Home sweet home : rêverie ouverte sur un retour d’expatriation

RetourFranceCaféMe voilà à la terrasse d’un café en France. Odeur délicieuse de mon expresso, goût divin de mon croissant au beurre, le rayon de soleil qui pointe à l’horizon me réchauffe. La porte ouverte sur le bar me fait parvenir des bribes de conversations. Au loin, la vue des montagnes me remplit de bonheur. Le temps s’arrête. Je suis bien, là, maintenant.

 

Flashback : il y a quelques mois, nous savions que nous allions devoir revenir en France après quatre ans aux États-Unis. La liste des choses à faire avant de partir nous submerge. Comme nous submerge un immense flot de tristesse. Le cœur se serre. Tout a le goût des dernières fois. Nous nous jetons à corps perdu dans les préparatifs, ceux pour quitter le pays, ceux pour notre nouvelle vie là-bas (enfin ici, en France, quoi !).

Tirée d’un côté, poussée de l’autre.
Dernier jour d’école pour les enfants, dernier barbecue avec les copains, et puis encore un dernier pique-nique… et aussi encore un dernier verre… Nous voulons repousser toujours un peu plus loin le moment des vrais au revoir. Le cœur est lourd. Les larmes coulent. On se raccroche comme on peut : il y aura les réseaux sociaux pour garder le contact. Certains pourront faire le voyage jusqu’en France. Peut-être pourrons-nous revenir à l’occasion, qui sait ? On repousse délicatement ce futur incertain pour goûter pleinement ces moments partagés que l’on grave au plus profond de notre être.

 

Dans le vol retour, je retrouve cette sensation que j’avais eu quatre ans auparavant dans le sens inverse : celle d’être hors du temps. En suspens entre deux étapes de ma vie.

 

Des habitués du bar entrent et saluent le cafetier. Les blagues fusent, ils prennent des nouvelles des uns et des autres.

Je ris sous cape : au bar, journal à la main, ils se sont mis à faire une revue de presse en bonne et due forme. Ça râle dur. Peu importe le sujet, ce sont toujours des « C’est une honte, quand même ! »  « Ça d’vrait même pas exister ! » « Ça, c’est la faute au gouvernement ! ». Dans leurs râleries, j’entends surtout leurs inquiétudes. Que sera le futur ?

 

De retour, le cœur s’enflamme ! Retrouvailles avec la famille, les amis, les voisins… Je retrouve même une charmante petite dame que je croisais chaque matin sur le chemin de la crèche ! Nous prenons notre temps pour revoir tout le monde. Nous renouons des liens distendus. Ils sont toujours là, ils nous ont attendus et ça fait chaud au cœur.
Pourtant, je me rends compte que rien n’est comme avant. Je retrouve bien mes repères, mais mon point de vue a changé. Mon état d’esprit n’est plus le même : plus positif, plus optimiste. J’ai gardé de mon séjour le « Yes we can ». Je suis confrontée à l’alarmisme général : sous prétexte de « c’est la crise ! », toute initiative est remise en cause. Je m’accroche. Lors d’une réunion à Pôle Emploi, après un long discours sur « Avez-vous bien pensé à tout avant de vous lancer ? », j’obtiens enfin le « C’est génial ce que vous faites ! ». Le soutien est moins expansif et moins spontané qu’aux États-Unis et il faut savoir le provoquer.

 

Les habitués se disent au revoir. Tapes sur l’épaule, bises ou poignées de mains franches. Un chaleureux « Allez, passez une bonne journée ! ». Leur bonne humeur me plaît.

 

« Home is where your heart is » Tout est différent et pourtant je suis pareille. J’ai simplement évolué, grandi, je me sens plus forte et en même temps plus fragile. Cette grande aventure de l’expatriation m’aura offert dans tous les cas un magnifique cadeau : celui de savoir profiter de la vie, à chaque instant, où que l’on soit.

 

Il ne reste dans ma tasse que la mousse marron de mon expresso que j’essuie du bout du petit doigt que je glisse discrètement dans ma bouche. Je ferme les yeux pour goûter pleinement cet instant. Je me lève et me dirige vers le bar pour payer. Je souris au gérant, lui tend la main et lance « Bonjour, moi, c’est Catherine ».

 

For English readers : this text is available in English here.

 

catherine-allibertCatherine Allibert
Écrivain et accompagnatrice des enfants expatriés dans le monde de la langue française.
Son site : https://www.unehistoiredeninjasetdesamourais.com

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