Mon premier mois à Londres

londres-winter30 Décembre – 30 Janvier : voilà, c’est fait, notre premier mois à Londres est accompli,  jour pour jour.

Ce n’est pourtant pas sans émotions complexes que la famille (père, mère et fille de 17 ans) s’est arrachée à ses racines bien françaises.  Mais le travail du mari est en Angleterre, il en a assez de l’Eurostar deux fois par semaine, le fils aîné est parti en août dernier poursuivre ses études aux Etats-Unis…
En Octobre, le regroupement familial a été décidé.  Nous voici donc lancés sur la route de Calais en cette grise journée d’hiver, les adultes songeurs, l’adolescente morose et les deux chats miaulant en chœur dans leur panier.

En plus, Londres n’est pas une destination très exotique, il n’y a pas vraiment de surprise à la revoir.  Cependant, contempler l’énorme fourmillement humain qui arpente cette juxtaposition disparate de rues et de styles d’architecture divers rend toujours perplexe.  Nous slalomons entre les murs de brique rouge, les colonnes blanches et les squares à grande pelouse.

Enfin, nous voici devant l’immeuble.  Le gros du déménagement est parti deux jours plus tôt de Paris, et pas encore arrivé quand nous découvrons enfin un appartement que je n’ai jamais vu.  A peine le temps de poser nos valises et nous voici repartis en direction d’Oxford car des amis nous font signe pour le réveillon du 31. Vingt quatre heures de retrouvailles chaleureuses.

L’humeur s’améliore.  Et replonge le 4 Janvier quand nous découvrons au matin que notre voiture a disparu.  Notre fils, avec nous pour la période des fêtes, estime que c’est probablement le Dieu des déménagements qui a voulu prélever un sacrifice.  Curieusement, la police du quartier a une version différente quand elle vient constater l’effraction et nous assure que notre voiture est probablement en train de visiter l’Europe centrale.  Nous assure aussi que les chances de la revoir jamais sont infimes, heureusement qu’elle était vide.  Car oui, un des grands problèmes de Londres est le vol.  Au moins, les policiers se sont montrés diligents et efficaces.  Ils nous envoient même une collègue le lendemain évaluer si notre traumatisme est profond.   Notre fils repart, les fêtes sont terminées, la vraie vie recommence.

Ce n’est pas facile de trouver nos marques dans cet espace, domestique ou urbain, inconnu et chacun, chacune essaie de recréer sa niche personnelle.  Mais où sont nos petites affaires ?  Le grincement familier des portes ?  Les amies qui passaient impromptu ?  Il y aura toujours un jour de désastre.  Un jour où après s’être trompée quatre fois dans un métro incompréhensible, on se retrouve dehors échevelée, les sacs en bataille sous une pluie battante.  Sous un parapluie qui se retourne dans les bourrasques, et où on a vraiment l’impression d’être une copie en (très) négatif de Mary Poppins.  En tout cas, si Napoléon disait que les Anglais sont une nation de boutiquiers, il est certain qu’ils ne sont pas horlogers.  Le nombre de fois où les livraisons de quelques meubles sont annoncées pour 9 heures, et arrivent à midi moins le quart est impressionnant.  Avec des livreurs au demeurant toujours charmants et le sourire aux lèvres.  Au moins, ils ne marinent pas dans une culpabilité contre-productive.  Certains arrivent même vers 9h du soir et repartent vite pour une autre livraison.

Oui, ici, le service est incroyablement développé, c’est un des aspects de la vie quotidienne qui se révèle fort agréable à Londres.  Payer un parking directement de son téléphone, avoir son linge pris et livré à la maison directement si besoin est, commander un taxi depuis  son portable, tout cela est disponible.

Ce n’est pas ça malheureusement qui rend l’insertion de notre fille plus facile dans sa nouvelle école : les profs sont distants, les élèves, froids et peu accueillants, mais qu’est-ce qu’on fait là, maman ?, sont les phrases qui ponctuent le retour du soir.  Qu’y faire ?  Pas grand’chose.  De la patience, de l’écoute, un peu d’humour.  Et cultiver l’espérance que les choses vont finir par s’arranger.  De fait, c’est une vérité qu’il faut savoir s’appliquer à soi-même aussi.

Oui, la vie de la femme expatriée va finir par s’arranger, on va finir par retrouver un travail ou des activités qui nous plaisent.  Et même son chemin dans le métro. Mais dans ce mois de transition, voire de sidération,  il semble qu’il faille osciller gracieusement sur une ligne invisible entre se donner quelques coups de bâton pour avancer et savoir lâcher du lest.  Refaire son CV, puis prendre un bon livre pour tout oublier.  Un jour où ma fille devait aller à l’école et moi, commander les courses, chercher un fer à repasser avant de faire les comptes du mois, nous avons fini par jouer aux cartes pendant trois heures pendant qu’un geek blondinet allongé sur la moquette branchait la télévision et que des tourbillons de neige volaient devant les fenêtres.  Bonne humeur garantie le lendemain, et tant pis si les devoirs n’étaient pas faits.

Comme le dit ma fille, n’est-ce pas en lisant qu’on devient liseron ?  Aïe, il va falloir surveiller les déclinaisons de français.  Tout en appréciant la comparaison : le liseron, lui aussi, sait faire pousser plein de racines, même et surtout en milieu étranger.

Ariane, à Londres

 

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