La grande Odyssée de Noëmie : 4h pour sauter dans l’avion avec 4 petits

La-grande-odysee-de-MAelle-UNE femmexpat 559x520Il neige en Aquitaine et les enfants de Noëmie* sont tout étonnés de découvrir le froid. Heureusement que les cousins leur ont prêté des doudounes car dans la panique du départ, leur maman a essentiellement pris des affaires d’été.

Il faut dire qu’elle a eu 4 heures pour prendre sa décision : quitter l’Afrique et sauter dans l’avion. Elle, d’habitude si organisée, a fait ce qu’elle a pu.

Nous l’avons jointe par téléphone depuis la petite maison où elle se réfugie depuis trois jours, le temps de vivre sa quarantaine avec ses enfants.

Au début, je ne voulais pas partir

On a énormément hésité. Je n’avais pas envie de partir, pas envie de me séparer de mon mari dont l’usine continue son activité. Et puis pourquoi quitter un pays où il n’y a encore que peu de cas et aucun mort pour revenir en France, considérée comme l’un des principaux foyers de l’épidémie ?

Sur le plan sanitaire, nous voyons qu’il sera compliqué de confiner des gens qui vivent au jour le jour, en vendant leurs fruits et légumes. Donc ça peut vite dégénérer.

Mon mari avait peur de nous contaminer car dans son chantier, il croise des salariés qui viennent de toute la ville. Même si je ne quittais pas la concession, c’est notre ménagère qui pouvait nous le transmettre .

Or, il y a une grande incertitude sur la prise en charge médicale. Le pays compte une centaine de lits en tout en réanimation. On ne sera pas forcément prioritaire !

Mon mari avait surtout peur que le gouvernement ne tienne pas et qu’il y ait de gros risques de sécurité. On raconte que les Blancs ont transmis le virus. Du coup, il y a une animosité vis-à-vis des expatriés. Peut-être faut-il se méfier des intrusions à la maison.

Et puis, on a compris que très vite, il n’y aurait plus d’avion. Au début, on avait pris des places sur un vol le 3 avril ce qui nous laissait 15 jours pour voir l’évolution. On était prêt à annuler si on restait.

Mais le mardi 20 mars, ce vol a été annulé. Il y avait un vol le jour même où j’avais de la place mais il était trop tard pour le prendre. C’est à ce moment qu’on s’est dit qu’il ne fallait pas tenter le diable, et partir rapidement.

Notre démarche était plutôt de ne pas attendre le pic alors que les lignes régulières seraient coupées. Donc on s’est dit qu’il fallait anticiper et nous avons décidé que je prendrai le premier vol que l’agence nous proposerait.

C’est nous qui avons trouvé le vol grâce aux amis sur WhatsApp

Le mercredi, l’agence disait qu’il n’y avait pas de vol et qu’il n’y en aurait pas avant fin avril début mai. Il m’ont conseillé d’appeler le consulat qui n’était pas du tout au courant des vols. Visiblement, leur mission ne consistait pas à gérer les rapatriements.

Ils m’ont proposé de m’inscrire sur Ariane, ce que je n’avais pas encore fait, alors nous avions fait le nécessaire pour être inscrits sur les listes consulaires. Mais même depuis, nous n’avons rien reçu de leur part.

Finalement, mon mari a appris dans un groupe Whatsapp d’amis qu’il y avait un vol le soir-même. L’agence d’Air France l’a confirmé. On a fait les valises en urgence, on mettait tout en vrac, j’ai à peine dit aurevoir à mon mari, et on est parti. Je ne sais pas quand on se reverra.

On verra si c’est le bon choix dans quelques jours. Mais, je pense qu’on a bien fait car aujourd’hui, il n’y a pas de vol avant le 8 ou 9 avril, et cet unique vol est déjà plein.

Un vol tranquille mais pas sûr sur le plan sanitaire

Le vol s’est bien passé. Epique quand même. Au moment d’embarquer, je me suis rendu compte qu’on n’était pas du tout à côté les enfants et moi. Or ils sont 7, 5, 3 et bientôt 1 ans ! Heureusement, une hôtesse s’est arrangée pour nous remettre ensemble.

En revanche, dans l’avion rien n’était fait pour la gestion du virus. Même à la douane à Paris, on faisait la queue comme d’habitude ; j’avais des masques et du gel, mais comment les faire accepter durablement aux enfants ?

Aujourd’hui, heureusement, je suis très occupée

C’est pour cela que je suis allée me mettre en quarantaine dans une petite maison seule avec les enfants. Je pense qu’on a de grandes chances d’avoir attrapé quelque chose dans l’avion. Entre l’embarquement, le vol plein à craquer, le débarquement, la manipulation des valises…

Mon beau-frère m’a accompagné pour récupérer la voiture de mes parents en Normandie puis on a filé en Aquitaine. On a été contrôlé sur la route mais quand on arrive de l’aéroport avec le boarding pass, cela suffit comme justificatif pour se déplacer.

Depuis, nous sommes tous les cinq. Mes beaux-parents avaient préparé la maison, fait les lits, rempli le frigidaire. Nous comptons les jours avant de les retrouver avec les cousins. J’ai fait un calendrier pour les enfants et nous barrons les jours. C’est un peu glauque mais heureusement, avec les devoirs pour trois enfants dont aucun autonome, je suis bien occupée.

Quant à mon mari, il est soulagé de ne plus risquer de nous contaminer. Il travaille à fond. Et si ça dégénère, son entreprise qui est un grand groupe l’évacuera sûrement.

Partir ou rester ? Il faut vraiment faire selon son cœur !

Peu de nos amis sont rentrés. Ce n’est pas une décision pas facile à prendre. C’est dur pour les couples de se séparer ! Et quand les deux travaillent, c’est compliqué de lâcher son job.

Il ne faut pas faire les choses à contre-cœur car on ne sait pas quand on se revoit. Peut-être pas avant le mois d’août.

J’ai pas mal de chance car j’ai réussi à rentrer, j’ai eu une maison pour le confinement ; il y a mes beaux-parents qui aident. Tous les expatriés n’ont pas cette chance d’avoir un lieu pour s’installer en confinement, un moyen de transport pour regagner leur maison, un vol pour rentrer et les moyens de le financer, (dans notre cas, il valait le double ou le triple).

C’est vraiment une situation pleine d’incertitudes !

* Le prénom a été changé.

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