L’orientation scolaire, pour qui, pour quoi ? Réponse en 10 points

Orientation scolaire

Pour mieux comprendre en quoi consiste le service d’orientation scolaire pour les jeunes, et en particulier pour les enfants expatriés, Sixtine Gontier, coach en orientation scolaire nous en fait le détail en 10 points.

L’orientation scolaire, ce n’est pas …

1/ … faire un test tout seul sur Internet 

C’est rassurant de se fier a des tests en tout genre pour leur aspect concret et pragmatique. On a tous vu et tenté les tests de :

  • psychologie,
  • QI,
  • d’intelligence émotionnelle,
  • recrutement,
  • personnalité.

Nous sommes tous friands de tests, en espérant qu’ils vont nous donner la réponse magique : dis-moi ce que tu aimes et je te dirai quel métier tu feras !

Ces tests sont appelés des « aides à la décision”, mais ils peuvent également enfermer dans des cases. Comme me le disait Marie en deuxième 1ère année de droit à Nanterre et qui souhaite changer d’orientation :

J’ai fait des tests en classe de 1ère et le Droit est sorti comme une option parmi d’autres. Ça me paraissait une bonne option et puisque le test le disait, je ne me suis pas posée plus de questions. Or je redouble cette année et je n’aime toujours pas. J’ai bien essayé pourtant… (sous-entendu j’ai essayé de me conformer aux résultats du test).

Les tests d’orientation mettent en évidence des affinités entre une personnalité et les caractéristiques requises dans une filière ou une famille de métiers. Mais l’analyse de ces tests  doit se faire lors d’entretiens individuels avec un professionnel de l’orientation. Ils constituent alors une base concrète pour réfléchir, échanger et se décider.

2/ … des conclusions issues uniquement du bulletin de notes

Pierre me contacte en novembre de sa Terminale. Il est en section scientifique et à une moyenne déplorable en maths et physique. Il envisage de s’inscrire en Psycho-prat, Droit ou Ecole de commerce. Après avoir travaillé sur ses valeurs, ses centres d’intérêts et ce qu’il aime faire pendant des heures, il revient vers moi en disant qu’il veut rentrer dans une école d’ingénieur.

Le conseil de classe du premier trimestre émet un avis défavorable pour les écoles d’ingénieurs. Or Pierre est décidé : il va passer les concours en avril, ne pouvant pas compter sur son dossier pour espérer rentrer dans une bonne école.

Heureusement pour Pierre, le Covid n’était pas encore passé par là… et les concours ont lieu. Il est accepté dans toutes les écoles qu’il a présentées.

Pierre ressemble à de nombreux jeunes de son âge. Lors de la première séance il m’avait dit:

« J’ai toujours été un peu flemmard. Chaque chose que je fais, je mesure ce que j’ai à gagner versus le coût à payer », une perle !

Dans la démarche d’orientation, on s’attache d’abord à :

  • identifier les valeurs importantes aux yeux du jeune,
  • cerner ses compétences et ses ressources,
  • identifier ses centres d’intérêt pour mettre en valeur ses atouts et ses talents.

3/ … la projection des envies des parents

Camille est en seconde. Elle ne se préoccupe pas vraiment de ce qu’elle pourrait faire plus tard. De toute façon, elle ne sait pas par où commencer. Ses parents commencent à s’inquiéter.

Passionnée de cascades et de compétition de surf,  elle est bilingue. Egalement très sportive, elle voudrait voyager, aimerait faire du dessin industriel et pourquoi pas travailler dans l’hôtellerie.  Au cours de l’accompagnement, elle me dit qu’elle ne veut se fermer aucune portes.

Après 2 mois d’accompagnement, de nombreuses recherches et beaucoup de temps à débriefer (avec ses parents entre autres), elle est très tentée par les BBA des écoles de commerce. Elle se dit que ça lui donnera une bonne base qui pourra lui servir quoiqu’elle décide de faire ensuite. Camille vient de finir son accompagnement et nous retrouvons ses parents pour qu’elle leur présente son projet.

Son père est un peu déçu car il espérait quelque chose de plus “original » pour sa fille, ayant lui même fait une école de commerce. Camille, elle, est ravie. Elle s’est déjà renseignée sur les différents BBA et sait maintenant quelles spécialités choisir en première. La voilà qui s’imagine déjà faire une partie de ses études à Singapour ou Hong Kong. Elle a déjà plusieurs idées d’un master mais ça lui parait trop loin pour le moment.

Dans un suivi d’orientation, le jeune est au cœur de la démarche et s’implique activement pour faire émerger ses choix personnels, ses désirs, ses rêves.

La motivation, l’implication et l’engagement ne seront pas les mêmes si le jeune choisit sa voie en toute connaissance de cause, après mûre réflexion et des recherches ciblées que s’il choisit sa voie par défaut ou si ses parents choisissent pour lui.

4/ … un exercice d’imagination

85% des métiers de 2030 n’existent pas encore. 133 millions d’emplois seront créés tandis que 75 millions disparaitront.

Nous pourrons devenir datacorpeur, donatiste, legisboteur, energohomes ou fabriquanteur (même mon clavier d’ordinateur me propose des corrections orthographiques !)

Nous pouvons supposer que certains secteurs vont évoluer, parier sur la disparition de certains métiers ou encore prédire l’apparition de tel autre… mais c’est un exercice un peu périlleux. Un jeu dont les règles ne sont pas complètement maîtrisées, une course qui n’est pas forcément linéaire… et la situation actuelle du Covid nous le rappelle quotidiennement.

Le projet professionnel fondé sur les aspirations profondes du jeune lui permettra toujours de rebondir selon les évolutions de la vie économique.

5/ … une baguette magique

Un suivi est réussi lorsque le jeune est moteur et impliqué dans la démarche. Et lorsqu’il est prêt à investir du temps et de l’énergie pour nourrir sa réflexion.

Réfléchir à son orientation n’est pas l’affaire de quelques minutes… ça n’est pas l’affaire de plusieurs mois non plus. En quelques semaines, si votre ado est motivé, curieux, qu’il souhaite mieux se connaitre, des pistes sérieuses se préciseront.

Il ne s’agit pas pour le jeune de trouver le métier qu’il exercera pour le reste de sa vie, ce qui fait toujours peur. Des études montrent que les jeunes de la génération Y et Z exerceront entre 5 et 7 métiers différents au cours de leur vie professionnelle.

Il s’agit bien ici de l’aider à faire le premier pas, en toute confiance, en toute connaissance de cause.

6/ … d’identifier ses valeurs profondes

Le jeune met enfin des mots sur :
  • qui il est/ce qui est important pour lui (ses valeurs ou ses compétences humaines: s’occuper des autres, la famille, la résilience, l’empathie, vouloir gagner beaucoup d’argent etc.)
  • ce qu’il veut faire plus tard (voyager, faire un métier créatif, fonder une famille, faire partie de la première mission sur Mars prévue en 2033, etc. )
  • en quoi il est bon (ses compétences techniques: utiliser un logiciel d’effets spéciaux, faire des saltos en surf, devenir capitaine de l’équipe de volley-ball, être imbattable à Minecraft, championne de gym, passionné(e) de minéraux ou de vie sous-marine etc.)

Cela permet d’ajuster au plus près les choix à faire et d’être conscient de ce qu’ils impliquent. Car si on adore les minéraux et aussi rentrer chez soi tous les soirs, il y aura probablement des concessions à faire. En effet, la recherche de pétrole ou les prélèvements de fossiles, se font rarement tout près de chez nous !

7/ … de découvrir qu’on est fait pour de multiples métiers

Une fois que l’on a fait le point sur qui il est et ce qui est important pour le jeune, on va essayer d’ouvrir les perspectives. Sortir de sa zone de confort. On ne connait que ce qui est autour de nous. Ouvrir le champ des possibles peut donner des idées nouvelles ou bien conforter ses idées premières.

Avec ce travail, on identifie tous les secteurs d’activités ou les familles de métiers qui répondent à nos aspirations profondes. Car on n’est pas fait pour un seul métier, ou une seule formation, mais peut-être pour une dizaine de métiers différents, avec autant de parcours différents, adaptés aux souhaits du jeune.

Si le jeune s’intéresse à plusieurs métiers et qu’il ne sait pas trop lequel choisir, on va le faire réfléchir sur une ligne de temps : quels sont les métiers qu’il se verrait bien faire dans un avenir proche, ceux qu’il pourrait faire un peu plus tard et ceux qu’il pourrait faire carrément en fin de carrière. Certains métiers vont demander de nombreuses années d’études et d’autres, une formation courte ou une remise à niveau de quelques mois suffiront.

8/ … de viser plus large, plus loin

A tout moment, il y aura toujours des pays en forte croissance où on peut proposer ses talents. La stratégie déployée dans un suivi d’orientation, c’est aussi de parier sur une carrière à l’international.

La chance de nos jeunes expatriés c’est qu’ils sont pour la plupart nomades et des super héros possédant des super pouvoirs dont ils n’ont souvent pas conscience.

Dans le fameux livre « Third Culture Kids », Ruth Van Reken et David Pollock les décrivent comme indépendants, résiliants, parlant plusieurs langues, très flexibles, à l’aise avec les différences, très bon en conduite du changement, ayant des compétences d’observation très développées etc.

Autant de compétences fort recherchées sur le marché du travail à l’international.

9/ … la meilleure manière de renforcer la motivation

Imaginez devoir porter une valise de 25 kgs, sur une route, sans avoir d’autres instructions…

Imaginez maintenant devoir porter cette même valise de 2 5kgs, sur 5 kms. Au bout de ces 5 kms, une voiture vous attend pour vous emmenez à l’aéroport, d’où vous prendrez un avion pour la destination de vos rêves… c’est un peu plus motivant non ? 

Quand on a identifié un objectif clair pour ses études, on a toutes les clés pour faire les bons choix d’options, de stages, de formations complémentaires. Etre acteur de sa vie donne une énergie incroyable, orientée vers un but précis. Et on a alors les meilleures raisons pour réussir ses études.

10/ … de dépasser ses limites

Quand on connait mieux ce que l’on aime vraiment, il est alors plus facile de cibler les métiers où l’on aura le plus de chances de réussite. Et cela peut même augmenter la variété des choix possibles.

En effet, souvent c’est simplement parce que l’on craint de ne pas réussir que l’on abandonne tel ou tel choix. Mieux connaître ses potentialités permet d’aller plus loin grâce à une plus grande confiance en soi.

Bref, faire un suivi d’orientation scolaire, c’est réaliser un beau voyage. Au cours duquel on découvre non pas des contrées lointaines, mais une partie de sa vie future. En répondant simplement à la question : « pour quoi suis-je fait ? ».

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Sixtine Gontier

Sixtine est coach certifiée CTI, ICF, ALC et certifiée Expat Communication Coach Academy, formée à la thérapie brève de l’école de Palo Alto, spécialisée dans l’accompagnement des jeunes de 15-25 ans. Elle vit en Californie depuis 8 ans. Commander le livre de Sixtine Gontier : « Post Bac mode d’emploi pour être un expat bien informé »  (18,98 euros)

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