Inciter nos enfants expatriés à écrire en français : mission impossible ?

nos enfants expatriésNos enfants expatriés vivent dans un environnement qui – il faut l’avouer – ne se prête pas vraiment à l’acquisition, la maîtrise ou même le maintien de la langue française, sauf bien sûr si vous êtes expatriés dans un pays francophone.

Si le parler semble encore du domaine du possible par le fait que nous communiquons en famille dans cette langue, l’écrit paraît bien plus difficile à mettre en place. Apprendre à écrire en français, mission impossible ?

Les difficultés à connaître

Plusieurs facteurs viennent entraver l’apprentissage écrit du français : bien sûr l’environnement dans une langue autre est un premier obstacle. Les enfants apprennent et écrivent à l’école (en tout cas dans les écoles locales) dans cette autre langue.

Autre point, les enfants écrivent globalement moins. Ordinateur, tablettes et autres smartphones font le travail à leur place. L’écriture manuelle, pourtant très bénéfique, est mise de côté pour des applications ludiques sur tablettes. Ne vous méprenez pas : ces applications sont pour la plupart très bien faites, mais elles ne suffisent pas pour l’apprentissage pérenne du français.

Le troisième facteur, c’est le temps. Beaucoup de parents se trouvent démunis car ils ne savent pas quand proposer à leur enfant d’écrire en français. Entre l’agenda des parents et le planning souvent surchargé de notre enfant, pas facile de trouver un moment pour se poser avec un papier et un crayon.

Enfin, dans notre monde où tout va vite, l’un des points qui manquent à nos enfants est la concentration. L’attention est de moins en moins soutenue. Or c’est un élément essentiel pour la réflexion, pour développer le sens critique, pour élargir la créativité.

Votre mission, si vous l’acceptez…

Contrairement à ce que l’on croit, il est facile de mettre en place une habitude d’écriture en français. Cela ne demande qu’un peu de temps chaque jour. D’après des études sur l’apprentissage(1), il a été prouvé qu’il vaut mieux lui faire faire des exercices d’écriture un peu tous les jours que beaucoup une fois par semaine. Notre cerveau a en effet tendance à effacer ce dont il ne se sert pas. En répétant régulièrement des règles de français, il va stocker l’information de manière plus durable et il va prendre l’habitude de se mettre dans un mode « français » plus facilement.

Si en plus, notre enfant est actif dans cette démarche de répétition en écrivant chaque jour, sa progression en français risque de vous étonner.  Car plus c’est régulier, plus c’est facile et plus notre enfant prendra conscience de ses progrès ! Ce qui le motivera encore plus. La machine est ainsi lancée !

Par ailleurs, pas facile de dire à notre enfant qu’il va avoir une heure de cours ! Mais essayons de lui dire « on prend cinq minutes pour faire un peu de français ». Il sera beaucoup plus facile de l’engager dans cette démarche.

5 minutes par jour, vraiment ?

Vous voulez peut-être que votre enfant rattrape un niveau qu’il a perdu. Ou vous souhaitez que lorsqu’il rentre en France, il soit au même niveau que les autres. Le problème est le suivant : en France, chaque semaine les enfants ont 8 à 10 heures de français (plus des cours dans d’autres matières en français). Leur pratique est donc bien plus intense que celle de votre enfant. Même avec une heure par semaine, on est loin du compte.

En proposant des jeux d’écriture chaque jour, vous n’allez bien sûr pas avoir le même résultat que pour les enfants français restés en France. Mais vous aurez de résultats surprenants. En variant les méthodes, en rappelant régulièrement les règles de français, en développant son vocabulaire à l’aide d’un champ lexical qu’il devra trouver par lui-même, vous motiverez votre enfant et celui-ci aura beaucoup moins de peine à intégrer le système scolaire français.

Difficile à croire

Je sais que vous ne me croyez pas. En effet, les plages d’une heure de cours permettent d’aller plus loin, de plonger dans le sujet, d’étudier plus profondément. C’est d’ailleurs bien comme cela que notre génération a appris ! Le problème est que ces heures demandent aussi plus d’attention. Et pour nos enfants qui ont déjà un planning chargé, cette attention demande beaucoup de concentration. Un effort que nous ne pouvons leur imposer d’un seul coup sous peine de les voir rejeter le français.

Que vaut-il mieux : une heure qui va demander des efforts, qui sera mal vécue et dont il est fort à parier qu’il ne restera rien au bout de six mois ou cinq minutes régulières qui seront prises comme un jeu, qui motiveront plus et qui auront plus de chance de donner des résultats durables ?

Vous avez raison, ne me croyez pas, essayez plutôt ! Et voyez ce qu’il se passe vraiment !

Papier-crayon

Il est important de demander à votre enfant d’écrire manuellement. C’est par le corps et en étant actif que nous apprenons le mieux. Le fait de taper sur un clavier ne donne pas le même temps de réflexion et la touche « supprimer » est un peu trop facile d’accès. Savoir écrire, mais aussi raturer, reformuler, se relire sont des points clés pour l’apprentissage du français.

La gestion des erreurs

Oui, mais voilà : dans un environnement dans une autre langue, votre enfant va faire beaucoup de fautes. Et c’est… tant mieux ! Pourquoi ? Parce que c’est en faisant des erreurs que l’on apprend le plus. Lors de la correction, évitez toute remarque désobligeante. Et ne donnez pas la solution. Proposez plutôt à votre enfant d’enfiler sa casquette de détective privé pour qu’il détecte lui-même les mots dont il est sûr et ceux où il a un doute. Laissez-le développer son intuition et faites-lui souligner les mots dont il est sûr à 100%. Parlez ensuite ensemble des règles de français associées à aux erreurs commises.

Tout de même 5 minutes…

Oui, il est bien évident que votre enfant ne va pas rédiger une thèse en écrivant cinq minutes par jour. Ça paraît ridicule de ne pas en faire plus, n’est-ce pas ? Mais faites-moi confiance : si pendant une période définie, il arrive à s’y tenir et qu’il développe des capacités qu’il pensait insoupçonnées en français, il va bientôt vouloir écrire bien plus. Et à partir de cette envie, il saura prendre plus de temps, soutenir son attention et aller plus loin. De lui-même !

L’écriture permet de se construire, de développer sa créativité, d’ouvrir son imagination. Il est nécessaire de mettre en œuvre des temps d’écriture pour nos enfants pour qu’ils puissent pratiquer cette langue afin de mieux l’analyser, la maîtriser, l’apprivoiser. Car dans notre monde actuel, savoir s’exprimer me semble une des clés de la réussite à la fois personnelle et professionnelle. Osons proposer cinq minutes par jour à nos enfants pour qu’ils explorent et progressent  par eux-mêmes dans cette langue qui n’est pas naturellement celle qui leur vient en premier. Gageons sur le fait que cette nouvelle habitude leur permette de découvrir la richesse de notre belle langue française.

En apprentissage, on appelle ça la « répétition espacée ». Un article très intéressant à ce sujet (en anglais) :

 

Catherine Allibert
Écrivain et accompagnatrice des enfants expatriés dans le monde de la langue française.

> Son site : https://www.unehistoiredeninjasetdesamourais.com – « Apprendre le français avec la souplesse du ninja et la rigueur du samouraï ! »

Elle anime aussi les groupes Facebook :

> Retrouvez-la également dans ces podcasts : « Le français comme j’aime » 

D’autres articles de cet auteur qui peuvent vous intéresser :

– « Au secours ! Mon fils parle franglais ! » et autres inquiétudes de parents expatriés 

– « Apprendre le français, c’est quoi finalement ? »
Et son billet d’humeur sur son retour en France 

Autres articles dans la catégorie

  • Echangez avec d’autres expats !

  • Nos conférences en ligne

  • Podcast

  • Agenda

  • Rejoignez-nous sur Instagram !

  • Avez-vous notre guide ?

    Notre site vous intéresse ?
    Ne partez pas sans vous inscrire à notre Newsletter !

    Chaque mardi, le mail qui prend soin des expats !
    Un boost de bonne humeur et de conseils.

    Rejoignez-nous !