Lettre à « mon-mini-moi de mes 15 ans »

Lettre à "mon-mini-moi de mes 15 ans"Lettre à « mon-mini-moi de mes 15 ans ». On ne fait jamais assez confiance à son futur. Petits arrangements avec les ambitions de mes 15 ans. Par Paquita.

 

« Quand j’étais petite, je n’étais pas grande. »

Cette phrase à l’allure anodine, je vous dis moi que depuis la critique de la raison pure d’Emmanuel K. on n’a pas atteint de tels sommets philosophiques.

 

En fait, il m’est arrivé un truc.

Un truc terrible que toi-mon-mini-moi tu n’aurais même pas pu imaginer. Je m’baladais sur l’avenue, le cœur ouvert à l’inconnu… ♪♫♪ Tellement ouvert qu’un sultan m’a enlevée sur son destrier Alezan. De pots en pots, de verres en verres, jamais, je te le jure je n’ai pu l’oublier. Te voilà au fait de mon actu amoureuse.

Non, ne me regarde pas comme si j’étais la Sainte Vierge en string. Non. Vraiment pas. Même si.

 

Toi, mon-mini-moi de 15 ans tu voulais être le produit des amours naturelles de Thelma et Louise et de Che Guevara.

Tu inscrivais sur ton 85B fièrement : « Commander, non. Obéir, jamais ! » Tu étais un colibri qui se prenait pour une navette spatiale. Mais ça, c’était avant.

Mini-moi

Maintenant je le suis, de ports en ports, de pays en pays, d’aventures en aventures.

Parce que, accroche-toi j’ai dit : oui. A tout. A Monsieur le Maire. Et surtout à lui. J’en suis toute surprise. Pas autant que toi petite fille de mes 15 ans. Mais je te le dis : en vérité l’amour peut aussi être partagé, n’est pas OBLIGATOIREMENT qu’asservissement et que même j’ai accepté sans cris de guerre ultra féministes l’argent de poche qu’il me donne.

En vrai, je gueule très, très fort qu’il n’y en a jamais assez et que ça ne peut plus durer comme ça, de dépendre d’un homme, fut-il expat. Depuis que je travaille, j’avoue on m’entend moins.

 

Tu disais mini-moi que tu t’en tapais, que John soit dans la kitchen ou pas, qu’il ait besoin ou pas de son umbrella.

Que le langage des cœurs est universel. Enfin ça, c’était avant. Parce que maintenant ça m’arrangerait drôlement bien d’être bilingue autrement que par la langue des signes. On ne pense jamais assez à un futur improbable.

Là où j’habite, ce n’est pas vraiment la Californie avec des blondes siliconées et des surfeurs aux muscles si bandés qu’ils vous font le souffle court et les yeux révulsés. Là où, ubi et orbi, tu avais juré de t’installer.

Non, ici les femmes sont noires et belles. Elles chaloupent sous la charge. Et elles pianotent sur la gamme qui va du sourire aux larmes. J’apprends à cuisiner le criquet et j’ai aimé les films sirupeux de la Bollywooderie en Inde.

 

Non, je t’assure petit-moi-de-mes-15 ans, je n’ai pas subi d’encéphalorectomie de base (je suis la petite Roberte, j’invente des mots…)

Toi, tu criais que tu crèverais tous les plafonds de verre pour assurer ton INDEPENDANCE, le plus beau mot de la langue française. Et bien moi ça me fait même pas sauter l’émail des dents d’être assise, là , à des milliers de kilomètres de mon bureau parisien à attendre mon sultan.

 

Il y a bien des jours un peu longs où je me demande si c’est bien raisonnable d’avoir jeté aux orties mes huit années d’études supérieures et buissonnières…

Alors je me dis que mes copines qui ont signé des CDI  au nom de leur sacro-sainte indépendance sont tombées dans un coma à durée indéterminé, autre forme de CDI…

Ici, je me dis que les possibilités sont infinies d’apprendre des autres.

 

Petit-Moi-de-mes 15 ans, je sais qu’au fond tu es toujours bien assis sur tes ressorts et que nous avons toute notre vie pour mettre notre rubixcube intérieur à l’endroit.

Et comme dirait notre Emmanuel, le même que celui précité : 

« On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitude qu’il est capable de supporter. »

Bien dit, Kant ! 

Paquita
Mai 2013

 

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