Nolwenn est installée à Stockholm depuis deux ans. Avant, c’était la Colombie, et encore avant, l’Afrique du Sud, qui venait juste après Madagascar et la Zambie. Vous l’avez compris, Nolwenn est une serial expat, qui suit son conjoint avec un métier nomade très particulier : coach vocal et professeur de chant. Tout a démarré en Australie…
Nolwenn, quel est ton parcours d’expat ?
Depuis toujours, je suis convaincue que partir à la découverte de nouveautés culturelles, professionnelles, linguistiques ouvre des horizons de partage et de communication très enrichissants. A la fin de mes études, j’ai travaillé quelques mois en France puis ai décroché un contrat en Australie. J’y ai travaillé deux ans et demi dans l’audit financier puis je suis partie en Afrique australe pour suivi de conjoint. C’est là que je me suis reconvertie dans le secteur musical.
Mais tu chantes depuis toujours…
Je chante depuis toujours et cette passion a toujours été alimentée par un besoin d’exprimer et d’interagir, de partager une émotion avec autrui, avant d’en faire mon métier. Progressivement, je réalise que j’aimerais partager mon expérience vocale et que cette voie me permettrait de trouver ce qu’il me manque pendant mes quelques années en audit financier : de l’humain, de la créativité et de la flexibilité.
Et à Lusaka, c’est la rencontre qui change un peu toute ta vie
Oui ! Je saisis alors une opportunité qui se présente à moi comme un signe : en allant faire traduire des papiers pour mon permis de séjour à l’Alliance française, je « tombe » sur son directeur qui me demande ce que je fais dans la vie. Je réponds (je me surprends moi-même) que je suis chanteuse. Après un rapide échange et une promesse (tenue) de lui envoyer des enregistrements, il me propose de chanter pour la soirée d’ouverture de la Semaine de la Francophonie !
Après ce concert, je lance ma première chorale pour adultes puis deviens intervenante pour tous les niveaux de l’Ecole française en musique et professeur privé de piano et de chant. Je m’étais donné trois mois pour « voir ce que cela donnerait », je me suis lancée au bout de deux semaines et je suis toujours dans le même secteur, plutôt heureuse de « ce que cela a donné ».
L’expatriation a révélé une passion de toujours…
Oui, car certes, je fais de la musique depuis que je suis toute petite, mais j’ai grandi avec l’idée que c’était un «à-côté » pour le loisir. J’ai été longtemps persuadée qu’il me fallait un « vrai » travail stable, sécurisant et plus conventionnel.
Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’avoir la lubie de passer le concours d’entrée au Conservatoire National ou de reprendre mes études en master de chant lyrique à l’université de Sydney. Mais l’envie chimérique ne fait pas tout et une prise de recul m’a permis de réaliser que je n’étais pas prête à investir autant financièrement ni à plonger dans l’univers du monde du spectacle, aussi enthousiasmant soit-il.
Je suis restée un certain temps hésitante face à cette éventuelle reconversion : si la perspective de changement était grisante, m’éloigner du monde de l’entreprise et du salariat m’inquiétait beaucoup et mon côté méthodique et rationnel me rappelait à l’ordre. Pourquoi arrêter l’audit dans lequel mes succès me promettaient un avenir engageant ? Pourquoi toutes ces études pour en arriver « là » ? Pourquoi vouloir plonger dans l’incertitude et une certaine précarité ?
Le fait de partir avec mon mari vers de nouvelles aventures sous de nouveaux cieux en Afrique australe m’a aidée a passer le pas. La décision de « rompre » avec l’audit m’a été imposée par ce déménagement et permis de me tourner vers d’autres objectifs professionnels. Je me suis dit « allez, essaie, ose regarder dans cette voie qui t’intrigue depuis tant de temps ! Au pire, il ne se passe rien et tu retomberas sur tes traces en audit ou en finance. » La sensation d’avoir un filet de sécurité m’a beaucoup aidée. Et cette opportunité qui est arrivée sans que j’ai le temps de trop réfléchir également !
Et ton métier nomade se transforme en véritable business, celui de coach vocal…
Rapidement, je prends goût au tournant que prend ma carrière. Le contact que je crée avec mes élèves, mes choristes, mes clients me plait et me pousse à développer mon activité au fil des années. J’apprécie également la liberté de laquelle je bénéficie pour ajuster mon emploi du temps à mes besoins personnels et familiaux car je deviens maman une fois, puis deux puis trois fois, dans trois pays différents !
J’ai toujours voulu m’occuper de mes enfants, sans pour autant ne plus travailler. Ce choix professionnel me permet d’adapter mon travail à ma vie de famille. Lorsque mes enfants étaient en bas âge, j’ai continué à rester active professionnellement. Pour ne pas « perdre le fil » et parce que cela me faisait aussi du bien de ne pas être qu’une maman, même si je ne travaillais parfois que quelques heures par semaine ! Maintenant que mes enfants sont tous scolarisés, je peux donner plus d’ampleur à mon projet professionnel depuis deux ans. Après avoir travaillé sous contrats et en portage salarial, je lance mon auto-entreprise en Suède et étoffe ma palette de services proposés. J’entre dans une réelle phase de développement, de communication et de réseautage.
Cette flexibilité s’est également révélée un atout indéniable lors de nos multiples déménagements. S’il fallait certes prendre de nouvelles marques, nous installer dans un nouvel endroit, je n’avais pas la sensation de repartir complètement à zéro professionnellement. J’ai appris récemment l’appellation « projet professionnel sac-à-dos » et réalise la chance de pouvoir me réintégrer professionnellement « relativement facilement » dans chacun de mes pays d’adoption.
Pour toi, quels sont les challenges de l’entrepreneuriat en expatriation…
Ma priorité a toujours été d’installer ma famille, de « sécuriser » le cadre familial avant de me trouver une place professionnellement dans nos nouveaux pays. Cela prend du temps et cela déborde souvent sur mon temps professionnel et c’est la difficulté d’être à mon compte et flexible. Si un imprévu familial surgit, c’est plus souvent moi qui peux rebondir face aux contraintes. C’est une chance mais aussi parfois un frein. Les questions refont surface : « Ne devrais-je pas consacrer plus de temps à mon foyer, à mes enfants ? Il y a déjà tellement de choses à faire pour faire tourner la maison et pour permettre à chacun de trouver sa place et son équilibre dans ma famille ! », « Et puis finalement, on ne va pas rester ici toute notre vie, alors à quoi bon se donner tant de mal ? »
Parce que je suis ma propre « boss », que je décide de tout, il est parfois plus complexe d’avancer que si j’étais salariée, que je coupais avec ma vie familiale pour « aller au travail » et les questionnements sont incessants pour choisir telle ou telle stratégie, pour lancer tel ou tel projet, pour poser mes limites. L’entreprenariat a ceci de fascinant à mes yeux qu’il permet de se réinventer, d’oser et d’avancer à la seule force de ses idées, de son engagement et de sa détermination. Mais les interstices qui demeurent laissent souvent place aux incertitudes, aux fragilités, aux doutes. Il faut alors résister et continuer à avancer pour se construire !
J’aime cette sensation d’être boostée par les projets, les rencontres, d’être active professionnellement tout en pouvant être présente pour les miens.
Parle-nous de ton métier : Coach vocal
Chanteuse, chef de chœur et coach vocal depuis maintenant plus de dix ans, j’ai démarré ma structure indépendante à Stockholm en 2022, pour accompagner individuels et entreprises dans leur volonté d’apprivoiser leur voix, de la connaître et de la comprendre pour mieux l’utiliser. M’appuyant tout autant sur des techniques vocales que sur ma précédente expérience de chef d’équipe dans une multinationale, je les aide à trouver leur voix et faire leur chemin, professionnel et personnel, le tout avec plus de contrôle, plus de confiance en eux et moins de stress. Je propose des coachings individuels, des ateliers collectifs et des sessions sur-mesure, pour enfants, pour adultes et pour les entreprises, en français, anglais et espagnol. Rendez-vous sur mon site Dare to Sing a Song pour en savoir plus sur le coaching vocal !
Nolwenn est également une grande sportive, engagée. N’hésitez pas à aller voir l’interview que Neoma Business School a fait d’elle et aller consulter son profil LinkedIn.
👉un format en visio pour des sessions individuelles ou éventuellement collectives est possible ! N’hésitez pas à nous contacter !
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