Parents expatriés et exténués : comment alléger la charge mentale ?

Parents expatriés et exténués : comment alléger la charge mentale ?Se réveiller avec des sueurs froides en se demandant si nous avons bien envoyé tel ou tel document à l’administration locale. Se rappeler en boucle pendant des heures une liste de choses à faire impérativement, en mélangeant allègrement les petits détails (comme la confection de gâteaux pour la fête internationale organisée par l’école du plus petit) et les gros morceaux (comme le dépôt de la demande du numéro de sécurité sociale pour pouvoir déclarer les impôts). Ou se mordre les doigts en se rendant compte qu’on avait complètement laissé passer le temps pour prendre un billet d’avion pas trop cher pour le prochain voyage retour en France.

Ça vous rappelle quelque chose ? Vous aussi vous vivez parfois difficilement ce trop-plein de choses à faire et à décider ? Alors parents expatriés et exténués, comment alléger la charge mentale ?

Un concept qui date des années 80 a émergé de nouveau depuis peu suite à la diffusion sur les réseaux sociaux de la BD d’Emma : la charge mentale. Penser à tout, tout le temps. Ruminer sur les tâches domestiques, les rendez-vous médicaux, les charges administratives. Tout cela génère un surmenage tant psychologique que physique qui augmente notamment les risques d’épuisement.

Si cette charge est présentée dans la BD au niveau du foyer et du point de vue de la femme, il est intéressant de voir que les parents expatriés ne sont pas à l’abri de ce risque. Car les chamboulements dus à la nouvelle situation augmentent la pression. Quelles sont les périodes les plus délicates et comment trouver un équilibre ?

Les moments clés de l’expatriation où la charge est plus importante
Les préparatifs

La liste des choses à faire est longue. Prévoir du mieux possible, tout en n’ayant pas toujours une réelle visibilité sur le futur, est une source de fort stress. Quelle école ? Quel logement ? Comment gérer le déménagement ? S’ajoutent toutes les contraintes administratives, du visa à l’assurance de la maison… La liste des choses à faire ne semble jamais se terminer. Pourtant la date du départ est là. Rajoutant un autre stress : celui du délai.

L’installation, les premiers mois

« Ça y est ! Nous y sommes ! ». Ce nouveau pays nous accueille et il va nous falloir alors absorber un nombre important d’informations pour pouvoir nous adapter au mieux. Comprendre des systèmes différents, essayer de s’intégrer dans une nouvelle culture. Et même dans le quotidien, comprendre tous les petits détails, du tri des poubelles à l’abonnement à Internet !

L’après « lune de miel »

L’expatriation se décompose en quatre grandes phases :

  • la lune de miel,
  • le choc culturel,
  • l’adaptation
  • puis la maturité (2).

Après l’euphorie des premiers temps, suit souvent une période de « blues » où les expatriés se mettent à voir les choses qui ne vont pas. Les différences culturelles sont vécues alors comme des contraintes. Et le mal du pays n’est souvent pas loin.

Doutes et frustrations s’invitent et dans ce climat morose, la charge mentale est encore plus importante.

Le retour

C’est reparti pour un tour ! Les préparatifs sont lourds et même si nous avons l’impression de mieux connaître le terrain, nous nous rendons vite compte que certaines choses ont changé !

Là encore, notre capacité d’adaptation est mise à l’épreuve et la tension monte. Le tout dans une tempête d’émotions souvent contradictoires : la tristesse de laisser ceux que nous avons rencontrés sur place et la joie de retrouver ceux que nous avions laissé. Ça n’aide pas !

Les causes de la charge mentale du parent expatrié 
Les changements de repères

Nous découvrons une nouvelle culture à laquelle il va falloir s’adapter. Ses codes sont différents, remettant souvent en cause nos propres croyances. Nous sommes alors complètement perturbés et la prise de décision qui était souvent rapide devient plus difficile. Car nous avons d’autres éléments en main.

Il y a aussi souvent une dissonance entre ce que nous souhaiterions mettre en place et ce que nous faisons vraiment. Cette dissonance vient aussi des difficultés d’adaptation. Devons-nous garder notre propre culture ou nous laisser influencer par la nouvelle ?

Les enjeux de réussite

« Nous sommes là, nous devons en profiter, nous devons en tirer le meilleur pour nous et nos enfants. ».

Nous mettons souvent la barre haute car cette expérience est unique. Cet enjeu implique un stress sur toute la famille. Nous avons l’impression qu’il faut alors vivre chaque instant pleinement.

Par ailleurs, nous avons souvent l’impression de représenter notre pays. Surtout ne pas faire d’impairs, être à la hauteur de ce que s’attendent les hôtes.

Le poids de la culpabilité

« Avons-nous bien fait ? »

C’est la question qui revient à chaque fois que se dresse un obstacle. En embarquant notre famille dans cette situation, il nous arrive de remettre en cause cette décision. Pourtant la vie ne peut pas être rose tout le temps !

Par ailleurs, nous ne pouvons contrôler tous les paramètres de cette expatriation. Votre ado s’est-il bien intégré ? Votre conjoint n’est-il pas trop isolé ? Et la petite qui ne parle toujours pas, est-ce du fait de l’expatriation ?… Des questions qui tournent en boucle et nous usent.

Un flot d’émotions

Entre le départ, l’arrivée, les nouvelles expériences, les rires, les larmes, tous ces bouleversements nous mettent au cœur de multiples émotions. Rester organisés et concentrés dans les tâches à réaliser en vivant ce tourbillon d’émotions demande un plus grand effort.

Comment faire pour se sortir de cette fatigue psychologique ?
1. Prendre conscience de ce surmenage !

Oui, souvent nous avons la tête dans le guidon et ne nous laissons aucun répit. Mettre le doigt dessus va vous permettre d’envisager des solutions et mettre en place des aménagements pour pouvoir respirer.

2. Partager les tâches

Faire le point des choses à faire et savoir clairement qui fait quoi. Cela permet d’en parler et de mettre à plat la liste qui semble infinie ! Pensez à déléguer à des entreprises extérieures quand c’est possible. Pensez aussi aux listes qui existent déjà pour ne rien oublier (3) !

3. Prendre conscience de ce que l’on a déjà fait.

Souvent nous passons déjà à la suite et ne prenons pas le temps de célébrer les petites victoires du quotidien. Osons prendre le temps de regarder ce qui a déjà été réalisé !

4. Accepter l’imperfection, baisser la pression.

Ce qui nous fait souffrir est souvent cette frustration que nous ne sommes pas arrivés à faire parfaitement une tâche. En lâchant prise, nous permettons à notre cerveau de plus vivre dans le moment.

5. Casser l’isolement.

D’autres personnes sont passées par là, osons demander de l’aide et des conseils. Osons nous rapprocher des parents déjà expatriés et des autochtones pour apprendre plus facilement comment ils font pour gérer eux aussi cette charge.

6. Prendre soin de soi

Dans ces périodes très intenses, il est important de prendre le temps de prendre soin de soi. Cela permet de faire jouer cette soupape qui nous permettra d’accepter et de gérer plus sereinement les aléas de cette expatriation.

Avez-vous d’autres idées ? Envie de partager une expérience de cette charge mentale ? Laissez-nous un commentaire !

Catherine Allibert

(1) Pour visualiser la BD : https://emmaclit.com/2017/05/09/repartition-des-taches-hommes-femmes/
(2) Pour en savoir plus sur ces phases, voir l’article de Julie Buguet pour Expats Parents.
(3) Par exemple, cette liste proposée sur le site de France Diplomatie.

Catherine Allibert, une histoire de samouraïsCatherine Allibert est écrivain et accompagnatrice des enfants expatriés dans le monde de la langue française.
Elle propose des services autour de l’apprentissage du français tout en améliorant la relation parents-enfants.

> Son site : https://www.unehistoiredeninjasetdesamourais.com – « Apprendre le français avec la souplesse du ninja et la rigueur du samouraï ! »

Elle anime aussi les groupes Facebook :

> Retrouvez-la également dans ces podcasts : « Le français comme j’aime » 

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