Raconter la création du monde tel qu’on le fait au Vietnam. Apprendre la patience grâce à des contes japonais. Explorer la Chine ancienne à travers ses légendes. Visiter un palais de Maharadja indien. Découvrir la vie d’une femme samouraï. Voilà quelques-unes des expériences à partager avec vos enfants de 5 à 10 ans pour leur faire découvrir l’Asie. Ils constituent une excellente initiation à la culture et aux folklores de cette région du monde.
Pour les petits expats qui partent bientôt en Asie. Ou ceux qui y sont déjà !
Corbeau noir, cygne blanc
De Lan Qu et Isabelle Genlis
Ce conte des origines revisite les traditions écrites et orales du Vietnam et de l’Inde. «Quand le temps était graines dans les rizières de l’univers », un oiseau déposa deux œufs, l’un rouge, l’autre blanc. Le ciel et la terre se blottirent pour les couver. Un corbeau noir jaillit de l’œuf rouge, qui devint le soleil. La coquille de l’œuf blanc se fendit pour libérer un cygne. La nuit et le jour étaient nés. Les frères oiseaux se poursuivaient inlassablement. Intriguées, les filles du ciel (des déesses) allèrent danser sur la Terre.
La jeune Au Cô dégusta quelques poignées de terre et, trop alourdie, ne put regagner les cieux. Ses larmes formèrent des rivières qui parvinrent jusqu’au royaume des eaux, où le fils de l’Empereur, le jeune dragon Lac Long Quan, se transforma en jeune homme à la peau de sable pour rejoindre Au Cô. De leurs amours naquirent cinquante garçons et cinquante filles. Pour rappeler son fils, l’Empereur des eaux fit souffler les tempêtes. Une vague immense emporta Lac Long Quan jusqu’au palais marin. Au Cô et quelques enfants se réfugièrent au plus près du ciel, en haut de la montagne, et devinrent le peuple des montagnards. Ceux restés sur la rive constituèrent les peuples du sud du Vietnam…
Un album majestueux dont les pages se déplient, formant une longue frise aux illustrations délicates.
La Patience du héron
De Erik L’Homme et Lorène Bihorel
Lorène Bihorel est une artiste hors du commun. Elle dessine avec du sable, sur une table de verre qu’une lumière jaune réchauffe, créant des images où les infimes grains esquissent ombres et contrastes. Dans son spectacle, ses dessins éphémères sont réalisés en quelques secondes mais, pour cet album, elle a parfois planché plusieurs jours sur un dessin. Le conte est signé Erik L’Homme, un auteur fantasy reconnu avec qui elle correspond depuis l’âge de quinze ans.
L’histoire nous emporte dans un pays qui, sans jamais être cité, ressemble au Japon. Orpheline, Mizuki quitte son village pour retrouver Shinzo, son amoureux d’enfance. Elle se souvient de leur complicité, assis les pieds dans l’eau : il admirait la patience du héron capable de rester immobile des heures. Sur son chemin, elle croise un jeune guerrier venu offrir des fleurs à un fameux maître d’armes, espérant qu’il l’accepte comme élève. Le maître d’armes répond que celui qui a coupé ces fleurs sait manier le sabre, et n’a pas besoin de lui. Parvenue en ville, Mizuki essaye d’entrer en contact avec Shinzo. Mais son maître d’armes s’y oppose. Elle a raison de ses résistances grâce à un poème, puis en choisissant la seule fleur d’un bouquet coupée au sabre. Mizuki et Shinzo, enfin réunis, se promettent de s’attendre…
Le Prince tigre
De Jiang Hong Chen
Cette histoire s’inspire d’une légende chinoise qui raconte qu’un bébé aurait été un jour recueilli par une tigresse. Dans cet album, le bébé se prénomme Wen, fils du roi, et il est offert à la tigresse en gage d’apaisement car des chasseurs ont tué ses petits. Elle sème depuis la terreur dans les villages, attaquant bêtes et enfants.
Quand elle trouve Wen endormi, blotti au pied d’un arbre, son instinct de mère refait surface et, au lieu de le dévorer, elle l’emporte dans sa tanière, où elle prend soin de lui. Elle l’élève comme un tigre. Mais le roi et la reine, fous de chagrin, envoient l’armée pour retrouver Wen. Devenu adolescent, Wen fait ses adieux à la tigresse. Il doit endosser son rôle de prince héritier, mais il lui fait la promesse de revenir la voir…
Les illustrations plongent au cœur d’une Chine ancestrale, avec palais traditionnel et soldats en armure. Les compositions empruntent à la fois aux estampes et au découpage en vignettes de la BD, et proposent des scènes puissantes, d’une grande intensité dramatique.
Les Yeux d’Otonashi
De Isabelle Wlodarczyk et Sacha Poliakova
Mirzu est le disciple de maître Otonashi, un peintre à la renommée prestigieuse. Son modèle est toujours le même. La montagne bleue. Pourtant, ses tableaux diffèrent toujours. Un détail. Une lumière. La nature qui éclot ou se déchaîne. Mirzu est si impressionné par le talent d’Otonashi qu’il ne parvient à peindre qu’en cachette. Mais le maître perd la vue et son art décline. Pour préserver son honneur, Mirzu montre ses propres toiles aux admirateurs d’Otonashi. Le maître lui révèle plus tard qu’il voit très bien. Il a menti pour pouvoir admirer l’œuvre de Mirzu…
Un conte de sagesse sur la relation de confiance mêlée d’admiration entre un mentor et son élève. Et aussi une réflexion sur l’art, ses exigences d’observation, de patience, de travail.
La Vie parfaite du Maharadja
De Agnès Cathala et Julie Mercier
Dans un somptueux palais serti de diamants vit un Maharadja épris de luxe et de beauté. À tel point qu’il ne tolère pas la moindre imperfection et renvoie tous ses serviteurs. Seuls le tigre, le crocodile et le python, qu’il considère comme les splendeurs de la jungle, trouvent grâce à ses yeux. Mais habiter avec de redoutables prédateurs n’est pas sans risques… Ce qui frappe, dans les illustrations de cet album, ce sont ses couleurs. Un véritable kaléidoscope de couleurs flamboyantes, si typique de la culture indienne.
Attends Miyuki
De Roxane Marie Galliez et Seng Soum Ratanavanh
À l’aube, Miyuki se précipite dans le jardin pour admirer les fleurs qui s’ouvrent. C’est le printemps ! Mais un bouton tarde à s’éveiller. Le grand-père de Miyuki lui explique que toutes les plantes ne dansent pas à l’unisson. La fillette, pourtant, s’impatiente. Elle part en quête d’une eau pure, multiplie les mésaventures et revient attristée, les mains vides. Le lendemain, une goutte de rosée abreuve le bouton, qui s’épanouit… Les motifs des illustrations rappellent ceux des origamis : Miyuki, à cet égard, traverse la rivière à bord d’un oiseau de papier.
Ce magnifique conte leur emprunte la grâce et la légèreté. Et exalte avec poésie les vertus de la patience.
Récits de l’Inde illustrés
De Renee Chaspoul
Les contes traditionnels indiens qu’abrite ce recueil illustré aux couleurs chatoyantes ont été spécifiquement adaptés au jeune lectorat. On y trouve, entre autres, La Malédiction d’Indra, les contes d’Akbar le Grand, empereur de l’Inde et de son conseiller en chef Birbal (La Chasse, La Fin de Mahesh Das, Combien de corbeaux ? Birbal et le voleur, etc.), Un seul grain de riz, etc. Dieux et déesses (Shiva, Vishnou, Yaksha, Ganesh), éléphants et cornacs, serpents et charmeurs, tigre féroce, chacal imprudent et bien d’autres personnages arpentent ces histoires de batailles, d’amour et de ruses.
Issun Bôshi
De Raphaël Icinori
Fils de paysans, Issun Bôshi est haut comme trois pommes. Enfin, non, même pas, il n’est pas plus grand qu’un pouce. Ce qui ne l’empêche pas de partir à l’aventure, un bol en guise de bateau et une aiguille pour ramer. À la ville, il est engagé par un seigneur pour chanter et danser. Mais, un jour, un ogre kidnappe la fille du seigneur. Issun Bôshi combat et terrasse l’ogre grâce à un maillet magique, qui lui rend une taille humaine. La demoiselle secourue, bien entendu, succombe au valeureux héros…
Inspiré d’un conte japonais, cet album séduit par ses illustrations graphiques, aux couleurs lumineuses.
Fubuki, samouraï
De Didier Dufresne et Bruno Pilorget
Cette histoire nous entraîne dans le Japon médiéval, où le jeune Fubuki s’entraîne avec détermination pour devenir un samouraï. Il excelle dans l’art du tir à l’arc et son adresse force l’admiration. Mais quel secret cache-t-il ? C’est la question qui taraude son camarade et rival Tatsuya, qui n’aura de cesse de le poursuivre, jusqu’aux confins les plus reculés, pour percer son mystère. Car Fubuki est une femme…
Le conte invite à se familiariser avec le vocabulaire relatif aux samouraïs et à la culture japonaise : le bushido ou code d’honneur, le sabre katana, les rônins ou samouraïs errants, etc. Quatre pages de documentaire enrichissent l’album et révèlent, entre autres, qu’une femme samouraï exista véritablement : dame Tomoe.
Une sélection de Perrine Parageau, avec Bookwitty
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Perrine Parageau est titulaire d’un doctorat sur le récit d’enfance contemporain. Spécialisée en littérature de jeunesse, elle travaille pour l’édition et la presse écrite.
