Nous expats et nos mamans… L’expatriation et notre relation à notre mère

femmexpat et maman

Lorsqu’on part en expatriation, on quitte son environnement et ses amis, son boulot et ses collègues et… sa mère !
Pour certaines, c’est un crève-cœur, pour d’autres une libération. Pour d’autres encore l’occasion de couper un peu plus le cordon et devenir vraiment adulte. Même lorsque la relation à distance se passe bien, partir loin de sa mère n’est jamais anodin. Petit tour d’horizon, avec Juliette Potin, Expat Coach chez Expat Communication, et vous, puisque vous avez été nombreuses à témoigner sur ce sujet dans notre groupe Facebook.

Vivre sans sa mère et grandir

Pour celles d’entre nous habituées à une présence quasi quotidienne de leur maman, partir en expatriation signifie vraiment couper le cordon et apprendre à se débrouiller sans elle. Sevrée de toutes les petites aides du quotidien, on découvre de concert ne pas avoir de recours quand un enfant est malade, devoir cuisiner sans compter sur ses petits plats du mercredi et accepter de confier ses enfants à une baby-sitter pour avoir une soirée de libre.
On pense que le principal challenge en expatriation vient du fait de se confronter à une nouvelle culture. Les difficultés d’adaptation naissent aussi du nécessaire deuil de sa vie d’avant, en particulier lorsqu’on était bien entouré et aidé au quotidien.
A nous de recréer ce cercle de soutien, apprendre à demander de l’aide à l’extérieur tout en gardant une complicité avec sa mère à distance :

« Je ne sais pas comment les expats faisaient avant whatsapp ! Ça ne remplace pas l’aide physique mais le fait de partager mes coups de gueule et mes victoires du quotidien à ma mère qui y réagit presqu’en direct est pour moi un soutien précieux »

Vivre sans sa mère et culpabiliser

Parfois l’éloignement avec notre mère génère un sentiment pesant de culpabilité, alimenté ou non par l’intéressée qui distille ses piques maternelles :

« Ma mère n’a pas compris pourquoi, sans y être contraints, nous quittions notre jolie maison, nos amis, notre confort, le long fleuve tranquille de notre vie pour un coin perdu du Brésil… Nos relations parfois houleuses ont pris une tournure théâtrale… même à 46 ans c’est douloureux de ne pas pouvoir lui parler des difficultés rencontrées « Tu n’avais qu’à rester là » ni même des nouveaux plaisirs « et en plus tout va bien ? »… Je me demande comment une Maman peut ne pas se rendre compte que l’on reste son enfant, qu’elle nous fait souffrir et que les petits-enfants aussi sont touchés »

Même sans reproches, on peut douter et culpabiliser de quitter une mère âgée ou malade. Avec la distance, on est plus consciente que la séparation peut être définitive.

« Je ne sais même pas si Maman se rend compte que je pars, elle ne semble pas l’intégrer, ou ne veut pas, c’est difficile, chaque fois que je la vois je dois lui rappeler notre départ, ça me rend malade… ».

Le manque se fait également sentir au moment des fêtes familiales ou d’événements passés loin des siens… Noël, communions, événements familiaux et surtout lorsqu’on devient mère à son tour loin des siens :

« Quand j’ai eu mon 2e enfant, aux US, loin de Maman, elle n’a pas pu venir, j’ai senti la différence avec la naissance de mon ainé où elle avait été très présente et efficace… J’étais loin, seule, même si je « savais » mieux ce qu’était une naissance, elle m’a terriblement manqué, et le pire c’est qu’elle ne s’en est pas rendu compte… »

Vivre sans sa mère et s’alléger

Partir s’installer loin de sa mère est vécu pour certaines comme un vrai bol d’air. La possibilité de s’alléger d’une présence physique ou psychologique trop forte :

« Quand nous sommes partis aux US, j’ai quitté ma mère après 29 ans et là j’ai enfin pu respirer : depuis mon enfance, je l’avais sur le dos d’abord tous les jours puis toutes les semaines, sans parler des coups de fils intempestifs… les kilomètres m’ont permis de mettre une distance salutaire… Vivre loin de ma mère, c’est pour moi, l’assurance d’une vie équilibrée sans passer mes journées à culpabiliser parce que je ne lui ai pas offert le muguet du 1er mai ! »

Même sans avoir une mère envahissante, vivre loin géographiquement est une véritable opportunité de se libérer de ses schémas parentaux et de ce que l’on pense que nos parents attendent de nous.

« Cette expatriation m’a permis une véritable émancipation. Je pense que je n’aurais jamais osé changer de voie si je ne m’étais pas autant éloignée géographiquement. C’est comme si j’étais libérée du regard de mes anciens collègues, de mes parents et en particulier de ma mère. Je suis bien consciente que je me mettais ces barrières toute seule mais cette prise de distance m’a ouvert une nouvelle liberté de choix et d’action »

Bien vécue, cette situation permet une nouvelle relation

Parfois l’histoire se répète : nous avons été expatrié enfant et que nous repartons en tant que parent, l’occasion de mieux comprendre ce qu’a vécu notre maman :

« J’ai mieux compris qu’elle avait été vraiment courageuse de partir si loin, si longtemps, et sans les appuis locaux que nous pouvons trouver plus facilement aujourd’hui avant le départ. »

« C’était chouette cette complicité avec ma mère lorsque je suis partie en expat à peu près au même qu’elle 20 ans plus tôt. J’ai mieux compris ce qu’elle avait vécu. Je me suis même surprise à avoir les mêmes mots qu’elle : »tu ne retrouves pas ton jouet cassé ? Il a dû se perdre dans le déménagement ! »

Lorsque les visites sont possibles et que notre mère vient passer quelques jours avec nous, elle peut nous découvrir sous une nouvelle facette et poser sur nous un nouveau regard: l’admiration, la joie du partage de moments privilégiés sont alors autant de nouveaux ingrédients dans la relation…

« Quand mes parents sont venus nous voir, pour une fois c’est moi qui portais toute la troupe, les rôles ont été renversés. J’étais si heureuse de leur faire découvrir mon nouveau monde de les voir si contents de passer du temps avec leur petite-fille ».

Quitter sa mère et revenir !

Et puis après vécu un moment à l’autre bout du monde, on peut réaliser qu’on a tout simplement envie de passer du temps avec sa mère. Le manque de la famille, du lien petits-enfants / grands-parents, pousse, en ce temps de pandémie, de plus en plus d’expatriés à rentrer.

« Je rentre après 3 ans sans la voir à cause du virus. Je ne la quitterai plus. J’ai pris conscience qu’elle n’est pas éternelle. »

Et vous, comment vivez vous la relation à votre mère en expatriation ? Continuez à réagir sur le groupe FemmExpat.


Juliette Potin

Coach professionnelle certifiée, affiliée à l’EMCC, Juliette est ingénieur de formation et a été manager dans l’industrie pendant 14 ans. Elle est spécialisée dans l’accompagnement interculturel et le coaching de transition de carrière des expatriés et des conjoints, en individuel et en collectif avec le Job Booster Cocoon. Formée à la PNL (Programmation neuro linguistique) et au coaching clarification du mental®, elle accompagne tout particulièrement les hypersensibles et les hauts potentiels dans leurs défis professionnels et personnels.

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