Ce mardi 1er février marque le début de l’année du Tigre en Chine et dans quelques pays d’Asie. L’occasion pour FemmExpat de vous partager le regard de Gaëlle Déchelette, installée à Shanghai depuis quinze ans. Son enthousiasme et sa connaissance de la ville et du pays nous rappellent à quel point cette destination reste un must pour beaucoup d’expatriés, et ce malgré la pandémie et les fermetures des frontières. Alors, revenons aux basiques ! Pourquoi il faut s’expatrier en Chine en 2022 ?
Une variété de cultures, pour tous les goûts !
En Chine comme en France, le repas est synonyme de convivialité et de relations sociales. D’ailleurs, auparavant on demandait « As-tu mangé ? » pour dire bonjour.
Les Chinois sont réputés manger tout ce qui a quatre pieds sauf les tables, tout ce qui vole sauf les avions, et tout ce qui nage sauf les bateaux… Les spécialités diffèrent aussi selon les régions : nouilles et raviolis dans le Nord, plat à base de riz dans le Sud, mets épicés à l’Ouest… Il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Du baozi (pain farci) géant à 5 kuais, au restaurant de Paul Perret « Ultraviolet » à quelques milliers de RMB par personne.
En Chine, vous trouverez une grande diversité dans les traditions et cultures, aussi variés que ses paysages. Comme les reliefs karstiques du Yunnan, le désert de Gobi, les plaines du nord-est de la Chine, les fameuses montagnes d’Avatar.
De même, vous serez étonnés par la multitude de religions et pratiques spirituelles – temples bouddhistes, taoïstes, confucianistes – et ses techniques ancestrales – kung-fu, tai-chi, acupuncture, méditation… En faire le tour demanderait des années !
En Chine, on est également confronté à une tout autre manière de faire les choses, ce qui développe (ou pas) un sens de la curiosité, mais aussi une certaine flexibilité : quand on voit des personnes marcher en arrière, par exemple !
Beauté et raffinement
Du langage, dans un premier temps, car la langue française comme la langue chinoise sont considérées comme belles et difficiles. Les poètes de la dynastie Tang, par exemple, sont connus pour le raffinement de leurs images. Ensuite, assistez à une cérémonie du thé traditionnelle ou un concert de guzhen pour comprendre l’attachement des Chinois à l’esthétisme. Et sans oublier bien sûr la multitude de monuments historiques : Cité interdite à Pékin, armée enterrée à Xi’an, Tulou à Xiamen, qui sont un ravissement pour les yeux.
Un modernisme à pleine puissance
À l’opposé de la Chine ancestrale, il existe aussi, une course à la nouveauté qui dépasse l’entendement: on sent que tout peut aller très (trop ?) vite.
Le pays s’est en effet énormément modernisé en quinze ans. Le réseau de transport urbain et de trains rapides connaît une croissance exponentielle. On peut désormais rejoindre Pékin depuis Shanghai en moins de 5 heures !
Grâce à l’expansion de l’import, il est également aisé de se procurer des produits étrangers « de base » comme le pain, le fromage et le vin… La mondialisation amène de plus en plus de personnes à pratiquer l’anglais. Des sociétés spécialisées s’adressent même à une clientèle internationale fraîchement installée (pour trouver une maison, vous faciliter la vie de tous les jours).
Et dans le domaine du service justement, régler ses démarches administratives ou ses achats en ligne est de plus en plus simple. Notamment avec WeChat, le réseau social chinois, qui offre en plus la possibilité de rejoindre des groupes pour partager informations et conseils.
Depuis peu également, vous pouvez louer une voiture (avec un permis français), mais aussi des logements en Air BnB, pour des vacances hors des sentiers battus.
De manière générale, on accède à tout plus facilement (sous réserve de parler un peu chinois tout de même, mais les outils de traduction sur les téléphones portables sont très performants). On trouve même des stylos électroniques pour scanner un texte et le transcrire directement en français ! Le rêve de tous les étudiants en chinois.
Enfin, globalement, on constate une nette amélioration de la propreté et des comportements jugés négativement en occident. Il est plus rare (mais pas impossible) de voir quelqu’un vous doubler dans la file d’attente, cracher dans la rue ou klaxonner à tout va. Le « bazar organisé », qui va de pair avec une spontanéité, une franchise rafraîchissante, est devenu un « royaume policé », peut-être plus facile à appréhender.
Shanghai : une vitalité économique et des rencontres riches
On décrit souvent Shanghai comme étant « la Chine sans l’être ». Comprenez : une ville moderne, très occidentalisée, et loin de Pékin, le centre politique. Pourtant, à Shanghai, la mixité sociale reste très présente. Dans un même quartier, on a la possibilité de rencontrer des profils très différents : entrepreneurs, expatriés au long cours, jeunes en première expérience à l’étranger, des Shanghaiens de souche comme des waidiren, des Chinois d’autres régions.
Et puisque Shanghai est le centre économique de la Chine, le réseau d’affaires est très dense. Cela donne l’impression que tout peut se réaliser facilement et rapidement. Ce grand dynamisme s’applique au réseau français d’entraide et de développement : associations comme Shanghai Accueil, Solidarité Shanghai, JEF ( Jeunes Entrepreneurs Francophones), French Tech, La Ruche (réseau des femmes francophones actives), organisations d’anciens étudiants et bien d’autres.
Mais il n’y a pas que les Français. Chinois et étrangers s’allient pour monter des projets comme FitFam, qui propose des sessions sportives en groupe, sur place ou sur Zoom, Green Initatives, qui s’intéresse aux questions environnementales…
D’autre part, de nombreux lieux culturels ont été érigés, notamment sur d’anciens sites de l’Exposition Universelle de 2010. Avec cela, la mégalopole augmente chaque année ces espaces verts, pour permettre aux citadins de se relaxer, le long du fleuve Huangpu, par exemple.
La gestion du Covid
Pour ceux qui résidaient à Shanghai début 2020, on ressentait de la peur, certes, mais il n’y a pas de confinement strict généralisé, seulement des isolements « localisés » en fonction des cas découverts. Et c’est toujours en vigueur actuellement. Le gouvernement incitait la population à ne pas sortir, et les rues étaient globalement vides. La crainte d’un remake du SRAS de 2003 était présente dans l’esprit de tous.
Au début de la crise, nous suivions quotidiennement les chiffres en Chine, puis à l’étranger, et nous notions le total décalage dans les mesures (ou l’absence de mesures) adoptées et l’évolution de la pandémie. Après le choc, nous avons eu l’impression d’être pris dans une bulle. Avec ses avantages et ses inconvénients.
Au premier semestre 2020, les élèves de Shanghai ont eut des cours en ligne pendant 3 à 5 mois. Nous avons eu beaucoup de chance que le réseau des enseignants soit aussi réactif et que l’établissement travaille de près avec le gouvernement local pour s’adapter aux nouvelles directives.
Quelques astuces pour bien vivre les aspects parfois négatifs liés à la politique « Zéro Covid » de la Chine
Personnellement, j’ai choisi la Chine, je peux aussi décider de partir. Cela donne l’impression de moins subir la situation. J’ai également la chance d’être en sécurité, en bonne santé, et d’avoir une stabilité financière. Au quotidien, nous avons l’impression de vivre une existence presque « normale », si ce n’est l’obligation de porter le masque dans les lieux publics fermés.
Ce qui aide aussi, c’est de se connecter à la population locale, qui fait preuve d’une grande résilience. Cela est dû à l’expérience de l’épidémie de SRAS, mais également à sa capacité à faire le « gros dos » pour sortir vite et bien de la crise.
D’autre part, nous sommes conscients que nous ne sommes pas seuls à souffrir des conditions radicales mises en place contre le Covid. Ainsi, les règles actuelles d’annulation de vols concernent aussi des milliers de Chinois qui résident à l’étranger et ne peuvent pas rentrer voir leurs familles. Cela ne rend pas les circonstances plus supportables, mais cela permet de relativiser.
Pour faire passer les moments difficiles, rien ne vaut la connexion et le partage. La communauté permet de se serrer les coudes, de ressentir une plus grande communion. L’année dernière, faute de pouvoir rentrer en France voir nos familles, des volontaires ont mis sur pied l’interrégion (sorte d’Intervilles), le carnaval de Dunkerque, la braderie de Lille, le Téléthon… Personnellement, j’ai lancé un podcast « Comme chez nous en Chine » pour garder du lien, mais aussi exposer notre vision de la Chine.
Et puis on apprend à devenir plus flexible, à développer sa créativité, trouver des alternatives : la venue d’un auteur francophone est annulée ? On crée la conférence sur Zoom !
La philosophie chinoise peut aider en dernier recours : le fameux wuwei « non-agir » qui tend à accepter une situation plutôt qu’à la combattre. En effet, quoi de plus implacable qu’une pandémie pour nous enseigner cette leçon ?
Et par rapport à votre impossibilité de rentrer en France
Les frontières ont rouvert pour les détenteurs d’un permis de résidence, malheureusement, certains se retrouvent actuellement bloqués à cause de vols annulés. Beaucoup de familles ont choisi de ne pas rentrer à Noël, car au retour, nous devons effectuer une quarantaine de deux semaines en hôtel, suivie de sept jours à la maison. Nous espérons pouvoir retourner en France cet été, après trois ans en Chine.
Cette retraite « forcée » en Chine nous a amenés à la redécouvrir : en novembre, nous nous sommes rendus à Zhangjiajie, voir les montagnes d’Avatar qui figuraient sur ma « bucket list » depuis longtemps. En avril dernier, je me suis rendue dans le Yunnan, dix-sept ans après une première excursion dans cette région qui m’a inspiré un livre… La Chine regorge de lieux magnifiques, et le voyage permet de belles rencontres avec les locaux.
Un message aux expatriés qui arrivent :
Jiayou (courage) ! Mais surtout, bienvenue. Il y a tellement à découvrir, vous ne vous y ennuierez pas !
Gaëlle Déchelette – Linkedin – Site
Vie en Chine: IG: @chine.insolite
Podcast: Comme chez nous en Chine
Podcast: Passages des histoires
Ecriture: IG: @passage.des.histoires
Roman: Sois Belle et Tue-toi
Roman: Nuit Blanche à Jianshui
