Tranche de vie américaine entre élections et Covid-19

Entre les élections et la propagation du Covid-19, les US vivent une période remplie d’incertitude. Découvrez le témoignage d’Isabelle Guglielmi, qui n’en n’est pas à sa première élection américaine.

Après la Suisse, le Maroc et Taiwan, Isabelle et sa famille s’expatrient aux Etats-Unis depuis 2008, d’abord dans la Baie de San Francisco et depuis 2011, dans la région de Kansas City dans le Midwest.

Si on avait voulu en faire un film, on n’aurait pas pu trouver mieux : cette année 2020 remplie d’incertitudes restera dans les annales des années horribilis.

Mais patience, elle n’est pas finie et nous avons à retenir notre souffle jusqu’aux élections présidentielles. Ensuite, wait and see … La période devient celle de tous les dangers.

Alors comment vous raconter cette année américaine, en essayant de rester neutre ?

Disons que jusqu’au mois de mars, l’année avait bien commencé

On savait que 2020 serait une année cruciale, mais on ne savait pas que le ciel nous tomberait sur la tête et bouleverserait tout le reste de l’année. En février, ma ville, Kansas City gagnait le Super Bowl. Alors que la ville célébrait la victoire suprême, nous ne savions pas encore la chape de plomb qui allait s’abattre sur le monde entier.

Mars, c’est quand le gouverneur de mon Etat, le Kansas, a ordonné un confinement, et a surtout fermé les écoles jusqu’à la fin de l’année scolaire. C’est aussi le mois, où mon mari a commencé à travailler à la maison et qu’il a su qu’il ne retournerait pas à son bureau avant 2021. A ce moment-là, le monde s’est presque arrêté, le temps s’est figé.

Ma fille, en dernière année de High School n’a pas pu terminer son année comme tout américain le fait : point de bal de prom, pas de graduation… Cela aurait pu être une pilule dure à avaler, mais tandis que les parents et surtout les mères, criaient au désespoir, les jeunes, eux, étaient déjà passés à autre chose.

 

A côté de ces histoires personnelles finalement insignifiantes, l’Amérique de 2020, c’était déjà à la base, une Amérique frileuse, dans l’attente des élections

Cela fait 4 années qu’elle bataille sur une ligne de démarcation de plus en plus marquée.

Pour ma part, c’est la 3ème campagne présidentielle que je suis de près et la seconde pour laquelle je peux voter. Alors, comment vous dire, je pense que cela n’a échappé à personne, mais la situation aux US est quelque peu chaotique. 

Entre l’épidémie et les manifestations du mouvement de Black Lives Matter, il y a eu de quoi en perdre son latin.

 

 

Laissez-moi d’abord vous expliquer comment on vote aux États-Unis

Un bulletin de vote, ce n’est pas comme en France. Pour voter aux États-Unis, il faut presque avoir fait Normale Sup’.

En effet, voter aux États-Unis, c’est déjà voter pour une quantité incroyable de postes différents : un bulletin de vote, cela peut faire 1 page comme une dizaine. Chaque ville a son propre ballot (bulletin de vote en anglais) : on vote à la fois cette année pour le Président, mais aussi pour le représentant du Congrès (équivalent de l’Assemblée nationale). A Washington, le poste est remis en jeu tous les 2 ans ; tous les 6 ans pour un Sénateur mais aussi pour les élections de l’Etat :  le Congrès, le Sénat et parfois le Gouverneur de l’Etat…

Vous me suivez ou pas ? Parce que ce n’est pas fini. A cela s’ajoute :

  • le vote pour le shérif,
  • le juge du coin,
  • et parfois encore pour quelques autres personnes, dont je ne connais même pas l’utilité,

Sans compter qu’il reste aussi à répondre à des questions ou des propositions de loi locale du style : est-ce qu’on est d’accord pour agrandir la librairie du coin, ou si on est d’accord pour que les magasins d’alcool, ne soit pas obligés de vendre de l’alimentation en même temps… bref, des questions existentielles.

 

Et répondre à ces questions n’est pas toujours facile

Alors, on épluche toutes les gazettes locales, en plus des journaux nationaux, pour comprendre pour qui voter. Car ce n’est pas avec les publicités négatives reçues dans ma boite aux lettres que je vais réussir à faire mon choix.

Les candidats locaux viennent aussi souvent frapper à la porte : qu’ils soient de mon bord ou pas, j’aime bien discuter avec eux, c’est une façon pour moi de connecter. Il y en a même une qui m’a demandé de rejoindre sa campagne.

 

Voter sur place peut prendre du temps…

Surtout quand il faut lire les questions et cocher les cases sur une machine électronique qui ressemble à un ordinateur des années 80.

Moi cette année, j’ai choisi de voter par correspondance : plutôt que d’aller me prendre la tête sur place, j’ai demandé à recevoir mon bulletin de vote par la poste et, j’ai décidé d’aller le porter dans un des bureaux de vote établis pour voter en avance.

Vous me direz avec tous ces moyens de vote, le jour J, tout le monde a voté … eh ben non, les Américains sont réputés pour leur procrastination, alors le jour J, toujours un mardi, les bureaux de vote seront aussi à saturation.

Mais si j’ai de la chance de pouvoir voter facilement, ce n’est pas le cas pour tout le monde et dans certains endroits, les gens attendent des heures, parfois toute la journée pour voter. 

Comment vous raconter la suite ?

Les actualités vont à toute allure et entre le moment où j’écris ce billet, et le moment où vous le lirez, elles seront complètement obsolètes. La période est, je dois le dire à l’image de ces 4 dernières années, complètement chaotique.

Mais ce qui est bien aux États-Unis, c’est que le monde peut s’écrouler, mais tant qu’on peut voir les matchs de la NFL et la saison de football américain en faisant griller sa viande sur son BBQ, tout va bien.

 

La saison des sports d’école a repris avant même que les écoles ne ré-ouvrent !

Chez nous en tout cas. Moi de mon côté, je me dis que ce pays marche sur la tête, vraiment, mais il fonctionne .. à peu près… pas de la même façon pour tout le monde. J’ai appris à le connaître, j’ai appris à essayer de le comprendre.

Ce sont mes enfants qui sont venus me voir pour me montrer ce qu’impliquait vraiment le combat des Black Lives Matter, on ne perçoit pas toujours la réalité de la même façon. Mais c’est important de sortir de sa zone de confort pour apprendre à aller au-delà, et comprendre ce que les manifestations du mois de juin/juillet ont impliqué.

 

Il suffit parfois d’une rue pour comprendre la triste réalité des inégalités dans ce pays

J’ai la chance d’habiter du bon côté, d’avoir mes enfants dans de bonnes écoles, mais je sais aussi, que de l’autre côté, certains enfants ne mangent pas à leur faim tous les jours, et c’est à l’école que certains trouvaient leur unique repas quotidien.

L’école, chez nous n’a pas réouvert depuis le 13 mars, et je viens d’apprendre que dans le County d’à côté, elles ne réouvriraient pas avant janvier, alors, oui j’ai un peu peur pour ces enfants, mais j’ai un peu peur, pour le reste, pour ces élections, pour l’après élection.

Car les gens n’ont jamais été aussi divisés, les gens ne se sont jamais aussi sentis étrangers les uns aux autres. Et ce Président n’a pas vraiment aidé pour établir un climat plus serein face aux défis de cette année 2020.

Entre la pandémie et les manifestations, deux mondes se jaugent :

  • les masqués, les sans-masques,
  • les noirs et les blancs,
  • les gens des villes et les gens des campagnes,
  • les démocrates et les républicains,
  • les gens armés, les gens sans arme,
  • les pro-trump, les anti-trump : ce qui est sûr, c’est qu’il ne laisse personne indifférent.

Les provocations entretiennent un sentiment de rage permanent avec une incapacité à comprendre l’autre camp

La fission entre les médias est aussi extraordinaire : l’information n’est pas tournée de la même façon d’un côté ou d’un autre. Et les gens ont tendance à entretenir leurs propres croyances en regardant en boucle les mêmes sources d’informations, renforçant ainsi leurs propres convictions.

Mais chut ! Aux US, on ne parle pas de certains sujets sauf quand on sait que l’on est du même bord et que l’on a la même compréhension des choses.

Donc la vie continue à l’image de ces 4 dernières années, l’orage passera et le traintrain reprendra despite the results ! La vie quotidienne pour certains ne change pas vraiment en fonction du locataire de la Maison Blanche.

Vu d’ici, le brouhaha de Washington est loin !

Beaucoup de magasins ont fermé depuis mars. Les gens ont continué à vivre à peu près normalement. Le masque est obligatoire en public depuis le début juillet. Les écoles avaient été fermées en mars, elles sont en processus de réouverture. 

Pour nous, expatriés, le retour annuel en France, n’a pas pu avoir lieu pour la plupart d’entre nous. La famille n’est pas venue nous rendre visite non plus. Les vacances ont été réduites à rester sur place ou à s’échapper dans les environs.

Le temps s’est bien arrêté depuis le mois de mars mais ici, les gens continuent à promener leurs chiens, et depuis quelques semaines, les décorations de Halloween se partagent le terrain avec les signes de campagnes dans les front yard (les jardins). 

 

Ainsi va la vie, on se souviendra de 2020 … On essayera surtout de l’oublier très vite …. En espérant que le chaos ne gagne pas. 

Rendez-vous au 3 novembre pour les résultats !

 

Isabelle Guglielmi

 

Portrait-Isabelle Guglielmi-AmerikSanteIsabelle est docteur en pharmacie, certifiée en aromathérapie. Elle est l’auteur de 3 livres :

… à retrouver ainsi que tous ses conseils pour vivre en pleine santé et se soigner en toute conscience aux Etats-Unis sur son site : https://ameriksante.com

Pour parler Aromathérapie et santé environnementale, retrouvez Isabelle sur : https://www.univers-aroma.com/

Suivre Isabelle sur les réseaux sociaux :

Isabelle et sa famille voyagent beaucoup à travers les Etats-Unis.

> Pour la suivre dans ses voyages et en savoir plus sur sa vie d’expatriée aux USA, rendez-vous sur son site FromSide2Side

 

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