Apprendre le français à son enfant : notre traumatisme du stylo rouge

 

apprendre le français« Maman, regarde le livre que j’ai fait à l’école ! » C’est avec ce cri de joie qu’un jour mon fils, âgé alors de 5 ans, est arrivé à la maison, brandissant une petite liasse de feuilles agrafées. C’était tout simple : un espace pour les dessins et quelques lignes en dessous pour que l’enfant puisse écrire son histoire. Il avait choisi son thème préféré : les dinosaures, ou – pour le citer – les « dnsrs ». Car oui, tout était écrit en phonétique ou avec quelques voyelles en moins.

 

Un souvenir d’enfance m’est revenu, plus vif que jamais.

J’avais écrit moi aussi un très long compte-rendu d’un de nos week-ends. Nous avions visité une grotte en famille. Mais voilà, dans cette rédaction, j’avais mélangé le « c » et le « g »… Vous voyez le tableau n’est-ce pas ? Sur ma copie, au lieu d’une remarque humoristique, je me souviens de tous les mots soulignés, barrés et autres points d’exclamations, le tout en rouge pour que ça se voit mieux. Je me sentais alors idiote mais aussi et surtout humiliée et incomprise. Je trouvais aussi que c’était injuste car tout ce qui avait été retenu de ma composition était l’erreur et non toute l’histoire que j’avais mis si longtemps à écrire. Les dictées suivantes furent des supplices : j’avais peur de faire des erreurs comme celle de ma rédaction. Et bien sûr, j’en ai fait ! Une étiquette m’a été collée : j’étais étourdie. Impossible de faire autrement, impossible de changer, c’était une fatalité. Cette peur m’a suivi longtemps : peur de m’exprimer, peur d’être jugée, peur de faire des erreurs. Surmonter ces peurs m’a demandé beaucoup d’efforts et je me bats encore aujourd’hui : le stylo rouge m’a laissé des cicatrices profondes.

 

Lors de discussions avec des parents expatriés sur l’apprentissage du français, j’ai entendu qu’il valait mieux corriger tout de suite la copie de son enfant.

Il fallait le reprendre dès que possible sinon l’enfant apprend mal. Mais qu’en est-il du ressenti de l’enfant par rapport à cela ? Ma génération a été éduquée ainsi et nous ne faisons que reproduire ce que nous avons vécu, même si cela a été douloureux. Nous ne connaissons pas d’autres solutions. Nous imposons donc à nos enfants le verdict du stylo rouge.

 

Il existe pourtant des solutions qui permettent d’apprendre en douceur et sans traumatisme.


Des solutions basées sur :

  • l’écoute.
  • l’encouragement.
  • la bienveillance.

J’ai aussi entendu des parents dire que le fait de montrer ainsi leurs erreurs à ses enfants leur apprenait la vie, qu’il les préparait à plus tard, que la vie ne faisait pas de cadeau. Il fallait être précis, il fallait bien faire dès le début sinon quelqu’un d’autre allait se charger de les remettre à leur place. Quelle vision de la vie donnons-nous alors à nos enfants ? Un endroit où il faut se méfier de tout et de tout le monde ?

Dois-je vous rappeler :

  • votre expérience d’expatriés et la fabuleuse solidarité que vous trouvez auprès de cette communauté lorsque vous avez voulu vous installer ?
  • la confiance que vous avez eue envers des personnes locales que vous ne connaissiez que depuis quelques heures ?
  • le soutien de vos proches qui, loin de vous, attendent patiemment chacun de vos retours ?

 

 La vision de la vie que nous avons et l’attitude que nous adoptons chaque jour inspirent nos enfants.

Arrêtons d’être les juges et reprenons notre rôle de parents : celui de générateurs d’enthousiasme, celui d’accompagnateurs d’aventures, celui d’éveilleurs de talents !

J’ai pris les feuilles que me tendait mon fils. J’ai admiré les dessins de tous les dinosaures qu’il avait répertoriés. Il y en avait même que je ne connaissais pas ! Il s’était appliqué, les lettres étaient bien faites. Je me suis tournée vers lui et je lui ai dit sincèrement, du plus profond de mon cœur : « C’est absolument génial ce que tu as fait !« 

Mon fils n’est pas dupe : il sait très bien qu’il n’écrit pas correctement. Il sait aussi qu’à 5 ans, c’est normal, qu’il est en train d’apprendre. Son enthousiasme lui a permis de s’exprimer. Son livre, je le garde précieusement à côté des moulures de ces petites mains de bébé, comme les témoins d’un temps qui passe trop vite.

Ah ! Et j’oubliais : j’ai jeté tous mes stylos rouges.

 

Catherine Allibert, exploratrice de la langue française

 

Catherine ALibert

Catherine propose des activités ludiques et créatives autour de l’apprentissage du français, tout en améliorant la relation parents-enfants.

Son site : https://www.unehistoiredeninjasetdesamourais.com

Elle anime aussi les groupes Facebook : Français à la maison : partage soutien et conseils  et Une histoire de ninjas et de samourais

Retrouvez-la également dans ces podcasts : « Le français comme j’aime » 

 

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