Journée de la terre : 10 idées reçues sur mes actions et leur impact carbone réel

impact carbone avion

Vous avez été nombreuses à réagir aux résultats de notre dernière enquête sur la conscience écologique en expatriation. Bonne nouvelle, le sujet vous a interpellé et vous avez été des milliers à nous donner vos actions au quotidien pour améliorer votre « empreinte carbone ». D’où ce 2e article, qui nous donne l’occasion d’aller plus loin encore. Car il est urgent de comprendre que la crise climatique et écologique demande bien plus que le tri de nos déchets. C’est le message de Paul Druesne, ancien expatrié du secteur de l’énergie, fondateur du cabinet de conseil STEPS qui aide les entreprises à définir et mettre en œuvre leur stratégie bas carbone. Il nous aide à y voir clair et surtout à calculer efficacement notre impact.

NDLR : nous attirons votre attention sur le fait que l’on ne parlera pas ici d’écologie au sens large, mais précisément de notre impact sur le climat et les émissions de gaz à effet de serre (GES).

1 – Je limite mes allers-retours en avion

C’est un levier d’action essentiel. De l’aveu même d’Augustin de Romanet, président d’Aéroport De Paris lors de plusieurs interviews ces dernières semaines (Les Echos, Challenges) : « il est mathématiquement nécessaire de limiter la croissance du transport aérien pour respecter la trajectoire de la COP21 ». Un voyage en avion aller-retour Paris New York représente environ 2 tonnes de CO2 par passager, soit l’objectif moyen d’empreinte carbone annuelle par personne que nous devons atteindre dans les 30 prochaines années. Il est donc préférable de limiter au maximum l’avion voir de le proscrire si possible (pour des expatriés en Europe par exemple).

Remplacer un trajet prévu en avion par un trajet en voiture thermique seul, n’est pas plus vertueux. Il faut privilégier le train ou tout autre type de transport collectif terrestre. Et bien entendu pour les petits trajets du quotidien et si les conditions le permettent : à pied, à vélo, en transport en commun.

2 – Je consomme des fruits et légumes de saison et des produits fabriqués localement

Consommer local a de nombreuses vertus mais n’est pas en soit systématiquement un « geste écologique ». Un produit fabriqué dans une usine à l’autre bout du monde entièrement alimentée en électricité peu carbonée puis transporté en groupage avec de nombreux autres produits aura probablement une empreinte carbone moins importante que le même produit fabriqué à deux pas de chez vous dans une usine qui fonctionne principalement en utilisant des sources d’énergie carbonées.

Pour les fruits et légumes, l’intérêt de consommer de saison, et je rajouterais « sans intrants chimiques » est que moins de sources d’énergie auront été nécessaires à leur culture (une tomate qui pousse en hiver doit être cultivée sous serre chauffée et est 10 fois plus émettrice de GES que celle cultivée de saison), à la production d’engrais. Et l’absence d’engrais chimique permet de proscrire les émissions de protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant important.

3 – Nous avons réduit nos achats sur les grandes plate-formes de livraison internationale

Là encore le fait d’acheter sur une grande plateforme n’est pas nécessairement moins écologique que via d’autres circuits de distribution. La clé réside surtout dans le fait de moins acheter et de questionner le besoin réel associé à l’envie d’achat. A quoi êtes-vous prêt à renoncer ? Si le besoin est réel, envisagez d’acheter un produit reconditionné, seconde main plutôt que neuf.

D’un point de vue écologique, le problème principal des grandes plateformes web est qu’elles facilitent considérablement et encouragent l’acte d’achat, accélérant la surconsommation de masse.

4 – Nous consommons moins de viande

En moyenne l’alimentation représente un quart des émissions de GES d’un français. La consommation de viande arrive en tête et en particulier le bœuf, qui en ruminant émet des quantités importantes de méthane, gaz à effet de serre puissant. Par ailleurs l’élevage intensif accélère la déforestation (pour cultiver de quoi nourrir les cheptels) également source importante d’émissions de GES (l’essentiel des forêts coupées sont brulées). Limiter sa consommation de viande est un excellent moyen à la portée de tous pour réduire son empreinte carbone et une occasion de découvrir d’excellentes recettes végétariennes pour que le repas reste un vrai plaisir !

5 – Je réfléchis, c’est déjà bien. Et en plus, je milite localement pour l’écologie

Le militantisme fait partie des leviers nécessaires mais pas suffisants pour éveiller les consciences, la sensibilisation et la formation des gens et des organisations est primordiale. Dans nos missions nous réalisons beaucoup de Bilan Carbone pour des entreprises. Ce type d‘action, s’il n’est pas accompagné d’une sensibilisation des équipes de l’entreprise n’aura que très peu d’impact. On ne peut pas entrer en action, faire des efforts et des choix pas toujours faciles de manière pérenne sans mieux comprendre, prendre conscience de l’urgence.

Militer, sensibiliser ses pairs et/ou simplement réfléchir et s’informer sérieusement sans autre type d’actions à titre individuel pose très vite un problème de cohérence ou risque de vous faire entrer en forte dissonance cognitive. Le militant climat qui rechigne à privilégier les mobilités douces pour se déplacer, se nourrit principalement de viande bovine, et se rachète systématiquement le dernier smartphone à la mode aura bien du mal à être pris au sérieux.

6 – Je trie mes déchets

D’un point de vue gaz à effet de serre, le tri des déchets n’a pas de vertu significative. D’un point de vue écologique en général c’est un bon réflexe mais qui élude les problèmes principaux : la quantité exponentielle de déchets et des filières de retraitement rarement aptes à prendre en charge de manière efficace les volumes en question, ou simplement inexistantes dans certains pays. Une fois encore le geste clé consiste à réduire sa quantité de déchets, ce qui commence par questionner ce que nous consommons, à privilégier le vrac, à cuisiner soi-même, à limiter les livraisons et « take away », à faire la chasse au gaspillage alimentaire, etc…

7 – J’achète en seconde main

Privilégier l’économie circulaire et le réflexe de l’achat seconde main plutôt que de l’achat neuf est une manière simple et très efficace de réduire son empreinte carbone et écologique en général. Attention toutefois à certains circuits de seconde main notamment dans le textile qui surfent et donc encouragent le phénomène de la fast fashion, qui est désastreux à de nombreux niveaux (droits de l’homme, pollution, émission de GES…)

8 – J’ai exigé un logement à faible impact sur l’environnement 

De plus en plus de constructions intègrent des normes environnementales rigoureuses et c’est une excellente nouvelle, en particulier dans la rénovation / réhabilitation des bâtiments existants. Ce genre d’exigence est un signal important envoyé à l’entreprise qui loge ses salariés. Un bon moyen selon moi de la pousser à standardiser des pratiques plus vertueuses et qui vient renforcer la marque employeur.

9 – Je travaille à l’installation d’une fabrique de panneaux solaires au Pérou

Pour parvenir à réduire nos émissions de GES, si la diminution de notre consommation d’énergie est capitale, la décarbonation du mix énergétique mondial est également indispensable (et d’autant plus urgente que notre consommation mondiale reste sur une pente ascendante). Toute énergie renouvelable ou à très faible empreinte carbone est bienvenue et à plus forte raison si elle se substitue à une consommation d’énergie fossile (gaz, charbon, pétrole). Et si quelques voyages en avion sont nécessaires pour que cela advienne pourquoi pas ?

10 – J’ai calculé mon bilan carbone sur le site de l’ADEME (et il est bon !)

Calculer son empreinte carbone personnelle est un excellent moyen de savoir où on se situe et de quantifier les efforts que nous pouvons faire à notre niveau. Il existe plusieurs calculateurs gratuits, accessibles au grand public. Celui proposé par l’ADEME (www.nosgestesclimat.fr) en fait partie mais n’est pertinent que pour un habitant en France Métropolitaine car il s’appuie sur des hypothèses qui sont propres au territoire français (avec notamment un mix électrique dont les émissions de GES sont très inférieures à la moyenne mondiale).

Par exemple si vous utilisez un four électrique standard 1 heure par semaine pendant un an, vous aurez une empreinte carbone associée de 10 kg en France, mais entre 60 et 70 kg en Allemagne, aux États-Unis au Qatar ou en Thaïlande, 24 kg en Autriche, 102 kg en Pologne, et 4 kg en Suède.

Le plus important ici est de se rappeler que l’objectif est d’atteindre une moyenne 2 tonnes de CO2 équivalent par an et par personne d’ici 2050 à l’échelle mondiale. Pour vous donner une idée nous émettons environ 2 tonnes de CO2 en prenant un avion de ligne pour un trajet de 6h allez-retour. En roulant seul dans sa voiture essence ou diesel sur une distance équivalente les niveaux d’émissions sont comparables. En France nous sommes à peu près à 10 tonnes par habitant et ce chiffre est évidemment très dépendant de votre niveau de consommation.

De manière générale pour comprendre les ordres de grandeurs en terme d’émissions de CO2, n’hésitez pas à consulter le site de l’Ademe.

Pour aller plus loin

Pour aller plus loin, parce que nous avons tous besoin de mieux comprendre et d’explorer ces sujets, prendre la pleine mesure des enjeux et ne pas rester bras croisés pour inventer le monde que nous voulons demain.

Merci à Paul Druesne, du Cabinet Steps

Et vous, les FemmExpats, qu’en pensez-vous ?

Est-ce que cela veut dire que l’on jette tout ce que l’on fait ? Que l’on baisse les bras et que l’on se morfond en se disant que les efforts se feront sans nous ? A la rédaction, le sujet touche. Nous voulons lutter contre le biais absurde consistant à accuser les expats de trop polluer, les reléguant comme dernièrement dans certains médias dans la catégorie des « râleurs professionnels ». Loin de nous la volonté de condamner, de froisser, de critiquer. Notre conviction depuis plus de 20 ans, c’est que les expatriés sont des témoins privilégiés de la beauté et de la complexité du monde. Et de la planète. Le sujet doit donc être porté. Chez Expat Communication, nous voulons agir, mais pas seuls, en compagnie de spécialistes, comme nous avons eu l’occasion de le faire en début d’année 2022 avec la Fresque du Climat. N’hésitez pas à nous écrire si le sujet vous interpelle. Illustration (c) Graficelle.

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