Paroles d’enfants : le retour à l’école en France

Pour les enfants, lors d’un retour en France, le plus grand changement auquel ils sont confrontés, c’est l’école.

Changement de cadre, d’amis, de pédagogie, de rythme, d’ambiance. Certains vont y faire face et vont se fondre dans le moule rapidement. D’autres vont peiner à retrouver un équilibre.

Après quelques années d’expatriation, le retour à l’école en France de nos chères têtes blondes n’est pas toujours évident.

Nous avons recueilli auprès de plusieurs d’entre vous vos impressions et anecdotes sur ce retour à l’école. Merci à Aline, Marie-Christine, Agathe, Mildred, Isabelle, Marine, Caroline et Jess qui ont répondu à notre appel et nous ont livré leurs expériences, impressions et anecdotes sur le retour à l’école de leurs enfants. Merci aussi à leurs enfants, ados ou plus jeunes, qui sont les acteurs de ce retour.

Voici donc les différents points qu’il convient de considérer pour mieux comprendre ce que vivent les enfants à l’école.

Tout le monde parle français et c’est tant mieux

Tout le monde parle français : première note positive et c’est un soulagement pour certains d’entre eux

« Un enseignement TOUT en français était confortable pour nos enfants. Les temps de récréation : là encore tout le monde parlant français il n’y avait plus ces échanges en arabe dont ils se sentaient forcément exclus. » Marie-Christine, de retour de Beyrouth.

« C’est cool ce pays où l’on vit maintenant, ici tout le monde parle français ». Tristan, de retour de Tokyo.

Se faire ou se refaire des amis, pas évident mais possible !

C’est une des composantes majeures du succès de l’intégration dans la vie française de l’enfant au retour. Et ce, à tous les âges, mais c’est primordial pour les adolescents.

Pour ceux qui reviennent dans une école qu’ils avaient déjà fréquentée, ils y retrouvent leurs amis.

« Quand nous sommes partis en famille pour la première fois, l’aîné avait 9 ans, il était en CM1 (nous sommes partis à Noël) et il avait fait sa maternelle/primaire dans le même petit groupe scolaire depuis 6 ans. Il est rentré en 4ème, au collège du quartier où allaient la plupart des enfants qu’il avait connus et ça a été comme s’il revenait de grandes vacances ! Il a tout de suite retrouvé ses copains et il a repris sa petite vie comme si de rien n’était.«  Aline, de Teda, Chine.

Pour ceux qui arrivent dans une nouvelle école, souvent les groupes se sont déjà constitués depuis un moment. D’où la difficulté de s’intégrer dans une population d’enfants sédentaire : « Super les copains-copines dans ma classe, un garçon me demande d’où je viens, je lui réponds de Tokyo. Il me répond : Ouah c’est super, alors tu dois parler chinois ! Grand moment de solitude… » Romane, de retour de Tokyo.

« L’aîné de 5 ans avait débuté avec succès l’école maternelle (unique année au Québec) en septembre. Il s’est finalement très bien intégré à sa nouvelle classe et a même été invité à des anniversaires alors même qu’il n’a été présent qu’un trimestre. Il n’a pas oublié son amoureuse du Québec… » Isabelle, de retour de Montréal, Québec.

Pour ceux qui intègrent une école internationale au retour, le choc culturel est souvent moindre et leur adaptation en est facilitée. Côtoyer des enfants qui comme eux, ont vécu à l’étranger, les rassure et les rapproche.

 » Les journées à l’école se passent en anglais, même pour moi, quel plaisir et soulagement de continuer dans la langue de Shakespeare. A la maison, c’est en français et tout ce petit monde passe de l’un à l’autre le plus facilement du monde. L’ambiance est très « expat » et me rappelle beaucoup plus la preschool américaine que la maternelle française : beaucoup de jeux, la bonne humeur tous les jours et beaucoup d’implication des parents grâce au PTA (Association des Parents). L’Halloween Party est de rigueur chaque année. On ne perdra donc pas leur « héritage » ! » Marine, de retour de Philadelphie.

Pour les adolescents : autonomie sur le chemin de l’école

Beaucoup d’adolescents apprécient ce gain en autonomie : trajet à pied ou en transport en commun, qui leur donne une impression de liberté. Alors qu’en expatriation, ils étaient souvent conduits par les parents ou les transports scolaires organisés.

« Damien peut aller à pied au lycée et il est plutôt content. Cela lui permet aussi de créer des liens avec d’autres sur le chemin du retour, quelquefois il est d’ailleurs de retour un peu tardivement, mais il apprécie cette nouvelle liberté ». Agathe, de retour de Dallas (TX).

« Nous sommes repartis à la Toussaint et ce fut difficile pour l’aîné qui venait d’entrer en 2nde et qui a dû abandonner à nouveau ses copains et son autonomie pour retomber dans la routine de l’expatriation : les conduites au lycée par papa ou maman, l’absence totale d’autonomie faute de parler la langue » Aline, repartie à Teda en Chine.

Le rythme scolaire : à apprendre ou réapprendre

« Maintenant que je suis rentrée en France, c’est assez dur car dès mon retour, en 4ème je sortais 2 fois par semaine à 6h, et j’ai trouvé cela HORRIBLE. En France, Les profs veulent qu’on travaille minimum 1h30 par soir, et c’est dur » . Gabrielle, de retour de Washington DC.

« On démarre plus tard en France (là-bas le car passait à 7h30 devant la maison) et on rentre aussi plus tard (le car les redéposait à 15h00 !). Par contre, à Beyrouth, les enfants avaient cours le mercredi (journée normale) et pas le samedi. Ils ont eu du mal à voir les week-ends amputés du samedi matin (jusqu’à ce que le rythme soit modifié) et le mercredi était pour eux trop calme. En effet, comme nous étions arrivés en cours d’année, nous n’avions pas réussi à intégrer une activité extrascolaire, tout était complet. Dur dur aussi de rester avec le même enseignant toute la journée et dans la même salle de classe ! Là-bas, dès la moyenne section de maternelle, on change de salle pour certaines matières et d’enseignants (dans une journée au moins trois intervenants différents). » Marie-Christine, de retour de Beyrouth.

Us et coutumes des écoles en France

Dans les écoles françaises, il y a des règles bien spécifiques à respecter, quand bien même elles ne le sont pas toujours, et ces règles-là sont loin d’être universelles.

Le corps professoral : un choc culturel

La France et son système éducatif a cette particularité d’être plutôt rigide, voire sévère. La façon de parler aux enfants, de les brusquer et parfois de les décourager. Les codes ne sont plus les mêmes, et les enfants ne comprennent pas bien les attitudes brusques de certains enseignants.

Cela peut créer des malaises, des réactions presque violentes de la part des enfants :

« A l’étranger, les enfants sont habitués à avoir des contacts assez simples avec leur professeur. On appelle son maître par son nom et on le tutoie. Tristan arrive dans sa nouvelle classe à la rentrée. Le premier jour, on vient à l’école avec nos enfants pour apporter leur cartable qui pèse onze kilos. La maîtresse se présente aux enfants. Bonjour, je m’appelle Mme R… S’adressant aux enfants : « Je vous demanderai de m’appeler Mme R… et de me vouvoyer ». Tristan ouvre des yeux ronds comme une bille, et se demande ce que cela peut bien vouloir dire ? ». Romane, de retour de Tokyo.

« Plusieurs fois j’ai été convoquée par la maîtresse pour des problèmes de discipline, de comportement en classe, etc. Après trois ans de maternelle au Gabon, notre fils venait de faire sa grande section en Bulgarie, à l’école française, et l’ambiance était totalement différente. Cette école en périphérie de Sofia était sympa mais les petits avaient la fâcheuse habitude de se taper dessus pour obtenir ce qu’ils voulaient (la balançoire, etc.) et lui il reproduisait ça en France… »

« Le fait d’être tombé sur une enseignante qui se vantait d’avoir écrit son programme de CP au début de sa carrière, 30 ans auparavant, et de ne jamais l’avoir modifié d’une virgule depuis, n’a pas dû aider … » Aline, Teda, Chine.

« Le maître qui déchire la feuille en disant « tu écris comme un cochon », qui dit qu’il est un ogre et qu’il mange les enfants (Erwan n’arrivait plus a dormir… (« C’est vrai maman ? »). La maîtresse qui me dit que le cartable que mon fils est vraiment nul. » Mildred, retour de Nashville, USA.

Pas facile pour un enfant qui a appris à écrire en script, au crayon à papier et sur des feuilles volantes à lignes (en école américaine) de se mettre à écrire en cursives, au stylo plume, sur des cahiers à carreaux, et de bien souligner en couleurs les paragraphes… un apprentissage difficile pour ceux qui rentrent et les enseignants ne leur font souvent pas de cadeau…

« Rentrée en France pour Louis après 4 années en Amérique Latine : à la fin de chaque phrase, il rajoute : « Tu comprends ? (traduction de ‘ comprendes ?’, marque de politesse pour savoir si on s’est bien exprimé). Le prof a piqué une colère mémorable pour lui signifier que s’il était prof forcément il comprenait et a interdit à Louis de lui adresser la parole de l’année. D’où incompréhension de Louis et l’année vécue comme un vrai trauma. » Louis, de retour du Panama et et du Chili.

Le niveau scolaire : competition is back !

Souvent, on ressent une différence dans le niveau scolaire, entre une scolarité française à l’étranger et en France. Elle se manifeste par exemple quand l’enfant était tête de classe là-bas et se retrouve à la traîne ici… dur dur…

« Les matières… En français au Liban ils étaient les meilleurs avec 19 de moyenne, il a fallu gérer le retour à des notes plus « moyennes » ! En Anglais, par contre (là-bas dès la maternelle c’est une matière à part entière), ils avaient une longueur d’avance, et trois ans après cette avance est toujours mesurable ! Sport : la déception en France est immense… L’école du Liban était dans un environnement de rêve avec un parc, un mur d’escalade, des agrès etc. et les profs de sports étaient très créatifs. » Marie-Christine, de retour de Beyrouth.

« En France, les sorties scolaires consistent à visiter des musées, des monuments historiques, aller au théâtre, etc. En Norvège, c’est visite d’usine de traitement de déchets, des laboratoires médicaux, des centres de recherches aéronautique… Si en France c’est prise de notes en silence, à l’inverse, en Norvège, tout se base sur l’échange et on peut poser toutes nos questions aux professionnels. Qu’est ce qui est le plus concret, je pose la question ?«  Jess, depuis la Norvège.

« L’atterrissage en 1ère dans un établissement parisien a été rude : en tête de classe dans son lycée à l’étranger, Bertrand était dans les derniers en physique et le premier trimestre a consisté à rattraper les lacunes. Nous l’avons aidé avec des cours particuliers, et heureusement son prof a été vraiment compréhensif. », Bertrand, de retour de Bangkok.

Benoît, de retour de Vancouver :« Pour ma 1ère, j’ai souhaité rentrer en France : gros choc. Contrairement au système anglo-saxon où on pointe ce qui est positif en proposant des alternatives pour ce qui va moins bien, en France aucun encouragement, mais soulignées, voir surlignées, toutes les carences. C’était tellement décourageant que je suis reparti pour l’équivalent de la terminale en bac international. Quant au contenu des programmes, il y a beaucoup à dire ! »

C’est donc un immense challenge pour nos enfants ce retour à l’école en France, qui est vécu plus ou moins facilement selon leur âge et leur personnalité. Mais chacun, à son degré, doit faire le deuil d’une vie appréciée en expatriation pour réussir son intégration dans notre système scolaire.

Il est donc important de rester à l’écoute de l’enfant pour l’accompagner, quitte à solliciter de l’aide extérieure quand c’est nécessaire.

Pour aller plus loin…

Réécoutez ici l’émission de RFI « 7 milliards de voisins » d’août 2019 sur les enfants et l’expatriation avec Alix Carnot.

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