La jolie danse des expats : se retrouver, mais ailleurs

amie expat

Statistiquement, retrouver une amie expat, ailleurs, cela parait dingue, sachant qu’il existe près de 200 États sur la Terre. Si l’on considère que l’Afghanistan, la Syrie, le Soudan et pas mal d’autres pays magnifiques du même genre, malheureusement un peu instables, ne sont a priori pas sur la liste potentielle des expatriations « normales », et bien le monde de l’expat’ c’est environ 2 millions de Français et 60 millions d’Internationaux* : ça n’est pas si grand, quand on y pense !

Malgré cela, la chance de retomber sur une amie rencontrée dans une expatriation précédente, c’est un peu comme gagner au loto : on y croit à chaque fois, mais ça n’arrive pas souvent. Marie et Pom, elles, ont cette chance, en ce moment. Et franchement, c’est trop bien.

L’amitié, ce trésor de l’expat

Avant toute chose, clarifions la notion d’amitié dans le contexte de l’étranger : en expatriation, il y a plusieurs sortes de copines, comme c’est d’ailleurs souvent le cas dans notre pays natal.

Avec certaines d’entre elles, on s’apprécie et on partage des choses ponctuelles, liées au pays où l’on vit, au quartier où l’on habite, à nos enfants qui s’entendent bien, par exemple. Mais la relation s’arrête souvent là, et ne continue pas au-delà du changement de pays.

Avec d’autres, sans vraiment savoir pourquoi, le lien qui se tisse est beaucoup plus profond. Enfin si, on sait pourquoi : pendant ces instants de solitude terribles, comme il en existe tant lorsque l’on part vivre loin de chez soi à l’autre bout de la planète, durant ces moments d’adversité alors que le conjoint est en déplacement professionnel et que le petit dernier est à l’hosto avec une méningite, ces instants où l’on se sent un peu abandonnée du monde… Et bien cette femme s’avère être celle qui est là pour nous, solide, disponible, attentive, à l’écoute. Elle nous sauve un peu la vie, à sa façon. Et elle devient une amie. Celle en qui on a confiance, à qui l’on se sent libre de dire des choses vraiment personnelles, parfois plus qu’à nos amis d’enfance. Parce qu’elle, elle est au plus près de ce que l’on vit, elle comprend les interrogations et les doutes, si particuliers, qui nous assaillent en expatriation. Ce sont alors des affinités sincères et rares.

Friends, Saison 1 : Cap Town

C’est Pom, serial expat’ depuis des années et arrivée deux ans avant en Afrique du Sud, qui accueille Marie lorsque celle-ci débarque à Cape Town en 2016 :

« Je n’avais pas envie d’être là car je venais de monter mon business en France et terminer les travaux de mon appartement. C’était ma première expatriation et je n’avais pas les codes. J’avais peur pour l’intégration de ma fille. En fait, j’étais tétanisée. Aller au supermarché était une épreuve. Tout était à réinventer. De femme active, j’étais passée à mère au foyer. Cela m’était insupportable. Une vraie souffrance. Dans ce contexte, trouver une nana qui comprend ma situation, sans avoir à demander ni à expliquer, qui prend le temps de me donner les clefs, qui partage son expérience et m’explique comment ça marche, qui me prend dans ses bras quand elle me voit plantée là toute seule devant l’école, où personne n’a senti que j’étais au bord du gouffre… Et qui me met aussi des coups de pieds aux fesses quand c’est nécessaire… Et bien, ça n’a pas de prix. »

« Ça n’était pas une amitié clanique, on ne passait pas nos journées ensemble. Mais on avait notre sacrosaint déjeuner mensuel, avec des sujets profonds de discussion, une sincère liberté de parole. On a été là l’une pour l’autre à chaque coup dur. En expatriation, on a tendance à devenir un peu caméléon et à renvoyer l’image qui est attendue de nous, celle qui nous permet de nous intégrer plus facilement dans la communauté. Ce « faux self » qui, justement, fausse les relations. Une vraie amitié, c’est celle qui donne le droit d’être soi. »

Episode 2 : arriver en expat et se sentir déjà attendue

Six ans plus tard, la situation s’inverse : c’est Pom, passée depuis par les Philippines et le Vietnam, qui appelle Marie, entretemps installée depuis deux ans à Kuala Lumpur :

– « Dis donc ma biche, la Malaisie, c’est comment ? »

– « Pas mal. Et sinon, ça sentirait pas un peu le carton, ton affaire ?! »

Pour Pom, « chaque nouveau déménagement, chaque nouvelle installation est une aventure. Mais avec le temps et l’expérience, ça n’est plus si compliqué. On bascule intuitivement en mode auto-pilot, on a moins besoin d’aide car les réflexes sont là, on sait comment faire. Émotionnellement en revanche, c’est différent : avec les décennies d’expatriation, on a tendance à se sentir drainée affectivement. En tous cas c’est mon cas. À force de laisser des bouts de mon cœur un peu partout dans le monde, de devoir cicatriser à chaque fois, je trouve que je m’abime un peu. J’ai beau rester très enthousiaste et heureuse de faire de nouvelles rencontres – c’est ma nature – je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine fatigue devant la nécessité de refaire mes preuves constamment, de reconstruire en permanence ma relation aux autres. »

« En 30 ans d’expat’, et parce que je connaissais Marie, c’est la première fois, que j’atterris quelque part en me sentant déjà « aimée », avant d’arriver. C’est la première fois que je me sens même presque attendue. Cela n’arrive jamais en temps normal, puisque par définition il faut tout recommencer à zéro. Cette fois, quelqu’un avait déminé le terrain pour moi, m’avait préparé les petites brindilles pour que j’en fasse mon petit nid. Tout ce qu’elle a fait pour m’accueillir et me faire sentir  » à la maison  » avant même d’être arrivée, elle l’a fait, non pas pour me rendre la pareille, je le sais, mais par affection. On ne tient pas les comptes et on ne renvoie pas l’ascenseur, entre amies, on donne seulement. Elle m’a fait un cadeau infiniment précieux. »

Toutes les deux renchérissent :

« Cerise sur le gâteau, nos enfants – qui se connaissent depuis leur petite enfance – se sont retrouvés du jour au lendemain, comme si de rien n’était, comme si ces trois dernières années n’étaient jamais passées. Quel bonheur, quel soulagement, quel luxe pour les garçons, de mettre le pied dans leur nouveau collège et d’avoir le plaisir d’y retrouver deux petites frimousses aussi connues qu’amicales… Surtout quand on est complètement perdu dans les étages le premier jour de rentrée, désespérément à la recherche de la salle d’espagnol (true story) !

Pour Marie et Pom, cette « deuxième saison » en commun est vraiment une chance : « quand les autres se partagent l’adresse de la meilleure baguette de pain de KL, nous on cherche ensemble où dégoter du Biltong, des steaks d’autruches et pleurons en cœur devant l’absence de Milktaarts qui faisaient notre bonheur au Cap. C’est amusant et follement exotique de partager des souvenirs communs dans un pays tierce ! »

Et quand, à la rédaction, on leur a dit en plaisantant : « Alors les filles, la prochaine expat’ en commun, ce sera où ?! », elles nous ont répondu : « Franchement, si ça arrive, on se met sérieusement à l’Euromillions. »

*Source

Le portrait de Pom

Pom Madendjian – Enfant d’expatriée, diplômée de Sciences-Po, d’un DESS de communication trilingue et d’un MASTER de marketing des industries du luxe, Pom Madendjian a travaillé près d’une dizaine d’années dans les média et la publicité avant de changer de vie et d’orientation professionnelle.

Devenue expatriée à son tour il y a 10 ans, elle a dû comme tant d’autres femmes et conjoints suiveurs apprendre à s’adapter et à se réinventer à chaque nouvelle mobilité. Elle a par exemple publié son premier roman au Mexique, monté son agence de voyages en Afrique du Sud, ou s’est mise au service des Accueils francophones locaux comme au Vietnam où elle a été présidente de l‘AFV Saigon Accueil.

Maintenant basée en Malaisie, elle tient son blog #JujusDePom, où elle raconte avec humour les tours pendables et les réflexions acides que ses jumeaux pré-adolescents lui font subir au quotidien ! Vous pouvez la contacter pour papoter, elle adore recevoir du courrier : pom.madendjian@gmail.com

Portrait Marie Tallot

Marie Tallot – Française, expatriée en Malaisie et en Afrique du Sud, Marie Tallot est Expat Coach chez Expat Communication. Elle aide à l’épanouissement des expatriés en faisant émerger et en développant les talents de chacun. Elle intervient donc dans l’accompagnement des carrières dans un cadre international et multiculturel. Elle accompagne les jeunes et les adultes dans leur orientation scolaire ou professionnelle. Rendez-vous lors d’une prochaine séance d’info gratuite pour demander un rendez-vous avec Marie !

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