Les amitiés d’enfants expatriés : comment gérer les aurevoirs ?

Les-amities-d-enfants-expats-UNE femmexpatPartir et quitter ses copains… Comment aider nos enfants face à la tempête émotionnelle annoncée ?  

Anne est l’heureuse maman de deux petits garçons. Lorsqu’ils quittent, en cours d’année, l’Angleterre pour la Chine, ses enfants ont 4,5 ans et 1,5 ans.

Autant dire que le second n’a pas encore vraiment saisi le concept d’amitié. En revanche, l’aîné s’attache déjà avec sincérité aux personnes de son entourage…

Témoignage et conseils.

 

Le départ : dire aurevoir au meilleur ami et aux copains 

En changeant de continent dans l’urgence, nous devions parer au plus pressé . Outre la logistique du déménagement à organiser, nous devions accompagner notre fils, Théliau, dans sa séparation d’avec les copains. En particulier, un petit Anglais, Oscar, son meilleur ami, avec qui la fusion était totale.

Nous pressentions que cela allait être dur. Mon fils lie des liens très forts avec les personnes qu’il apprécie… Je lui ai donc conseillé de garder plein de petits souvenirs à emporter dans son cœur.

Pour l’aider dans ses adieux, nous avons aussi fait en sorte que les enfants se voient énormément avant le déménagement, histoire de se mettre des images plein la tête… Et pour matérialiser leurs liens,  j’ai acheté aux deux garçons la même figurine de super héros. L’idée était de dire que l’autre serait toujours présent et qu’ils pourraient parler aux figurines s’ils avaient envie de se confier l’un à l’autre.

Au moment du départ, ils se sont fait des câlins, c’était vraiment très émouvant. 

Par ailleurs, nous avons organisé une fête pour que tous les copains jouent encore une fois ensemble et célèbrent ainsi le départ, sur une note positive.

Nouveau pays, nouvelles amitiés… tout en gardant le lien

La nouveauté, l’adaptation à notre nouveau pays d’expatriation…  Tout cela a fait que Théliau n’a pas parlé de ses amis laissés en Angleterre pendant un bon moment.

Tout à la découverte de sa nouvelle vie, il a rapidement créé de nouvelles amitiés d’origines variées dans sa nouvelle classe.  Ce qui nous a rassuré car arriver en cours d’année n’est jamais facile. De plus, il se retrouvait comme seul Français !  Mais il a fait son trou.

Quelques semaines plus tard, un petit Anglais, John, a rejoint sa classe et le coup de foudre amical a été immédiat. Il ne parlait plus que de lui. Nous avons encouragé les relations en invitant ce nouvel ami et en les faisant partager des activités extra-scolaires.  

Puis Théliau a commencé à réclamer son copain Oscar. Nous avons donc essayé un ou deux appels skype. Mais ils étaient trop jeunes… Trop excités pour parler, ils n’y arrivaient pas, les petits frères respectifs chahutaient.

Nous avons donc eu recourt à un autre moyen : ils s’envoyaient des vidéos de temps en temps ou des enregistrements audio. En parallèle, Théliau a pu tisser des liens avec le petit John à Shanghai.

A la fin de l’année scolaire, il avait à nouveau un meilleur ami et une bande de copains. Mais sans pour autant oublier Oscar… 

 

Se retrouver durant les vacances

La famille d’Oscar a proposé de nous rejoindre en France pendant l’été. Ils ont choisi une location dans la ville où nous serions pour les grandes vacances. Les deux enfants se sont retrouvés, chacun racontant son année. Ils ont fait un stage de surf ensemble et à la fin de la semaine, ils avaient rattrapé le temps perdu.

Ils avaient rempli leur « bucket » de blagues, d’histoires, de fou-rire,…et ils les emmenaient dans leurs valises. La séparation a été simple : ils se quittaient tout en sachant que ce n’était pas définitif et qu’il n’y avait plus lieu de s’inquiéter comme sept mois auparavant.  

 

Nouvelle séparation 

De retour à Shanghai, Théliau a retrouvé ses copains, son ami John et s’est fait de nouveaux amis à l’école. L’année a passé sur le même mode que l’année précédente : des enregistrements audio ou vidéo, des photos.

Puis, vers le mois de juin, Théliau a appris que John quittait Shanghai. Il en a été très touché. Et, de lui-même, il s’est petit à petit détaché de ce garçon. Il a pris part à sa fête de départ et ils ont joué comme ils le faisaient d’habitude. Ce jour-là, ils m’ont demandé de les filmer tous les deux en train de s’amuser et de chanter ensemble. Le « hug » final a été maladroit.  

Théliau a été triste de ce départ. Six mois après, il parle toujours de John comme étant son meilleur ami de Shanghai.  

 

Le retour de l’été 

L’été a repointé le bout de son nez eten tête à tête avec Théliau, nous sommes partis quelques jours en Angleterre, retrouver ce fameux petit Oscar et les d’autres anciens copains.

Les retrouvailles avec Oscar ont été simples, comme l’année précédente en France. Ils ont pris un ballon et ont joué comme s’ils s’étaient vus la veille. C’était incroyable de les voir renouer en quelques minutes à peine alors qu’ils ne s’étaient pas vus depuis un an.

Au moment de partir, Oscar a exprimé de la colère envers Théliau, c’était sa manière de réagir à la séparation. Notre fils, quant à lui, a beaucoup mûri de ce point de vue-là : après avoir vécu le départ de John de Shanghai, il a appris à mieux géré ses émotions. Il lui a donc expliqué qu’ils se reverraient parce qu’ils sont meilleurs amis. C’était aussi simple que cela.

Et plutôt que de pointer la tristesse de cette nouvelle séparation, Théliau a positivé sur la joie de l’avoir revu.  

Poursuivre les échanges

Aujourd’hui, nous continuons les échanges à distance avec Oscar par l’intermédiaire des parents. Et nous prévoyons déjà un moment pour de nouvelles retrouvailles 

Lors de la rentrée dernière à Shanghai, Théliau a accusé le coup de ne pas retrouver John. Il en parle souvent : « tu sais Maman, John il disait que…. ».

Mais dans sa classe, il y a encore des tas de nouveaux copains à découvrir et à qui dire au revoir quand arrivera l’été… 

Mes pistes pour des aurevoirs réussis 

Je ne suis clairement pas une experte en la matière et je n’ai pas de formation en psychologie. Mes conseils se fondent uniquement sur l’expérience : la mienne et celle de la communauté expat que je côtoie.

Pour des aurevoirs réussis, il me semble donc  important de :

  • prendre au sérieux la question de l’amitié, même s’il s’agit de jeunes enfants, et de lui accorder une place dans l’expatriation
  • ne pas hésiter à demander ponctuellement à l’enfant comment il se sent vis-à-vis de ses petits copains
  • créer un climat de confiance autour du départ et pour cela, rendre la chose joyeuse (des cadeaux, des fêtes, …)
  • emporter quelque chose qui rappellera à l’enfant l’endroit et les amis qu’il quitte (des photos, des objets…)
  • continuer à nourrir le lien avec les amis vraiment très proches pendant l’expatriation (il n’est concrètement pas possible de garder contact avec tous), en organisant des rencontres lorsque c’est possible, et surtout, faire en sorte que ce soit possible : vacances, messages, photos, cartes postales…
  • faire confiance à l’enfant sur la manière dont il veut gérer sa relation d’amitié et l’accompagner, plutôt que de se projeter dans son histoire

Voilà en quelques points des éléments que j’ai essayé de prendre en compte lors de notre départ en Chine. Ce ne sont pas des conseils, mais des pistes à creuser en fonction du caractère de votre enfant.

Anne Portier-Maynard
Maman expat et auteur de la collection « Globe-Trotteurs, même pas peur ! », une série illustrée par Alexandra Gagne

Photo : Globe-trotteurs, même pas peur - tome 1
(c) Globe-Trotteurs, même pas peur – tome 1
Globe-Trotteurs-Cover-Tome2-A-bientot-les-copains
(c) Globe-Trotteurs même pas peur – Tome 2

Découvrez la collection : Globe-trotteurs, même pas peur !
Par Anne Portier-Maynard, l’auteure et créatrice de la collection et Alexandra Gagne, illustratrice de la série de ces albums jeunesse

Conçus sous la forme de petits ouvrages d’une dizaine de pages, ces albums s’adressent aux 3-8 ans autour de 4 volumes :

Chaque ouvrage aborde un thème sensible de l’expatriation. L’ensemble des livres constituera une boîte à outils à destination des enfants et des parents pour aborder avec eux des questions liées à la vie d’expat’. La famille globe-trotteur, au centre du récit, s’installe à Shanghai, mais elle aurait tout aussi bien pu venir vivre aux Etats-Unis ou ailleurs, puisque certains sujets sont liés à la situation et pas nécessairement au pays d’accueil.

Pour suivre les aventures de la famille globe-trotteur, c’est ici  : www.globetrotteursmemepaspeur.com 

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