La Thaïlande au féminin

fidélité femme thaïlandaise

Voici le point de vue d’une observatrice qui a eu et a encore un contact étroit et prolongé avec les femmes thaïlandaises : si elle ne revendique en aucun cas le savoir absolu sur la sociologie siamoise, cet article peut avoir valeur de cas d’étude fiable.

Prenez une femme française et produisez son négatif : vous aurez une assez bonne approximation de la femme thaïlandaise.

Et je ne parle pas seulement du facteur physique – cheveux noirs pour cheveux blonds (vrais ou faux), yeux noirs pour yeux clairs, peau dorée pour peau blanche, le tout sur un corps relativement petit et mince dans les deux cas. Bien au-delà, l’une s’escrime pour la reconnaissance au travail dont l’autre bénéficie depuis toujours, tandis que cette autre ne fait qu’entrevoir le droit à la liberté de vie privée dont la première jouit depuis des décennies. L’une voit la clef de son équilibre à travers l’acceptation de l’homme de partager les taches équitablement, l’autre la découvre à travers la fuite de l’homme loin de toute responsabilité de couple. Et tout cela sur fond commun de société machiste matriarcale, en évolution relativement rapide vers on ne sait pas très bien quoi, mais avec pour effet premier la multiplication de personnes seules, sans ou avec enfants.

La Femme Thaïlandaise au travail

Les sociologues et historiens diront mieux que moi comment la riziculture a influencé le rôle de la femme dans les sociétés qui sont basées sur elle, par opposition à celles centrées sur les activités plus masculines d’élevage et de culture du blé ou du maïs. A cela doit s’ajouter le facteur plus ou moins inhibiteur des religions, dont certaines (Islam, Christianisme, Judaïsme) se sont plues à assigner un rôle spécifique aux femmes (généralement lié au foyer), alors que d’autres ont salutairement évité de se prononcer trop clairement à ce sujet. Le fait est qu’en Thaïlande comme dans quasiment tous les pays rizicoles et bouddhistes d’Asie, la femme a toujours eu sa place au travail.

En 2005, et sans qu’une quelconque révolution ait eu lieu, 52% de la population active est féminine. Mieux, 48% des cadres et dirigeants d’entreprises sont des femmes – sans compter les nombreux cas d’entreprises où la personne « au front » est un homme, mais celle qui prend les vraies décisions est la vieille « tatie » dans l’ombre des salles de réunion. C’est d’ailleurs devenu un jeu parmi les vieux expatriés d’Asie de savoir identifier et gagner accès aux « taties » qui dirigent – les entreprises, les ministères, le pays même. Car dans la politique encore plus que dans les affaires, les patronnes ne se montrent pas souvent. Le vrai pouvoir fait profil bas dans un pays où les grandes décisions se prennent rarement au bureau.

A l’autre extrémité de l’échelle sociale, dans la mentalité des femmes thaïlandaises, elles portent peut-être encore plus le flambeau du travail. Si la ferme ne produit pas assez, il est commun que ce soit l’homme qui reste et la femme qui parte à Bangkok pour trouver de quoi faire vivre la famille. Femmes de ménage, prostituées, vendeuses, hôtesses de bar, masseuses, mototaxi, cuisinières, elles sont légions à soutenir une famille entière (hommes y compris) avec ce qu’elles gagnent. Dans les familles pauvres de l’Issarn (province du Nord-Est du pays), l’une des filles est souvent désignée pour le sacrifice : elle n’ira pas à l’école et ne jouira pas de son adolescence. A 12-14 ans, elle sera « placée » comme bonne ou autre dans une famille à Bangkok et devra consacrer sa vie à fournir à sa famille les quelques milliers de Baht dont ils ont besoin pour survivre. Si elle fait quelques enfants en passant, ceux-ci seront éduqués par la grand-mère au village.

Consultante en gestion des ressources humaines, je fus choquée d’entendre ce que me demandait un client peu de temps après mon arrivée en Thaïlande : « Débarrassez-moi de tous mes employés hommes. Je ne veux que des femmes ! » J’ai cru un moment qu’il plaisantait, d’autant que cet homme était PDG d’une aciérie – mais non. Au fil des années, j’ai compris que cet état d’esprit était partagé par bien des dirigeants en Thaïlande. Au travail, les femmes sont réputées plus sérieuses, plus travailleuses, plus raisonnables, plus fiables, plus stables que leurs collègues masculins. Méfions-nous bien sûr des généralités abusives – mais il est un signe révélateur de cette tendance, qui parlera très clairement aux européennes : les femmes thaïlandaises ne sont jamais sous-payées par rapport à leurs collègues masculins. Il arrive même que si favoritisme il y ait, il soit plutôt en faveur de la femme.

Il serait très étonnant que cette tendance s’infléchisse dans l’avenir envisageable. Les filles représentent largement plus que la moitié des effectifs d’écoles secondaires et universités, et ne sont même pas minoritaires dans les domaines techniques. Une impressionnante proportion de celles qui ont dû commencer à travailler sans diplôme (et quelquefois sans même avoir achevé leur école primaire) mettent les bouchées doubles à travers cours du soir et du week-end, et travaillent 16 heures par jour sept jours sur sept jusqu’a ce qu’elles aient leur « Bachelor » (licence). Je ne pense pas me tromper en assurant que la naissance et le développement de la classe moyenne thaïlandaise sur les 20 dernières années a été – et reste encore – en bonne partie le fruit du labeur des femmes.

Je ne peux donner un meilleur exemple que celui de la jeune fille que je recrutai il y a 12 ans, et dont les seuls bagages étaient ses 20 ans, trois ans d’école – et un enfant de quelques mois. Lorsqu’elle commença son travail de femme de ménage, elle ignorait ce qu’était un fax ou une photocopieuse. Je l’envoyai à l’école pour apprendre des rudiments d’anglais et d’informatique. Elle prit confiance en sa capacité d’apprendre, prit des cours du soir supplémentaires de sa propre initiative – et passa son BAC en trois ans. Elle devint employée de bureau, puis assistante comptable.

Aujourd’hui, elle s’occupe de toute l’administration de mon bureau et commence un cycle d’études supérieures en gestion. Son fils entre dans l’une des meilleures écoles secondaires de Bangkok. Elle est propriétaire d’un appartement à Bangkok et d’une maison dans sa province, et son nom apparaît sur les murs du temple de son village en bonne place parmi les bienfaiteurs de l’endroit… Et au fait, elle vit seule avec son fils.

La Femme Thaïlandaise dans la vie privée

Toute médaille ayant son revers, l’indépendance et le respect dont jouit la femme thaïlandaise dans sa vie professionnelle sont contrebalancés par une vie privée en « liberté surveillée ». Le matriarcat n’excluant en aucune façon le machisme, une femme thaïlandaise bien élevée se doit d’être « respectable ». Un terme, un concept redoutable, qui me prit si fort à la gorge à mon arrivée en Thaïlande que j’entrepris d’écrire à l’époque un petit livret intitulé « Comment être une femme respectable en dix leçons » !

L’occasion de déverser ma bile à grand renfort de sarcasme et d’ironie, cet exercice eut au moins l’effet de me faire comprendre que ce n’était pas la Thaïlande qui allait s’adapter à moi, d’autant que mes amis thaïlandais prirent plaisir à me démontrer qu’ils ne faisaient que dire tout haut ce que tout homme au monde pense tout bas. Bref, j’appris peu à peu ce que la femme thaïlandaise sait à la naissance : le tout est de respecter les apparences.

Ainsi, en quelques lignes assassines, résumons ce qu’est une « femme respectable » : elle porte des habits non provocateurs (pas de minijupes, pas de chemises sans manches…), elle ne sort que lorsque nécessaire, toujours accompagnée, et dans des endroits comme il faut, elle est modeste et évite de se mettre en avant, elle ne fait jamais monter un homme dans ses appartements privés sans chaperon… ah, et elle est vierge au mariage bien sûr.

Une image qui semble ridicule au regard de ce que l’on sait (ou croit savoir) de la Thaïlande. Et pourtant. En général, les filles sont extrêmement protégées, « cocoonées » jusqu’à très tard. Elles ne sortent jamais seules même en pleine journée, se font accompagner à l’école ou au bureau et rechercher le soir. A 20 ans, beaucoup n’ont jamais pris le bus ou une mototaxi et paniquent si on leur demande d’aller faire une course seule. La solitude leur est inconnue, au point qu’elles dorment souvent dans le même lit que leur soeur/mère/cousine, et appellent une copine pour se faire accompagner aux toilettes.

Elles ont appris à tenir une maison, à s’occuper des plus jeunes, à gérer un budget, à se préparer pour une carrière, à prendre des responsabilités même lourdes (en Thaïlande, on existe d’abord en tant qu’aîné ou cadet, avec les responsabilités et devoirs qui en dépendent), mais on ne leur a jamais parlé de leur corps, de sexe, de sentiments – tous sujets profondément tabous dans la famille thaïlandaise. Si elles ont un petit ami, le fait de lui laisser tenir leur main pendant quelques minutes a longtemps été osé, et un baiser, même sur la main ou la joue, faisait encore scandale il y a quelques années. Le rôle du petit ami se limite donc à celui du chevalier servant, empressé, chaste et protecteur – jusqu’au mariage bien sûr. Bien des jeunes étrangers tombés amoureux d’une Thaïlandaise de bonne famille ont payé pour le savoir, ayant dû faire une cour à l’ancienne à leur belle pendant plusieurs années avant de pouvoir recueillir le fruit convoité.

Mais voila. En Thaïlande comme partout ailleurs, de faire carrière exige des études de plus en plus longues, suivies de travail acharné en entreprise pendant plusieurs années avant de pouvoir souffler un peu. Les femmes ne font pas exception, et comme l’impact financier d’une meilleure situation est un facteur déterminant, le mariage (pourtant encore souvent considéré comme une étape fondamentale dans la vie d’une femme) est souvent repoussé.
Récemment, la moyenne d’âge au mariage pour les femmes est proche de 30 ans. Que font-elles donc dans l’intervalle ?

Beaucoup, coincées entre les impératifs de leur carrière et la mentalité thaïlandaises moyenâgeuse de leur environnement, trouvent des solutions… créatives. Un sociologue thaïlandais lança un cri d’alarme il y a quelques années au vu de la proportion d’homosexualité parmi les jeunes femmes (la perte de la virginité est apparemment comprise comme étant liée à un rapport hétérosexuel, et surtout, les rapports entre une fille et ses copines ne sont pas surveillés). Théoriquement, cette pratique de l’homosexualité n’est qu’un pis-aller en attendant « the real thing ». Mais, à force, un certain nombre d’entre ces jeunes femmes finissent par se dire que l’attrait masculin ne vaut pas le revirement. L’une de mes jeunes employées, recrutée à 21 ans, traversa toutes ces phases au cours des années, me confiant ses doutes, ses hésitations, ses frustrations. Plusieurs de ses amantes finirent par se marier. Pas elle. Elle envisagea un moment de se marier avec un homosexuel, solution assez communément adoptée aujourd’hui pour satisfaire aux apparences sociales tout en préservant sa liberté, mais elle préféra faire face à sa famille. Elle est aujourd’hui officiellement homosexuelle – et directrice d’entreprise.

Celles qui se marient transfèrent traditionnellement à l’époux le devoir de les protéger, de les cocooner – de les surveiller. Une femme qui se détache de ce cocon avant un âge très mur n’est pas respectable. Elle est souvent soumise à d’énormes pressions de sa famille, de ses propres amis, pour revenir au foyer – même si ce foyer est la plupart du temps déserté par le mari volage. Le chantage n’est pas dédaigné pour remettre la femme sur le droit chemin – au moins aussi longtemps que l’exigent les apparences. Ainsi, l’une de mes amies thaïlandaises, mariée depuis 20 ans et trompée, désertée par son mari depuis presque aussi longtemps, dut ronger son frein jusqu’à ce que son fils ait atteint sa majorité et qu’elle-même ait atteint un poste très important dans son entreprise – et l’âge de 48 ans, pour finalement pouvoir reprendre son indépendance et sa vie. Par une ironie fort commune à toutes les sociétés, cet état de fait est souvent maintenu et renforcé par les femmes elles-mêmes, ne serait-ce que par l’éducation qu’elles donnent à leurs enfants…

Bien sur, ce qui précède s’applique surtout aux milieux aisés. Quid de toutes ces jeunes filles simples employées, qui portent une minijupe parce que c’est l’uniforme de leur entreprise, et quid de toutes ces femmes de milieux sociaux plus bas, dont certaines ont des occupations (prostituées, masseuses, entraîneuses) apparemment peu alignées avec la moralité en vigueur ? A cette question, un Thaï de la haute société me répondit froidement un jour : « On se fiche de ce qu’elles font, de toutes façons elles ne peuvent pas être respectables, elles sont trop basses dans la hiérarchie sociale » !

Comme dans toutes les sociétés quasi féodales, il est certain que les pauvres ont l’avantage d’être affranchies de bien des soucis pesant sur les femmes plus riches, finalement moins libres que leurs propres servantes. Et certaines en profitent. D’autres sont trop ignorantes pour réfléchir à la question. Mais celles qui ont l’ambition de s’élever sur l’échelle sociale s’efforcent de respecter les apparences pour mériter leur nouveau statut. D’où d’ailleurs un paradoxe dont bien des étrangers ont souffert, quelquefois mortellement : les faits divers ne manquent pas d’histoires d’Occidentaux bien pensants ayant « sorti une prostituée du trottoir » en l’installant à demeure chez eux et la transformant en maîtresse officielle. L’une d’elle me racontait, choquée, que l’attitude au lit de son amant n’avait pas changée depuis qu’il ne la payait plus, alors que, devenue « respectable », elle attendait de lui la mesure qui aurait marqué son respect. Résultat : certains de ces amants se retrouvent poignardés par les frères ou cousins venus venger l’insulte faite à leur parente. Bien des apparences sont trompeuses en Thaïlande…

Ce qui est indéniable cependant, c’est que les choses changent, et à tous les niveaux de la société. Les jeunes filles apprennent de l’Internet ce que leurs parents se refusent à leur dire. Elles ont accès à d’autres cultures, perdent le respect absolu que les générations précédentes avaient en les « valeurs thaïlandaises » (en tous cas, certaines d’entres elles) et font preuve d’esprit critique. Les plus éduquées apprennent à manipuler les apparences, découvrent les méthodes contraceptives facilement disponibles sans ordonnance, et s’arrangent pour vivre leur vie sans choquer personne – tout en conservant leur indépendance et leur carrière. Les moins éduquées font des enfants comme s’il en pleuvait, et les envoient dans leur famille en nourrice tout en continuant leur vie comme si de rien n’était. Finalement, elles qui avaient déjà l’indépendance professionnelle, découvrent l’indépendance sociale. Une tendance soutenue et renforcée par les évolutions juridiques, qui donnent progressivement aux femmes les droits dont elles étaient privées jusque-là : elles ont aujourd’hui enfin droit au divorce de leur fait, elles peuvent hériter, elles peuvent avoir seule et entière responsabilité de leur enfant, etc. Et l’homme dans tout ça ?

La Femme Thaïlandaise et l’homme

Les tendances sociétales thaïlandaises sont lourdes d’une ironie qui n’est unique ni dans l’histoire ni même dans le monde d’aujourd’hui. Reconnues capables de se tenir sur leurs deux pieds, c’est-à-dire d’assurer leur indépendance financière – et souvent bien au-delà, de supporter toute une famille, reconnues capables aussi de s’assumer moralement et d’être indépendantes socialement, les femmes se retrouvent monolithiques, sans dépendance particulière vis-à-vis de l’homme. Les hommes thaïlandais traversent actuellement une grave crise d’identité, privés de l’assurance d’être indispensables – et perdant même de plus en plus les illusions qu’ils tentaient d’entretenir à cet égard.

Sur les 20 dernières années, leurs réactions ne les ont certes pas aidés à retrouver leur place : ayant du mal à envisager une situation de couple sans dépendance mutuelle, ils abdiquent leurs responsabilités en masse. La proportion des femmes abandonnées par leur ami ou mari à la naissance de leur enfant est impressionnante. De même celle des hommes qui voyant leur femme s’élever sur l’échelle sociale mais incapables ou peu désireux de la suivre, lâchent prise et s’enfuient.

Retrouvant les traditions de leurs ancêtres (pas si éloignés), ils papillonnent entre des maîtresses qu’ils peuvent multiplier à loisir puisqu’ils n’ont même plus à les entretenir. Même ceux qui restent mariés rendent régulièrement visite aux instituts de massage et autres bordels, au point que la Thaïlande, alarmée par la proportion de jeunes femmes infectées du SIDA par leurs maris, a dû lancer des campagnes de grande envergure à ce sujet – dont on se demande si l’effet n’est pas de rendre les femmes encore plus distantes plutôt que de décourager les pratiques de ces messieurs.

En entreprise, il s’agrippent à la moindre parcelle de pouvoir et la transforment en trône d’où ils s’empressent d’exiger une cour d’assistants, secrétaires et autres subordonnés sur lesquels ils règnent sans les gérer, en oubliant de travailler eux-mêmes, ou plutôt confondant travail productif et manipulations politiques visant à élargir leur royaume. Autant d’attitudes qui, si elles réussissent encore parfois à tromper leur entourage, renforcent de plus en plus la confiance faite aux femmes et donc leur rôle central dans la société thaïe.

De penser que cet état de choses est une « victoire » pour les femmes serait une grave erreur, car personne ne bénéficie réellement d’une société en déséquilibre. En fait, d’horizons opposés, les situations thaïlandaise et européenne convergent aujourd’hui vers une réalité suffisamment alarmante pour stimuler la CEE à financer des études sociologiques et la Thaïlande à demander à ses universités de se pencher sur le problème : le nombre de célibataires, et particulièrement de femmes célibataires et vivant seules (ou en tous cas sans homme) dépasse largement tout ce qu’une société saine peut accepter pour perdurer.

Le malaise est visible même au niveau des individus : tentant bravement de vivre une « bonne » vie tout en s’occupant de leurs enfants (si elles en ont) ou en essayant d’oublier le manque créé par l’absence d’enfants (si elles n’en n’ont pas), les femmes seules (tout comme beaucoup d’hommes d’ailleurs, le « papillonnage » étant une forme aiguë de solitude) sont sous pression, souffrant de solitude, de manque de tendresse et de soutien moral. Elles se regroupent, créent des petites communautés formant un nouveau type de famille.

Les taux de suicide sont assez importants, surtout chez celles qui n’ont pas d’enfants. Et celles qui refusent de perdre espoir cherchent l’âme soeur. Scandale des scandales, elles se précipitent même chez ces barbares d’étrangers, sans prêter attention à la réprobation ambiante, espérant qu’elles trouveront le répondant attendu chez ces hommes réputés plus « responsables ». Le nombre de femmes de bonne famille se mettant en ménage avec des étrangers augmente… sans pour autant suffire à résoudre le problème à l’échelle du pays bien sûr.

La culture de la Femme Thaïlandaise

Il est clair que la Thaïlande a du mal à gérer sa transition d’une structure sociétale en village « spirituel » communautariste (où le couple n’était que partie de la famille élargie vivant sous le même toit) nourrie par une démographie galopante, à la ville « matérielle » et individualiste où la natalité est paresseuse et la famille se réduit à son noyau. A quoi ce noyau va-t-il ressembler ? Vers quel équilibre s’achemine-t-on ? Difficile à dire. En attendant, dans le maelstrom de tendances que je viens de décrire, on trouve de tout chez les femmes thaïlandaises, tous les profils existent et se télescopent en cette période où l’esclavage et le surplus d’indépendance se côtoient et se mélangent, et où l’éducation ne sait plus où elle en est. Ce qui rend la vie possible et les défis relevables toutefois est la solidarité dont les Thaïlandais font preuve entre eux.

Certes assaisonnée de paternalisme (ou plutôt maternalisme je devrais dire), de clientélisme, voire de mercantilisme et autres notions décriées en Europe, cette solidarité est telle que nul enfant n’est en danger, car même perdu, ils sera recueilli et soigné par n’importe quel adulte qui passe. Toute personne pouvant se dire parent (même très éloigné) ou originaire du même village, ou même simplement ami d’un ami, est accueillie et nourrie, on l’aidera à trouver du travail ou on l’emploiera quitte à ne la rémunérer qu’en nourriture et logement. Les cercles financiers informels, au sein desquels on met en commun une somme qui sera successivement investie puis remboursée par chaque participant, sont légion (et non dépourvus de risques d’ailleurs). Un(e) patron(ne) payera peut-être assez mal ses employés mais leur prêtera toujours personnellement main forte en cas de besoin.

Cette solidarité, largement véhiculée et concrétisée par les femmes, et associée à l’adaptabilité légendaire des Thaïs, est la clef du succès thaïlandais, la raison derrière le développement rapide de sa classe moyenne et celle qui explique comment la crise de 1997 eut bien moins de répercussions sociales qu’on aurait pu craindre. C’est probablement le facteur qui soutiendra le pays à travers la transition actuelle vers un nouveau modèle sociétal encore à découvrir.

Isabelle Michelet

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