Le coronavirus vu de Suède

Temoignage-Thibaut-expat-francais-Suede-coronavirus-UNE femmexpat 559x520-4Loin de sa famille confinée en France, Thibauld, expat français en Suède, témoigne. Infirmier de profession, il apporte d’un oeil expert, un éclairage sur la situation sur place.

 

En Suède comme ailleurs, tout tourne actuellement autour du coronavirus. Personne ne sait réellement comment les choses vont évoluer sur le plan sanitaire, économique et même politique.

 

 

Cette période n’est facile pour personne

Etre expatrié en Suède, loin de ma famille confinée en France, ajoute de l’inquiétude.

Vous seriez en droit de vous dire « Mais pourquoi se plaint-il, un programme de rapatriement a été mis en place ?! ». C’est vrai, il suffit de se rapprocher de l’Ambassade de France pour obtenir l’aide dont vous avez besoin.

 

Mais le statut que j’occupe m’empêche d’en profiter : je suis infirmier et je me dois de rester

Travaillant en gériatrie, soit auprès de la population la plus sensible face à la pandémie, je me dois de rester.
J’aimerais pouvoir vous dire que les choses sont différentes ici. Mais nous sommes aussi face à une crise sanitaire importante.

J’ai la chance de travailler dans un petit hôpital situé dans une commune limitrophe de Stockholm, la capitale. Dans cet hôpital, la situation est encore sous contrôle. Nous disposons du matériel nécessaire et pouvons prendre en charge les patients les plus fragiles. Mais ce n’est pas le cas partout.

Les hôpitaux plus importants comme Karolinska Institutet ou  Södersjukhuset sont submergés. Le manque de personnel, déjà présent depuis des années, pose de sérieux problèmes : un infirmier travaillant dans l’un de ces hôpitaux a même au travers d’une publication Facebook encouragé le personnel formé au soins intensifs à se présenter d’urgence dans les services concernés.

Tous les infirmiers, médecins, aide soignants sont réquisitionnés pour subvenir aux besoins et administrer les soins aux personnes dans le besoin.

Environ 10% des personnes atteintes nécessitent une hospitalisation en soins intensifs et à l’heure actuelle, le nombre de personnes contaminées augmente de façon exponentielle.

Ce qui signifie qu’en suivant cette ligne directrice, nous nous dirigeons vers une situation similaire à celle de l’Italie. C’est-à-dire une prise en charge tardive du virus et de ses conséquences, induisant un taux de mortalité de plus de 7,5%. 

 

Faire face au dilemme : rentrer ou assurer notre devoir ici

Ma compagne (Française et infirmière également) et moi-même, sommes pris dans un étau entre accomplir notre devoir en Suède et l’envie de rentrer pour nous rapprocher de notre famille coincée en France.

Le confinement n’est pas facile à vivre, bien que nous n’y soyons pas encore soumis en Suède : nos parents, grands-parents, frères et sœurs sont cloîtrés dans leurs appartements en France avec interdiction d’en sortir.

Savoir sa famille dans ces conditions sans pouvoir leur venir en aide est éprouvant. En particulier pour nos grands-parents qui manquent de force et s’inquiètent grandement pour l’avenir.

Mais comme c’est souvent le cas, cette affirmation est à double sens : les familles d’expatriés sont en droit de s’inquiéter et de s’interroger. L’inquiétude est palpable mais nous faisons tout ce qui est possible pour rassurer nos proches, et eux de même.

 

 « La société doit continuer de fonctionner ».

À l’heure où j’écris ces lignes (vendredi 20 mars 2020), le gouvernement suédois n’a toujours pas pris de décision drastique :

  • les cafés et restaurants sont libres d’accès,
  • les grandes surfaces ouvertes et approvisionnées,
  • les bibliothèques et piscines municipales ouvertes, de même que les « dagis » (crèches) et « Förskolor » (écoles maternelles) le sont aussi.
  • seules les universités, lycées et collèges sont fermés, encourageant une éducation à distance.

Le gouvernement considère que fermer ces établissements causeraient d’autant plus de problèmes, en particulier pour la garde des enfants et ralentirait le fonctionnement de la société.

Les autorités prennent la situation actuelle avec philosophie, se basant sur la responsabilité citoyenne pour endiguer la propagation du virus. Mais cette position ne fait pas l’unanimité.

Nombreux sont ceux s’interrogeant sur la raison d’une telle inégalité entre les mesures restrictives mises en place chez nos voisins scandinaves et celles prises par le gouvernement suédois. On ne promeut que les règles d’hygiènes élémentaires, et le système de distance sociale : éviter les lieux trop bondés et se tenir à un mètre de distance les uns des autres.

 

Nous sommes dans une sorte de latence et attendons tous que les autorités prennent des décisions plus drastiques

La priorité est mise sur le fonctionnement de la société : lors d’une conférence de presse donnée hier (19/03), les ministres encourageaient à fréquenter les restaurants et cafés locaux afin de réduire l’impact économique de cette crise.

La frustration et l’incompréhension se fait sentir partout dans le pays. Les métropoles de Göteborg et Malmö sont touchées par la pandémie et y font face avec les mêmes difficultés.

Certains pensent qu’il s’agit d’une stratégie permettant d’éviter un afflux massif de malades et donc préserver le bon fonctionnement du système de santé.

D’ailleurs, la même politique est actuellement maintenue au Royaume-Uni. 

 

Contracter le virus volontairement

Même si le gouvernement ne prend pas de mesures contraignantes, les Suédois sont assez sereins et même si beaucoup d’entre eux trouvent leurs actions insuffisantes, ils sont loin de céder à la panique. La plupart sont raisonnables et on note clairement une baisse de fréquentation des cafés et restaurants.

Une forme de solidarité s’est mise en place dans Stockholm et j’ai moi-même tenté d’apporter ma pierre à l’édifice. Sachant que des personnes âgées vivent à proximité, j’ai invité toute personne avec une immunité fragile, âgée ou en incapacité de se déplacer, à me contacter pour une aide aux courses.

Mais la culture suédoise met beaucoup en valeur l’autonomie et les gens n’apprécient pas trop qu’on leur vienne en aide… Pour le moment je n’ai pas de demande particulière.

D’autres sont moins vigilants et ont recours à des méthodes peu conventionnelles pour endiguer le virus : le contracter volontairement. Les personnes qui envisagent cette possibilité sont assez jeunes et comptent sur la réaction immunitaire naturelle : créer des anticorps dans le but de s’immuniser et donc de protéger la population…

C’est une façon de penser en effet ! Peut-être pas la plus appropriée, pas forcément la plus sécurisée non plus…

 

En tous cas si une chose est sûre, c’est que rien n’est sûr !

En l’état actuel des choses, il n’est pas possible de savoir ce qui peut être efficace ou pas. Que vous soyez expatrié(e) quelque part dans le monde ou confiné(e) dans votre logement actuel, restez calmes et suivez les indications données par les autorités.

Elles sont accompagnées par des équipes d’experts et tentent de prendre les décisions qui leur semblent les plus logiques.

Dans ce contexte, s’informer et rester prudent sont les maîtres-mots. Faîtes vos recherches et ne relayez que les informations vérifiées.

 

Le coronavirus n’a pas que des effets négatifs !

J’y vois une opportunité de comprendre un peu mieux la complexité du monde : un pauvre animal qui n’a rien demandé à personne (une chauve-souris, un pangolin ?), provoque malgré luiune pénurie de papier toilette à Melun.

Nos actions, où qu’elles puissent prendre place dans le monde, ont une répercussion mondiale.

Les pays tournent aujourd’hui au ralenti.  L’air est de nouveau respirable à Hong Kong. Et l’eau à Venise est tellement propre que les poissons et les cygnes y reviennent.

 

Peut-être est-ce aussi l’opportunité de prendre conscience de notre impact sur la planète ?
À suivre…

 

Thibauld
Expat français en Suède – Infirmier et Frenchie Teacher
N’hésitez pas à le suivre sur sa chaîne Youtube pour découvrir ses témoignages et les dessous de son expatriation

Faites également un tour sur son site  Vivre en Suède où il distille ses bons conseils pour tout savoir avant de s’expatrier en Suède… Il vous offre aussi son guide pour apprendre le suédois sans peine !

 

 

Découvrez ici d’autres témoignages d’expats confinés pour face à la crise du Coronavirus.

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