La fois où… J’ai attendu mon canapé

La fois où… J'ai attendu mon canapéLa fois où j’ai attendu mon canapé, le panda affamé de bambou n’était rien à côté d’une LaoWai* en attente de sa commande…

Ah, l’expatriation…. Ce chamboulement… Cette euphorie que l’on ressent tous une fois le pied posé en terre inconnue !

« Oh, ça va être chouette ! On va tout reconstruire… C’est un nouveau départ, une nouvelle vie qui commence ! On va découvrir une autre culture ! »…

 
 
 
De l’art de se différencier en dénichant la branche que l’autre panda n’imaginait même pas …

Et puis très vite, on prend ses marques et on ressent un besoin inconditionnel de personnaliser son intérieur, de le rendre à son image : beau quoi ! Et surtout, différent de l’intérieur de ses « voisins – collègues –amis » ou pas. Tout, mais surtout pas comme chez… Certes, on est tous dans le même bateau, mais faut varier les bains !

Alors, pour certaines choses, on fait appel à son sens de la débrouille – C’est bien connu, en expat, on a toutes un coté McGuyver qui se révèle – mais pour d’autres, on a recours à la pratique en vigueur : l’achat… 

Pour ma part, je suis tombée dans le e-commerce avant mon départ, œuvrant en France pour un site réputé et professionnel. Alors, c’est sans aucune réticence que j’ai pêché en ligne un magnifique canapé trois places, couleur champagne. C’était celui-là, et rien d’autre !

L’achat ? Les doigts dans le nez !

La livraison ? …

De l’art de savoir attendre et  comprendre… Ah, empathie, quand tu nous tiens !

Après 48H d’attente depuis l’expédition de mon « Précieux », j’entrevois enfin la lumière au bout du tunnel et me félicite de la patience dont je fais preuve. En effet, la veille, la bruine et le soir tombé tôt en cette saison automnale (comme les autres jours de l’année, il faut le préciser) auront eu raison du livreur, entraînant bien entendu le report de ma livraison au lendemain. La responsable de la société évoqua un argument médical que tous, autant que nous sommes, n’aurions pu imaginer mais que tous sommes en mesure de comprendre. Ou pas.

« Les conditions de conduite et la fatigue étaient pénibles. Le chauffeur avait mal aux yeux et a préféré rebrousser chemin à 21H.» Ce n’est pourtant pas faute de l’avoir aidé pendant des heures à trouver son chemin, dans la guérite de la base vie, accompagnée des gardes transformés pour l’occasion en Mappy sur pattes, scotchés à leurs téléphones. Il se trouvait à quelques mètres de nous !

De l’art de définir des règles… de base. « Tous ensemble, tous ensemble… ouais, ouais ! »

Il arrive ! Il arrive ! Les gardes m’avertissent de l’arrivée du convoi tant convoité. Voiture au portail ! « Garde à vous ! »

Une amie, venue me rendre visite, et moi sortons guillerettes et allons au contact de cet homme,nonchalant qui semblait… épuisé. Il me tend un papier à signer, ouvre les portes du coffre-fort et attend, attend…

Mais il attend quoi, en fait ? C’est alors que je le questionne dans sa langue natale qu’il mime de ne pas comprendre. Mais pas pour longtemps. Le ton devient… menaçant. Mes narines se gonflent, mes tempes simulent un ballet : et un, et deux, et trois… Mes jugulaires se contractent, et mes lèvres se serrent. « Tu les vois monter, les bulles de mon canapé champagne, hein ? » Jusqu’à… l’instant de grâce. Ah… mais… ça y est : on se comprend ?

Il m’explique qu’il n’est que chauffeur et qu’il n’est pas dans ses fonctions de transporter le canapé dans mon salon. Je lui explique que je n’ai pas acheté une chauffeuse, mais un canap’ qui préfèrerait trôner dans mon salon plutôt qu’errer seul dans son camion !

Les gardes l’ont pressenti : un coup de mains ne serait pas de trop face à ce drôle de zigoto… Ils se proposent de l’aider à porter le sofa chez moi.

Il refuse… Et j’entre en guerre. La cellule de crise se forme et la sentence tombe : « gardes, fermeture des barrières ! Cet homme ne sortira de cette base que lorsque le fauteuil sera déposé sur mon parquet ! ».

L’homme était désormais cerné et n’avait d’autre choix que d’abdiquer.

Rien à dire : ce livreur était vraiment phénoménal !

De l’art de prendre en otage, légalement et sans aucun scrupule… 

Vous vous dîtes que je raconte des histoires ? Que ça y est ? Je suis contente ? J’ai eu ce que je voulais ? Caprice exaucé ? 

Mais pas du tout ! Restait à vérifier la conformité du produit livré et son bon état avant que le chauffeur reprenne la route. Vous devinez la suite ? Il n’était pas d’accord ! Il ne voulait pas être retardé… « Retardé » ? Mais combien de temps avais-je dû patienter, moi ? Le client n’est-il pas roi ?

Voyant cela sous un autre-angle, je lance un regard complice à mon amie et l’invite à fermer la porte à double tours… Il est à moi ! Il ne sortira pas.

C’est qu’il commence à me connaître, cet oiseau du paradis qui semblait avoir omis qu’une LaoWai a du nez et sait anticiper. Résigné, il m’accorda quelques minutes de plus… retrouva le sourire et délia sa langue. Internet : il n’aime pas ça !

Il fut donc libéré dans la foulée, gracié d’avoir mené à bon port une affaire en or !

« Long nez » : terme utilisé par les chinois pour nommer les occidentaux

Plume

Plume - Là fois où...Plume a été expatriée quatre ans en Chine, à Wuhan. Elle parle couramment chinois. Avec ses chroniques « La fois où », elle nous livre ces petites choses du quotidien qui ont pimenté son expatriation.

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