Fort comme un hypersensible en expatriation

hypersensible en expatriation

On parle souvent de la palette d’émotions que nous fait traverser l’expatriation. De l’euphorie des premières découvertes au découragement face aux inévitables difficultés et incompréhensions. Mais lorsqu’on est hypersensible, ça donne quoi ? Est-ce un avantage ou un inconvénient ? Et comment mieux vivre son hypersensibilité en expat ? Tour d’horizon avec Juliette Potin, Expat Coach… hypersensible.

Être hypersensible, c’est quoi ?

L’hypersensibilité est comme son nom l’indique une forte sensibilité aux stimuli extérieurs, qui concerne environ 20 % de la population. Lorsque vous êtes hypersensible, vous captez plus d’informations et avec une intensité plus grande que la plupart des gens. Vous pouvez vous sentir agressé par des sons trop bruyants, des odeurs trop fortes ou des couleurs trop criardes. Toutes ces informations sensorielles monopolisent une grande partie de votre attention et vous déstabilisent, plus ou moins consciemment, comme l’explique Manon :

« Chez ma voisine américaine, la télé est allumée en permanence. Lorsque je prends un café chez elle, j’en ressors épuisée. C’est un effort surhumain pour moi de réussir à l’écouter et à répondre à ses questions avec la télé en bruit de fond, je n’arrive pas à faire abstraction. »

Des émotions envahissantes

L’hypersensible est particulièrement vulnérable au début d’une nouvelle expatriation. Lorsque son cerveau est bombardé de toutes ces nouvelles données : visages inconnus, nouvelle langue à décrypter, climat plus chaud et plus humide, odeurs désagréables et sons inédits. Toutes ces informations doivent être analysées par le cerveau pour savoir si oui ou non elles sont dangereuses et comment y réagir. Pour une hypersensible, la masse de stimuli est multiplié par 4 et peut rapidement le submerger. Pas étonnant que vous vous sentiez épuisé après une journée où vous n’avez en apparence pas fait grand-chose, juste un RDV à la banque et quelques courses…

Être hypersensible, c’est donc capter plus d’informations mais aussi y réagir plus fortement. La personne se définit d’ailleurs souvent comme « trop » : trop émotive, trop affectée par les injustices, trop poreuse aux émotions des autres, trop sensible au regard d’autrui…

J’ai découvert mon hypersensibilité en expat…

« J’ai découvert mon hypersensibilité en expat » me confie Laure. « Je me savais déjà sensible mais je contrôlais parfaitement mes émotions dans mon environnement prévisible et mon quotidien bien rôdé. En expat, tout cela a volé en éclat, et ma carapace avec ! »

Comme l’exprime bien Laure, nombreux sont les conjoints hypersensibles qui réussissaient avant l’expatriation à mettre leurs émotions à distance. Elles se protégeaient derrière un masque social, se blindaient pour tenir leur rang professionnel. Tant que le masque était là, l’armure fonctionnait. Mais dès que le masque tombe, par exemple parce qu’elles ne travaillent plus, l’armure se fissure. Et les émotions contenues pendant de nombreuses années, comme une rivière brisant la digue, viennent inonder et fragiliser tout le terrain.

C’est une période très inconfortable et vécue comme gênante pour l’expat hypersensible.

L’hypersensible peut également s’avérer hyper-réactive, surtout lorsque la situation vient percuter son système de valeurs. Pour Marie « une dénonciation par un voisin parce que sa pelouse n’était pas suffisamment tondue » l’a récemment mise hors d’elle. Elle envisage sérieusement de déménager. Pour Nathalie : « le fait que mes artisans ne s’adressaient jamais à moi directement mais à mon mari, même lorsque c’était moi qui posais la question ! » lui a valu une violente dispute avec son mari, qui n’y était pour rien…

Et cette empathie qui joue des tours…

L’hypersensible est à la fois douée d’empathie et capable de s’oublier dans les émotions des autres. En expatriation, elle vit ses propres montagnes russes émotionnelles, mais aussi celles de ses proches et ne se sent bien que si les autres se sentent bien. Elle va donc s’occuper de son entourage pour être bien elle-même, comme le confirme Marion :

« Je me suis rendue compte que quand on me demandait comment j’allais, je parlais de mes enfants ou de mon mari ! Je ne comprenais même pas quand on me disait : Oui et toi ? Parce qu’en fait, c’était lié : si eux allaient bien, alors moi aussi j’allais bien ! »

Lors de ses interactions avec des personnes de l’autre culture, les repères de l’expat hypersensible se brouillent. Elle perçoit finement les émotions des autres mais pas encore la grille de décodage culturelle qui va avec. Par exemple un accueil enthousiaste pourra être interprété, à tort, comme un début d’amitié. Des rires sur la manière dont elle prononce un mot pourront être perçus comme une moquerie. Profondément sensible au jugement d’autrui, l’hypersensible va mal prendre ces premiers faux pas relationnels. Elle risquera d’entamer sa confiance en elle et aura tendance à s’isoler pour éviter ces interactions stressantes, ce qui peut fragiliser son intégration.

L’adaptation, grande force de l’hypersensible

L’hypersensible est donc affectée par les incompréhensions culturelles mais également douée d’une formidable capacité d’adaptation. En effet, se sentant déjà un peu en décalage dans son propre environnement, l’hypersensible a développé des stratégies pour s’adapter dans sa propre culture. Sensible au ton employé et aux micromouvements du visage, elle ressent le malaise ou l’inconfort entre elle et son interlocuteur et perçoit immédiatement lorsqu’il y a une dissonance entre ce qu’elle saisit et ce à quoi elle s’attendait. Une grande force de l’hypersensible est alors de se remettre immédiatement en question. Si elle ose poser des questions pour comprendre la différence culturelle, elle s’adapte alors plus facilement et plus rapidement. Son hypersensibilité est donc un atout dans son adaptation culturelle.

Conseils aux expatriées hypersensibles

  • Souvenez-vous que votre cerveau traite un grand nombre d’informations nouvelles, surtout en début d’expatriation. Gérez ce trop-plein de données et d’émotions en vous ménageant des temps de ressourcement : lire, méditer, écouter ou pratiquer la musique, vous promener dans la nature, pratiquer une activité physique ou manuelle.
  • Le fait de ne pas avoir envie de voir du monde, l’envie de rester seule sont le signal que votre énergie est à plat et qu’il est temps de recharger vos batteries ! Ne culpabilisez pas et écoutez-vous. Attention tout de même à ne pas vous isoler totalement, une bonne sociabilisation étant en effet une clé de réussite de l’expatriation. Trouvez votre équilibre en privilégiant par exemple des interactions en tête à tête ou en petit comité.
  • Apprenez à reconnaitre si l’émotion qui vous parcourt vient de vous ou des autres. Si elle vient des autres, laissez-la simplement vous traverser et partir. Si elle vient de vous, décodez le besoin qui se cache derrière….
  • N’hésitez pas à expliquer à vos interlocuteurs comment vous vivez les choses, sur le ton de l’humour, pour déjouer les incompréhensions : « Excuse-moi mon cerveau n’arrive pas à faire 2 choses en même temps : entendre la télé et t’écouter toi, ça te dérange si on baisse le son ? »
  • Et si vous voyiez votre hypersensibilité comme une force ? Au lieu de la combattre, repérez toutes les situations où elle vous est utile : lorsque vous savez d’emblée que tel nouvel expat ne va pas bien, la facilité avec laquelle vous vous mettez à la place d’un client, votre sens du détail…

On le voit donc, identifier son hypersensibilité, l’accueillir, l’accepter… permet déjà de faire une partie du chemin, de mieux vivre avec mais on peut aller plus loin. Aujourd’hui, en tant que coach, je peux même dire que mon hypersensibilité est mon super pouvoir. Celui de ressentir les émotions de mes clients avant même qu’ils en ait conscience, d’adapter instinctivement ma posture à leurs besoins et de savoir poser la bonne question au bon moment.

A vous de jouer !

Au moment où les compétences humaines sont de plus en plus recherchées par les entreprises, le portrait-robot du salarié idéal serait d’ailleurs bien celui d’un hypersensible ayant capitalisé sur ses forces : adaptabilité, intelligence émotionnelle, sens de la coopération… Hypersensibles, ne vous cachez plus, ne vous excusez plus, vos talents innés sont précieux !

Pour aller plus loin :

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👉Envie d’apprendre à composer avec votre hypersensibilité ?  De l’utiliser dans un nouveau projet professionnel ? Contactez-nous et venez nous rencontrer lors de nos prochains réunions d’info gratuites !

Juliette Potin

Française, expatriée aux USA, en Turquie et en Italie. Coach professionnelle certifiée, affiliée à l’EMCC, Juliette est ingénieur de formation et a été manager dans l’industrie pendant 14 ans. Elle est spécialisée dans l’accompagnement interculturel et le coaching de transition de carrière des expatriés et des conjoints, en individuel et en collectif avec le Job Booster Cocoon. Formée à la PNL (Programmation neuro linguistique) et au coaching clarification du mental®, elle accompagne tout particulièrement les hypersensibles et les hauts potentiels dans leurs défis professionnels et personnels. Pour découvrir son parcours et ses articles, rendez-vous ici !

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