Foot : petits expats et grands supporters

Foot-petits-expats-grands-supportersEuro 2021. Dans la cour de l’école primaire, on ne parle que de ça. Et le soir, à la maison, les questions fusent : « Moi je suis le seul à soutenir la France, et tous mes copains sont pour la Belgique ». Ou « pas question de soutenir les Bleus, nous, on habite à Rome, on est pour l’Italie ! ». Ou encore « je veux un maillot de foot, mais lequel je dois prendre : le orange ou le bleu ? »

Mais qu’est-ce qui se joue, là, pour nos petits expats ? Comment doit-on réagir, nous parents ? Nous avons posé la question à Adélaïde Russell, psychologue.

 

Célébrations familiales : entre complicité et conflit de loyauté

Ces événements internationaux à forte valeur symbolique sont autant d’occasions de partager, en famille, des moments intenses. Céline Dejean, expat coach chez Expat Communication, se rappelle de sa coupe du Monde alors qu’elle était expat à Moscou : « On fait le plein d’émotions, on se sent plus proches de notre culture, avec notre famille d’expat, autour d’un thème transgénérationnel. En tant que parents, c’est d’abord pur bonheur de faire vivre ces moments cocorico à nos enfants et de pouvoir les partager avec nos amis expat, notre famille de cœur . »

Célébrations familiales, bonne humeur générale… et souvent complicité. Que demander de plus ! A l’image de ce jeune Anglais de 17 ans qui vit en France depuis l’âge de 5 ans, qui est totalement intégré en France… Mais qui, avec son père, soutient l’équipe anglaise alors que le reste de sa famille soutient les Bleus. Cette alliance avec son père autour du football est alors une formidable occasion de rapprochement, à un âge pas forcément facile.

Quand les enfants sont plus jeunes, cette complicité frise parfois le conflit de loyauté. A l’exemple de cette petite fille de 8 ans qui va tout faire pour expliquer à ses copains que c’est bien aussi que la France (de ses parents) gagne contre la Belgique (où elle vit).

Oscar, quant à lui, demande souvent à son papa d’arrêter de lui parler français lors des matches France-Angleterre : « Ça la fout mal, les gens nous regardent !! ». Sa maman, Camille Chevallier, expat coach chez Expat Communication soupire : « Ça ouvre toujours une discussion dans le brouhaha du pub où l’on est venu voir le match à Londres. »

Pour Adélaïde Russell : « Toutes les combinaisons sont possibles. Mais ce qui est intéressant, c’est de voir ces enfants qui vont s’approprier un domaine, qu’ils vont suivre avec passion, dans leur monde à eux. » Mais allons plus loin…

 

Maillot de foot et… identité

Quand Marius, 8 ans, franco-anglais né à Londres dit à ses parents joyeusement : « It is coming home !!! », tout d’un coup, il y a un temps d’arrêt. La fameuse formule utilisée par les Anglais résonne d’une autre façon. Oui, on souhaite que la victoire arrive à la maison… Mais c’est quoi la maison ? En tout cas, le pays-maison de Papa et Maman, spontanément, c’est vrai que ce n’est pas forcément le pays-maison de Marius.

Parents expats, ces compétitions sont une formidable occasion pour vous de faire « un pas de côté » et de profiter de ce contexte de jeu sportif pour observer, écouter et aider votre enfant expat… Parce que pour certains enfants, cet Euro de foot vient réveiller de réelles questions d’identité, sans forcément qu’ils s’en rendent compte.

Pour la psychologue, il y a un mot primordial à retenir : « coexistence ». Nous le savons, nos enfants expats vivent en faisant cohabiter en eux plusieurs cultures. « Et l’important, c’est de dire qu’il n’y a pas forcément de choix forcé à faire ou de conflit. Qu’il est possible de faire vivre en soi plusieurs cultures et références différentes. Cette compétition de foot peut être une occasion de montrer qu’il existe un espace de paix et de négociation entre deux appartenances. Ce n’est pas parce que je soutiens à fond l’équipe de France que j’exclus les Pays-Bas. Il est important d’expliquer qu’il est naturel d’avoir une préférence pour l’un ou l’autre, mais qu’il peut ne pas y avoir d’exclusivité. »

Camille Chevallier donne une jolie piste : « Chez nous, la discussion finit souvent par : pourquoi ne pas soutenir les deux équipes et profiter des bons coups des joueurs ? Un drapeau sur chaque joue. Ça enlève un peu la pression et finalement, on est là pour profiter du jeu. »

 

Faire gagner une équipe, et faire grandir l’enfant

Et on peut même aller plus loin, nous dit Adélaïde Russel : travailler sur l’ouverture et l’esprit de croissance ou de développement qui s’oppose à une pensée limitante et figée. La psychologue explique : « C’est une occasion de faire sortir l’enfant d’un Fixed Mindset (= je suis Français, donc je soutiens la France) qui peut crisper un enfant et bloquer son intégration par exemple… à un Growth Mindset (= il n’y a pas d’exclusivité, je peux soutenir deux équipes, etc.) ».

Céline se rappelle d’ailleurs qu’en 2018, c’etait pour ses enfants et leurs amis l’occasion de découvrir le petit côté chauvin et patriotique de leur parents. Chez Camille, « c’est souvent dans la voiture au retour qu’Oscar dit qu’il soutenait les deux équipes et que de toutes façons, il était sûr d’être heureux du résultat avec deux fois plus de chance de voir son équipe aller en finale… »

 

Alors bien sûr, il n’y a pas que dans le domaine du foot que cela se joue… Ce qu’on retient au final, ce sont des souvenirs de matchs avec les amis d’autres nationalités. « Une autre belle preuve de tolérance et d’ouverture », conclut Céline. Que le meilleur gagne ! 😉⚽

 

Merci à Adélaïde Russell. Psychologue, elle accompagne en vidéo consultation des enfants et adultes expatriés.
En savoir plus sur www.expatfamille.com – Elle est par ailleurs co
-auteure avec Gaëlle Goutain de deux guides pratiques sur la vie
expatriée :

 

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