Expatriée à Berlin

l'expatriation à berlin Faire le mur à Berlin, la ville où ça pulse, innove, vit, construit crée, un îlot en Allemagne, à la réflexion pas très germanique.

« Le jour où je suis arrivée à Berlin pour y rester, j’ai fait le trajet depuis l’aéroport en bus. Il faisait épouvantablement chaud, le bus était bondé et le trajet très long.
Ma première impression a été mauvaise : ce que je voyais par les fenêtres était un paysage assez monotone, des immeubles peu ou mal entretenus, des arbres pas taillés- un paysage qui n’avait rien de ce qu’une grande ville européenne, normalement, montre à un nouvel arrivant. Je me souviens m’être demandée comment il se faisait qu’on ne soit toujours pas au centre-ville, alors qu’on y était déjà…

Avec le temps, j’ai appris à laisser de côté mes attentes pour cette capitale qui grandit d’une façon non maîtrisée. Berlin est une ville très étalée, marquée par les bombardements intensifs et la guerre froide, avec un parc immobilier éclectique, qui tente de se reconstruire au gré de ses habitants et des différentes directives fédérales. On passe d’un quartier à un autre, d’un immeuble à un autre dans une même rue, comme on quitte un monde pour en découvrir un autre, à l’opposé du précédent. L’impression qui se dégage de tout cela est un grand sentiment de vie : tout change, tout se régénère très vite à Berlin. On est très loin de devoir regarder la décrépitude et l’abandon de certains monuments ou lieux avec comme unique sentiment la désolation : s’ils existent ici aussi, ils sont masqués par la mutation permanente des espaces qui les entourent et sont porteurs d’une promesse de renouveau. Le fait de voir un bâtiment vieillir de lui-même est l’occasion de faire naître de nouvelles idées communes pour se réapproprier l’espace. L’aéroport de Tempelhof est par exemple devenu un gigantesque parc où se retrouvent les coureurs et les cyclistes pour s’entraîner.

Le plus grand marché aux puces de Berlin, le Mauerpark, est situé sur un ancien terrain vague du no mans’ land- quoique son avenir soit lui aussi en train d’être discuté actuellement. Un jour, sans doute, l’aéroport de Tegel fera l’objet d’un même débat citoyen pour déterminer son avenir.  On pourrait sans doute analyser Berlin à la mesure de ses projets urbains. Je crois que c’est ce que j’aime le plus dans cette ville : cette façon qu’elle a de se régénérer en permanence, parfois à partir de rien, pour aller au-devant de son avenir. On pourrait passer des heures à regarder la carte de Berlin et à errer dans la ville en ouvrant grands les yeux pour tenter de comprendre dans quel sens le vent souffle ces derniers temps. C’est quelque chose qui n’a rien à voir avec la rigidité administrative que l’on sent instinctivement ailleurs en Europe.

A contrario, pour un(e) expatrié(e), la déception est… de ne pas vraiment être au cœur de l’Allemagne.
D’abord sur un plan géographique : Berlin est excentrée, les villes les plus intéressantes d’Allemagne se trouvant pour la plupart à plus de deux heures de route (vitesse autorisée sur les autoroutes locales comprise) et donc souvent exclues pour une virée d’un week-end. On peut se consoler en allant en Pologne, mais ça laisse toujours l’impression de passer à côté de l’Allemagne profonde. Et pour cause : le deuxième aspect du problème est que Berlin, aux yeux de beaucoup d’Allemands, souvent aussi des Berlinois eux-mêmes, n’est pas l’Allemagne. C’est une ville-îlot, sur laquelle la rigueur allemande supposée n’a que très peu de prise : le contrôle social y est deux fois moins présent qu’ailleurs (quoique ça puisse être une bénédiction à certains aspects), les horaires sont plus flottants, les gens beaucoup moins formels et plus directs. De même, si vous avez été dans des villes allemandes bourgeoises et coquettes par le passé, oubliez : Berlin n’a rien de propret, hormis quelques noyaux durs, comme le centre touristique autour de la porte de Brandenbourg et quelques quartiers réinvestis par des Allemands venus d’ailleurs.
C’est une ville où la végétation ne peut pas être entretenue partout, faute de budget, où le sel en hiver peut venir à manquer, où les façades d’immeubles en centre-ville peuvent rester des mois taguées. On y parle turc, on y parle italien, français, anglais et allemand. A tel point que cela en étouffe une possible culture régionale : il n’y a presque rien de typiquement berlinois, si ce n’est un dialecte d’ailleurs peu apprécié.

Sur le plan pratique, en tant qu’étranger arrivant sur place, on peine d’abord à comprendre ce qui est vraiment obligatoire de ce qui fait partie de ce qui est sur le papier.
La bureaucratie en Allemagne a une place très importante (d’ailleurs probablement plus qu’en France) et on ne rit pas avec les délais.
Il faut donc avoir bien compris les bases :
-s’enregistrer (sich anmelden) à la mairie dès son arrivée.
-déclarer votre religion ou votre non religion pour payer vos impôts à la source en conséquence (l’erreur étant difficile à réparer).
-enregistrer sa voiture.
-si vous avez un chien, mieux vaut le déclarer également, dans la mesure où il fait l’objet d’un impôt. Faire sa déclaration d’impôt (horriblement compliqué sans l’aide d’un Steuerberater) est fait pour, dans la plupart des cas, récupérer de l’argent et non pas en payer. S’inscrire auprès du GEZ est obligatoire, pour la redevance radio. Et comprendre le système des Mahnung est vital : si vous ne payez pas en temps et en heure, votre facture sera plus salée, selon un code bien défini. Inutile d’espérer échapper à cette loi, en revanche vous êtes en droit d’en établir vous-même si vous êtes dans la situation inverse…

Pour choisir son logement, il vaut mieux définir ce qu’on recherche bien en amont : un appartement en plein centre-ville, un quartier tranquille pour pouvoir donner un cadre de vie agréable à sa famille, la proximité de crèches ou écoles francophones, la disponibilité des transports…
Berlin est une ville 8 fois plus étendue que Paris, il faut donc bien choisir ce qu’on veut, même si les prix sont encore plus abordables que dans la plupart des grandes villes françaises. Les quartiers les plus en vogue actuellement pour les familles cherchant à s’installer dans des appartements rénovés tout en profitant du centre sont Prenzlau ou Mitte. Pour être plus traditionnel mais un peu excentré, Charlottenburg. Kreuzberg et Friedrichshain se disputent l’animation, tandis que Lichtenberg monte du côté des familles pour son rapport entre la qualité de vie et son prix très abordable.

Côté courses et alimentation, l’offre de supermarchés est suffisamment large pour faire votre bonheur.  Kaisers est la marque la plus haut de gamme, sans doute à réserver pour les achats les plus qualitatifs (viande et poisson frais par exemple). Pour le quotidien, les petits magasins de quartiers, comme Edeka, suffiront largement. Les produits français sont dispersés un peu partout, il est également possible d’avoir recours aux Galeries Lafayette. Ne ratez pas les marchés le week-end ou bien encore le marché turc de Kreuzberg, vous constaterez vite que l’offre de petits commerçants en alimentation est très limitée en dehors de ces occasions. Et offrez-vous le temps de découvrir un aliment ou un ingrédient local chaque semaine, il y a tant de choses à découvrir.

L’alimentation locale privilégie les apports vitaminés en mettant de côté la viande, d’ailleurs souvent réduite au porc et à la volaille- comme les Allemands, octroyez-vous de temps en temps un restaurant de viande !  Il faut également prévoir avec un choix assez impressionnant en variété de pains, celle-ci excluant la plupart des pains auxquels le consommateur français est habitué. Les brötchen disponibles chez les boulangers artisanaux sont délicieux, mais il faut s’y faire.
Vous voulez manger typiquement allemand ? Faites-vous inviter à un grill en été ou bien allez déguster une spécialité hivernale au marché de Noël.

Pour tous ceux qui maîtrisent l’allemand, il existe des activités à bas prix proposées par les mairies de quartiers sous le nom de Volkshochschule. Idéal pour faire de nouvelles connaissances tout en cuisinant, en améliorant son niveau Excel ou en apprenant à dessiner. Il existe aussi de nombreux réseaux pour les francophones, notamment avec une école de théâtre, une large communauté des Français de l’étranger, de petits groupes professionnels…

Pourquoi j’ai créé mon blog https://deparisaberlin.fr :
« Le blog avait à l’origine vocation à faire découvrir Berlin. Je voulais y donner un regard personnel sur les bonnes adresses, ce qui s’y passe, comment on y vit. C’était aussi un moyen de découvrir le monde virtuel et son fonctionnement.  Avec le temps, notamment en constatant l’existence de centaines de blogs similaires, le projet s’est affiné. Il s’agit maintenant d’un endroit où je m’interroge sur ce qu’est l’expatriation, sur la vie en Allemagne, petites et grandes choses. J’utilise cet espace pour poser des questions que l’on ne pose pas ailleurs, donner des sur une culture apparemment proche de la nôtre, et pourtant très différente. J’aime écrire, j’aime être lue, j’aime le fait de pouvoir développer des avis personnels sur ce site. Ces opinions naissent progressivement grâce à lui: on se demande ce sur quoi on va pouvoir écrire, on cherche à avoir
un propos intéressants ou drôles, et ça peut avoir des effets bénéfiques sur le quotidien.
Je sais beaucoup plus de choses sur Berlin grâce à ce blog que je n’en saurais sans lui, je tends en permanence l’oreille sur des sujets d’actualité qui sinon me seraient complètement étrangers.
Je pense en fait qu’un blog peut permettre d’évoluer et d’apprendre, pour peu que l’on pose les bonnes limites et qu’on s’en donne les moyens.
Il s’agit également de ma façon de montrer à quel point j’aime ce pays comme celui d’où je viens. Je crois que notre monde vit de plus dans l’ignorance de ses voisins, volontaire ou non, et que les initiatives individuelles sont la meilleure preuve que l’avenir n’est pas dans cette ignorance. Il y a par ailleurs énormément de naïveté dans certains désirs de partir, et souvent l’impression que le départ est la solution miracle à tous les problèmes. Je dis le contrair et j’essaye de faire en sorte que cette idée fasse un peu son chemin: informer, permettre ne serait-ce qu’une minute de réflexion supplémentaire, c’est aussi aider. Le fait d’avoir ce blog et de pouvoir dire ce qu’est la vie ici, en bien
et en mal, est pour moi quelque chose auquel je tiens. »

Pauline
Visitez le blog de Pauline à Berlin: https://deparisaberlin.fr.

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