Vivre au Maroc : quelques clés de lecture

« Vivre au Maroc ? Facile ! D’ailleurs, nous connaissons bien, nous y étions en vacances l’an dernier. » Mais connaissez-vous vraiment ce pays ? Sandrine, expat coach chez Expat Communication y a vécu de longues années et propose un article  pour mettre en lumière des aspects essentiels du pays, souvent méconnus des expatriés avant leur installation. Un article à mettre entre toutes les mains des nouveaux ou futurs expatriés au Maroc !

Vivre au Maroc : faits essentiels 

Forme de l’État : Royaume, monarchie constitutionnelle (le monarque est chef d’Etat héréditaire)

Organisation politique : Roi qui règne, Gouvernement avec Premier ministre désigné par le Roi au sein du parti ayant remporté les élections législatives, Parlement à 2 chambres, la Chambre des représentants étant élue directement par les électeurs.

Population : 36,9 M (projection à 43 M en 2050)

Religion d’Etat : Islam. 99 % de la population est musulmane (rite sunnite malékite)

Capitale : Rabat

12 Régions : Tanger-Tétouan-Al Hoceïma / Oriental / Fes-Meknes / Rabat-Salé-Kénitra / Beni Mellal-Khenifra / Casablanca-Settat / Marrakech-Safi / Dräa-Tafilalet / Souss-Massa / Guelmim-Oued Noun / Laäyoune-Sakia El Hamra / Dakhla-Oued Ed Dahab

Langues officielles : Arabe, Tamazight (une des langues berbéro-amazighes)

Langues parlées : Darija (arabe marocain), 4 langues berbéro-amazighes, français, espagnol

Monnaie : Dirham marocain (MAD) (1 USD = 9 MAD – 1 EUR= 10,5 MAD – 1 CHF = 9,7 MAD 1 GBP = 12,2 MAD)

Villes importantes :

• Casablanca : capitale économique (pop. 3,7 M)
• Fès : capitale spirituelle, ville impériale (pop : 1,2 M)
• Marrakech : Capitale touristique, ville impériale (pop. 1 M)
• Tanger : Ville du Nord (1,2 million d’habitants)
• Rabat : Capitale administrative, ville impériale (pop. 1,8 M)

Les Marocains vivent selon les cinq piliers de l’Islam :

1. La profession de foi (Shahada)
2. Les prières (Salat) : il y en a cinq dans la journée : au lever du soleil, à la mi-journée, au milieu de l’après-midi, au coucher du soleil et le soir. Le muezzin, qui appelle depuis le minaret (la haute tour d’une mosquée), appelle les musulmans à chaque prière.
3. L’aumône (Zakat)
4. Le jeûne (Sawn) : principalement pendant le Ramadan, considéré comme un mois sacré.
5. Le pèlerinage (Hajj) : Une fois dans sa vie, le fidèle doit accomplir un pèlerinage à la Mecque.

Climat : le temps au Maroc dépend beaucoup de la région, d’un climat chaud et sec dans les zones désertiques à un climat tempéré sur les côtes. À Casablanca par exemple, la température moyenne se situe entre 13° C en janvier et 24°C en août. La nuit, la température peut descendre en dessous de 10°C dans la ville.

La géographie « protectrice » du Maroc : un territoire du bout du monde

Situé à l’extrême Nord-Ouest du continent africain, le Maroc – « al-Maġrib» littéralement  « le pays du soleil couchant » – dispose d’une situation géographique qui, en quelque sorte, l’a protégé de bien des agressions extérieures :

• 2 façades maritimes: l’une au Nord sur la Méditerranée, l’autre à l’Ouest sur l’Océan Atlantique
• 2 massifs montagneux avec des pics élevés culminant jusqu’à plus de 4000 mètres d’altitude: le Rif au Nord, l’Atlas à l’Ouest (avec ses 3 chaînes : Moyen, Haut et Anti-Atlas)
• 1 désert au Sud l’Erg Chebbi et Erg Chegaga à proximité de la frontière algérienne.

Entre ces éléments protecteurs s’étendent des plaines souvent de très grandes étendues avec de bas plateaux, des cours d’eau, quelques collines et des plaines fertiles qui permettent le développement d’importantes cultures agricoles.

Un peu d’histoire

Une succession de dynasties a construit le Royaume du Maroc. 3 dynasties amazigh (la population autochtone de la région), et 3 dynasties arabes (issues de l’arrivée des populations arabes parties de la péninsule arabique entre 649 et 684). Aujourd’hui, le pays est dirigé par la dernière dynastie arabe régnante, la dynastie alaouite.

Les dynasties régnantes

1. Dynastie des Idrissides (789-974) : Fondation du 1er Etat marocain en 789
2. Dynastie Almoravide (v.1060-1147) : Amazigh Sanhadjas
3. Dynastie Almohade (1145-1248) : Amazigh Masmoudas
4. Dynastie des Mérinides (1244-1465) : Amazigh Zenatas.
5. Interlude Idrisside (1465-1472) : Proclamé sultan de la région de Fès.
6. Dynastie wattasside (1472-1554) : Sultanat mérinide
7. Dynastie Saadi (1554-1659) : Dynastie Sharif
8. Interlude Dila’i (1659-1663) : Proclamé sultan dans la région de Fès
9. Dynastie Alaouite (1663-aujourd’hui) : Dynastie Sharif, a réunifié le Maroc après la guerre civile de 1669.

Les 3 derniers rois

Mohammed V (1909 – 1961) : Père de la nation marocaine moderne. Il a signé le traité d’indépendance avec la France et l’Espagne en 1956, mettant fin aux deux protectorats européens. De nombreuses universités, rues, espaces publics au Maroc portent son nom.

Hassan II (1929 – 1999) : Père de la stabilisation de l’État pendant la période post-protectorat, il a dû faire face à de nombreuses émeutes internes. Il a joué un rôle essentiel dans la politique de l’eau au Maroc et a posé les premiers signes du Maroc moderne vers les dernières années de son règne. Il est également responsable de la privatisation de nombreuses entreprises publiques marocaines.

Mohammed VI (1963 – ) : Roi actuel du Maroc depuis 1999. Au cours des 20 dernières années sur le trône, il a développé le pays afin qu’il puisse se positionner comme point de liaison entre l’Afrique et l’Europe.

• Il a poursuivi l’œuvre de son père et a construit de nombreux barrages. Il a également signé la construction du port de Tanger, qui est le plus grand en termes de volume de la Méditerranée et de l’Afrique.
• Il a multiplié par six le nombre de kilomètres d’autoroutes et a fait construire le premier train rapide d’Afrique en 2019.
• Il approuve une remarquable politique « verte » et prône la création d’une classe moyenne d’agriculteurs. Le PIB agricole augmente, en moyenne, de 5,25 % depuis l’introduction de la politique verte.
• Il a réformé le droit marocain de la famille pour mieux faire respecter les droits humains.
• Il défend un islam tolérant et fait office de leader d’opinion en Afrique occidentale. Sous sa direction, le Maroc a rejoint l’Union africaine.

Un Royaume soudé autour de sa monarchie, gage de stabilité

On l’a vu, le Maroc est un Royaume monarchique depuis plus de 12 siècles, ayant vu 6 dynasties s’y succéder depuis le huitième siècle. Il est particulièrement difficile pour celle ou celui qui s’y installe de se figurer comment fonctionne un tel Royaume. En effet, on ne compte plus aujourd’hui qu’une trentaine de monarchies constitutionnelles dans le monde  et seule une poignée d’entre elles disposent d’un souverain qui règne effectivement, comme au Maroc.

Force est de constater qu’au Maroc, la monarchie est gage de stabilité.

D’abord parce que, malgré les soubresauts nombreux de l’histoire moderne et contemporaine du Maroc, la monarchie est un point d’ancrage essentiel pour les Marocains qui, dans leur immense majorité, y sont extrêmement attachés. Le Souverain est un guide politique, militaire et religieux. En ce sens, il peut être comparé à la figure du pape pour les Chrétiens du monde.

Ensuite parce que la monarchie se place dans une perspective de « temps long » permettant le développement d’une vision à long terme, moins impactée par des logiques électoralistes plus court termistes. Le temps s’y égrène en années de règne et cela confère au pays une forme de force tranquille, avec une vision qui se porte, depuis la fin du 20^ème siècle, à 50 ans.

A l’aurore de son accession au pouvoir, Mohammed VI a d’ailleurs été le dépositaire du « Rapport des 50 ans » commandité par son père et qui a été, en quelque sorte, réactualisé par le rapport général sur le nouveau modèle de développement, élaboré au printemps 2021 par la commission du même nom nommé par le Souverain. Le sous-titre du rapport résume d’ailleurs assez bien ce qui pourrait être la feuille de route du Maroc des prochaines décennies : « Libérer les énergies et restaurer la confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous ». Pour qui veut comprendre la complexité de la réalité marocaine et comment le pays projette son avenir, c’est une lecture incontournable. (https://www.csmd.ma/rapport-fr)

Le Maroc, un pays complexe … qui le cache bien

Loin de l’image d’Epinal, lisse et simplette, d’un Maroc de vacances au soleil, le pays présente un certain nombre de contrastes, voire de dualités qui peuvent déstabiliser les étrangers qui s’y installent.

• 2 « temporalités »: le Maroc suit à la fois le calendrier grégorien qui démarre l’année chaque 1^er janvier et le calendrier hégirien, basé sur le calendrier lunaire, qui compte environ 11 jours de moins que le calendrier solaire. Nous pouvons donc y être à la fois en 2021 et en 1443, sans que cela ne pose aucune problématique particulière.
• 2 frontières : le conflit territorial qui oppose depuis plus de 45 ans le Maroc au Front du Polisario concernant le territoire du Sahara occidental, dont le Royaume administre de facto environ 80 % et qu’il revendique dans sa totalité, fait du tracé des frontières marocaines un exercice d’équilibriste.
• 2 « visages » : celui de l’urbanité la plus opulente côtoie celui de la ruralité, parfois la plus démunie. Modernité et tradition se côtoient partout, au gré des lieux visités et des moments vécus.
• 2 sources de droit: le droit musulman historique et le droit positif hérité de la période coloniale
• 2 cultures : vous entendrez parfois ceux qui connaissent bien le Maroc vous dire que le Maroc n’est pas un pays arabe comme les autres. C’est qu’ils font référence à l’importante population amazigh autochtone dont la langue et la culture, après avoir été longtemps marginalisées, ont été finalement reconnues officiellement dans le préambule de la Constitution de 2011. Cette « amazighité » fait partie intégrante, avec d’autres composantes, de l’identité marocaine.

Extrait du Préambule de la Constitution du Maroc du 1^er juillet 2011 : “ État musulman souverain, attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale, le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen. »

Le Maroc est en pleine évolution, et ce sur tous les plans. Les transformations en cours obéissent à des dynamiques qui peuvent sembler parfois contradictoires. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera plus forcément demain. Une phrase, un jour prononcée par l’une de mes connaissances qui avait déjà passé un certain nombre d’année au « pays du soleil couchant » résume tout à fait cet aspect particulier : « le Maroc, ce pays où tout est possible et rien n’est certain ».

Sandrine G.