J’ai envie de rentrer, et alors, c’est grave, docteur ?

envie de rentrer à la maison FemmExpat

On parle souvent du retour d’expatriation subi, des difficultés de l’impatriation. On parle moins souvent de l’envie que l’on peut avoir d’aspirer soudainement, après des années plus ou moins longues à l’étranger, « à la maison ». Si certains l’assument clairement et se mettent en position de construire un projet de retour, d’autres, peuvent ne pas s’autoriser à écouter cette petite voix intime qui vous rappelle à la maison. Est-ce grave, docteur, d’avoir envie de rentrer ? On fait le point, avec Delphine Renard, Expat Coach chez Expat Communication.

Il y a autant d’expatriations que de projets de retour…

  • On peut avoir envie de rentrer pour des raisons rationnelles : des parents vieillissants, des enfants au Lycée, la reprise d’une activité professionnelle…
  • On peut ne pas aimer une expatriation et avoir envie de rentrer : tout le monde n’est pas forcement fait pour vivre loin de sa base dans une culture éloignée de la sienne. Tout le monde n’est pas fait pour vivre en « étrangère », dans une ville soumise aux aléas climatiques, aux risques politiques, etc. Non, ce n’est pas gagné pour tout le monde.
  • On peut aussi adorer une expatriation et avoir quand même envie de rentrer. En avoir marre, ça arrive. Et même avoir envie d’une carte vitale à soi.
  • Il peut aussi y avoir la survenue de quelque chose de l’ordre de l’émotionnel : quelque chose d’inexplicable mais qui monte petit à petit en nous.

Il n’y a donc évidemment pas de bonne ni de mauvaise raison de rentrer. Mais avons-nous vraiment besoin de donner une raison ?

Apprendre à écouter ses envies et à les partager en couple et en famille

S’écouter 

La difficulté, c’est d’apprendre à reconnaître les signes de cet inexplicable. Souvent, prises dans le tourbillon de la vie en expatriation, de nombreuses FemmExpats se disent : « il faut que ça marche. Pour lui, pour les enfants. Et même pour moi. » Sans prendre le temps de cette écoute profonde.

Sentir 

Laura Pouliquen, du podcast L’Alea, est rentrée en janvier 2023 après 3 ans passés à Dubaï. Elle témoigne :

« Plein de petites choses du quotidien participaient à une anxiété générale que j’avais à cette époque… et j’ai compris après, en apprenant à écouter mon corps, que ce lieu de vie n’était pas adapté à mes besoins physiologiques. Moi, j’ai besoin de marcher, j’ai besoin de sentir les saisons, j’ai besoin d’être alignée biologiquement au pays dans lequel je vis. A Dubaï mon corps ne bougeait pas et je l’ai ressenti physiologiquement ».

Verbaliser…

Quand cela est possible. Car au fond, est-ce que ça s’explique, de vouloir simplement « rentrer à la maison, chez soi ? ».

Pourtant verbaliser, mettre des mots sur une sensation va lui donner du corps, va la faire exister concrètement. Une fois que l’on a parlé de cette envie, alors elle devient déjà plus réelle, prend une forme concrète.

On le répète souvent, un projet d’expatriation ne peut pas se vivre individuellement. D’où la nécessité de trouver des moments avec son conjoint pour faire le point. Dire ses doutes, son malaise, interroger l’autre… et si les mots ne viennent pas avec son conjoint, on peut commencer par en parler avec quelqu’un en qui on a confiance, une amie, un proche.

Laisser le temps

Rares sont les couples qui vivent l’expatriation sur le même rythme. Il est donc probable que ce qui est vrai pour vous au moment où vous l’exprimez à votre conjoint soit loin d’être vrai pour lui. Parfois le projet de retour mûrit tranquillement, avec le temps, jusqu’à en devenir évident. Laura raconte que cela faisait déjà quelques temps que son mari et elle se disaient « Allez, et si on rentrait ? » jusqu’au jour où le couple a décidé que le prochain retour serait le définitif.

Se détacher du regard des autres

« Déjà, mais vous venez d’arriver ? » « Ah bon, mais pourquoi vous voulez rentrer ? » « Quoi ? La France, mais tu es folle, tu es bien mieux en Malaisie ! ». Face à ces questions, les doutes fusent : et si ce n’était pas la bonne décision ? Et si les autres avaient raison ? Delphine Renard, Expat Coach chez Expat Communication insiste :

« écouter votre entourage est une chose, mais faire ses propres choix en est une autre. Pourquoi devoir se justifier en permanence ? Vous êtes libres de penser ce que vous voulez ! La question clé ici c’est : quelle liberté on se donne dans nos choix ? Il n’est pas rare qu’en tant que FemmExpat on s’oblige à dire que l’expat est géniale, qu’elle est réussie. Mais en fait, non, en réalité, on ne doit rien. »

Déculpabiliser

Enfin, avoir envie de rentrer ne veut pas dire que l’on a raté son expatriation. Au contraire, c’est une belle façon de la sublimer. Souvent, c’est en rentrant qu’on réalise le chemin parcouru. Lire à ce propos le très beau texte d’Adélaide Russel : « Lettre d’une expat qui a choisi de rentrer en France »

Et dans le même ordre d’idées, on entend aussi « si je ressens cette envie de rentrer, c’est que je ne suis pas cette aventurière partie à l’autre bout du monde ». D’abord, l’aventure, vous l’avez vécue (si, si rappelez-vous). Et puis, gardez à l’esprit que les envies de voyage évoluent avec le temps, que ce qui était vrai il y a 4 ans peut évoluer. Il y a d’ailleurs plusieurs façons d’être aventurière, vous ne pensez pas ?

Quoi de plus beau qu’un retour assumé !

Qu’il soit imposé ou non, un retour d’expatriation reste une aventure à part entière, une page blanche et même… un saut dans l’inconnu. La différence, c’est qu’il vient de de vous et que c‘est un choix assumé. Adélaïde Russel le raconte très justement ici « Nous avons alors passé une année à planifier ce retour, dans une dynamique d’appropriation de notre vie. »

Quoi de plus beau en effet que cette ré-appropriation ? De prendre le temps d’anticiper, de préparer la famille pratiquement et psychologiquement, de vivre ce retour comme un vrai nouveau départ.

Ecoutez vous-même la différence :

« On quitte Singapour, c’est le retour au siège, l’expat c’est fini » / « On rentre en France parce qu’on en a marre de la Belgique » / « On rentre en France parce qu’on en a juste super envie »

Cela donnerait quoi, votre phrase à vous ?

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