« Shiva in the Air » – L’art de voyager seule avec deux enfants

« Shiva in the Air » - L'art de voyager seule avec deux enfantsLa fois où …

 « Shiva in the Air » a « exseulé » dans l’art de voyager seule, avec deux enfants…

 « Voyager » : vocabulaire de base intégré au langage courant de tout bon expatrié…

« Voyager seul » : expression communément employée par la gente masculine lors de ses fréquents déplacements professionnels en expatriation.

«  Voyager seule, avec deux enfants » antinomie rendue possible par des femmes « déjantées » assez courageuses pour oser le périple à trois…

 

Voici en quoi peut se résumer la fois où j’ai pris l’avion avec Nouille 1 et Nouille 2, guillerettes à l’idée d’aller retrouver ce bout de France qui commençait à nous manquer.

Loin d’imaginer que ce jour-là je me serais auto-proclamée « Shiva in the Air »  héroïne d’une série se déroulant en plein ciel, quelque part entre l’Asie et l’Europe … durant … 11 heeeuuurrressssssssss…………

 

Cadre  et casting :

  • Une compagnie aérienne KiffanteLaMum, pourtant empruntée à deux nombreuses reprises (ce que j’avais oublié, c’est que d’habitude, je voyageais seule, à quatre, avec mon grand de 38 ans…).
  • Deux nouilles, pas tout à fait cuites, encore al dente : Nouille 1, 6 mois, bouillonnant à 40°C, qui, pour simplifier cette aventure, avait une bronchite et ne pouvait rester en position couchée sans être prise de quintes de toux qui semblaient appeler à l’aide : « regardez cette pauvre maman, regardez nous… à l’aide, à l’aide…. » ; Nouille 2, à peine 3 ans, certes dégourdie mais encore en demande d’assistance.
  • Une mère, La « dégentée », démembrée de deux bras optionnels restés dans le Hubei : Moi ! Pourtant très positive à l’idée de faire ce voyage… J’ai pas tripé, non… j’ai pas tripé…

 

Clap 1 : De l’art d’embarquer, ou devrais-je plutôt dire « de débarquer» ?

Monter l’escalier qui vous mènera à l’avion depuis le tarmac…

Nouille 1 en écharpe, Nouille 2  main gauche, valise cabine main droite…

C’est à ce moment même que j’ai senti des bras me pousser dans le dos : Bras additionnel N° 1 : sac à dos de Nouille 2, indispensable au bon déroulement du voyage : tous ses trésors de jouets y étaient ! Bras additionnel N°2 : sac à dos de maman et de Nouille 1 (le sac à main, cuir vachette pleine fleur, y avait longtemps que j’avais laissé tomber !) : plus un vide grenier qu’autre chose.

Le plus dur était de soulever Nouille 2 à chaque marche : comme elles étaient hautes pour un bout de ficelle comme elle ! Bonne initiation à la prise d’altitude, me direz-vous ?…

 

Clap 2 : De l’art de se délester

Une fois arrivées dans l’avion, prendre place sur les deux sièges réservés.  J’enlève quoi d’abord ? Bras 1 ? 2 ?  3 ? 4 ? Ou je laisse tomber l’écharpe de portage ? Oh non, pardon… il y a quelqu’un dedans… « Comment, Nouille 2 ? Tu veux t’installer au fond ? Près du hublot ? Attends, on change de place, juste le temps pour maman de récupérer ses bras… »

 

Clap 3 : De l’art de se résigner …

Assister à l’installation exiguë du berceau sur la paroi murale, à mes pieds (ou plutôt devrais-je dire « à mon nez » : c’est cela d’être petite… avec quelques centimètres de plus, j’aurais eu une vue plus dégagée… mais sur quoi en fait ?)

Comprendre que je suis désormais cernée : cette fois, je suis bien seule, à trois, juste à trois… Plus possible de bouger…  « Non, Nouilles 2 ! Fais attention ! Ne fais pas tomber ton doudou ! Maman ne peut plus bouger pour le ramasser… » Et là, je me baisse, penchée vers la gauche, je me cambre, le cou bloqué vers le haut. Je tends mon bras N° 1 au maximum, qui s’étire jusqu’à la dernière phalange de mon index… Je tâtonne du bout des doigts, à l’aveuglette, et  repousse maladroitement la peluche de quelques centimètres sous le siège… Le pied gauche prendra le relais… Ben quoi ? Je sais, c’est sale ! « Attention Nouille, sniffe uniquement ses fesses, c’est la seule partie qui n’a pas trainé par terre… »

Accepter que Nouille 1 ne dorme jamais dans ce berceau et qu’elle préfère dormir tout au long du voyage sur mes genoux…

Pester contre Nouille 2 qui ne cesse de zapper sur l’écran, un sourire au coin des lèvres, sans pouvoir atteindre les commandes…

Admettre que la tablette ne sera pas accessible tout au long du voyage et anticiper un plateau repas haut en couleurs…

 

Clap 4 : De l’art d’improviser…

Entreprendre des équations savantes pour comprendre par quel hasard mon plateau repas, déposé en équilibre sur le coin du berceau, côté couloir, ne s’est pas retourné…

Cela restera toujours un mystère. En effet, les « hôtestes » nous auront pourtant mises à l’épreuve :

Mise à disposition du plateau de Nouille 2. Et qu’est qui n’avait dans le plat chaud ? Des spaghetti pardi ! Sinon, ça n’aurait pas été aussi amusant, et l’épreuve aurait été trop facile… ! Oh, un 5ème bras me pousse.. Celui qui vient aider ma main gauche à enrouler les pâtes autour de la fourchette…. Oh, le 6ème tout frêle… il a entendu dire que le 5ème ne s’en sortait pas… L’équipage serait-il sourd ?

Attention ! Je refreine le 7ème : le point de chute est tout proche !

Le plateau sera finalement déposé par terre, en attendant que Nouille 1, elle aussi affamée, engloutisse son biberon…

Au sol, un paysage de guerre : une beef bowl enfourchée par une paille,  un camembert tombé sans même avoir été mis en bouche, des miettes de pain…

Sur son siège, Nouille 2 barbouillée de sauce tomate, maculée de jus de pomme… comment, quoi ? Mais il n’y a qu’UNE serviette de table ??

J’aurais bien utilisé les lingettes soigneusement rangées dans le sac à dos que le Bras N°2 portait quelques heures plus tôt… encore aurait-il fallu y accéder !

 

Clap 5 : De l’art de renoncer 

 « Là où je n’irai jamais à votre place, ni à la mienne » tel aurait pu être mon slogan.

Une petite envie ?

Je passerai rapidement sur ce grand moment de solitude… Comment emmener Nouille 2 si Nouille 1 dort sur mes genoux ?

Comprendre que pour ma part, je ne visiterai pas souvent, voire jamais, ces « what ? her ? Closed ? »

 

Clap 6 : De l’art de recommencer

Une fois arrivée, sans avoir fermé l’œil, trouver la force de revêtir les grosses doudounes, écharpes et bonnets – février oblige, non adaptés aux 7 bras supplémentaires qui sont apparus par magie.

Avoir le bonheur de découvrir qu’un port USB à deux têtes tiendra dans ses bras Nouille 1 pendant que j’enfile mon manteau… Ah ! José ! Je ne te remercierai jamais assez ! »

 

Clap 7 : De l’art de relativiser…

Se préparer psychologiquement, armée de ses tentacules, à récupérer les 3 valises grand format : ben oui, pour nous toutes seules, à trois, il fallait bien ça !

 

Plume, expatriée quatre ans en Chine, à Wuhan. Elle parle couramment chinois. Avec ses chroniques « La fois où », elle nous livre ces petites choses du quotidien qui ont pimenté son expatriation.

 

bouton Abonnement NL FXP- 350x150

FemmExpat vous recommande lire aussi :

« Chroniques d’une maman déjantée » : expat, enfants et émotions

Les 10 commandements de la mère d’enfants expats

La fois où… J’ai attendu mon canapé

Autres articles dans la catégorie

  • Echangez avec d’autres expats !

  • Nos conférences en ligne

  • Podcast

  • Agenda

  • Rejoignez-nous sur Instagram !

  • Qu'apprend-on en expatriation ?

    Avec l’expatriation, comment change notre regard sur notre pays d’origine ?

    Et notre perception de la santé, de l’éducation, ou notre rapport au travail ?

    Et puis…

    Comment se forme-t-on ? Dans quels domaines ? Que transmet-on ?