4 expat entrepreneures qui ont rebondi après la crise

Elles sont quatre. Quatre super entrepreneures que nous avons découvert au cours de ces derniers mois. Leur point commun ? En 2020, la crise les a touchées de plein fouet, rendant leur parcours d’entrepreneure en expatriation encore plus compliqué. A Singapour, New York, Edimbourg et San Francisco, elles ont rebondi. Rencontre !

Sandrine et Rencontre des auteurs francophones, à New York

Sandrine entrepreneures criseSandrine Kukurudz est entrepreneure française, habite les Etats-Unis depuis des années. Son métier ? L’événementiel. Sa passion ? Les livres. Il y a quelques années, elle publie un roman. En auto-édition, un peu pour le plaisir. Et puis… Un deuxième, qu’elle vend à… 4000 exemplaires. La clé de ce succès ? Une bonne dose de communication, de talent, de réseau. Alors, forte de ce succès, Sandrine a une idée : faire se rencontrer dans un concept, son métier de base, le marketing événementiel, et son amour pour les livres. Le concept est créé fin 2019 : Rencontre des auteurs francophones, un lieu de rencontre et de mise en avant d’auteurs francophones aux Etats-Unis. Début 2020, quelques rencontres sont programmées, à l’Ambassade de France de Washington, à Miami, à New York…

En mars 2020, tout est évidemment annulé. Il faut se réinventer. Sandrine se souvient « je fais quoi ? j’avais alors une vingtaine d’auteurs, je n’allais pas les laisser tomber comme ça ! Ils comptaient sur moi ! » Alors Sandrine n’a pas laissé tomber. Toute seule, sans budget (entre temps, tous les événements de sa société d’événementiel ont été annulés) elle adapte sa plateforme, et sur le web a proposé… des rencontres d’auteurs francophones, mais virtuelles.

Les auteurs sont au rendez-vous, les lecteurs aussi. Au fil des semaines, Sandrine adapte son offre : ancienne journaliste, elle se lance dans la réalisation d’émissions. « Toutes les semaines, je me baladais dans des coins du monde, à la rencontre d’auteurs, avec une présentation de son parcours de ses livres… ». Et puis, il y a l’arrivée du blog, dans lequel « ses » auteurs déposent leurs écrits : nouvelle, coup de cœur, ressenti… Et cela continue… « Aujourd’hui, j’ai 20-25 auteurs qui collaborent, et j’ai un article par jour à peu près. » Et puis il y a eu les événements virtuels : le « Festival des 5 continents » pour l’Organisation internationale de la Francophonie, « La Nuit de la lecture ».

A chaque fois, les auteurs sont au rendez-vous, les lecteurs aussi… dernière adaptation de son site : la librairie. « Sur la boutique en ligne du site, dès que je vois qu’il y a une vente, je saute de joie. Non pas pour mon chiffre d’affaires, mais je suis si heureuse pour mes auteurs, j’aime savoir que grâce au site, ils peuvent rencontrer leur lectorat ! ».

Comment se fait cette sélection d’ailleurs ? « Il faut d’abord écrire en langue française. Ensuite, il faut passer par mon comité de sélection. Je ne peux dire oui à tout le monde, mais j’ai à cœur de faire connaître des auteurs qui ont une exigence littéraire importante, qui « écrivent bien » mais aussi qui ont des parcours incroyables, qui gagnent à être partagés au plus grand nombre. C’est un mix entre tout ça. Mais le véritable crève-cœur, c’est de refuser des auteurs… ». Aujourd’hui, Rencontre des auteurs francophones, c’est 175 auteurs de 22 pays du monde. Sandrine précise « et je travaille sans contrat, c’est de la bonne entente, le feeling est important ».

Juin 2021 : sortie des lockdowns, retour du présentiel dans un New York encore un peu fantôme. Le public sera-t-il là ? Sandrine raconte : « A la veille du premier apéro littéraire chez French Wink, je préviens mes auteurs, et je leur dis « au pire, on sera entre nous… » mais on a eu une centaine de participants ! Les auteurs étaient ravis, la plupart n’avaient jamais signé de livres parce qu’ils avaient sorti leurs livres pendant le confinement. »  Et l’engouement n’est pas prêt de s’arrêter. Sandrine poursuit : « Ma grande fierté, c’est d’avoir été invitée au National Art Club de New York le 30 novembre pour le premier festival rencontre des auteurs francophones. Un must pour les auteurs de notre plateforme… » 

La suite ? « C’est l’aventure tous les jours…  mais mon rêve, c’est de faire le 1er grand salon littéraire des USA. Je sais monter des événements, donc je sais qu’on peut le faire ».

Pour en savoir plus : https://www.rencontredesauteursfrancophones.com/. Bon à savoir : un café littéraire francophone réunira chaque mois en virtuel via zoom, des auteurs et des lecteurs du monde, avec l’envie de partager ses coups de cœurs littéraires. Premier rdv le 14 septembre 2021 à 20 heures (heure FR). Et une boutique de livres d’occasion, qui viennent de donations pour soutenir la plateforme. Vous êtes auteure ? N’hésitez pas à contacter Sandrine ! 

 

Stéphanie et Play2See, à Singapour

Stéphanie habite Singapour depuis 12 ans. Elle a commencé à travailler en 1994 dans le domaine de l’édition et la musique, la confection de CD Rom culturels, puis au sein du groupe hôtelier Accor. A la naissance de son 3e enfant, changement radical de bataille par rapport au monde corporate, ou retour aux sources de l’éducation. Le handicap visuel dont est atteint son fils dès la naissance la pousse vers d’autres horizons. « Si ce que mon enfant voit est flou et que je ne peux pas l’aider, je vais faire en sorte que ce qu’il voit soit beau … et travailler sur sa perception ». Stéphanie se lance dans l’étude des neurosciences, devient éducatrice spécialisée, dévore les ouvrages d’Oliver Sacks. En 2014, Play2See est lancé. Le concept ? Un lieu d’accueil extra-scolaire pour les enfants « où l’on donne matière aux enfants pour réfléchir, parler, jouer, et faire le lien entre ce qu’ils ont appris, ce qu’ils ont vécu et ce qu’ils imaginent ».

Forte de ses enseignements et de ce qu’elle vit au quotidien avec ses 3 enfants aux profils atypiques, Stéphanie monte un véritable programme pédagogique : le curriculum de Play2See. Le fil rouge : développer la perception et réfléchir en sortant du cadre. Les apprentissages passent par l’exploration, le jeu, la discussion et les émotions. Au fil des années Stéphanie collabore avec de nombreux partenaires locaux (artistes, musées, scientifiques, botanistes … ) et s’entoure d’une équipe qui lui ressemble.

Dès 2015, Stéphanie élargit l’offre de Play2See en collaborant avec le Lycée Français de Singapour et organise des visites sur mesure pour les expositions temporaires dans les musées. L’équipe Play2see accueille aussi les enfants toute la journée pour des camps de vacances, et ceci 29 semaines par an. Chaque jour a son thème : “le cercle”, “rouge”, “sauter”, “droite et gauche” … et chaque jour les enfants partent en sortie découverte à la rencontre d’un lieu ou d’un expert (les fameux partenaires Play2see). Le programme des camps est en constant renouvellement … Le curriculum de Play2see a 75 thèmes !

En 2020, suite aux confinements, les fermetures des écoles et les difficultés que vivent les familles à équilibrer leur temps de travail avec leur temps en famille, Stéphanie est sollicitée pour étendre son offre éducative et faire « l’école autrement ». De nombreuses familles s’interrogent sur le meilleur système de scolarité dans ce contexte de COVID : rythme scolaire, adaptation à l’école en ligne, enfants à besoins particuliers, arrivées et départs en cours d’année, budget des familles … Autant de critères qui demandent flexibilité et créativité pour avancer sereinement dans un environnement où les mesures sanitaires changent régulièrement et les agendas sont perturbés. Poursuivre la scolarité avec le CNED permet ainsi de garder le système français comme fil rouge, et donne la possibilité aux enfants, sur une année de transition ou une année scolaire plus “intime”, d’acquérir les compétences attendues par le système français dans un environnement ludique, sur mesure et bienveillant. Play2see aide ainsi les familles à passer le cap!

De fil en aiguille, un nouveau projet est né : accueillir ces enfants dans un cadre pédagogique bilingue, en adéquation avec le programme français et la pédagogie de Play2See. C’est la naissance de « Mon école by Play2See » qui a fait sa première rentrée officielle en septembre 2021, et qui appartient au réseau des 111 établissements scolaires de la Mission Laïque Française.

Pour en savoir plus : Play2See et Mon école by Play2See

Fanny et Chemin d’Ecosse, à Edimbourg

C’est en découvrant l’Ecosse lors d’un road trip avec son conjoint en 2015 que Fanny Beauvais a eu son premier coup de cœur pour cette région. En 2017, alors qu’elle travaille pour le cinéma et le spectacle vivant, elle a envie d’autre chose. C’est donc sans hésitation qu’elle postule à une offre d’emploi de guide francophone à Edimbourg, décroche le job, et découvre l’Ecosse sous toutes ses coutures. Elle se souvient : « c’était une aventure extraordinaire mais j’ai vite découvert les dérives d’un tourisme de masse. C’est alors que nous avons décidé avec mon conjoint de monter une entreprise de tourisme responsable, respectueuse de l’environnement et de l’économie locale. » L’idée de Chemin d’Ecosse est donc venue de là : « L’amour que je porte à l’Ecosse n’était pas compatible avec la manière dont je la faisais découvrir aux touristes. »

En quelques mois Fanny et son conjoint ont imaginé leur offre, à ce qu’ils souhaitaient proposer, à l’image de leur marque et ils se sont lancés. Leur secret ? « Je dirais que le plus important avant de lancer son business, c’est d’être très solide sur la philosophie de son entreprise. C’est la fondation de tout ce qui suivra. ». Aujourd’hui Chemin d’Ecosse propose deux types d’offres : des séjours sur-mesure, puisque l’agence peut construire des itinéraires et des séjours selon les envies et les budgets de chacun. Fanny explique : « Tous les endroits que nous recommandons sont des endroits que nous aimons et que nous souhaitons faire découvrir aux francophones.

Nous avons un tarif fixe et nous ne prenons pas de commissions auprès des acteurs locaux. Cela offre à nos voyageurs une liberté totale concernant l’itinéraire, et les logements. » Chemin d’Ecosse propose aussi des excursions à la journée au départ d’Edimbourg, avec des petits groupes de 7 personnes à la découverte de trésors cachés à moins de deux heures de route.

Et la crise ? « Ce sont des choses que l’on ne peut absolument pas contrôler donc nous avons pris ça avec le plus de calme et de philosophie possible. Bien sûr cela a été difficile, financièrement et humainement. Nous avons dû reprendre des petits boulots mais nous avons eu de la chance, nous en avons trouvé sans trop de difficulté. Je dirais que le plus dur c’est de ne pas pouvoir voir nos familles et de ne pas pouvoir rentrer en France. »

Son conseil ? « Je dirais que pour se lancer il faut croire en son projet à cent pour cent, avoir le soutien de ses proches et apprendre de ses erreurs car oui elles sont inévitables ! Lancez-vous, faites-vous confiance, tout est possible avec du travail, de l’envie et de la persévérance ! »

Pour en savoir plus : https://www.chemindecosse.com/

Pauline et ses productions vidéo, entre San Francisco et Paris

entrepreneurs apres crisePour Pauline Simard, le crush avec la Californie date de 2018, quand elle décide de poser ses valises dans cette région où elle trouve « une énergie particulière qui pousse à être créatif, innovant et toujours curieux. » Tout lui plaît, là-bas : « le climat, la bienveillance et l’état d’esprit de la population. Je me suis installée ici pour être connectée avec la nature – la côte Pacifique est rocheuse, escarpée et très exposée aux éléments – à mes yeux, c’est un territoire unique et propice à l’aventure. » Elle y enchaîne études, stages… et une première embauche, dans une agence à San Francisco. L’expertise d’origine de Pauline est l’audiovisuel, et la production de films institutionnels et de campagnes marketing. Elle témoigne : « d’un point de vue professionnel, c’est aux Etats-Unis que j’ai appris à poser des questions, à ne pas avoir peur du regard des autres et à assumer mes erreurs, les comprendre et ainsi avancer et être challengée par mes équipes. J’ai également découvert une culture du travail et un système de management très différent. »

En 2020, c’est la belle vie, jusqu’à l’arrivée de la pandémie. Pauline décide de rester d’abord à San Francisco, puisque son poste avait été maintenu. Mais un retour contraint en France en fin d’année bouleverse totalement ses plans : « avec le COVID, les procédures de visas ont été gelées et sont encore longues à aboutir. » Que faire alors ?

« J’ai décidé alors de créer mon entreprise en France et de collaborer avec des entreprises françaises et américaines basées dans les deux pays. La plupart de mes équipes, collaborateurs et clients sont remote et basés dans le monde entier, j’ai donc appris à travailler sur des fuseaux horaires différents, à jongler constamment entre le français et l’anglais et surtout à m’adapter au profil de mes interlocuteurs (technique, créatif, marketing etc.) et à sa culture. C’est grâce à mon expérience américaine et à ma compréhension des « deux cultures » que je me vois confier des projets uniques, complexes et très créatifs. En effet, j’ai récemment produit un film pour Essilor International et je suis également responsable de la stratégie créative du Festival du Film International de Sonoma Valley qui réunit les plus grands réalisateurs et producteurs indépendants du monde entier — et notamment français. »

Avec le recul, Pauline repense à cette décision un peu forcée : « c’est grâce à cette crise et toute la situation autour, que j’ai pu me lancer à mon compte et sortir de nouveau de ma zone de confort. C’est difficile de toujours s’adapter à une time zone, à une nouvelle culture d’entreprise, aux nouveaux process etc. mais c’est aussi très challengeant et ça m’a permis de développer pleins de compétences et ainsi de m’adapter très rapidement. Le plus dur étant d’imposer son rythme et de connaître ses limites, mes amis à travers le monde et ma famille ont été d’un formidable soutien. » Elle ajoute : « les marchés américains et français (dans mon secteur d’activité) sont très différents mais aussi complémentaires, c’est ce qui me permet de faire le pont entre les deux pays car les ressources et talents y sont incroyables. »

 

Pour en savoir plus : https://www.paulinesimard.com/

 

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