Brexit : devenir un sujet de sa Majesté, la solution ?

Brexit-devenir-un-sujet-de-sa-majeste« Ça y est, c’est fait, on a « brexité »… Sans champagne, ni feux d’artifice ici au Royaume-Uni. Personne ne voulait vraiment y croire. La preuve, rien n’a été vraiment préparé… »

Si certains Français expatriés européens ont décidé de s’expatrier ailleurs ou de rentrer en France (on attend les chiffres pour quantifier ces départs qui semblent être nombreux à entendre les personnes autour de soi), d’autres souhaitent rester…

C’est le choix de notre coach, Camille Chevallier Jorcin, expatriée à Londres, qui a choisi de se lancer dans la procédure d’obtention de la nationalité britannique…

 

Qu’est-ce qui change vraiment ?

L’Ambassade de France affiche le Top 20 de ce qui a changé depuis le 1er janvier. En tant que touriste, pas grand-chose en effet.

Par contre, pour venir travailler au Royaume-Uni, c’est autre chose. Il faut maintenant un visa long séjour (payant) et avoir déjà la proposition d’emploi du futur employeur.

Les étudiants quant à eux, doivent se munir d’un visa étudiant (payant).

Pour continuer à vivre et travailler au Royaume-Uni, si on est arrivé avant le 31 décembre 2020, le fameux « EU Settled Status » semble être une solution pour rester plus de 5 ans mais rien n’est clair sur la garantie des conditions futures. Attention d’ailleurs à un premier document ou « Pre Settled Status«  qui doit être transformé en « Settled Status«  avant le 30 juin 2021.

Et inutile de vous dire que ça se bouscule au Home Office (Ministère de l’intérieur britannique) et que les services administratifs ne fonctionnent pas à plein régime dans un contexte de confinement. Il est nécessaire de se montrer très très patient.

 

Anticiper dans une période de flou britannique

Au vu de la communication des services anglais, les choses se compliquent pour les entreprises recrutant des Européens (coûts supplémentaires, besoin de prouver pourquoi le recrutement de cette personne venue d’Europe est requis face à un citoyen britannique).

Ceux qui ont expérimenté le système de « sponsoring » dans d’autres pays en connaissent la complexité. C’est un souci pour recruter ou être recruté(e). Et ce n’est pas encore très clair pour les entrepreneurs français installés en UK :

  • Quel sera leur statut ?
  • Seront-ils plus taxés ?
  • Auront-ils plus de difficultés à créer leur entreprise ici en UK ?

Alors, de mon côté : Française mariée à un Anglais et entrepreneure depuis quelques années, j’ai décidé d’anticiper.

Je ne veux pas prendre de risques. Direction la voie royale de sa Majesté la Reine Elizabeth : obtenir la nationalité britannique.

 

To be or not to be (British)

Dans un premier temps, même si je voyais cela comme la solution la plus adaptée et idéale, je ressentais un blocage pour faire les démarches d’obtention de cette nationalité britannique.

J’avais eu besoin déjà d’intégrer que je devenais « étrangère » dans mon pays d’adoption. Je ne faisais dès lors plus partie de ce grand pays qu’est pour moi l’Europe. Je suis devenue étrangère, immigrée.

Puis, se posait la question de mon identité. Moi qui parle encore avec mon accent français après plusieurs années ici, qui parle avec les mains et continue d’interrompre les conversations plus qu’il n’en faut, qui ne comprend encore pas un one man show du début à la fin… comment diable pourrais-je devenir britannique ? Quelle imposture !

Et puis, est ce que ça voulait dire renier un peu de mes origines ? Bref, devenir britannique devenait une question philosophique.

 

Sois pragmatique, sois britannique !

Tout s’est débloqué le jour où nous avons parlé de ça avec des amis iraniens. Ils m’ont parlé du renouvellement de leur visa pour eux et leurs enfants (même s’ils sont nés au Royaume-Uni), le coût, le sponsoring pour travailler ici… Quand j’ai entendu la complexité pour eux, j’ai pensé que j’avais clairement des questions philosophiques de personnes ultra privilégiées. Ça a remis les pendules à l’heure.

J’allais demander cette nationalité britannique parce que je voulais vivre, travailler, élever mon fils en Angleterre, tout simplement.

Sans me mettre la pression sur mon niveau d’anglais car il suffit d’avoir le niveau B1. Et selon le CECRL (Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues), cela signifie d’être capable de comprendre les points essentiels dans un langage clair et standard, de produire un discours simple et cohérent sur des sujets familiers, de raconter un événement/une expérience, et d’exposer brièvement des explications pour un projet/une idée.

Enfin, quand mes amis m’ont demandé : « Et tu dois donc renoncer à ta nationalité française. Ce sera ok pour rentrer en France ? », là j’ai mis un temps d’arrêt, et j’ai à peine osé répondre que non, je n’avais même pas à renoncer à ma nationalité française car j’allais garder les deux.

Je suis ressortie de cette discussion boostée comme jamais, me répétant « lucky me, lucky me, lucky me… »

 

Les étapes : 3 ans ou 5 ans

Pour obtenir la nationalité britannique, il y a deux options au préalable :

  • en individuel sur la base des 5 dernières années passées en UK ou
  • en tant que conjoint d’un ressortissant britannique et donc sur la base des 3 dernières années britanniques.

« Lucky me » encore une fois, je pars sur l’historique de mes 3 dernières années ici.

Au delà des étapes plus en détails que vous pouvez retrouver sur le site du Home Office, les éléments clés à obtenir sont :

 

>> Le test “Life in the UK”:

A la date ou j’écris, ce test est un questionnaire à choix multiple à faire en ligne dans un centre d’examen. Il se compose de 40 questions au total portant sur l’Histoire du Royaume-Uni, ses valeurs et principes, la société contemporaine, le gouvernement britannique, la loi et le rôle de chacun.

Les guides s’achètent directement sur le site dédié et la méthode est de faire un maximum de tests pour mémoriser les réponses. De mon côté, je dois dire que j’ai pris plaisir à me replonger dans l’histoire avec cet angle de vue du côté britannique. Incroyable de se rappeler que l’Angleterre a connu une République bien avant la nôtre. Nommée « Commonwealth », elle n’aura duré que 11 ans avec Cromwel en Lord Protector. Et c’est vrai que nos histoires sont entremêlées depuis des générations.

Soyons clairs, c’est impossible de passer le test sans travailler un peu avant. Les institutions écossaises, galloises et irlandaises du Nord ne s’inventent pas… pas plus que quelques faits d’histoire, noms de célébrités, écrivains, inventeurs ou athlètes britanniques qui n’ont pas fait partie de nos apprentissages ou de nos actualités.

Une fois que l’on a un peu étudié, c’est facile.

 

>> Un test d’anglais :

Un test certifiant votre niveau d’anglais est nécessaire si vous n’avez pas fait d’études au Royaume-Uni et même si vous y avez travaillé de nombreuses années. Attention à bien faire le test complet (lu, écrit, parlé) et à choisir un centre de tests accrédité parmi ceux présentés dans la liste du Home Office.

 

>> Un récapitulatif de vos voyages hors Royaume-Uni :

Là est peut être la partie la plus facile dans la mesure où ça ne nécessite absolument aucune connaissance – et certainement la plus compliquée au final. Car pour des personnes qui voyagent très régulièrement comme moi en Europe ou à l’international et qui n’ont pas gardé toutes les traces de ces voyages (car vous n’êtes pas du genre à tout garder ou parce que c’est votre entreprise qui s’est charge de tout), ça peut s’avérer être un vrai casse-tête.

« Chéri, on était où le 24 juin, il y a 5 ans ? » Et attention à bien avoir été présent au Royaume-Uni il y a 5 ans (ou 3 ans) à la date précise de la demande !

A noter : pour ceux qui le souhaitent, il est possible de faire appel à un agent qui fera tout le travail administratif pour cette demande de nationalité. Hyper pratique mais assez cher (autour de 2 500£).

Les entreprises aiment accompagner leurs employés hauts potentiels dans cette démarche. Si on vous le propose, n’hésitez pas une minute.

 

Combien ça coûte ?

Au total, obtenir la nationalité britannique coûte environ 1600£ (sans compter l’agent) selon un petit décompte rapide :

  • 50£ le test “Life in the UK
  • 12,99£ pour acheter le livre et préparer le test
  • 170£ le test d’anglais dans un centre agréé
  • 1359.20£ lors de la demande (avec les éléments de biométrie).

 

La cérémonie

Une fois le dossier accepté (ce qui prend aujourd’hui de nombreux et longs mois au vu de la demande exponentielle et n’émanant pas que des Français bien-sûr), le nouveau sujet de sa Majesté est accueilli lors d’une petite cérémonie. Il se doit alors de prêter allégeance à la Reine.

C’est vrai dans tout ça, on oublierait presque que l’on vient de franchir une nouvelle étape. On quitte la République : place à la Monarchie parlementaire. On devient sujet de la Reine Elizabeth II. De quoi remuer un peu le cœur de républicains convaincus.

Ce qui me réconforte, c’est que je prête allégeance à une femme. C’est bête mais j’aime bien l’idée.

Mais comme m’ont dit mes amis iraniens, restons pragmatiques et concentrés sur le résultat. Pour nous, c’est en fait le droit de continuer à faire tout simplement comme avant. Mais… avec le droit de vote en plus ! N’oublions pas en passant que les suffragettes ont œuvré avec passion ici et obtenu le droit de vote dès 1918. Et avoir le droit de vote ne sera pas négligeable lors d’un prochain référendum… sur le Brexit… 😊 On a toujours le droit d’être positif.

 

Alors, yes, « God save the Queen ! »

 

Camille Chevallier JorcinCamille Chevallier Jorcin, expatriée à Londres

Passionnée par l’interculturel, Camille est l’une de nos expertes de l’Expat Coach Academy d’Expat Communication. Coach professionnelle certifiée de l’Institut de Coaching International de Genève et membre de l’International Coach Federation, Camille a un parcours de plus de 20 ans dans la communication d’entreprise au sein de structures internationales. Elle est également praticienne certifiée MBTI et Programmation-Neuro-Linguistique.

 

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