Agnès Bourely, mes ateliers autour du monde

Agnes Bourely ateliers FemmExpat


Nous avions quitté Agnès en 2015, alors qu’elle voguait en plein inconnu entre un Venezuela en proie à l’insécurité et aux violences et… Houston, où elle a finalement passé 8 ans. De retour en Europe depuis cet été, à Genève, Agnès revient sur ces années de FemmExpatriation. Avec une constante : ses ateliers, qu’elle choisit avec soin, au début de chaque nouvelle installation.

La peinture pour « s’approprier sa singularité »

En 2015, au Venezuela, Agnès disait déjà :

Cette vie d’expat m’aide forcément à remettre en place et en question mon travail régulièrement. Après un mois dans ce nouvel atelier j’ai l’impression de retrouver une nouvelle énergie que j’adore et que j’aborde cette fois avec un peu plus de retenue que me le dicte en général mon tempérament. Les couleurs, la lumière, et le manque d’activité extérieure, le calme social, influencent mon travail.

En vraie serial expat, Agnes énumère avec détail ses différentes destinations. Tant d’années à Denver, puis le Portugal, retour à Paris, Marseille, Hanoi et Saigon, le Venezuela et enfin Houston. Et à chaque expatriation, en plus d’une vie de famille nombreuse : un atelier à elle, pour sa création, quel que soit le pays. Agnès explique :

Mes ateliers sont plus qu’un simple lieu de travail, je les vois comme des lieux de vie. J’y lis, j’y mange, parfois j’y dors. Ils sont importants car ils m’obligent à une certaine routine. Avec 5 enfants, ils sont des lieux où je peux installer un procédé de création. Mais ce n’est pas que ça. Souvent on pense que les artistes produisent sous l’effet magique de l’inspiration. Ce n’est pas vrai. J’ai besoin de concentration, de silence. L’inspiration, ça se travaille. Et il est vrai que partout où je suis allée en suivant mon conjoint, ma priorité a été l’installation d’un atelier.

Dans une interview qu’elle publie sur son site, Agnès complète l’idée que son travail en atelier lui apporte cet ancrage si difficile à atteindre quand on déménage successivement :

(…) Il est certain que dans ce contexte d’expatriation ma vie est ailleurs, ni chez moi en France ni dans les pays où j’habite. En changeant mes habitudes et perceptions dans un autre pays, dans une autre civilisation comme pour la construction d’un dessin, je garde les choses qui me sont indispensables pour marquer et éprouver ma singularité, ma solitude et quelquefois une recherche d’absolu.  

Ne garder que l’essentiel, un moi profond, que nous sommes nombreuses à retrouver lors de nos expatriations. « Un mal pour un bien » ajoute Agnès…

Des ateliers autour du monde

A Denver, quand elle démarre sa vie d’artiste, Agnès transforme totalement son studio qui se trouve dans l’enceinte du Art Student League. Au Portugal, son atelier est chez elle, au milieu d’un champ d’anémones… A Paris, le choix d’un atelier partagé… pour optimiser les coûts ! Au Vénézuela en revanche, 200 mètres carrés avec une vue imprenable sur la mer des Caraïbes… mais pas de matériel de peinture sur place.

agnes bourely venezuela

« Au Vénézuela, ma priorité était de m’installer dans un atelier indépendant de la maison et de me procurer du matériel. En effet, il n’y a rien ici, même pas des tubes de gouache pour les enfants. La douane Vénézuélienne, quant à elle, n’autorise pas l’entrée de peinture liquide dans le pays. Comme rien n’est permis ici, mais que tout est possible, je me procurais donc mon matériel à Miami, avec l’aide d’un voisin vénézuélien qui le faisait venir jusqu’ici.« 

Et puis à Houston, le choix d’un d’un lieu professionnel de création sur un campus au milieu de 350 artistes. « Pour être immergée dans un lieu artistique qui « m’oblige » à ancrer mon statut d’artiste » explique-t-elle. « Mon procédé, quand je change de pays, c’est d’installer une routine et de me rendre à mon atelier tous les jours. Avec le Covid, il a fallu trouver un moyen pour canaliser ma rage de ne pas pouvoir sortir du pays… et ne pas voir les miens. J’ai installé une routine sportive que je garde à Genève, 25 km de vélo suivi de 30 minutes de yoga Ensuite je travaille. »

Houston est aussi l’expatriation qui lui permet de passer une étape et de se faire connaître dans le milieu artistique international, puisqu’elle intègre la célèbre Barbara Davis Gallery de Houston, qui la représente encore aujourd’hui. L’aboutissement d’un travail de longue haleine, et surtout de réseau qu’il faut réactiver à chaque nouvelle installation, et qu’elle relance à Genève avec un atelier au milieu d’un écosystème d’entrepreneurs, d’artisans et d’artistes : Hiflow.

Des tableaux qui racontent une construction à travers l’expatriation, plus que les voyages

Ne cherchez pas dans les tableaux d’Agnès des influences américaines, vénézuéliennes ou vietnamiennes. Agnès reprend volontiers cette citation du philosophe Camille Riquier : « l’essentiel dans le voyage, c’est le voyage… Le moment où on s’altère soi-même, on devient un autre. » L’artiste dit d’ailleurs souvent qu’elle n’aime pas voyager, dans le sens de « visiter frénétiquement une ville ou un pays ». Ce qui l’intéresse dans le voyage c’est « l’enrichissement de notre connaissance intérieure puisque nous varions les points de vue. (…) La nouveauté sans être analysée remplit mon cabas d’expériences de vie, comme une boule de neige qui grossit en roulant. »

Retrouvez le travail et les actualités d’Agnès Bourely sur son site : agnesbourely.com

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