Mes Pas sur l’Ile Verte : Cork, Irlande

Isabelle n’a pas les deux pieds dans le même sabot. Ca tombe bien parce que s’installer, même par amour, à Cork en Irlande n’a rien d’une ballade, Irlandaise, of course !

L’Irlande, un pays qui fait rêver beaucoup d’entre nous. Ses vertes prairies, ses moutons, sa musique… La réalité n’est pas aussi idyllique que les cartes postales. Je ne suis pas arrivée en Irlande par choix. L’homme que j’ai rencontré et épousé était irlandais et m’a amenée dans son pays. Depuis l’âge de 18 ans, je fais mes valises et voyage. Tout a commencé avec le concours de la Journée Européenne des Écoles quand j’étais en terminale. Je suis alors partie en Allemagne pour un petit séjour avec les autres Européens qui avaient gagné dans leur pays. Mes études de langues et mon travail comme enseignante et traductrice-interprète diplômée m’ont permis de voyager et de séjourner à l’étranger pour des périodes plus ou moins longues. L’expatriation n’était pas pour moi un problème.

Mon arrivée en Irlande, à Cork (la deuxième ville du pays), fut un réel choc, un choc à tous les points de vue, un long périple plein de surprises, voire d’obstacles.  L’intégration en Irlande s’est malheureusement faite avec beaucoup de difficultés. Même si les choses ont évolué depuis mon arrivée, il y a 16 ans, certaines des difficultés que j’ai rencontrées semblent encore exister.

Première surprise : je n’avais aucun problème de langue.
J’ai une longue expérience dans l’enseignement tant en France qu’à l’étranger et pourtant obtenir un poste en Irlande fut un réel parcours du combattant que je n’ai toujours pas gagné. Sachant que je ne suis pas la seule dans cette situation, c’est rassurant, mais tellement dommage qu’il y ait un manque d’ouverture, une sorte de refus d’embaucher des étrangers. Ne pouvant trouver de poste dans l’enseignement, je me suis consacrée à mon autre passion : la traduction en free-lance depuis la maison (https://lecritoire.jimdo.com/).
C’est ici une activité parfaite quand on a des enfants et qu’il faut gérer travail et maisonnée. Et puis, j’ai également décidé de continuer à étudier ! Je peux tout cela depuis la maison, grâce aux technologies modernes ! Tout va pour le mieux côté travail, car je peux allier facilement traductions, écriture, études et vie familiale.

Deuxième surprise : le quotidien est très très différent de la France. La naissance des enfants change une vie. Ici, rien n’est fait pour les mères qui souhaitent travailler. Il n’y a pas de crèches, pas d’école maternelle. L’école commence à l’âge de 4 ans ; cependant, dès trois ans, on peut envoyer son enfant dans une « playschool » qui coûte une petite fortune et pour laquelle il y a des listes d’attente.
Dans le primaire, les enfants vont à l’école de 9 heures à 14h30. Dans le secondaire, les cours ont lieu de 9 heures à 16 heures. Ils y vont tous les jours, du lundi au vendredi. Ils doivent emmener un casse-croûte à l’école. Et là tout se complique : que mettre dans ce casse-croûte pour qu’ils puissent manger équilibré et sainement ? Ils n’ont d’ailleurs qu’une vingtaine de minutes pour avaler ce qu’ils emportent. Imaginez un peu la tête des enfants irlandais et leurs commentaires quand les miens arrivent à l’école avec des aliments qui sont un peu plus « parfumés » (comme pâté, du salami) ou autres aliments inhabituels pour les Irlandais.
Après l’école, il y a toutes les activités extrascolaires et qui durent jusqu’à 21 heures parfois.
Les Irlandais ont leurs sports traditionnels : le hurling, le football gaélique, mais jouent aussi au football et au rugby. L’équitation est aussi assez répandue. D’autres sports sont aussi proposés, mais sont moins populaires comme le tai-kwan-do, le tennis, le badminton. Quand à la natation, il faut malheureusement souvent passer par des piscines privées dans les hôtels et prendre un abonnement à l’année qui dépasse en général les 1200 €. Rien n’est gratuit ! Les cours de musique sont souvent des cours particuliers. Le pire dans tout cela, ce sont les listes d’attentes pour les activités avant de pouvoir s’inscrire. Ah, cette sacrée liste d’attente ! Patience, Patience !

Troisième surprise : les repas et l’alimentation.
Comme les enfants emmènent un casse-croûte, que les activités sont parfois à des horaires -disons- inattendus, il faut placer le repas du soir entre ces dernières.
Les Irlandais mangent en général assez tôt, vers 17 heures. Difficile pour moi d’avaler un beefsteak à cette heure de la journée, j’ai plutôt envie d’un thé avec une gourmandise. Beaucoup trop tôt pour moi, j’ai réussi à « négocier » avec mon mari pour dîner entre 18 heures et 18h30 – tard pour lui, tôt pour moi.
Avec tout cela, j’ai rapidement découvert que l’Irlandais mange pour survivre et non pour le plaisir de manger.
Imaginez ma surprise lors de mon premier dîner dans ma belle-famille quand ma belle-sœur a rempli une assiette à la fois et l’a présentée à l’un ou à l’autre ; qui a commencé à manger sans un mot et a quitté la table dès que l’assiette était vide sans dire un mot. Je me suis retrouvée toute seule à table ! Non, le repas n’est pas ici un moment social, un moment de partage comme cela peut l’être pour nous en France.

Quatrième surprise : les tubercules.
Les Irlandais aiment les tubercules cuitent à l’eau ; carotte, panais, rutabaga et bien sur la pomme de terre. Cette dernière est un aliment indispensable. Une de mes grandes surprises autour de la pomme de terre est qu’elle est partout et qu’elle doit être farineuse. Dans les restaurants, on vous servira absolument tout avec une pomme de terre, je dis bien tout, cela inclut les lasagnes avec frites, les plats chinois avec riz et pommes de terre.
L’association des saveurs m’a toujours surprise également. Dans les célèbres « carveries », le chef prépare plusieurs viandes ainsi que plusieurs légumes toujours cuits à l’eau, ces derniers seront servis avec toutes les viandes et poissons préparés. Vous pouvez ainsi vous retrouver avec du saumon et du chou-fleur cuit à l’eau.
On trouve de tout dans les supermarchés ; il y a aussi de petites boutiques spécialisées, mais il faut savoir où les trouver. Dans les étrangetés des magasins, je n’ai découvert la poissonnerie de ma ville qu’après quelques années en discutant avec une maman à la sortie de l’école : elle se trouve au milieu de la zone industrielle et non en centre ville. Certes, les Irlandais mangent très peu de poisson, mais c’est un endroit étrange.
La vie en Irlande est très chère. Les maisons, les voitures, les sorties au restaurant sont à des prix exorbitants.

Cinquième surprise : la vie sociale et culturelle à Cork.
L’Irlandais est assez stressé, il ne prend pas beaucoup le temps de vivre et d’apprécier la vie. Il faut toujours aller vite. Nos semaines se déroulent donc avec un rythme assez soutenu. Comme tout est ouvert le dimanche, nous n’avons pas l’impression que le repos existe.
Difficile aussi de se faire des ami(e)s irlandais(e)s, la plupart des personnes que je côtoie sont étrangères.
L’Irlandais vit en clan et il est extrêmement difficile d’entrer dans ces derniers. Il a peur de l’étranger. Quelque peu xénophobe et raciste, très agréable et aimable avec le touriste, l’Irlandais ne sera malheureusement pas toujours très plaisant avec l’étranger qui viendra s’installer chez lui.
C’est le sentiment de l’îlien qui est bien ancré dans la mentalité irlandaise.
Les Irlandais ne s’invitent pas. Ils ne font pas non plus beaucoup la fête. Quel dommage !
En France, toutes les occasions sont bonnes pour se rencontrer et faire la fête. Ici ce n’est pas le cas.
Les Irlandais se rencontrent dans les pubs, mais si vous ne buvez pas, comment faire pour les rencontrer. Peu de concerts, peu de théâtres, de comédies musicales, en tout cas à Cork – la ville la plus cosmopolite et la plus culturelle en Irlande est Dublin. Les Français sont très bien organisés et proposent des clubs et activités pour les enfants et les adultes. Cela aide en arrivant pour savoir où aller et que faire.

Ma bataille : Je voulais que mes enfants parlent français couramment.
Ce fut une bataille – je l’ai gagnée celle-là ! Il m’a d’ailleurs souvent été reproché de leur parler dans ma langue maternelle. Même le corps enseignant me le déconseillait. Têtue que je suis, et avec le soutien de mon mari, je n’ai pas baissé les bras et j’ai le bonheur d’avoir des enfants parfaitement trilingues.
Avec tout ce que j’ai vécu, j’ai décidé de créer une association pour aider les familles bilingues et biculturelles à mieux vivre en Irlande, les aider à s’intégrer et à aider leurs enfants à parler toutes les langues de la famille : Multilingual Café. Je peux les aider à surmonter les difficultés que l’on peut rencontrer au quotidien dans ce pays. Il est plus facile de s’expatrier à Cork aujourd’hui que quand je suis arrivée, mais les obstacles sont encore nombreux.

L’expérience en vaut la chandelle. C’est un véritable défi. Si vous aimez la vie tranquille, la vie retirée à la campagne, l’Irlande c’est pour vous. Les paysages sont magnifiques. La campagne est encore sauvage et peu habitée. Toutes les couleurs de vert sont absolument un enchantement.

Voilà, c’est mon expérience. Elle m’a beaucoup apportée – à tous les points de vue : personnel, social, professionnel.

Dr Isabelle Barth, ép. O’Neill

Expat Junior Cork

 

 

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