Pourquoi le mot CV nous met-il dans un tel état ?

CV 2

Quand en expatriation, le CV nous rappelle nos essayages de maillots de bain… Avril, premiers rayons de soleil en France. Aussitôt surgissent des envies d’été, de bains de soleil, de bikini. Et là, le drame épouvantable du premier essayage de maillot. Souvenez-vous…  Une cabine mal éclairée par un néon glauque. La cuisse laiteuse capitonneuse. Les chaussettes au bout des pieds, la culotte qui dépasse. L’égo qui retombe aussi flasque que mes fesses blanchouillettes. Ai-je si envie de bikini en fait ? Ah, si les costumes rayés des années 20 pouvaient revenir à la mode ! 

The CV drama

Pourquoi donc vous parler de bikini alors que je vous ai annoncé un article sur le CV ? C’est à force d’écouter les femmes expatriées que j’accompagne dans leur recherche d’emploi. Pas les pionnières qui sont parties avec un contrat à l’étranger. Les autres, celles qui ont courageusement suivi l’homme de leur vie en faisant un grand bond dans l’inconnu. A les entendre, actualiser leur CV après quelques années de break fait au départ un effet comparable à l’essai d’un maillot de bain en avril : une impression de peur, de nudité, d’inadaptation. Alors elles hésitent, procrastinent, se dévalorisent ou foncent pour se débarrasser du problème. Un sentiment qui ne peut être dissipé que par l’encouragement sonore d’une bonne copine expat : « Mais non ma cocotte, il te va trop bien ce maillot, tu vas faire fureur sur la plage cet été ! Tu as juste besoin de bronzer un peu ! » Et aussitôt, me voilà rassurée, elle a raison.

CV d’expatriée : changeons de regard

Mon but aujourd’hui est donc de jouer le rôle de la copine de shopping pour vous aider à regarder votre CV avec un air plus amical. Pour sortir du drame, je vous propose une virée vestimentaire en 4 étapes autour du CV.

Le CV ringard-abandon

Cosette n’a pas cherché de travail depuis son premier stage en 2001. Que ce soit en français, en anglais ou en portugais, elle ne sait pas comment on doit faire aujourd’hui. Comme de toute façon, elle pense que son parcours atypique après 10 ans d’expat ne vaut rien, elle ne se donne aucun mal ! Pas de photo. 25 lignes en noir et blanc sans mise en page, des expériences qui se suivent, généralement repérées par le lieu et le nom de la structure. Pas de mots clés évidemment, mais ce que l’on repère au premier coup d’œil, c’est « Bénévolat. Association. Enfants. Conjoint d’expatrié. » Je ne suis pas sûre qu’elle mette toutes les chances de son côté ! (please, lisez-moi jusqu’au bout avant de dire que je critique le bénévolat ;-))

Le CV tailleur-chignon

Ça, c’est le CV de Violette. Elle compte bien reprendre sa carrière pendant son expat à Londres. Comment masquer ces trois ans en Thaïlande où elle n’avait pas de visa de travail ? Elle n’en dort plus la nuit ; rien de plus dangereux qu’un trou dans un CV : on s’y noie de profundis et on ne s’en relève jamais ! Alors Violette s’apprête, tire ses postes dans tous les sens, allonge les délais, invente presque des expériences. Ça devrait leur plaire à ces Messieurs du gratte-ciel ! Moralement, elle remet ses escarpins et son tailleur. Elle raidit le dos, remonte le menton. Croyez-moi, je suis aussi bonne qu’avant, c’est comme si je n’étais jamais partie ! Problème : en entretien, elle ne passe pas !

Le CV bohême-jupons

Carmen elle a décidé d’assumer. Cash, « l’expat, c’est moi. Et si ça vous ennuie, trouvez en une autre ».  Enfant de bohême qui n’a jamais connu de loi… CV coloré, photos de voyage, mêlant sur 4 pages audit chez EY et safari en Tanzanie. Elle indique l’âge et le nom de ses enfants (ils sont importants, non ?), emploie le « je », cite des proverbes. Inutile de rentrer le ventre pour rentrer dans un CV tailleur – chignon. Alors assumons nos rondeurs. Mais faut-il assumer de se couper de 95% du marché ?

Alors comment habiller son CV pour qu’il soit reconnu comme le plus beau bikini de la grande plage de l’emploi ?

Evidemment, à ce stade, j’en viens à vous proposer une autre approche, plus mesurée. Vous m’avez vue arriver avec mes gros sabots ! Voici quelques pistes :

En expatriation : inutile de vouloir rentrer dans le moule.

D’abord parce que c’est impossible, les trous se voient, et ensuite parce que ce n’est pas à votre avantage : il y a tant de gens dans le moule qu’il est important de se démarquer. Or vous, vous pouvez le faire.

Orientez plutôt votre CV vers le futur que vers le passé.

Les CV actuels ne sont plus des descriptions linéaires de ce que vous avez fait année après année.

Un CV est une promesse : voici ce que je peux faire (c’est le titre, souvent une fonction). Voici mes principaux atouts (c’est la base line). Voici les compétences (souvent, un bloc « description des compétences ») et voici les preuves que je ne vous raconte pas un pipo (les fameuses expériences professionnelles, servies non comme une litanie indigeste mais orientées pour démontrer votre promesse, chiffres à l’appui).

Employez pour parler de vous le vocabulaire de votre cible.

Si vous ne le connaissez pas bien, vous le retrouverez dans les offres d’emploi. Plutôt que « Bénévolat. 26 mois. Tombouctou accueil. Rédaction du journal trimestriel de l’association », quid de « Responsable communication. Rédaction d’une revue trimestrielle de 25 pages en print et on line. Coordination d’une équipe de 30 contributeurs ». (Vous voyez que je n’ai rien contre le bénévolat, il faut juste en parler de façon à être comprise !).

Valorisez votre situation de conjoint expatrié.

Si ! C’est possible ! Cela fait 10 ans que je travaille dans ce domaine et je vous assure que les conjoints expatriés ont des atouts solides. Il faut « juste » arriver à les identifier, et trouver les secteurs ou les entreprises qui y sont sensibles. Il y en a de plus en plus. Quelques exemples évidents mis en jargon RH qui peut plaire dans certains milieux (mais pas tous, évidemment) :

  • exposition internationale,
  • résilience,
  • capacité de réinvention,
  • pragmatisme,
  • courage,
  • expertise en interculturel,
  • pilotage en environnement incertain,
  • et même si vous l’osez, le nouveau mot à la mode « disruption » (la capacité à inventer de nouveaux modèles, la raison pour laquelle beaucoup d’expat de 50 ans sont à l’aise dans les start-ups).

Bref, on pourrait en parler pendant des pages. Arrêtons-nous sur ces idées : oui, reprendre son CV après un temps de latence est inconfortable. Autant que d’essayer un bikini en avril. Mais en cherchant ses atouts, en se mettant à la place du recruteur, en faisant peu à peu émerger le projet dans lequel vous serez vraiment vous-même, vous vous sentirez à l’aise dans cette nouvelle tenue.

S’il y en a ici qui se trouvent belles et bronzées dès la cabine d’essayage, qui ne voient pas le problème et ne comprennent pas de quoi on a parlé ici, je suis jalouse, je ne leur parle plus !

Pour les autres, n’hésitez pas à chercher les encouragements des bonnes copines expats dans le groupe FemmExpat sur Facebook.

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