Maud, quand la photo rencontre la danse pour raconter San Francisco

Maud, quand la photo rencontre la danse pour raconter San FranciscoMaud ouvre aujourd’hui sa première exposition en tant que photographe professionnelle. Dancing in the City est un projet créatif né de ses rencontres à San Francisco, sa ville d’expatriation. Rencontre avec sa nouvelle communauté, américaine, qui l’a poussée à devenir photographe professionnelle. Et rencontre avec ses envies lors de ce temps particulier de l’expatriation. Aujourd’hui, c’est femmexpat qui se régale de la rencontrer et de partager avec vous son énergie et sa joie de vivre !

Je m’appelle Maud et je croque la vie depuis 40 ans.

J’ai l’impression de vivre chaque moment à fond, de profiter de tout ce que je peux et de voir la vie du bon côté.

J’ai grandi dans une famille où la musique résonnait partout.

Mon père était antiquaire, spécialisé dans les instruments de musique anciens. Et ma mère, médecin, a payé ses études de médecine en jouant de la guitare dans les cabarets.

Je suis la dernière d’une fratrie de quatre enfants et j’ai toujours tenu à faire à ma façon.

A quatre ans je voulais être fée, puis clown, puis journaliste, puis Indiana Jones. Et quand j’ai dû décider… J’ai fait une maitrise de science économiques, suivie d’un master en communication marketing. Mon idée a finalement toujours été la même : comprendre le monde qui m’entoure et les gens qui y vivent.

D’une façon générale, j’adore me lancer des challenges.

Dans la vie professionnelle comme dans ma vie privée. Métro, boulot, dodo, ce n’est pas pour moi. Pendant quinze ans j’ai toujours eu les mêmes missions professionnelles, qui commençaient à chaque fois par une rencontre. Les gens avaient une idée en tête et ma mission était de la rendre réelle, et économiquement rentable.

J’ai travaillé dans des domaines extrêmement différents.

La BD, le jeu de rôle, l’édition d’un guide professionnel, la chirurgie esthétique, et dans l’audiovisuel. J’ai à chaque fois appris beaucoup et mis à profit ce que je savais pour réaliser la mission de départ.

Surtout, j’ai la chance de partager ma vie avec un homme merveilleux. Il m’a donné de la structure, de l’amour et deux magnifiques enfants (en toute objectivité évidemment).

En 2012 mon mari m’a proposé qu’on parte un ou deux ans à San Francisco.

Il travaillait à l’époque pour une société qui avait un bureau à Paris et un bureau à Los Altos. Il me l’a proposé pour qu’on change notre routine, et qu’on puisse offrir à nos deux enfants la chance de découvrir une autre culture et une autre langue. Je n’ai pas réfléchi plus de dix secondes avant de dire oui. Et pourtant j’aimais tout à Paris : boulot, famille, amis, ambiance… même les râleries. L’idée de partir à l’aventure m’a instantanément séduite.

En juillet 2013, nous sommes donc partis avec sept valises, rien de plus.

Une valise de vêtements par personne, une valise de jouets par enfant et une valise de médicaments. Pour le reste, on remettait les compteurs à zéro et on partait conquérir le pays de l’Oncle Sam. Moi qui avais toujours travaillé, j’allais me consacrer à l’intégration des enfants et à comprendre les codes de ce pays.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un appareil photo à la main.

J’ai toujours fait les photos de famille, les mariages des amis, les naissances… La photo, c’est ma façon de m’exprimer naturellement.

J’adore voir et photographier ce que les autres ne voient pas.

Photographier les gens et leur montrer qu’ils sont beaux. Peut-être pas parfaits, mais que tout le monde a ce quelque chose d’unique qui le rend beau. J’aime capturer l’instant, ce petit moment de bonheur, unique, que je cristallise alors. Finalement la photo n’est qu’un outil. Et il me sert à faire en sorte que ceux qui auront les photos n’oublient jamais ce qui compte vraiment.

En août 2013 les enfants sont rentrés à l’école publique américaine.

Aux US les parents font partis de l’équipe et ils aident partout. En classe, pour distribuer les repas et même pour coacher les enfants pour qu’ils courent plus vite. Je suis tombée amoureuse de cette école, des parents, de la communauté et de l’esprit positif.

Maud, quand la photo rencontre la danse pour raconter San Francisco
Maud, photographe professionnelle
Je passais la plupart de mon temps avec les Américains dans l’école.

Alors, quand j’ai commencé à chercher du boulot, ils ont rigolé. Ils m’ont dit que je ne trouverais pas, que je n’étais pas américaine et que, du coup, ça allait être super compliqué.

En revanche, ils m’ont incité à considérer de devenir photographe professionnelle.

Voire même vidéographe. J’ai plaisanté en répondant que ça, c’était ma passion, mais que je ne voyais pas comment en faire un métier.

Puis une famille de l’école m’a embauché pour les 80 ans du grand-père.

J’ai donc dû mettre en images et en vidéo toute sa vie, en partant d’archives vidéo et de photos. J’ai orchestré le projet en ajoutant des interviews et en le mettant à ma sauce. C’était un travail difficile car je ne le connaissais pas. Mais une fois le travail livré, mon client est revenu vers moi en me remerciant. C’était la première fois qu’il voyait son père pleurer. Il lui avait offert le plus beau des cadeaux. Ce jour-là, j’ai su que je voulais vraiment poursuivre dans la photo.

Alors je me suis formée à la photographie.

Sur internet, en faisant des stages, en lisant plein de livres et en passant enfin l’examen américain PPA (Professional Photographer of America). Et je peux dire un grand merci à ma communauté. En effet, en croyant en moi, elle m’a permis de vivre mon rêve américain.

Je me suis dit qu’il me fallait passer un diplôme pour me prouver que je ne serais pas une photographe de pacotille…

 J’ai choisi PPA (Professional Photographer of America) car ils sont connus pour être stricts, rigoureux et bien implantés aux USA. Le plus dur aura finalement été de suivre des règles, de placer la lumière exactement au bon endroit, de tourner le modèle à un certain angle… Donc de suivre un cahier des charges très précis.

J’avoue que j’étais ravie d’avoir l’examen du premier coup. Ça me prouvait que j’étais maintenant qualifiée et pas si rebelle que ça. Les règles, il suffit de les appliquer…. Puis de faire ce qu’on veut avec (pour la photo évidemment) !

Mais j’ai encore tellement de choses à apprendre.

C’est que j’étais à mille lieues de me douter que la photographie était une science presque exacte… Moi qui fonctionne beaucoup aux émotions et aux feelings, j’apprends à être plus attentive aux détails, plus construite dans mes photos, pour raconter finalement l’histoire que je veux.

Cependant, on ne peut pas plaire à tout le monde.

Alors j’ai parfois des clients avec qui le courant ne passe pas. Et ce que je cherche avant tout, faire vivre un beau moment, ne se produit pas tout le temps. Par contre, quand la magie s’opère, le temps s’arrête et je profite de chaque instant.

Là, j’ai l’impression d’être Mary Poppins !

Par exemple, pour une des photos de la série Dancing in the City… Je ne peux malheureusement pas vous la partager encore (mais venez la voir à l’expo !), alors je vous raconte l’histoire.

Je voulais illustrer Summer of Love, la fin des années 60 dans San Francisco.

J’avais comme modèle une femme qui a connu et vécu ces années-là à San Francisco. Elle a encore les cheveux très longs. J’imaginais donc simplement lui mettre une fleur dans les cheveux et trouver un bon endroit dans Haight Hasbury pour faire ma photo.

Au croisement de ces deux rues, j’ai rencontré une bande de personnes vivant clairement dans la rue.

Ils m’ont montré l’horloge qui s’était arrêtée de fonctionner en 1967. Summer of Love, c’était juste ici. Après quelques discussions, j’ai commencé à photographier ma danseuse. Mais je sentais qu’il manquait quelque chose. Je me suis retourné vers eux et je leur ai demandé si l’un d’entre eux acceptait de danser avec elle.

Un vieil homme tatoué, barbu, l’a prise dans les bras et ils ont dansé ensemble. C’était magique, ils étaient sublimes. Et c’est une des photos de la série que je préfère.

J’avais envie que mes photos s’inscrivent dans un projet créatif.

Et je voulais casser ma routine, m’exprimer artistiquement, raconter San Francisco. Mais surtout ma vision de la ville. D’où l’idée de cette exposition, Dancing in the city.

Mon mari a soutenu mon projet de bout en bout !

Il a même endossé la direction artistique de l’affiche et de la couverture du catalogue de l’exposition qui s’ouvre aujourd’hui, Dancing in the City. Je lui réserve la surprise de voir les photos, j’aime les surprises. J’espère qu’il appréciera, mais je sais déjà qu’il est fier de moi. Il me pousse à être quelqu’un de bien. Nous formons un beau duo et j’ai beaucoup de chance.

En dansant, tout est en mouvement.

Or San Francisco est une ville où la terre entière est venue chercher de l’or. Il y a tellement de diversité et de cultures différentes ! Alors la danse, avec toutes ses facettes et ses genres, m’a permis de raconter la ville comme je la ressens et comme je la vois. J’ai d’ailleurs tenu à mélanger les danses, les danseurs professionnels et les amateurs. De même mes modèles ont de 2 à 76 ans.

Je n’aurais jamais cru possible d’être un jour photographe professionnelle.

L’expatriation m’a permis de me recentrer sur mes désirs et sur moi-même. En repartant de zéro, on rebondit sur de nouvelles idées, sur de nouveaux désirs, sans avoir les barrières qu’on s’était mises. Après tout, les Américains me l’ont tous dit, si tu n’y arrives pas, au moins tu auras essayé et tu auras appris. Alors pour l’instant je touche du bois, je ne vis qu’un rêve éveillé. Carpe Diem.

Si je rentrais aujourd’hui, je crois que je prendrais le temps de me poser, de voir et comprendre mes envies et mes possibilités.

Avant tout je m’assurerais que mes enfants s’adaptent bien. Dans un second temps je chercherais sans aucun doute à rejoindre une équipe dans laquelle je crois et qui me donne envie de travailler avec eux.  Un de mes projets personnels serait d’ouvrir un cabaret culturel.

Mais pour le moment, j’adorerais faire Dancing in the City à Paris, puis à Tokyo…

Un tour du monde de la danse, ça me plairait beaucoup.

Je crois que j’étais au bon endroit au bon moment.

Car toute cette aventure est avant tout un concours de circonstances. Parfois l’univers nous envoie des signes. Et il faut savoir les attraper.

Alors, mesdames, croyez en vous ! Laissez-vous rêver et vous serez surprises de voir toutes les ressources que vous avez en vous.

Pour celles qui veulent aller voir l’exposition :

Dancing in the city

323 Geary Street #201

San Francisco

Vernissage le vendredi 24 mai 2018 à 19h.

Maud Daujean

Photographer – Videographer

www.missmagiclantern.com

https://www.facebook.com/maudmagiclantern

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