Finances, femmes et expatriation : reprendre le lead

femmes finances expatriation

A l’approche du 8 mars et de notre conférence sur la sécurité financière des FemmExpats, nous avions envie de parler argent. Pas de celui que l’on n’a pas (relisez notre article « Chérie, tu me fais un virement« ) mais plutôt de celui que l’on peut faire fructifier ou de celui que l’on pourrait avoir… si on prenait le temps, et surtout… le pouvoir. D’après le Baromètre Expat Communication 2023, les femmes ne sont que 17,5 % à déclarer prendre en charge les finances de la famille. Pourquoi est-ce encore si peu ? Pourquoi, justement, ne pas profiter de l’expatriation pour s’y mettre enfin, vraiment ?

Femmes et finances : un sujet qui dépasse l’expatriation

Certes, et nous en reparlerons le 8 mars prochain, notre départ en expatriation nous rend plus vulnérable financièrement. En cause, l’abandon fréquent de notre poste et la perte de revenus financiers. Mais ce n’est pas tout, en quittant la France, nous quittons un système de protection sociale global, qui, quoi qu’on en dise, nous a permis de ne pas nous préoccuper de retraite, d’assurance complémentaire, décès, etc pendant des années. Sans ce système de soutien, nous voici, de fait, obligées de nous préoccuper de notre protection financière.

Mais en réalité, le sujet ne devrait pas uniquement concerner les femmes expatriées. En effet, d’après les statistiques, nous, femmes, survivrons de 5 ans aux hommes, puisqu’en France, l’espérance de vie à la naissance d’une femme en 2023 est de 85, 7 ans contre 80  pour les hommes. Dépendre d’eux devient alors… plus compliqué.  

Allons encore plus loin et prenons un angle qui dépasse notre propre sécurité : à quoi ressemble un monde économique où les choix d’investissements sont en majorité faits par les hommes ? Faire entendre notre sensibilité, notre vision du monde, cela passe aussi par nos choix financiers.

Mais alors pourquoi donc les femmes sont-elles si réticentes à s’occuper de finances ?

Tabou social, généalogique ou générationnel, blocages psychologiques… les raisons sont nombreuses et il est indispensable de les interroger à un moment dans sa vie. On peut revoir les vidéos de Money Coaching enregistrées pendant le Covid sur FemmExpat : les archétypes d’argent par exemple.

Les raisons peuvent également être culturelles, comme le rappelle Verónica de la Fuente, Expat Coach chez Expat Communication, l’éditeur de FemmExpat :

« Dans de nombreuses cultures, il est mal vu de parler ouvertement d’argent en public, et il en va souvent de même au sein des couples, où l’on ne parle pas d’argent.  Dans de nombreux pays, même si la femme travaille, l’homme est toujours considéré comme le soutien de famille, c’est donc lui qui gère l’argent, et la femme est encore considérée dans son rôle de soignante ou de gestionnaire des tâches ménagères. »

Malheureusement, aucune de ces deux raisons ne suffisent à expliquer cette réticence. Il existe également un problème de légitimité chez les femmes, avec l’idée forte que nous femmes ne pourrions nous exprimer ou agir sur un sujet uniquement si nous étions expertes dans un sujet. Hélène Gherbi, CEO & Fouder de FEMCA le rappelle souvent dans ses interviews (par exemple dans ce podcast) L’idée que sans un Master à Dauphine, l’accès aux finances nous serait interdit.

« Un dernier blocage, explique Verónica de la Fuente, s’expliquerait par le fait que les femmes sont généralement plus réticentes face au risque que les hommes. De ce fait, les femmes ont également peur d’investir si ce n’est pas déjà gagné d’avance. »

Ajoutez à cela l’incertitude liée à un départ en expatriation et nous voilà totalement réticentes à prendre des risques financiers.

Dans les faits… expatriation et finances :

Que nous dit le Baromètre Expat Communication sur la répartition des tâches financières en expatriation ? Les femmes ne sont que 17,69 % à déclarer prendre en charge seules le rôle de gestionnaire des finances.

Un chiffre qui fait bondir Verónica de la Fuente, qui accompagne de nombreux expatriés :

« La réalité est tout autre sur le terrain. Depuis des années, ce que j’observe c’est que beaucoup de femmes s’occupent en réalité d’argent en expatriation, bien plus que leurs conjoints ! Comparer les prix des choses dans le pays où elles vivent actuellement avec leur propre pays ou le pays de l’expatriation précédente, observation de l’inflation, recherche de stratégies pour diminuer certains coûts… En réalité, les femmes expatriées parlent du coût de la vie de façon plus récurrente que les hommes. Ce qui est étonnant c’est que 1) elles ne le déclarent pas et 2) elles ne profitent pas de cette opportunité pour aller plus loin et prendre en charge des investissements financiers. »

Et Verónica conclut :

« si l’on considère l’expatriation comme un projet de couple et de famille, alors les finances le sont aussi ! Il est temps d’ancrer cette certitude dans les esprits des femmes. »

Femmes et finances en expatriation : 5 pistes pour s’y mettre

Si vous avez lu l’article jusqu’ici, vous l’aurez compris, il ne vous reste plus vraiment d’excuses.

1) On débloque certains freins

La perte d’indépendance financière a un impact important sur l’estime de soi. Et c’est encore plus vrai quand le conjoint qui suit est une femme. Verónica de la Fuente le rappelle très justement : 

« Le sentiment d’être entretenue financièrement est le principal obstacle à surmonter. Si ce projet d’expatriation en famille existe, c’est parce que les conjoints y tiennent une place importante ! Nous ne sommes donc pas entretenues, nous participons à la réussite du projet global ! »

2) On se forme

Une première étape consiste à se mettre à niveau. Comme on l’a dit plus haut, les femmes ont besoin de se sentir expertes pour pouvoir agir. Si l’expatriation a libéré un peu de temps pourquoi ne pas en profiter pour vous former ? Des formules diverses existent. On peut voir ce que la FEMCA propose, mais il en existe d’autres.

3) On se lance

Ensuite, lancez-vous. Il n’est pas rare que votre statut d’expatrié vous donne accès à plus de liquidités en devises locales. Prenez quelques minutes pour vous renseigner sur les possibilités d’investissements à court terme.

Vérónica elle-même se souvient :

« Un jour, j’ai dit à mon mari, je vais prendre 25’000 reais (10’000 usd à l’époque), et tu fais comme si cet argent n’existait pas, parce qu’il peut disparaître en un instant. Avec ces 25’000 reais, je me suis inscrite sur une plateforme d’investissement et j’ai commencé à acheter des actions sur le marché local. C’était un marché très variable, ce qui signifie que je devais être constamment au courant des investissements. En 9 mois, j’ai quadruplé mon investissement. Mais cette expérience m’a aussi permis de comprendre le marché financier et d’être au courant de l’économie du pays. »

Les applis pour investir en bourse sont de plus en plus nombreuses et surtout plus performantes grâce à l’intelligence artificielle. On peut commencer à placer 2000€ et voir. Pourquoi ne pas se prendre au jeu et profiter du décalage horaire avec certaines bourses européennes pour être efficace 😊

4) On se réunit, on se motive, on en parle !

Pourquoi ne pas créer un groupe sur le sujet au sein de votre réseau francophone. A plusieurs, on est plus fortes ! Et si au lieu de créer un groupe de recherche d’emploi, on créait un groupe d’investisseuses ? (coucou la Fiafe ???) Au programme, formation, travail sur des schémas d’investissement, tests d’applis d’investissement en bourse… Hélène Gherbi de Femca le dit souvent : « L’émulation est très stimulante. Oser en parler en groupe, se stimuler, creuser des sujets ensemble pour trouver des idées. » Vous aurez sans doute remarqué que les hommes parlent bien plus souvent finances que nous !

5) Enfin, on pense à tout…

Et on se rappelle que disposer d’un compte en banque à son nom est indispensable. Ou à minima, on insiste pour que le compte qui héberge les revenus du ménage fasse apparaître votre nom. Le cas échéant, vous vous exposez à des risques importants. C’est important pour votre sécurité financière au quotidien, mais c’est également indispensable en cas de transfert d’argent d’autres comptes communs. Et si ce n’est pas possible dans votre pays d’expat, il doit exister dans votre pays d’origine

Surtout, on garde un compte en banque à son nom, ou à minima, on insiste pour que le compte qui héberge les revenus du ménage fasse apparaître votre nom. Le cas échéant, vous vous exposez à des risques importants. Barbara Thomas-Davis, notaire associée à Paris rappelle :

« Si votre conjoint vient à décéder, par exemple, ou se trouve dans l’incapacité d’accéder au compte, il vous sera compliqué d’y avoir accès. N’hésitez pas à contacter plusieurs banques pour pouvoir ouvrir un compte à vos deux noms sur place. C’est important pour votre sécurité financière au quotidien, mais c’est également indispensable en cas de transfert d’argent d’autres comptes communs. Dans le cas de la vente d’un bien en France par exemple et détenu sous le régime de la communauté : vous ne pourrez pas justifier de cette propriété si le transfert a été fait sur le compte d’un compte individuel. »

Nous en reparlerons le 8 mars lors de notre conférence sur la sécurité financière des femmes avec des avocats et des banquiers dont c’est la spécialité. Retrouvez nous nombreuses, invitez vos amies. Chez FemmExpat, nous en avons assez d’entendre : « ah mais oui, le sujet me parle ! Je connais justement une FemmExpat qui n’avait pas pris se précautions… »

Bouton abonnement NL FXP

FemmExpat vous conseille également

Chéri (e), tu me fais un virement ? La délicate question de l’équilibre financier dans le couple en expatriation.

Dépendance financière et couple en expatriation : 3 solutions pour ne pas subir

Argent dans le couple : témoignages d’expats

Autres articles dans la catégorie

  • Echangez avec d’autres expats !

  • Nos conférences en ligne

  • Podcast

  • Agenda

  • Rejoignez-nous sur Instagram !

  • Notre site vous intéresse ?
    Ne partez pas sans vous inscrire à notre Newsletter !

    Chaque mardi, le mail qui prend soin des expats !
    Un boost de bonne humeur et de conseils.

    Rejoignez-nous !