Bénédicte : « Vivre au Maroc m’a permis de devenir écrivain »

arry-OniriaExpatriée au Maroc depuis 6 ans, Bénédicte (alias B.F. Parry ) a profité de cette expérience pour se lancer dans l’écriture d’Oniria, une série de romans d’aventure destinée aux enfants à partir de 11 ans. Le premier tome de la série, Oniria 1 : Le Royaume des rêves, sera publié le 1er octobre chez Hachette jeunesse, en co-édition avec Hildegarde.

Femmexpat l’a interviewée :

En quelques mots, pouvez-vous vous présenter et décrire votre parcours d’expatriée ?

J’ai eu deux expériences courtes à l’étranger au cours de mes études : six mois en Autriche, puis six mois aux Etats-Unis, qui ont toutes les deux été très riches. Mais la véritable expatriation a commencé en 2008, quand l’entreprise de mon mari lui a proposé un poste au Maroc. Nous sommes arrivés à Rabat en pensant y rester deux ou trois ans… Six ans et deux filles nées ici plus tard, nous sommes toujours là !
J’ai quitté mon poste à Paris pour venir ici, et j’ai tout de suite cherché du travail. Je n’imaginais pas les choses autrement. Mais il y a peu d’entreprises à Rabat, et même si ma formation d’école de commerce est appréciée ici, j’ai dû me montrer flexible, tant sur le type de poste que sur le salaire. J’ai travaillé pendant un an et demi dans l’événementiel avant de retrouver un poste dans la communication, mon métier d’origine. Mais j’ai finalement décidé de quitter le monde de l’entreprise pour me consacrer à l’écriture.

Qu’est-ce qui vous a poussée vers l’écriture ?

J’avais envie d’écrire depuis toute petite. D’écrire pour les enfants, plus particulièrement. Je ne sais pas pourquoi, ce choix s’est imposé depuis toujours comme une évidence. Mais hormis quelques tentatives avortées dans l’enfance, je n’avais jamais rien fait de cette envie. Par manque de temps. Par manque d’une bonne histoire à raconter, aussi. Parce qu’il faut les deux pour écrire.

Au tout début de notre expatriation, je n’avais pas encore trouvé de travail, je ne connaissais encore personne, c’était l’été et je m’ennuyais terriblement. J’ai essayé de mettre à profit tout le temps que j’avais pour écrire. Mais ça ne valait rien, parce que je n’avais pas trouvé une bonne histoire à raconter. Je me souviens encore du commentaire de mon mari auquel j’avais fait lire, un soir, ma production de la journée : « c’est bien écrit, mais c’est nul ». Il avait entièrement raison ! Il me manquait la matière.

Et puis la matière est arrivée un beau matin au réveil, deux ans plus tard, après un rêve plein de rebondissements dignes d’un film d’action. J’en faisais beaucoup à l’époque, et j’en fais encore aujourd’hui. J’ai alors imaginé que les êtres humains se rendaient chaque nuit sans le savoir dans un monde des rêves, où ils vivaient des aventures extraordinaires ; Un monde où tout ce qui avait été créé au cours des rêves continuait d’exister une fois les dormeurs réveillés. C’est ainsi qu’est née l’idée d’Oniria. J’ai su tout de suite que je tenais quelque chose de solide. J’ai d’abord acheté un carnet pour prendre des notes. Et quelques mois plus tard, j’ai quitté mon emploi et je me suis consacrée à la création de cet univers fantastique.

L’expatriation a-t-elle joué un rôle dans ce choix ?

Un rôle déterminant ! On peut dire que vivre au Maroc m’a permis de devenir écrivain. Je crois que si j’étais restée à Paris, avec un travail, une carrière, si je n’avais pas été bousculée par l’expatriation, jamais je n’aurais sauté le pas d’arrêter de travailler pour écrire. Et je ne pense pas non plus que j’aurais réussi à terminer mon roman en écrivant le soir après la journée de boulot. Ici toutes les conditions étaient réunies pour me permettre d’aller jusqu’au bout : l’écart de niveau de vie permet à notre famille de se passer d’un salaire, je peux faire garder mes filles assez facilement, et puis beaucoup d’amies n’ont pas d’emploi salarié, ce qui rend mon activité à domicile moins « bizarre » qu’à Paris.

En revanche l’expatriation ne me fournit pas la matière de mes romans. Ceux qui connaissent le Maroc trouveront un petit clin d’oeil par-ci par-là, mais c’est tout.

Votre saga s’appelle Oniria : d’où vient ce nom ?

Cela vient du mot « Oneiros », qui veut dire « rêve » en grec. C’est la racine de l’adjectif « onirique », par exemple. Je l’ai un peu transformé pour lui donner une sonorité plus évocatrice d’un monde fantastique.

Et quelle est l’histoire ?

La tétralogie Oniria raconte l’histoire d’Eliott, un parisien de 12 ans dont le père est plongé depuis plusieurs mois dans un étrange coma. Un jour, sa grand-mère lui remet un sablier magique qui lui permet de voyager dans un monde aussi merveilleux que dangereux : Oniria, le Royaume des rêves, dans lequel serait prisonnier l’esprit de son père.

Collégien ordinaire le jour, Eliott devient la nuit un puissant Créateur qui peut faire apparaître tout ce qu’il souhaite par le simple et immense pouvoir de son imagination. En explorant Oniria pour sauver son père, il sera confronté à son extraordinaire destin. Il découvrira qu’il est l’Envoyé, chargé de sauver le Royaume menacé par la sanglante révolution des cauchemars.

Comment avez-vous fait pour trouver un éditeur ? Est-ce que c’est un parcours long et difficile ? En aviez-vous contacté beaucoup ?

En réalité je n’ai pas un, mais deux éditeurs : Hildegarde et Hachette Jeunesse.

La relation avec Hildegarde a commencé avant même que j’aie terminé l’écriture de mon manuscrit. J’avais fait lire les premiers chapitres d’Oniria à mon amie Marion, ancien agent littéraire, pour avoir son avis (Petite précision pour les femmexpat’ : Marion était mon ancienne colocataire lorsque j’étais étudiante à Vienne en Autriche. Encore un bénéfice de l’expatriation !). L’extrait lui a plu, elle m’a donné quelques conseils et m’a encouragée à terminer mon manuscrit. Je pensais que ça allait s’arrêter là, mais non ! Il se trouve que son employeur Hildegarde – par ailleurs producteur de cinéma – avait décidé de se lancer dans des projets mixtes édition/cinéma. Convaincue du potentiel éditorial et cinématographique d’Oniria, Marion a décidé de soumettre le projet au reste de l’équipe.

En parallèle, j’ai envoyé quelques manuscrits par la poste à des grands noms de l’édition française.

Ensuite j’ai attendu…

Et puis finalement, tout s’est précipité. J’ai d’abord eu le OK de l’équipe d’Hildegarde pour travailler sur Oniria, et quelques semaines plus tard, j’ai reçu un appel d’Isabel, éditrice chez Hachette romans, pour me dire que mon manuscrit avait attiré leur attention. C’était plus que j’en espérais ! Et cela tombait très bien, car Hildegarde comptait de toute façon s’associer avec un gros éditeur pour lancer le projet. Le choix de Hachette s’est donc naturellement imposé, puisqu’ils étaient déjà convaincus par le texte.  De leur côté, les gens de chez Hachette ont accepté de travailler en co-édition, ce qui n’était pas dans leurs habitudes.

Au final, ce partenariat est bénéfique pour tout le monde : chacun apporte son savoir-faire, très complémentaire, et ça se passe vraiment très bien ! Cerise sur le gâteau, si jamais le livre est un succès, il y aura peut-être un film !

Et quel temps cela a-t-il pris entre le début de l’écriture et la publication ?

Longtemps ! J’ai commencé à travailler sur l’univers d’Oniria en septembre 2010. J’ai fait une pause quand ma première fille est née, puis j’ai mis 8 mois à écrire le manuscrit du tome 1 que j’ai envoyé aux éditeurs. Ensuite, Hachette et Hildegarde m’ont fait retravailler et j’ai mis encore 8 mois avant d’achever la version définitive du tome 1. C’était en février 2013. Mais mes éditeurs ont décidé de publier les 4 tomes d’Oniria de manière rapprochée, tous les 6 mois environ. Du coup il fallait me laisser le temps d’écrire la suite. C’est pourquoi le tome 1 n’est publié que maintenant. Le tome 2, que j’ai achevé en novembre 2013, devrait sortir au printemps 2015.

Comment avez-vous trouvé et choisi l’illustrateur de la couverture ?

Ce n’est pas moi qui l’ai choisi, ce sont mes éditeurs ! Je dois cette magnifique couverture au très talentueux Aleksi Briclot, dont le travail a été supervisé par Marion Delord de chez Hildegarde. Aleksi travaille beaucoup pour les jeux vidéos, ce qui explique le style très précis de la couverture. Je la trouve superbe ! C’est très émouvant de voir ses personnages prendre forme sur le papier. Et ce n’est pas tout : Aleksi a également réalisé trois très belles illustrations couleur, qui seront insérées sous forme de cahier central au milieu du livre. De quoi inviter le lecteur à se perdre encore un peu plus dans la magie du Royaume des rêves.

La tétralogie Oniria sera-t-elle disponible au Maroc ?

Oui, dans certaines librairies francophones normalement, à partir du 1e octobre pour le tome 1, comme en France. Mais on a du mal à trouver les livres en grand format ici, car ils sont trop chers. Souvent ils ne sont disponibles qu’une fois qu’ils sont sortis en poche. Mais les gens qui lisent en Français sont une toute petite minorité. L’un de mes rêves serait qu’Oniria puisse être traduit en Darija, l’arabe dialectal marocain. Normalement ça ne se fait pas, parce que la Darija est une langue orale. Mais il y a au moins un précédent : Le petit prince de Saint Exupéry a été traduit en Darija. Et certains auteurs marocains commencent à vouloir faire traduire leurs textes, écrits en français. Alors pourquoi pas Oniria !

Et bien sûr Oniria sera disponible sur les principales plate-formes de vente en ligne.

Avez-vous des projets en cours ?

L’écriture du tome 3 de la saga ! Je suis en plein dedans. Ensuite il y aura le tome 4, le dernier de ce cycle. J’ai aussi de la matière pour écrire aussi un prequelle : une aventure dans le même univers, avec certains personnages en commun, qui se passerait 40 ans plus tôt. Mais ça, ce sera seulement si la tétralogie trouve son public. Sinon, les éditeurs n’en voudront pas !

 

Pour en savoir plus https://www.facebook.com/oniria.bfparry

Bénédicte, pour Femmexpat

 

 

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