Si vous regardez un Japonais préparer un emballage cadeau ou une cérémonie du thé… vous comprendrez mon propos 😉 Et vous serez prêt à attendre, tellement c’est beau à la fin !

L’avez-vous remarqué ? La question du temps se conçoit aussi à travers le langage

En effet, les règles de grammaire commandent nos manières respectives de découper la réalité. Autrement dit, l’architecture de nos langues influe sur notre manière de raisonner et de percevoir le temps.

En fonction des langues, nous recourons ou non aux conjugaisons des verbes, à l’emploi de formes passées ou de formes futures.

  • Par exemple, la langue française opère une distinction très nette entre le passé, le présent et le futur. Elle privilégie donc la chronologie.
  • A l’inverse, le mandarin ne conjugue pas. Les verbes sont invariables et les temps sont marqués par l’adjonction, avant ou après le verbe, de particules ou d’auxiliaires. Il ne donne pas à opposer des temps. Il en résulte une vision du temps cyclique.

Dans son ouvrage « Du Temps», le sinologue François Jullien explique les contorsions qu’ont dû faire les Chinois pour traduire le mot «temps» lorsqu’ils ont rencontré la pensée européenne au XIXème siècle. En usant de néologismes et en faisant un détour par la langue japonaise, ils ont fini par proposer le mot « entre moments » (shijian).

C’est pour cela que quiconque apprend une nouvelle langue… se plonge dans la culture du peuple qui parle cette langue !

Une fois de plus, apprendre une langue (ou au moins quelques notions) prend du temps… Mais cela en vaut la peine si l’on planifie de ne pas vivre son expatriation en touriste. Connaitre au moins les quelques formules de politesse de base ouvre déjà beaucoup de portes !

Comprendre notre propre rapport au temps

Quelques questions que vous pourriez vous poser pour mieux connaître votre rapport au temps…

  • Les voyages – Un trajet en voiture de 2h vous paraissait-il long avant de partir ? Alors que vous envisagez aujourd’hui de faire un vol de 10h pour ne pas rater le WE d’anniversaire de votre ami chéri ? Alors, peut-être avez-vous changé votre rapport au temps des transports…
  • La question « Vous êtes bien installés? » – Cela veut dire quoi pour vous ? Que le logement est trouvé, les cartons déballés ? Que vous ayez déjà trouvé un ami ? Ou que vous ayez passé un an sur place ?
  • Les tâches ménagères :
  • Si vous devez faire vos lessives, les étendre, les plier/repasser vous-même pour une famille de 5 personnes, arrivez-vous à faire tout cela en moins de 24h ? Attendez-vous cela de votre personnel de maison, si vous en avez en expatriation ? Le rapport au temps change quand on parle du temps des autres, n’est-ce pas ?
  • Scolarisation : votre enfant doit s’adapter à une nouvelle école, un nouveau système scolaire parfois, se faire de nouveaux amis… Etes-vous conscients qu’il faudra lui laisser du temps ? Et si vous avez plusieurs enfants, chacun son rythme !
  • Langage : un enfant monolingue de 3-4 ans qui ne parle pas de manière intelligible en France sera envoyé de suite par l’école ou le pédiatre pour un bilan orthophonique et une rééducation. Combien de temps vous donnez-vous si votre enfant est multilingue ?

Mais aussi : 

  • Comment vivez-vous la notion du temps qui vous reste sur place ? Vous êtes là pour combien de temps ? 3 ans ? Prolongeable ? Un départ en contrat local ? Savez-vous vivre confortablement avec ces notions floues ? Comment en parlez-vous en couple ou en famille ? Quand on devient confortable avec l’incertitude, des possibilités insoupçonnées peuvent arriver. N’est-ce pas ce qu’on entend ?
  • Le rapport avec vos familles? Vous les voyez une fois par an ? Plus, moins ? C’est long ? Ca passe vite ? Encore une fois le temps est très subjectif… Sans parler des décalages horaires… Ne pas vivre à la même heure que ses amis, cela vous amuse ? Vous pèse ?
  • Les séparations au sein de la famille – Parfois un conjoint part avant l’autre, pour commencer un nouveau travail et trouver du logement. L’autre reste avec les enfants pour finir une année scolaire. Parfois des enfants quittent le nid pour aller étudier dans un autre pays, voire un autre continent… Comment gérez-vous ce temps ? Et la modification des relations ?

Nous sommes tous différents. En général… mais aussi par rapport à toutes ces problématiques !

Une compétence de plus pour les expats et leurs enfants ?

On parle de QI (quotient intellectuel), de QE (quotient émotionnel). Mais les expatries doivent développer leur QAS (quotient d’Adaptabilite Sociale) ou leur QC (quotient Culturel) s’ils ne veulent pas être frustrés ! 😉

C’est une vraie leçon de connaissance de soi-même et de ses limites. Ainsi qu’un excellent exercice de lâcher-prise.

Apprenons à profiter de ce qu’on a sous la main (culture, climat, alimentation). Au lieu de vivre des aller-retours psychologiques constants avec l’avant et/ou l’après. Même si les expatriés voyagent plus que la moyenne des humains, ils n’auront jamais tout vu…

Que nous puissions juger de nos expatriations et de nos voyages par la qualité des moments vécus et des rencontres, et non par la quantité…

La vie n’est pas une compétition de tampons sur son passeport 😉

Un proverbe à méditer : “Même une horloge cassée a raison deux fois par jour”.

Notre rapport au temps en expat : profitons de l'instant !

Merci d’avoir pris le TEMPS de me lire…
Je vous souhaite une belle journée, à votre vitesse ! 😉

Domitilla de Laporte

Domitilla, orthophoniste en ligne

Orthophoniste en ligne, expatriée en famille dans 5 pays (Angleterre, Suisse, Japon, Singapour, Allemagne), et maman de 4 enfants plurilingues nés dans 3 pays différents. Passionnée par les problématiques de langage, notamment celles des enfants ETC (Enfants de la Troisième Culture) ou TCK (Third Culture Kids). 

N’hésitez pas à la consulter : www.domidelaporte.com

 

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