Ça a commencé par toucher des inconnus dans un lointain pays… Et certains sont venus à Singapour…
On nous prenait la température en arrivant dans les centres médicaux, au bureau ou à l’école. Mais on a continué à vivre.
Certains sont tombés dans le PQ ou les pâtes. Les restaurants étaient encore animés.
Ça dansait dans les clubs et ça courrait sur Boat Quay, un de nos quartiers festifs de la cité état.
On a continué à voyager pour le boulot ou pour le plaisir
Nos familles et amis d’ailleurs nous ont vaguement demandé comment on allait. On répondait « tout va bien » car finalement, la communauté expat était plutôt préservée.
Quand l’Italie a été touchée, on s’est réveillé
Une vague d’angoisse que le virus déborde sur d’autres pays ou touche nos familles. Mais comme on vit à Singapour, on s’est dit que ça allait passer car, ici , c’était plutôt bien maitrisé.
Quand certains pays se sont fermés, une 2eme vague d’angoisse est arrivée.
Rentrer chez soit, retrouver sa famille, sa maison.
Les fameux expats qui vivaient plutôt bien ont rapatrié leurs enfants du bout du monde, leurs parents, leurs partenaires.
D’autres ont attendu…mais trop tard.
Les aéroports se sont remplis de gens pressés de rentrer chez eux. Certains ont réussi. D’autres sont restés coincés dans une coloc abandonnée, un aéroport fermé, un bungalow du bout du monde, un pays à couvre feu.
Des familles, des couples ont été séparés, parfois dans 3/4 pays différents.
Certains ont du faire le choix cornélien de rester avec un parent malade, avec un enfant seulement, ou rester seul. Des personnes âgées se sont coupées de leurs petits enfants et amis pour se protéger mutuellement…
Les fameux expats de Singapour ont commencé à faire passer des messages alarmistes à leurs familles et amis d’ailleurs
Ceux ci ont soit relativisé, soit sur-réagi avant l’heure. Mais c’était encore assez loin pour ne pas trop se sentir affecté. On a posté des photos d’apéros en quarantaine.
Et puis les nouvelles sont tombées et les chiffrent sont montés
Partout. Même sur la plus petite île perdue, les gens ont commencé à avoir peur.
De mon côté, ça a commencé par le décès d’un cousin à New York. Puis celui de la maman âgée d’une amie en Allemagne qui est partie seule, dans son hôpital confiné, pendant que mon amie était dans l’hôtel d’à côté. Impuissante.
Mon neveu à Paris, tout jeune pompier de 22 ans, est au lit, en confinement, contaminé par ses nombreuses interventions. Entre autres…
Je ne doute pas que la liste va s’allonger malgré le confinement généralisé. Ce matin, j’ai moins envie de rigoler à des vannes pourries ou des vidéos légères.
Et pourtant.
On pourrait passer nos journées à analyser les chiffres, les colonnes, à lire les articles, à écouter des discours.
On pourrait passer nos journées à regretter ce qu’on aurait dù ou pu faire avant le lockdown.
Aux mots d’amour qu’on aurait dû dire. A ces nouvelles qu’on aurait dû demander plus tôt. Aux baisers qu’on aurait dû échanger…
Et pourtant, j’ai le sentiment qu’on peut encore faire notre part, prodiguer de l’attention, du temps et de l’énergie à ceux qu’on aime
Même s’ils sont loin. J’ai le sentiment qu’on peut enfin prendre le temps d’aimer.
Donc, aujourd’hui, on va poser ici tous ceux qui dans nos familles, amis, et connaissances, collègues, sont malades, sont décédés. On va prendre le temps de penser fort à eux, avant de rigoler encore à des vannes pourries.
Nathalie
Multi-expat depuis 20 ans, Nathalie est à la tête d’une société de Relocation à Singapour depuis 2,5 ans.
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