De conjoint suiveur à successful entrepreneures à Shanghai !

Isabelle et Félicie ont des parcours similaires : elles sont arrivées à Shanghai il y a 10 ans pour suivre leurs conjoints respectifs. Elles ont ensuite rapidement trouvé un travail… qu’elles ont quitté au bout de quelques années pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Rencontres inspirantes ! 

 

Isabelle Lovisi (IL) :

Avant Shanghai, j’avais déjà vécu une expatriation en Afrique noire pendant 5 ans (Gabon et Cameroun), dans le cadre de mon précédent job. A cette époque, j’étais en couple sans enfant. Cette première expatriation a été une révélation pour moi, et depuis, je n’ai eu de cesse de vouloir renouveler l’expérience. C’est pourquoi, lorsque mon mari s’est vu proposer une offre de poste à Shanghai début 2011, j’ai été très enthousiaste et moteur pour qu’il l’accepte. Je suis arrivée à Shanghai en octobre 2011, en laissant derrière moi mon poste de CFO (Chief Financial Officer) chez WPP France. Je suis alors enceinte de ma deuxième fille.

La première année, je n’ai pas travaillé car j’ai installé ma famille (j’avais une première fille de 2 ans et j’ai accouché de ma deuxième en avril 2012). Dès mon arrivée en Chine, j’avais le désir de retrouver un poste car mon activité professionnelle a toujours été un pilier important dans mon équilibre de vie. Grâce à mon réseau et mon expérience, j’ai trouvé un emploi correspondant à ce que je recherchais : CFO d’une agence de publicité française qui s’implantait à Shanghai. Mon poste a évolué de CFO à COO (Chief Operating Officer).

Le déclic…

C’est après 6 années incroyablement riches que j’ai décidé de changer d’orientation professionnelle et de me consacrer à mon projet entrepreneurial. Ce changement a été possible grâce à une opportunité (qui s’est présentée en 2016) de reprendre l’activité d’une femme d’expat qui était à Shanghai depuis 10 ans : création et production de linge de maison par un atelier qu’elle avait formé à son exigence de qualité. En mars 2016, je propose à 3 amies de s’associer à moi, pour reprendre cette activité tout en gardant mon job à plein temps. C’est ainsi que démarre mon aventure entrepreneuriale.

Puis, petit à petit, je reprends seule l’aventure et fini par quitter mon poste pour me consacrer exclusivement à ma marque MuMu et lui donner une plus grande envergure.

by fab.

Félicie Le Blan (FL) :

J’ai quitté Paris pour Shanghai en 2011 avec mes 2 jeunes enfants pour suivre mon mari. Lorsque j’annonce mon départ à mon entreprise en France (Hermès), ils proposent alors de me créer un poste au sein de l’équipe locale.

J’arrive donc très confortablement avec déjà un emploi et prends immédiatement mes fonctions. Je découvre les joies de l’expatriation en Chine avec notamment une aide logistique à la maison. Je trouve un bon équilibre : je gagne bien ma vie, j’apprends énormément sur la culture locale tout en étant dans une structure que je connais bien et à laquelle je suis attachée.

Le déclic…

Mais petit à petit, je sens une irrésistible envie de faire mon propre projet entrepreneurial. Depuis 15 ans à travailler en communication pour cette société passionnante et promouvoir une marque à forte image, j’ai envie de promouvoir quelque chose que je crée moi-même. Ces 6 années en Chine m’ont énormément inspirée et m’ont donné envie de créer.

Donc, je décide de quitter Hermès et prends alors le temps de réfléchir et mûrir mon idée. Je me rends compte que j’ai un peu de mal à avancer seule et à concrétiser mon idée. Je propose alors à une amie de s’associer à moi dans cette création et lancement de projet. Ensemble, nous formons le concept de la marque : s’inspirer de l’artisanat chinois pour créer des collections lifestyle et mode contemporaine adaptées à nos intérieurs et gardes robes de femmes modernes. C’est ainsi que née Chinoises. Nous avons d’abord lancé le concept en période de test avant de créer l’entité juridique.

Retrouvez aussi les conseils fashion de Félicie sur un article publié en mai 2022.

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FemmExpat (FXP): Quels sont les éléments propres à Shanghai qui vont ont donnés envie d’entreprendre ?

💬 IL : Tout d’abord, l’énergie de cette ville, les opportunités qui fusent – tout est possible ici !

En outre, la logistique personnelle (toutes les tâches qui malheureusement reposent encore trop souvent sur les épaules des femmes, comme la gestion des enfants et de la maison) est déléguée à du personnel de maison (appelé « ayi »). C’est un luxe absolu dont je suis tout à fait consciente et qui permet de libérer du temps pour se consacrer à ce genre de projets.

Les Chinois sont pragmatiques et savent saisir les opportunités qui se présentent. C’est un des enseignements que j’ai tiré de ces nombreuses années passées à Shanghai. Tout est possible, mais tout n’est pas toujours facile… Cela demande beaucoup d’énergie et d’adaptabilité. On se sent porté par cette ville.

Mon âme d’entrepreneure a toujours été présente et je l’ai assouvie ici grâce à cet environnement très favorable à l’entrepreneuriat. La Chine est un pays d’entrepreneurs !

💬 FL : J’ajouterai que la Chine est super encourageante et supportive (elle apporte son soutien), ce qui porte, motive et encourage à avancer. J’ai reçu beaucoup de soutien dans mon projet et un accueil très positif !

 

FXP : Comment nourrissez-vous votre créativité et quelles sont vos sources d’inspirations ?

💬 IL : Ma créativité vient des matières que je trouve dans les marchés. C’est une grande source d’inspiration ainsi que mes nombreuses balades dans les rue de Shanghai. Je passe beaucoup de temps à flâner dans les marchés et me balader en ville.

Mon univers créatif est aussi inspiré de mes différentes expériences, notamment en Afrique. J’ai un véritable rapport charnel aux matières et aux couleurs. Mes créations sont un mix d’influences rock, ethniques et urbaines.

💬 FL : Pour moi, c’est vraiment l’artisanat chinois découvert au cours de mes voyages. Et plus particulièrement celui des minorités ethniques ; la culture chinoise et leur savoir-faire.

J’ai envie de m’approprier ces beautés et les intégrer dans la vie de tous les jours, mais aussi de les partager et les promouvoir.

 

FXP : Quels sont les spécificités chinoises dans la création d’entreprise ?

Il est très facile de créer une entreprise en Chine. Il existe une spécificité de création d’entreprise pour les étrangers : WOFE – Wholly Foreign-Owned Entreprise.

En revanche, les formalités administratives sont complexes et on arrive vite aux limites de la langue, il est essentiel d’avoir un comptable chinois (ce qui est peu onéreux). Et la langue chinoise est nécessaire pour les formalités bancaires.

 

FXP : Quels obstacles majeurs avez-vous rencontré ? Quelles compétences avez-vous mis en œuvre pour les surmonter et avancer dans vos projets ?

1 – Il faut s’entourer d’une personne chinoise de confiance pour créer un WeChat Store (principale plateforme digitale de communication en Chine) et déposer le nom de marque en Chine.

2 – Il faut également être très vigilant dans les relations avec les fournisseurs afin de les fidéliser. Mais aussi faire attention en ce qui concerne le contrôle qualité.

3 – Contrairement aux idées reçues, le coût de la main d’œuvre est élevé en Chine. Il a considérablement augmenté depuis plusieurs années grâce notamment à une réglementation du travail beaucoup plus drastique. Et c’est une excellente chose car cela permet de garantir des conditions de travail et de vie décentes aux salariés et aux artisans. Le coût de la vie a également augmenté et, avec lui, le prix de toutes les matières premières. Il faut nous adapter : avoir des produits de bonne qualité à un prix raisonnable.

4 – La communication et la consommation se passent majoritairement en ligne, grande importance donc du digital pour percer en Chine. Il faut savoir utiliser les réseaux sociaux locaux à bon escient afin de toucher sa cible. D’où l’importance une fois de plus de l’utilisation de la langue chinoise.

5 – Il faut en permanence s’adapter, être flexible. En effet, le consommateur chinois est très au fait des tendances, voire même parfois beaucoup plus pointu. 

6 – On a appris à ne jamais rien prendre pour acquis. Rester positives et tenaces et aussi rester convaincues de nos projets.

7 – Le soutien de notre entourage est très important également lorsque l’on traverse des moments de doute et que l’on se pose des questions quant à la rentabilité de notre projet ou face à la montagne de difficultés qui se dressent devant nous. La motivation de nos partenaires et de nos équipes nous aide aussi à avancer.

 

FXP : Quels sont aujourd’hui vos principaux enjeux ?

1 – Tout d’abord, changer la perception du Made in China et redorer cette image de production artisanale.

En effet, notre production est locale :

  • Proximité de la création et du consommateur
  • Recherche d’ateliers de production à taille humaine, travaillant bien et à un prix raisonnable.

2 – Ensuite, rendre nos projets rentables et pérennes, trouver un partenaire local et pouvoir vivre de notre passion.

3 – Enfin, se faire une place sur le marché chinois et réussir à percer. La grande majorité des consommateurs chinois est sensible à la qualité des produits et veut encore des marques connues.

💬 FL : Je me relocalise à Paris cet été et ma production reste en Chine. J’ai donc embauché une chinoise pour continuer le suivi sur place et je vais en profiter pour développer le marché français. L’organisation est complexifiée du fait des frontières chinoises toujours fermées.

 

FXP : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut se lancer ici ou ailleurs ?

  • Pour se lancer en Chine, il est primordial d’avoir de bonnes notions de chinois.
  • Il faut bien étudier le marché et la faisabilité de son projet.
  • Il est très important de croire en soi et en son projet et bien s’entourer. Ne pas trop se laisser influencer par tous les avis et rester fidèle à ses convictions. A Shanghai, il y a un groupe d’entrepreneurs extrêmement solidaires.
  • Oser, essayer et aller au bout de son projet, c’est une expérience positive et valorisante. Quelle qu’en soit l’issue, on apprend énormément.
  • Savoir limiter sa prise de risque en fonction de sa situation personnelle et être prêt à investir. Se lancer sans se mettre de limites, notamment en terme de durée de séjour, car on le sait, en expatriation, cela peut changer très vite.

 

Merci Isabelle et Félicie d’avoir pris le temps de nous partager vos expériences et bravo pour vos beaux projets ! 😀 

Vous pouvez retrouver ici :

 

 

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Clotilde Vassal

Coach certifiée ICF et forte de ses nombreuses années en Asie entre Shanghai et Tokyo, Clotilde est spécialisée dans le coaching de transition de carrière et dans l’accompagnement des expatriés. 
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