Oh que l’on n’aime pas ça !!! Aussitôt la nuque se raidit et les épaules se crispent. La voix se tend dans notre gosier. Non mais de quoi parle-t-on ? Quel drame peut nous mettre dans un état pareil ? Qui aurait cru qu’un jour, nous aurions à quémander de l’argent, et à notre conjoint de surcroit ?! Et pourtant… vous le savez, nous parlons d’une réalité que beaucoup connaissent. Car non, l’indépendance financière n’est pas une évidence dans tous les couples expatriés. Mais bonne nouvelle, ce n’est plus non plus, un sujet tabou.
Du sujet tabou au sujet concret
Avant qu’Alix Carnot, directrice associée d’Expat Communication ne mette les pieds dans le plat avec son livre « Chérie on s’expatrie, guide à l’usage des couples expatriés » en 2015, l’argent dans le couple expatrié n’était que peu évoqué. Corinne Tucoulat qui anime de nombreux stages de préparation à l’expatriation chez Expat Communication, l’affirme :
« Ce thème était rarement abordé spontanément par les candidats à l’expatriation. Il y avait une sorte de tabou. Pourtant, lorsqu’on le mettait sur la table, les langues se déliaient. Il y a beaucoup d’angoisse et de questions à ce propos. »
En réalité, expat ou pas, l’argent est une question qui concerne tous les couples. Mais en expatriation, en 2024 encore, l’un des deux conjoints ne va pas forcément travailler (52% ne travaillent pas d’après le Baromètre Expat Communication 2023), ou aura un salaire souvent plus bas qu’avant de partir (d’après la même enquête : 45% de conjoints ont vu leur salaire diminuer en expatriation). Soyons claires, en 2024, le décalage financier est bien réel en expatriation au sein du couple. Alors que faire ? Comment gérer cette frustration et ce risque ?
1 – Argent, couple et expatriation : on dénoue le sujet avant le départ
On évoque clairement le sujet en couple, au moment du choix de la destination :
- quelles seront les options professionnelles pour le conjoint qui accompagne ? (visa, marché, pratique de la langue, modes de garde et horaires d’école pour ceux qui partent en famille)
- un salaire sera-t-il suffisant pour toutes les dépenses à venir ? Quel est le coût de la vie dans la future destination ? Si oui, sur combien de temps ? Et avec quels choix sur de l’épargne éventuelle ?
- quelle est la gestion des dépenses quotidiennes envisagée ? La banque locale, la banque en France, les frais qui en découlent. Quelle est la somme en devises locales disponible pour le quotidien vs quelle est la somme (en devises locales ou autre) qui est destinée à l’épargne. Prenez des exemples concrets : quel compte pour les vacances, quel compte pour l’école des enfants, les cadeaux, les imprévus, les loisirs ?
2 – On ne cache pas le sujet sous le tapis
On lit et relit les articles sur la question et notamment cet excellent article de Claire Aladel, Expat Coach à Dubaï : 3 conseils pour mieux vivre cette dépendance financière et surtout… ne plus la subir.
Et surtout, on la joue « fine ». Alix Carnot insiste sur ce point :
« Dans la plupart des cas, bien sûr, la gestion quotidienne financière se déroule sans accrocs. C’est OK et heureusement. A une condition : que l’on soit très délicat avec le sujet. Si à chaque demande de virement on entend « Encore ? », un rire taquin ou encore un regard un peu suspect, vous aurez forcément en face, le développement d’un sentiment de frustration, de gêne. Et c’est là que cela peut devenir problématique. »
3. On ouvre un compte commun pour la gestion quotidienne
Cela peut paraître un détail face à la quantité de dossiers chauds que vous aurez à mener en arrivant en expatriation. Mais il est pourtant central : ouvrez un compte commun. Il est impératif que le couple puisse disposer à part égale d’une somme suffisante chaque mois pour l’organisation de l’expatriation au quotidien. A défaut de compte commun, pensez et préparez une organisation qui doit surtout être confortable pour tous : droit de tirage illimité, 2e carte de crédit, etc.
4. On ne pense pas uniquement au quotidien…
Le problème, quand l’un des deux s’arrête de travailler, c’est aussi les distorsions que cela crée à long terme. On pense donc à anticiper au maximum les questions de retraite. Avec des solutions d’épargne individuelles, ou des solutions spécialement conçues pour les expatriés (CFE). Mais ce n’est pas tout, il faut envisager aussi les coups durs. Que faire en cas de séparation ? De décès ? Il est indispensable pour une FemmExpat de se constituer, dans la mesure du possible, d’un patrimoine propre.
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5. Et puis on se détend…
« Vous êtes sympa FemmExpat, mais moi là j’ai craqué sur ce sac à main en soldes. En temps normal, quand j’avais mon salaire, je me le payais sans problème. Mais, là, qu’est-ce que je fais ? »
On commence par se faire confiance. Si on parle d’un chouette sac à main qui ne coûte pas le prix d’un aller-retour Paris-Los Angeles, prenez-le : vous êtes à même de réaliser que cette opération financière ne va pas entraver le quotidien de votre ménage !
Ensuite, on dédramatise la situation. La réalité, c’est que parfois, nous pouvons nous mettre une pression considérable, nous poser mille questions. Alors qu’en réalité, si vous avez craqué, c’est que quelque part, vous en avez réellement besoin, de ce sac à main. Accordez-vous votre propre « permission », l’achat n’en sera que plus beau. Et vous plus séduisante 😊
Et si ça passe pas ?
Laissons à Alix Carnot le mot de la fin :
« Généralement, ce sont plutôt les conjoints qui ne travaillent pas qui s’autolimitent : « Je ne travaille pas, je ne le mérite plus ». Parfois, la restriction vient de celui qui travaille mais elle est involontaire. Il/elle ne s’imagine pas à quel point il est difficile de ne plus avoir nos propres revenus. Il est alors urgent de reprendre le dialogue et de dénouer très rapidement ce qui pourrait devenir un problème de couple. Et il arrive que le problème soit plus complexe. Une relation frénétique aux achats ou un besoin de contrôle malsain de la part de celui qui a les revenus. »
Dans tous les cas, ne restez pas sans rien faire (relisez le point 2) ou faites appel à l’un de nos Expat Coachs. Il connaissent bien le sujet et ont plus d’un outil dans leur besace pour vous faire avancer. Pour retrouver une relation saine avec l’argent, parce que nous le valons bien.
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